Création d'un poste de vice-président

[Jean-Philippe]

Le député Nouveau Centre Michel Hunault a déposé aujourd'hui à l'Assemblée nationale une proposition de loi constitutionnelle visant à instaurer une fonction de vice-président de la République, à l'heure même où l'on s'apprête à enterrer le président polonais.
A la place du président du sénat qui assurerait un bref intérim, on aurait un président bis comme aux Etats-Unis, qui prendrait la suite.

L'avantage, c'est que les présidentielles auraient lieu à coup sûr à l'issue programmée du mandat.
Mais cela pose aussi des problèmes : que se passe-t-il en cas de mésentente entre les deux ? Le président peut-il démissionner son vice-président ?

[Artisan-Politologue]

Je ne peux pas m'empêcher de penser au contexte dans lequel intervient le dépôt de cette proposition. Cette dernière arrive quelques jours après la mort accidentelle de Lech Kaczynski.
Certes elle a sans doute été rédigée avant. Ce serait faire insulte à ce député que de penser qu'il l'a faite à chaud après cet évènement. Quoi qu'on en pense, les institutions de la Ve République prévoient parfaitement ce cas de figure, et y ont d'ailleurs remédié en 1974. Donc pas besoin de vice-président pour cela.
En revanche, je suis presque sûr que les arrières-pensées sont à rechercher du côté du Sénat. Si celui-ci bascule à gauche, comme cela pourrait fort bien arriver à l'automne 2011, la tentation serait grande, chez certains UMP, de squizzer un éventuel président socialiste (Laurent Fabius?) en cas d'imprévu. Je ne parle pas tant d'une mort accidentelle de Nicolas Sarkozy que de... sa démission. Je le crois tout à fait capable de prendre les Français à témoin en cas de pépin et de remettre spectaculairement son mandat en jeu. La dissolution en cas de crise grave, il n'y pensera même pas une seconde! Cet outil institutionnel sent à la fois l'échec programmé et le chiraco-villepinisme.
Ce serait très gonflé de sa part, mais bétonner les institutions avec un vice-président UMP qui garderait la boutique le temps de la campagne électorale d'une présidentielle anticipée aurait l'avantage (de son point de vue bien sûr) de réduire les risques. Et, du coup, une dissolution derrière serait moins dangereuse.
En même temps, je dis ça je ne dis rien...
Manu

[Sommar]

Je vais un peu dévier le sujet. Les sénatoriales auront lieue en septembre 2011, soit 6 mois avant la présidentielle. Le cours des choses sera à mon avis guère bouleversé, surtout pour une aussi courte période.

Le rôle de vice-président pourrait être qu'il aurait aussi une plus forte médiatisation, ce qui pourrait l'aider à succéder plus facilement au président si ce dernier ne se représente pas.

[Jean-Philippe]

Hunault a réagi à l'accident, ce n'est pas quelque chose qu'il mijotait depuis longtemps. C'est pourquoi il précise que c'est une initiative personnelle.
Aux USA, le vice-président fait ce que le président lui dit de faire : parfois, c'était un vrai emploi fictif, d'autres c'était l'inverse (Cheney). Biden est l'un de ceux qui a le plus de responsabilités dans l'histoire de ce pays, mais c'est parce qu'Obama le veut bien.
Sur l'éventualité d'une démission surprise de Sarkozy avant 2012, je n'y crois pas car il n'y a pas de blocage institutionnel, et même si le Sénat passait à gauche, ça ne changerait rien, l'Assemblée ayant le dernier mot.

[Robespierre]

Ca phosphore :)

Je sais bien qu'il ne s'agit pas d'un lieu pour débattre ...

La fonction de vice-président est un pure fantasme et traduit cette envie de faire un copier-coller du système politique américain ... mais dans ce cas là, qu'on le fasse intégralement parce qu'ils auraient certainement plus de leçons à nous donner - plutot que l'inverse - en matière de contre-pouvoirs, de contrôle de l'exécutif, de coproduction législative, de convocation de commission d'enquête parlementaire ... regardez donc la façon inouie avec laquelle elles sont aujourd'hui limitées et rejettées !

Jamais les excès, le népotisme et le clientélisme que l'on connait aujourd'hui à la tête de l'Etat ne serait possible où n'auraient atteint un tel degré, un tel sans gêne (car sans limite).

Au contraire, si la France veut innover et s'approprier la forme de démocratie la plus innovente, la plus aboutie et celle qui correspond le mieux aux attentes et aux besoins de ses citoyens : qu'elle supprime la fonction présidentielle !

C'est une forme de leadership qui appartient au passé : le "pouvoir", "l'exécutif" ne devrait plus être concentré ni s'incarner dans une seule et même personne.

Nous avons connu la transition entre un régime monarchique de différents types vers un régime démocratique et républicain et nous avons montré l'exemple. Mais aujourd'hui ? Et concrètement ? Notre système n'est pas assez exemplaire, ni représentatif, et n'est tout simplement pas assez "démocratique" (cf l'abstention électorale, la "passivité" observée dans la démocratie "sociale", c'est à dire syndicale, associative, coopérative).

Pour y remédier, le "pouvoir", "l'éxécutif" devraient s'incarner dans un collectif et dans la seule émanation d'un projet débattu et présenté devant les français dans le cadre d'élections législatives.

Un premier-ministre, un gouvernement responsable. Une majorité parlementaire stable. Des contre-pouvoirs puissants. Une gouvernance irreprochable et humble. Des élections législatives éloignant la focalisation sur la personne des candidats et permettant sur le fonds, c'est à dire sur l'essentiel, de pouvoir départager des projets politiques. Des formes innovantes de participation et d'intéressement des citoyens à la vie et à la gestion de la "Cité", de leur pays. De la démocratie participative, ascendante (du local au national) et descendante (l'inverse).

Toutes ces pistes (à développer et à préciser ailleurs) concourraient à l'établissement d'une forme de gouvernance durable, à la fois stable et flexible pour être en mesure de s'adapter aux exigences sociétales laissant toute sa place à la pédagogie, à l'expertise, à l'écoute citoyenne qui sont à même de retisser du lien et de la confiance envers la politique.