de Jean-Philippe » Sam 17 Mar 2012 19:39
Je pense que Bayrou regrette d'avoir dit il y a quelques mois qu'il dirait son choix au 2e tour dans l'hypothèse où il n'y serait pas.
Il y a quelques temps, je pensais qu'il trancherai pour Hollande car il considère que les valeurs sont plus importantes que les programmes, ce qu'il a redit devant Valls lors de son duel sur France 2.
Cependant, quel serait son avantage à le faire puisqu'il n'est pas actuellement (ça peut changer) en position de faiseur de roi ?Si l'écart au 2e tour se réduit encore (en dessous de 5 points), sa position sera un enjeu important de la campagne de l'entre deux tours. Au delà de 53/47 dans les sondages, je ne pense pas qu'une prise de position de Bayrou soit suffisante pour inverser le résultat en 2 semaines.
S'il rallie Hollande, il ne sera pas dans la majorité de gauche par la suite à cause des nombreux désaccords programmatiques et il perd pour la suite une occasion de rallier à lui une partie de la droite modérée. De plus, la grande majorité des élus qui le soutiennent ne le suivront pas, comme en 2007.
S'il rallie Sarkozy, il pourrait, en cas de succès de ce dernier, devenir 1e ministre jusqu'aux législatives, même si j'en doute, au vu des relations personnelles entre ces deux égos (Sarkozy préférerait probablement un UMP centro compatible comme Juppé). Si l'UMP gardait la majorité absolue, Sarkozy n'aurait aucun intérêt de le garder. S'il a besoin des centristes, il devrait le garder.
Si Bayrou soutient Sarkozy, mais que ce dernier est battu, Bayrou est en meilleure posture pour rallier les centristes de l'UMP, le parti présidentiel devant exploser à moyen terme selon moi, surtout si la droite populaire prend son autonomie et que Copé (ou Fillon) ne prend pas de tournant centriste pour maintenir l'unité des autres composantes de l'UMP.
S'il ne dit rien (pas de consigne), il se contredit et perd la possibilité d'unifier le centre droit.
En gros, Bayrou est plus proche de Hollande quant à sa conception de la République et sur des aspects sociétaux du programme, mais en est loin (au moins autant que de Sarkozy) pour ce qui est du programme économique. S'il soutient Sarkozy, cela apparaîtrait en contradiction avec ce qu'il a répété face à Valls. Mais cela lui permet de maintenir l'unité du centre.
Conclusion : je n'aimerais pas être à sa place le 22 avril face à ce choix cornélien.