de vudeloin » Mer 28 Sep 2011 18:29
Quelques observations rapides sur le résultat de ce vote...
Le hasard a fait que j’avais, il y a déjà quelques temps, parlé de cette élection sénatoriale des Pyrénées Atlantiques avec l’un des sortants qui ne s’est pas représenté ( le sénateur UMP, ex RPR, Auguste Cazalet ) et que je lui avais dit, un peu en plaisantant que le département pouvait avoir, après le vote de septembre 2011, deux sénateurs socialistes et un Modem !
A la vérité, tout était possible, ne serait ce que pour une raison assez spécifique : celle qui veut qu’au-delà des clivages politiques, se présente dans le département un autre clivage important, celui entre la représentation du Pays Basque et celle du Béarn.
En clair, du fait qu’il n’y a que trois sièges, une fois c’est le Béarn qui en a deux, une autre fois, c’est l’inverse et ainsi de suite…
Une fois, en 1992 en l’occurrence, les grands électeurs avaient créé un précaire équilibre en élisant un sénateur venu du Barétous, Louis Althapé, certes de droite mais représentant d’une région qui est un peu « l’entre deux » des Pyrénées Atlantiques, puisque plus tout à fait béarnaise et pas encore basque ou inversement, selon le sens de votre déplacement.
La situation politique était connue : la gauche avait progressé aux municipales de 2008 ( reconquête des mairies d’Orthez et d’Oloron, conquête de celle d’Anglet, reprise de la mairie de Pau des mains d’Yves Urieta, successeur d’André Labarrère qui avait tourné casaque ) et arraché la présidence du conseil général en 2011, avec l’élection du conseiller général de Thèze, Georges Labazée, c'est-à -dire un Béarnais.
L’estimation a priori des rapports de forces sénatoriaux était la suivante : un peu plus de 40 % des suffrages pour la gauche, un gros tiers pour l’UMP et la droite, notamment sur la Côte Basque, un petit quart pour le Modem.
C'est-à -dire une situation ouverte et fort différente de celle de 2001 où les listes RPR avaient obtenu 417 et 248 voix, la liste PS 466 et la liste UDF ( Borotra ) 293.
Une liste régionaliste, regroupant autant des écologistes, des abertzales et des divers droite avait fait 190 voix et la liste PCF 60.
Enfin 2 voix étaient allées au FN et 6 à une liste Contribuables associés.
En clair, 526 voix de gauche, 958 voix de droite, 8 d’extrême droite et 190 un peu entre droite et gauche.
Les résultats 2011 ont changé la donne puisque les candidats PS ont obtenu de 511 à 641 voix, les candidats PCF 166 ( performance d’autant plus intéressante que seule la ville du Boucau est gérée par les communistes ), les candidats UMP 162, 185 et 368 voix et les Modem 473 et 617 voix.
Notons le score d’un candidat régionaliste à 150 voix, quand les Verts faisaient 86 et 104 suffrages.
L’amplitude des écarts constatés entre les candidats provient évidemment de leur confinement plus ou moins net sur une partie du territoire ou de l’antériorité de leurs fonctions ( dans le cas de Lasserre, ancien Président du CG ).
Peyuco Duhart est apparu comme UMP et trop « Basque « et l’on peut penser qu’il n’a pas fait de « carton « parmi les électeurs béarnais de droite qui, rappelons le, résident dans deux circonscriptions Modem, celle de François Bayrou et celle de Jean Lassalle.
Ensuite, ce qui a joué, c’est évidemment le partage des tâches.
Modem et PS ont passé un accord discret, préservant la position du Modem ( le siège de Lasserre ) et sacrifiant sur l’autel la candidature d’Annie Jarraud Vergnolle, sénatrice sortante, remplacée par le candidat centriste, et dont le score a connu une baisse entre les deux tours.
Le Pays Basque ayant son sénateur avec Lasserre, élu du canton de Bidache, restait à élire deux sénateurs PS pour le Béarn, ce qui fut fait au profit de Labazée et Espagnac et au détriment de Denise Saint Pé, dont la remontée entre les deux tours ne fut hélas pas suffisante pour lui permettre de passer la rampe.
L’élue de Sauveterre ( de Béarn ) dépassa au second tour le score du premier tour de Georges Labazée mais comme celui-ci a aussi connu une hausse du nombre de ses voix…
Quant au porte parole du PCF, Olivier Dartigolles, sans doute pas informé des dispositions prises par les autres protagonistes, il aura cru jusqu’au bout à la bonne volonté éventuelle du PS de laisser un des sièges possibles au Front de Gauche.
Mais il devrait savoir, depuis le temps, que le PS a parfois quelque peine à partager.
Bon, le jour où, après un scrutin municipal, Bayonne, Biarritz, Hendaye et Anglet seront, toutes ensemble, de gauche, peut être que la mansuétude aura une place.
( tout en escomptant que Pau, Orthez et Oloron ne soient pas à droite en même temps )
Cette année, ce ne pouvait être le cas.