Temps d'Histoire Politique.

[pmf]

Il y a cent ans un Président de la République Française démissionné.

Ainsi, le 20 septembre 1920, le Président Paul Deschanel démissionnait, pour raison de santé, de son Mandat de Président de la République francaise auquel il avait été élu quelques mois auparavant en battant le favori, un certain Georges Clemenceau, dit le Tigre, lequel prenait alors le chemin de son très cher Département de Vendée en sa partie Bleue.

Paul Deschanel avait effectué plusieurs Mandats de Député du Département d'Eure et Loir au titre de la Circonscription de Dreux et il avait été Conseiller Général du Canton de La Loupe, Canton proche de celui de Nogent le Rotrou dans le Perche eurélien, et il avait été également, avant d'être élu Député, Préfet de Dreux, ce qui signifierait que l'Eure et Loir a changé de lieu de localisation de la Préfecture et cela renvoie à notre éminent Jean Moulin en poste préfectoral à Dreux quelques vingt ans plus tard.

L'Histoire permet toujours d'en savoir plus et de remettre les choses publiques comme privées en perspective, n'est-ce pas notre Ami Professeur d'Histoire, lequel me corrigera si je ne me trompais notamment sur Dreux, Préfecture de l'Eure et Loir.

[Stéphane]

Les problèmes de santé qui ont entraîné sa démission étaient un état anxio-dépressif doublé d'un syndrome d'Elpénor, qui avaient donné lieu en mai 1920 au fameux épisode de la chute de train

[pmf]

J'ai tout faux pour Dreux, Préfecture de l'Eure et Loir, et c'est le lot d'avoir pris pour argent comptant les écritures d'une radio locale d'Eure et Loir.
Dreux n'a jamais été Préfecture, mais seulement une des Sous Préfectures d'Eure et Loir, mais mon erreur m'a conduit à des recherches historiques et à lire attentivement des écrits sur le refus du Drouais d'être rattaché à la Normandie au temps de la création des Départements.
Enfin, Jean Moulin fut Préfet d'Eure et Loir en poste à Chartres avec comme principal administrateur à ses côtés Maurice Violette, Maire de Dreux et figure du Parti Radical et Radical Socialiste, ce qui m'avait incité à l'erreur concernant Dreux, Préfecture d'un matin.
Pan sur mes doigts d'historien du dimanche.

[lindet]

Ouh la la, mais tout prof d'histoire risquerait d'être trop bavard ! Un soir de partielles, ce ne serait pas raisonnable. Deschanel est un personnage intéressant, victime de l'esprit chansonnier... et peut-être d'avoir trop sagement mené sa carrière vers la présidence de la République délaissant les controverses trop marquées après 1900. Nogent-le-Rotrou conserve sa statue et c'était effectivement son fief électoral pendant des décennies. La biographie de Thierry Billard n'épuise pas le sujet mais elle est tout à fait honorable et documentée. Pour Maurice Viollette, jadis, sa lointaine successeure ? Françoise Gaspard avait organisé colloques et rééditions. Attention, c'est un faux ami : républicain, laïque, gauche modérée, mais républicain-socialiste et non radical, c'est presque pareil... et ce n'est pas tout à fait cela justement, malgré wikipedia qui se trompe, sauf pour la fin, le courant républicain-socialiste n'a plus vraiment de sens en effet après la 2e guerre mondiale et tout le monde se regroupe. Et astuce mnémotechnique : la violette est fleur bonapartiste, voir la fête qu'organise toujours sous ce vocable le droitier Guillaume Peltier. Maurice Viollette est un bon républicain, donc il ne peut porter le même nom et s'écrit avec deux l !!!
Mais Deschanel à Nogent, malgré les Huwart, n'a rien de radical : c'est un authentique "progressiste" ou "modéré", ancêtre légitime du centre ou de la droite républicaine.

[pmf]

Merci, cher lindet, de cette excellente contribution, et notamment de ce qui concerne Maurice Viollette, dont les mérites me furent rapportées dans ma famille Radicale et Mendèsiste.

[armi24]

En parlant d'Histoire Politique je vous partage ce texte en espérant qu'il ne dérange pas.

22 septembre 1900 : grand banquet des maires de France à Paris, lors duquel l'ensemble des maires du pays furent invités par le président de la République Émile Loubet (1838-1929) et le président du Conseil Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1902). La tradition des banquets était déjà présente depuis la campagne de banquets en 1847-1848, où de nombreuses réunions furent organisées par les opposants à la Monarchie de Juillet. Les réunions politique étant interdites, ces « banquets » permettaient de contourner la loi et de se réunir. Ce fut d'ailleurs l'interdiction d'un de ces banquets qui provoqua la révolution de février en 1848. Cette tradition fut ensuite reprise de manière moins contestataire lors de la Troisième République, par exemple en 1888 lorsque le nouveau président Sadi Carnot (1837-1894) avait invité tous les maires des chefs-lieux d’arrondissement et de cantons, en 1889 lors de l'exposition universelle ou encore en 1898 avec l’invitation des maires des principales villes de France. Rentré en fonction l'année précédente, les deux hommes durent faire face à un contexte tendu. En effet, la France était alors fortement divisé par l'affaire Dreyfus (1894-1906) tandis que la République avait été menacée par une tentative de coup d’État le 23 février 1899.

Ils décidèrent alors d'organiser un gargantuesque banquet de maire en espérant faire de cet événement un symbole d'unité du pays. Continuant dans les symboles, la date choisit fut le 22 septembre car elle marquait l'anniversaire de la proclamation de la République le 22 septembre 1792. Organisé là-aussi dans le cadre de l'exposition universelle de 1900 qui fit rayonner la France dans le monde, ce banquet réunit 22 965 personnes (ce chiffre n'est pas sûre), dont plus de 20 000 maires, de nombreux parlementaires et plusieurs préfets et journalistes. C'était alors la première fois qu'un banquet réunissait autant de monde. Par conséquent, on installa sur sept kilomètres dans le jardin des Tuileries 700 tables de 10 mètres de long. La quantité nécessaire pour un tel banquet fut démesurée, avec un matériel conséquent (7 km de nappes, 125 000 assiettes, 55 000 fourchettes et cuillères...), un personnel très nombreux (400 cuisiniers, 2 150 maîtres d’hôtel...), mais aussi une énorme quantité de nourriture (2 000 kg de saumon, 1 430 faisans et 2 500 poulardes, 1 200 litres de mayonnaise et 3 000 litres de café...). Le repas dura 1h30 et fut également agrémenté d'un spectacle organisé dans une salle des fêtes. Le banquet fut un succès mais un événement de ce genre ne fut plus jamais organisé.

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[lindet]

Rien de dérangeant. Le banquet est encore bien vivace sous la IIIe République : Gambetta, les radicaux chers à PMF (le nôtre !) s'en font une spécialité. Les socialistes en organisent parfois mais moins, difficile de banqueter à bon marché : ils vont développer le punch ou le vin d'honneur, plus abordables (rappelons que le "kir" a été en fait inventé par son lointain prédécesseur socialiste de 1904-1908 Henri Barabant (1874-1951), mais popularisé et sorti de son strict cadre communal par le Chanoine qui avait le sens de la publicité... Nous pourrions aussi parler des "repas de cochon" organisés le "Vendredi dit Saint" par les anticléricaux les plus déterminés. Le plus beau de ces banquets fut en effet sans doute celui des maires en effet pour le 22 septembre 1900. Vous avez tous les détails dans les Souvenirs d'Abel Combarieu (1856-1944) qui fut le premier secrétaire général de la présidence de la République sous Loubet : Sept ans à l'Elysée avec le président Emile Loubet (Hachette 1932). Un grand succès de la maison Potel et Chabot. Un succès politique aussi : unité du pays bien sûr, avec la nouvelle et très réussie Exposition universelle, mais dans le sens de la "défense républicaine" menée par Waldeck-Rouseau (règlement de l'affaire Dreyfus en mettant au pas les plus excités des nationalistes et antidreyfusards, grâce présidentielle pour le capitaine Dreyfus qui ne sera pleinement innocenté et réhabilité qu'en 1906, mesures anticléricales...). La presse nationaliste appelle au boycott... et c'est un échec, pour des raisons politiques et aussi humaines : l'initiative plaisait aux intéressés.
Cela s'est un peu perdu. Il me semble qu'il y en eut encore dans les années 1960 avec Mitterrand, en Bourgogne. Et en 1993 le bicentenaire fut encore marqué par de nombreux repas agrémentés de la révolutionnaire tête de veau. Mais cela doit être désormais plus "régional" que "parisien" ou alors organisé discrètement car le moindre repas en brasserie est vite moqué...

[pmf]

La Libre Pensée organise encore un banquet de la " Soupe au Lard " le vendredi dit Saint.

Pour ceux qui ne connnaissent pas la Libre Pensée, c'est une Association qui défend la Laïcité au travers d'une application littérale de la Loi du 9 décembre 1905 et qui promeut une République Laïque et Sociale. Elle publie un trimestriel qui s'appelle " La Raison ".

Feu Marc Blondel, ex Secrétaire Général de la CGT Force Ouvrière, a présidé la Libre Pensée après avoir quitté son Mandat de Secrétaire Général de la Confédération Syndicale CGT FO.

[armi24]

Le 15 octobre 1934 mourait l'homme politique français Raymond Poincaré à l'âge de 76 ans, connu pour avoir été président de la République française entre 1913 et 1920. Né en 1860 et issu d'une famille aisée et assez éduquée (plusieurs membres de sa famille occupèrent des postes prestigieux dans le domaine de l'éducation), il suivit des études de droit et devint ensuite avocat et journaliste. Sa carrière politique débuta en 1886 lorsqu'il fut engagé auprès du ministre de l'Agriculture Jules Develle (1845-1919) en tant que directeur de son cabinet. Celui-ci l'aida à se lancer et Poincaré réussit à être élu conseiller général en 1886, un poste qu'il occupa jusqu'à sa mort sauf pendant sa présidence. L'année suivante, il fut pour la première fois élu député et siégea alors avec les républicains modérés. Benjamin de l'Assemblée à vingt-six ans, il se démarqua dans l'hémicycle ce qui lui ouvrit les portes du gouvernement. Il devint ainsi ministre de l'Instruction publique en 1893 et en 1895 (il défendit une laïcité modérée) puis aussi ministre des Finances (1894-1895, 1906, 1926-1928) et enfin ministre des Affaires étrangères (1912-1913, 1922-1924).

Poincaré devint rapidement un des leaders des modérés (désormais appelés républicains progressistes), puis de l'Alliance libérale démocratique (centre-droit) fondée en 1901. Restant en dehors des gouvernements pendant plusieurs années, il continua cependant sa carrière parlementaire et se tourna vers le Sénat en devenant sénateur en 1903. Il fut également élu à l'Académie Française en 1909 même si cette nomination était surtout due à sa proximité avec le milieu littéraire. Sa carrière accélérera au début des années 1910 : il devint président du Conseil en 1912 et chercha surtout à consolider les alliances de la France avec l'Angleterre et la Russie. Puis en 1913, il se présenta à l'élection présidentielle et fut élu par les parlementaires au second tour avec 482 vois contre 296 au radical Jules Pams (1852-1930) et 69 pour le socialiste Édouard Vaillant (1840-1915). Ce fut donc lui qui était président durant la Première Guerre mondiale, même si cette fonction n'avait alors que peu de pouvoir puisque le véritable pouvoir sous la Troisième République appartenait au président du Conseil nommé par le président. Il eut néanmoins un rôle symbolique à tenir durant le conflit et se rendit pour cela plusieurs fois au front pour soutenir le moral des troupes. En 1920, il quitte la présidence et ne se représente pas. Il continua cependant la politique puisqu'il fut à nouveau président du Conseil de 1922 à 1924 et de 1926 à 1929 avant de mourir en 1934.

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[armi24]

Le 31 décembre 1905 naissait l'homme politique français Guy Mollet. Il est aujourd'hui connu pour avoir occupé le poste de président du Conseil (sorte de Premier ministre) entre 1956 et 1957. Adhérent de la SFIO dès 1923, il s’engagea dans les jeunesses socialistes et dans le syndicalisme enseignant. Il occupa alors quelques responsabilités au sein du mouvement socialiste à partir de 1928 jusqu'en 1940 lorsqu'il fut mobilisé puis fait prisonnier suite à la défaite française. Il fut ensuite libéré en juin 1941 et rejoignit la Résistance au sein du mouvement Organisation civile et militaire qui regroupait toutes les tendances, malgré une domination des socialistes dans le Nord-Pas de Calais où il résidait. Il participa ainsi à la rédaction du journal clandestin La Voix du Nord puis participa à plusieurs combats lors de la Libération.
Après la guerre, il reprit la politique et devint notamment maire et conseiller général d'Arras en 1945 puis élu aux assemblées constituantes de 1945 et 1946. Il devint ensuite député et prit la tête de la SFIO en 1946. Devenu une figure importante de la politique française, il participera à plusieurs gouvernements de la Quatrième République : ministre d'État du gouvernement Blum III en 1946-1947, ministre d'État dans le gouvernement Pleven I en 1950-1951, vice-président du Conseil des ministres en 1951 et enfin Président du conseil en 1956-1957. Guy Mollet était un défenseur de l'idée européenne en prônant l'adhésion à la Communauté économique européenne tout en étant un anglophile convaincu qui discuta avec l'Angleterre pour intégrer le Commonwealth. Son gouvernement fit adopter une troisième semaine de congrès payés, institua l'impôt de la vignette automobile, accorda leur indépendance à la Tunisie et au Maroc... Il fut également confronté au début de la guerre d'Algérie et ne parvint pas à résoudre la crise.
Sa politique était néanmoins fortement contestée en interne car il était accusé de mener une politique modérée et de compromis avec la droite malgré ses discours très à gauche (attitude appelée le molletisme) tandis que sa gestion de la guerre d'Algérie était elle aussi critiquée, si bien que plusieurs mouvements dissidents se formèrent. Mit en minorité en 1957 et devant démissionner, il continua d'exercer des responsabilités jusqu'à la chute de la Quatrième République en 1958. Guy Mollet reste cependant une figure importante de la SFIO puis du Parti socialiste à partir de sa création en 1969 jusqu'à sa mort en 1975 à l'âge de 69 ans.

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Passez de bonnes fêtes :)