Républicain67 a écrit:Ramdams a écrit:À
Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), la forte division à droite et au centre fait que seules trois listes de gauche se sont qualifiées pour le second tour.
Rappel des résultats du premier tour :
- Liste David Samzun (PS) : 39.26 % (maire sortant)
- Liste Pascale Hameau (EELV) : 17.67 %
- Liste Gaëlle Benize-Thual (DVG) : 13.53 %
- Liste Gauthier Bouchet (RN) : 7.05 %
- Liste Stéphane Gaschignard (DVD) : 6.13 %
- Liste Jean-Michel Texier (UC) : 5.55 %
- Liste Julien Goussot (DVC) : 5.04 %
- Liste Denis Lambert (DVD) : 3.57 %
- Liste Eddy Le Beller (LO) : 2.20 %
La liste EELV avait décidé de fusionner avec celle de Gaëlle Benize-Thual au soir du premier tour,
cet accord pourrait néanmoins être remis en question.
Du point de vue mathématique cela serait judicieux, mais certainement pas au niveau politique. A moins d'assumer d'avoir été élu avec les voix de la droite. Plus duels entre une liste de gauche et une d'EELV ont prouvé que les électeurs de droite se reportaient en partie sur celle des Verts par aversion des socialistes ou des communistes: élection municipales de 2008 à Montreuil, élections cantonales de 2004 et 2011 à Strasbourg-2... Après ce n'est que mon avis personnel.
Je ne connais pas la situation locale de Saint-Nazaire.
La remarque de @Republicain67 me semble judicieuse : il y a, dans les concurrences gauche-gauche (car je classe EELV à gauche) et droite-droite la prise en considération d'éléments tenant au comportement attendu des électeurs des autres listes dans le cadre d'un vote dit "utile" en tant que vote "barrage" : ainsi, un maire en ballottage serré à l'issue du premier tour pâtit souvent du comportement des électeurs des listes éliminées soucieux de "sortir les sortants" (slogan que je trouve personnellement détestable mais qui est l'une des traductions de la défiance envers ce qui est appelé la "classe politique") - sauf lorsque le concurrent est l'ancien maire (qui fait figure d'ancien sortant, en quelque sorte).
Dans le cas des concurrences gauche-gauche, longtemps des candidats PS (ou DVG) se présentaient au premier tour - voire se maintenaient au deuxième tour - contre des listes menées par le PC dans l'espoir de voir se créer autour d'eux un front anti-PC, en faisant aussi état d'un besoin selon eux de changement de majorité politique. S'agissant des écologistes, Dominique Voynet a été élue aussi (et déjà ) à Montreuil contre JP. Brard, tout comme naguère Noël Mamère à Bègles, dans ce qui était jusqu'alors un bastion communiste. Il est probable que le même type de raisonnement existe parmi certains militants écologistes, qui ont été le parti dominant à gauche aux dernières européennes, à l'encontre du Parti socialiste, vu comme un parti actuellement affaibli au même titre que l'apparaissait, naguère, le Parti communiste. C'est aussi les raisons pour lesquelles les fusions de listes menées par le PS et EELV sont susceptibles de ne pas aboutir dans certaines villes où ces deux listes sont arrivées en tête, comme Lille ou Villeurbanne. Evidemment, dans un scrutin local, les amitiés et inimitiés personnelles entre les membres des deux listes sont importantes (on a vu qu'au Havre c'est la personnalité de la tête de liste EELV-PS qui constitue une pierre d'achoppement pour la fusion avec la liste menée par Jean-Paul Lecoq).
Enfin, on tend à oublier que dans l'électorat écologiste il y a une composante centriste voire de droite, dont on ne retrouve pas nécessairement le profil (du moins dans ces proportions) parmi les militants, comme le montrent les matrices de reports de voix. Il y a d'ailleurs un électorat flottant entre le centre et les listes écologistes de diverses obédiences (aux européennes, le vote EELV a pu être un vote refuge pour des électeurs d'Emmanuel Macron déçus). Pour une tête de liste écologiste, escompter les voix d'autres électeurs s'appuie aussi sur les sondages relatifs à la popularité des partis - EELV suscitant sensiblement plus d'appréciations positives ou plutôt moins de rejets que d'autres formations politiques.
Mais la principale limite - à mon sens - de cette stratégie est qu'elle peut révéler la moindre expérience politique de certaines têtes de liste EELV que leurs concurrents (Yannick Jadot avait d'ailleurs publiquement fait part de ses craintes sur ce point quant à la conquête annoncée de mairies par EELV). Apparaître comme neuf peut constituer un atout (Emmanuel Macron a joué à fond la carte du renouvellement) mais encore faut-il que les hommes ou les femmes neuves apparaissent comme des maires crédibles. Cet aspect est d'ailleurs aussi le talon d'Achille de nombreux candidats RN : les électeurs peuvent vouloir envoyer un signal en votant pour un parti aux thématiques identifiées, mais pas forcément voir ce parti aux affaires. L'écologie est une thématique porteuse ; se traduit-elle nécessairement par la volonté d'élire des maires écologistes (même si l'écologie politique s'est construite sur un programme politique global, ne se limitant pas aux questions d'environnement, elle peut être perçue comme telle) ? Pour l'électeur, la récente pandémie a-t-elle plus montré comment les effets de l'action de l'homme sur la nature exigeaient des changements des comportements, ou au contraire remis en avant la problématique sociale - avec le chômage partiel, et demain le chômage tout court ? Quel rôle est alors attendu du maire ?
Enfin, il y a un autre aspect que j'ai du mal à apprécier : le rejet des thématiques écologistes (ou du moins de ce à quoi sont assimilés les partis écologistes) chez certains électeurs, qu'on a pu observer dans le vote pour Chasse pêche nature traditions (qui était certes plus faible en milieu urbain) ou dans les succès incertains des candidats écologistes dans des territoires où le principal employeur est, par exemple, une centrale nucléaire.