Vie politique à La Barbade

[Eco92]

Cela fait peu de bruit, et s'est fait sans heurts, mais ce n'est tout de même pas anecdotique : le 30 novembre dernier l'état caribéen de la Barbade, ex-colonie britannique, est devenue une République, 55 ans jours pour jours après son indépendance en 1966.

La cérémonie de baisser de drapeau britannique, remplacé par celui de la Barbade, sur le Parlement, s'est fait en présence de l’ex-champion de cricket Garfield Sobers et de la chanteuse Rihanna, des héros locaux, mais aussi, ce qui qui surprendre, du Prince Charles, venu affirmer des liens d'amitiés toujours forts avec l'île. Comme les félicitations de la Reine, qui n'effectue plus de déplacements pour raison de santé, cela peut paraître curieux, mais la nouvelle république a cependant fait le choix de rester dans le Commonwealth, cette union économique des ex-colonies britanniques, union toujours dirigée par la Reine.

En terme de processus, la première ministre Mia Mottley avait indiqué le 16 septembre 2020 « il est temps de laisser le passé colonial derrière nous », dans un discours lu par la lieutenant-gouverneur Sandra Mason, représentante de la Reine (ce qui est toujours assez curieux mais j'imagine que comme au Canada elle a été nommée par la première ministre). Cela lance un processus qui ne naît cependant pas d'hier, ainsi je lis sur wikipédia "Si les débats sur le passage à une république remontent à plus de quatre décennies, le sujet est officiellement évoqué en 1998 dans un rapport parlementaire, et réaffirmé en 2015 par le Premier ministre Freundel Stuart, qui prévoit alors cette transition « dans un futur proche ». Entretemps, en 2003, la Barbade adopte pour ultime cour d'appel la Cour caribéenne de justice en remplacement du Conseil privé du Royaume-Uni, ce qui est perçu comme un pas de plus vers le desserrement des liens avec la Couronne britannique."

En 2018, Mme Mottley a obtenu l'intégralité des sièges de l'assemblée, et a donc les coudées franches, rien d'étonnant donc à ce que cette assemblée ait voté l'abolition de la monarchie à la l'unanimité le 29 septembre 2021.

Auparavant, plusieurs signes visant à rassurer les habitants pro-monarchie ont eu lieu : le drapeau, l'hymne, le nom de la fête d'indépendance et le nom du pays ne changeront pas, le Commonwealth est toujours l'union diplomatique principale et la candidate soutenue par la majorité pour la présidentielle est également soutenue par le principal parti d'opposition est est Sandra Mason, la gouverneure générale sortante, qui a été la seule candidate et a obtenu un score de 100% (le corps électoral est composé des 30 membres de l'assemblée et des 21 membres du Sénat). Elle passe donc du statut de chef d'état représentant la Reine a celui de chef d'état présidente, une présidente qui reste sous le principe d'une démocratie parlementaire et dont le rôle symbolique ne change pas massivement, si ce n'est que ce qu'elle signe est désormais bien en son nom et celui du peuple barbadien, pas une autorité étrangère.

C'est un petit pays, il n'y a eu aucun heurt et la transition est douce, on en a donc peu parlé, mais il y a pourtant une nouvelle République dans le monde et cela devrait, je n'en doute pas, satisfaire plusieurs contributeurs.

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/12/12/le-goodbye-de-la-barbade-a-la-reine-elizabeth-ii_6105734_4500055.html