Décès d'Olivier Stirn, ancien député et ministre

[lindet]

Olivier Stirn (1936-2025) offre la particularité d'avoir été ministre sous Pompidou, Giscard d'Estaing et Mitterrand. Son parcours politique a été riche et complexe. Issu d'une vieille famille de la bourgeoisie républicaine, petit-neveu du capitaine Dreyfus, fils d'un préfet qui appartint à des cabinets variés (Flandin, Blum, Jules Moch, André Marie...), Olivier Stirn commença sa carrière politique comme "jeune loup" d'un gaullisme déjà très pompidolien. Député du Calvados en 1968, il s'implanta à Vire, dont il devint maire et conseiller général. Il acquiert en 1973 une notoriété plus nationale en étant une des plumes du combat contre la gauche en écrivant avec le giscardien Jean-Pierre Soisson et le centriste Bernard Stasi un livre militant, Le piège, contre le Programme Commun. Il devient secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement dans le gouvernement Messmer. Il suit Jacques Chirac dans son alliance de 1974 avec Giscard d'Estaing et reste au au gouvernement comme secrétaire d'Etat (DOM-TOM de 1974 à 1978, Affaires étrangères de 1978 à 1981). Mais il désapprouve la rupture de 1976/1977 de son ancien mentor avec VGE, quitte l'UDR et fonde une petite organisation, le Mouvement des Sociaux-Libéraux qui fusionne vite avec le vieux parti radical (valoisien) alors présidé par Jean-Jacques Servan-Schreiber. Il en devient d'ailleurs vice-président aux côtés des présidents successifs (JJSS, Gabriel Péronnet, Didier Bariani). Il échoue cependant à devenir président du parti radical en 1983, avec un tiers des voix environ, battu par André Rossinot.
Il se rapproche alors de la nouvelle majorité conduite par le président Mitterrand, surtout après le départ des ministres communistes. Aux élections européennes de 1984, il mène une liste de centre gauche avec l'ancien leader écologiste Brice Lalonde qui obtient un peu plus de 3 % des voix. Il a fondé son parti, l'Union Centriste et Radicale qui devient l'Union Centriste Républicaine et le fait fusionner en 1986 avec le Parti Socialiste, au temps du gouvernement Fabius ouvert sur un socialisme moderne.
Aux élections de 1986, désormais socialiste, il change de département et passe dans la Manche, devenant député avec le scrutin proportionnel. En 1989, il ne se représente pas aux municipales à Vire mais devient président de la comunauté urbaine de Cherbourg. En 1988, il est un ministre d'ouverture remarqué du gouvernement Rocard : après avoir retrouvé le secrétariat d'Etat aux DOM/TOM, il est ministre délégué aux Outre-Mer de 1988 à 1990. Sa grande carrière politique prend fin après une affaire un peu ridicule. Il emploie des figurants rémunérés pour assister à un colloque afin de gonfler l'importance de son club, Dialogues 2000. La greffe n'avait pas vraiment pris auprès des militants de Cherbourg et il doit quitter le gouvernement et ses fonctions municipales. Il est nommé en 1991 ambassadeur auprès du Conseil de l'Europe. Après 1993, il se rapproche de la droite, revenue aux affaires, et revient dans le Calvados. Personne ne sera surpris que reprendre sa place n'est pas facile. Il ne parvient qu'à redevenir conseiller général en 1994 pour un mandat et après un court passage par l'UDF puis au Mouvement des réformateurs de Jean-Pierre Soisson, lui aussi ancien ministre d'ouverture de Michel Rocard, retrouve un poste de conseiller à la direction de l'UMP, soutenant l'action de Nicolas Sarkozy. Il écrit ses Mémoires et continue à s'occuper d'affaires variées, parfois un peu compliquées. Son parcours avait suscité quelques railleries, notamment dans Le Canard enchaîné qui l'avait - un peu facilement - surnommé "l'Andouille de Vire". Notons qu'il avait présidé une Union pour la Diversité Républicaine (affiliée à l'UMP) ce qui semble dénoter un certain humour ? En tout cas, peu d'hommes politqiues auront eu une expérience aussi variée, à gauche et à droite, dans deux départements différents, avec des mandats et des responsabilités aussi variés.
Désormais demeurent vivants un ancien ministre du Gal de Gaulle (Jacques Trorial) et deux anciens de Georges Pompidou (Pierre Mazeaud et Paul Dijoud).

[Jean-Philippe]

Le fait d'avoir été du bord présidentiel (au moins un temps sous Mitterrand) de De Gaulle à Sarkozy est unique.

[PhB]

Olivier Stirn (1936-2025) offre la particularité d'avoir été ministre sous Pompidou, Giscard d'Estaing et Mitterrand. Son parcours politique a été riche et complexe.
(...)
Aux élections européennes de 1984, il mène une liste de centre gauche avec l'ancien leader écologiste Brice Lalonde qui obtient un peu plus de 3 % des voix.
(...)
Son parcours avait suscité quelques railleries, notamment dans Le Canard enchaîné qui l'avait - un peu facilement - surnommé "l'Andouille de Vire".

La liste ÈRE pour "Entente Radicale Écologiste pour les États-Unis d'Europe", présentée aux Européennes de 1984, rassemblait derrière Olivier Stirn, non seulement Brice Lalonde mais également le MRG représenté par François Doubin.
Là encore Le Canard enchaîné s'en était donné à cœur joie puisque, s'appuyant sur les initiales des 3 compères, il l'avait surnommée "liste LSD".