Président de la République du Tchad depuis décembre 1990, Idriss Déby a été réélu le 11 avril avec 79,32 % des suffrages dans scrutin que l'on peut poliment qualifier de parodie de démocratie (Le Monde emploie le terme de "mascarade"), quand bien même le président a toujours été vu comme un grand ami et allié de la France.
https://www.mediapart.fr/journal/international/090421/tchad-la-victoire-attendue-de-notre-ami-idriss-deby-itno
Le jour de l'élection le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad a lancé une offensive sur le nord-ouest du pays, en provenance de Libye. Chef de guerre portant le titre de "maréchal du Tchad" depuis une victoire contre Boko Haram en 2020, il s'est rendu sur le front et a été blessé, puis a succombé à ses blessures le 20 avril. La cause exacte de la mort n'est pas connue mais c'est un bouleversement inattendu après une réélection qui, elle, n'avait aucun suspens.
La Constitution (adoptée e 2018) prévoit qu'en cas de vacance du pouvoir le président du Sénat assure l'intérim pendant 45 à 90 jours, le temps d'élire un nouveau président de la République. Plutôt que de suivre cette règle, l'armée a annoncé la dissolution de l'Assemblée et la mise en place d'un Conseil militaire de transition sous la présidence de Mahamat Idriss Déby, général et fils de l'ex président. La charte de ce conseil indique qu'il sera au pouvoir pour dix-huit mois, puis que des élections seront organisées. Les textes n'étant guerre respectés jusqu'ici on peut le croire ou non. En attendant un couvre feu a été instauré et les frontières fermées. En plus de la présidence, la charte du comité nomme Mahamat Idriss Déby "chef suprême des armées", président du conseil des ministres et des conseils et comités supérieurs de défense nationale.
Hier, le comité a nommé Albert Pahimi Padacké, dernier premier ministre d'Idriss Déby (de 2016 à 2018, ensuite le poste a été supprimé pour concentrer le pouvoir dans les mains du président) premier ministre. Son gouvernement sera entièrement nommé par le président, qui aura pouvoir de révocation. Padacké a été candidat à la présidentielle et a terminé deuxième avec 10,32 % des voix, il se présentait comme indépendant du pouvoir mais aussi des oppositions.
https://www.la-croix.com/Monde/Mort-dIdriss-Deby-sort-Sahel-suspendu-devenir-Tchad-2021-04-25-1201152629
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/04/26/tchad-albert-pahimi-padacke-nomme-premier-ministre-de-transition_6078133_3212.html