de maxxx » Lun 25 Oct 2010 19:07
Cette succession est intéressante mais les prochains mois et les 3 prochaines années risquent d'être intéressantes à suivre au Havre sur le plan politique, au-delà de la simple intronisation d'Edouard Philippe. Cette succession est surprenante dans la temporalité de son annonce mais n'est en rien une surprise : Antoine Rufenacht a préparé depuis longtemps son poulain à prendre les rênes de la mairie, notamment en le faisant élire sans difficulté, en 2008, dans le canton du Havre 5, un canton ancré à droite et détenu pendant 26 ans (1982-2008) par le député UMP Jean-Yves Besselat. Dans cette stratégie, Edouard Philippe se préparait dans l'ombre depuis au moins 2006, dans la mesure où sa large défaite face à Daniel Paul (PC), député sortant, sur la 8ème circonscription en 2002 l'avait conduit à renoncer à une nouvelle candidature dans cette même circonscription en 2007, histoire de ne pas entacher son parcours : en 2007, la droite avait investi sa candidate traditionnelle (de 1993 et 1997), l'UMP Agathe Cahierre, fidèle première adjointe de Rufenacht et conseillère générale du Havre 4, seul canton détenu par la droite dans cette circonscription, qui s'était lancée effectivement dans ce combat perdu d'avance (elle fut battue, comme Edouard Philippe en 2002, avec plus de 57.4% pour le PC au second tour).
La question qui se pose maintenant est celle de savoir si l'ère de stabilité inaugurée par l'arrivée de Rufenacht à la mairie du Havre est terminée : on peut remarquer que, depuis 25 ans, aucun canton havrais n'a basculé de gauche à droite ou de droite à gauche - la droite détenant très aisément le 1er, le 5ème et le 6ème canton ainsi qu'avec plus de mal, le 4ème, tandis que le PC et anecodiquement le PS (1 seul canton) dominent sans concurrence dans le 7ème, le 8ème, le 9ème et le 10ème - le 2ème étant plus fragile pour la gauche et a failli par le passé basculer - et que les deux circonscriptions englobant la quasi-totalité de la ville sont imperméables aux virages politiques nationaux (la 7ème détenue par Jean-Yves Besselat est solidement à droite tandis que le communiste Daniel Paul résiste facilement aux assauts de la droite sur la 8ème).
Edouard Philippe voudra-t-il imprimer sa marque au sein même de son équipe municipale ? Cette dernière se caractérise également par une forte stabilité : Antoine Rufenacht s'est appuyé avant tout sur sa première adjointe Agathe Cahierre, 67 ans, et sur sa troisième adjointe actuelle (qui fut par le passé seconde adjointe), Brigitte Dufour, 60 ans (ainsi que sur le sénateur Patrice Gélard, 67 ans, jusqu'en 2008, date à laquelle ce dernier a eu des envies de direction municipale en se faisant élire maire de Sainte-Adresse, commune bourgeoise du littoral havrais). Les deux femmes sont donc de véritables piliers de l'administration de la ville et sont par ailleurs toutes deux conseillères générales.
Il ne serait pas surprenant qu'Agathe Cahierre suive le même chemin qu'Antoine Rufenacht, étant donné son âge (67 ans) et le fait qu'elle occupe son poste de 1ère adjointe depuis 1995 (elle est un peu l'équivalent de ce que fut Françoise de Veyrinas à Toulouse).
Dans le même ordre d'idée, le canton d'Agathe Cahierre est renouvelable en mars 2011 et sera très scruté : ce canton est celui des 4 cantons de droite le moins assuré, la 1ère adjointe n'avait été réélue en 1998 et 2004 qu'avec 53.5% des voix au second tour face à la gauche, et il est doublement symbolique : il fut détenu avant elle par Antoine Rufenacht en personne et c'est à partir de ce canton qu'Antoine Rufenacht s'est lancé et a pu prendre l'avantage sur la gauche au niveau municipal car ce canton est situé dans la 8ème circonscription et la partie de la ville où la gauche domine : un retour dans le giron de la gauche mettrait à bas ces équilibres et amènerait la droite à se replier sur ses cantons historiques (avec une défaveur au global et un risque sérieux de chute en 2014).