La vie politique en Tunisie

[cevenol30]

Un post de blog sur Médiapart permet un point sur la vie politique tunisienne actuelle:
https://blogs.mediapart.fr/guillaume-la ... tunisienne

-une grande défiance et déception des citoyens par rapport à la politique
-des difficultés pour les principaux partis: Nidaa Tounès est divisé, Ennahda déçoit sur son bilan (c'est un piège possible en démocratie...)
-des institutions qui fonctionnent mal, notamment une Cour Constitutionnelle qui "n'a toujours pas vu le jour" (je trouve cela sidérant...)

Des élections (législatives?) sont prévues pour décembre 2019, la date semblant être une surprise donc découler d'une annonce à l'avance d'une future dissolution par le président Essebdi.

L'article parle du lancement d'un nouveau parti se voulant alternatif et d'union nationale par l'ancien Premier Ministre Mehdi Jomaa (2014-2015), Al Badil Ettounsi (Alternative Tunisienne) rejoint par le parti préexistant Tounes Awalan qui s'y absorbe.

[ploumploum]

Des élections (législatives?) sont prévues pour décembre 2019, la date semblant être une surprise donc découler d'une annonce à l'avance d'une future dissolution par le président Essebdi.

C'est un grand signe de la fébrilité qu'il y a au niveau politique que de voir le Président annoncer ou confirmer que les élections se tiendront au terme des mandats en cours (autrement dit, selon le calendrier normal)
Rappelons en effet que la prochaine présidentielle doit se dérouler entre fin octobre et fin décembre 2019 (dans les 60 jours qui précèdent la fin du mandat quinquennal en cours or B.C.Essebsi est Président depuis le 31 décembre 2014).
Quant aux prochaines législatives, elles doivent se dérouler entre début octobre et début décembre 2019 (également dans les 60 jours qui précèdent la fin du mandat parlementaire quinquennal; la législature en cours s'étant ouverte le 2 décembre 2014)
Notons que si la Constitution tunisienne interdit toute amendement concernant le mandat présidentiel, elle autorise en revanche une prorogation exceptionnelle dudit mandat "en raison d'un danger imminent" (il existe une disposition similaire pour les députés).

Concernant le Gouvernement, signalons que le Premier Ministre Y.Chahed a procédé à un vaste remaniement début novembre qui a été validé par les députés (validation non globale mais poste par poste)
http://www.businessnews.com.tn/les-nouv ... 20,83823,3

[cevenol30]

Ah oui en effet, c'est surprenant qu'ils soient surpris! En plus, la date prévue est plutôt au terme du mandat donc on peut dire en un sens que le président accorde deux mois de répit aux députés...
Il est vrai que sur le continent africain, les reports d'élections sur un an ou plus sont assez fréquents...

[Eco92]

Le second tour de la présidentielle en Tunisie opposera l’universitaire indépendant Kaïs Saïed et l’homme d’affaires Nabil Karoui, actuellement en prison. Les scores de chacun sont assez bas, avec le fractionnement du vote : M. Saïed a obtenu 18,4 % et M. Karoui 15,58 %.

La participation a été de 45 %. Le second tour pourrait avoir lieu le 6 ou 13 octobre.

La commission indépendante s'interroge sur de possibles infractions de M. Karoui tout en indiquant que déchoir un candidat ayant accédé au 2nd tour est une chose très complexe et lourde.

De son côté M. Saïed est un indépendant, certes, mais aussi un conservateur opposé à l’abolition de la peine de mort et à l'égazlité hommes-femmes dans les questions d’héritage. Il défend aussi une forte décentralisation du pouvoir, avec de vrais pouvoirs locaux et la révocation possible des élus en cours de mandat.

Les deux sont des incarnations "anti-système" au moins dans le discours. Les tractations en cours vont fortement redessiner le paysage, aucun des deux n'étant membre d'un parti classique.

Ennahda, parti islamiste qui a le plus grand nombre de députés, est arrivé 3e avec 12,8 %.

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/17/presidentielle-en-tunisie-face-a-face-entre-kais-saied-et-nabil-karoui-pour-un-second-tour-atypique_5511552_3212.html

[Jean-Philippe]

Kaïs Saïed, 61 ans, est élu président avec plus de 70%.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/13/election-presidentielle-en-tunisie-kais-saied-ou-le-nouveau-paradigme-tunisien_6015361_3212.html

Du point de vue du style, ce sera l'anti Trump. Sur le fond, ce sera probablement un président conservateur sur les questions de société, partisan d'une décentralisation importante, mais le fractionnement du paysage politique, notamment à l'Assemblée (7 partis ont plus de 10 sièges sur 217), rendra le pays assez difficilement gouvernable.

[PhB]

Kaïs Saïed, 61 ans, est élu président avec plus de 70%.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/13/election-presidentielle-en-tunisie-kais-saied-ou-le-nouveau-paradigme-tunisien_6015361_3212.html

Du point de vue du style, ce sera l'anti Trump. Sur le fond, ce sera probablement un président conservateur sur les questions de société, partisan d'une décentralisation importante, mais le fractionnement du paysage politique, notamment à l'Assemblée (7 partis ont plus de 10 sièges sur 217), rendra le pays assez difficilement gouvernable.

Ce n'est pas certain : une coalition de 3 à 5 partis sera suffisante pour obtenir la majorité absolue. Pour autant que les "gros" partis puissent s'entendre entre eux. Beaucoup de démocraties ont des gouvernements stables avec un nombre de partis supérieur à 5.

[Eco92]

Après de longues heures de négociation c'est Rached Ghannouchi, 78 ans, leader historique du parti islamo-conservateur Ennahda depuis 24 ans, qui a été élu président de l'Assemblée nationale. une journée et quelques prises de bec pour que le nouveau Parlement tunisien se choisisse un président. Arrivé en tête des élections, Ennahda n'avait cependant qu'un quart des sièges, le parti a du s'allier, ce qui peut paraître contre-nature à certains, à Qalb Tounès, parti du millionnaire et finaliste de la présidentielle Nabil Karoui, dont le parti en lutte contre les "vieux partis" avait largement accusé Ennahda de l'emprisonnement de son leader. Bien que leader d'Ennahda depuis plus de 20 ans c'était le premier mandat de Ghannouchi.

https://www.jeuneafrique.com/856459/politique/tunisie-rached-ghannouchi-elu-a-la-tete-dun-parlement-morcele/

[Eco92]

Habib Jemli, premier ministre choisi par le parti islamo-conservateur Ennahda en novembre, a enfin présenté son gouvernement le 10 janvier après de longues tractations, un gouvernement massivement constitué d'indépendants pour tenter d'avoir un soutien de l'Assemblée très fragmentée. Ce fut un échec : seuls 72 parlementaires l’ont approuvé, il faut 109 voix pour une majorité.

La veille, le parti du magnat de la télévision et ex-finaliste de la présidentielle Nabil Karoui a rencontré Youssef Chahed, leader de Tahya Tounes et ancien chef du gouvernement considéré comme son ennemi politique principal, pour envisager de nouvelles alliances.

Sans gouvernement depuis octobre, la Tunisie va donc devoir attendre, a priori cela signe la fin du mandat de Habib Jemli. C'est désormais au président Kaïs Saïed, indépendant de tout parti et ayant déjà indiqué son peu de foi dans le régime parlementaire voire sa volonté de le supprimer, de nommer un premier ministre.

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/11/sans-gouvernement-la-tunisie-plonge-dans-l-incertitude_6025532_3212.html

[Eco92]

Kaïs Saïed a nommé Elyes Fakhfakh, ancien ministre des finances (2011-2014) et candidat à la présidentielle du parti historique de centre-gauche anti-Ben Ali Ettakatol, où il a obtenu... 0,34 %. Le parti ne dispose par ailleurs d'aucun député. Le profil peut étonner mais apparement son parti et son histoire lui donnent une certaine légitimité et au moins il n'est issu d'un des partis rivaux de l'assemblée qui se sont déchirés le mois dernier. Le président a délibérément nommé un homme qui n'était proposé par aucun des deux partis les plus nombreux, qui ont chacun donné un nom.

Hatem Mliki, du parti Qalb Tounes, semble indiquer que ce choix qui ne penche pas pour un des deux rivaux pourrait convenir à son parti, qui veut sortir de la crise. Ennahda n'est pas non plus fermé à le soutenir, mais s'il forme un gouvernement d'union nationale (avec les différents partis) et pas uniquement de technocrates hors partis. Paradoxalement, bien qu'issu d'un parti et politique ancien, l'absence de poids politique de Fakhfakh semble lui donner un aspect "hors système" indépendant.

Les partis représentés ont aussi une autre chose qui pèse : en cas de rejet de la confiance envers le futur gouvernement, le président devra dissoudre l'Assemblée et organiser de nouvelles élections.

https://www.mediapart.fr/journal/international/210120/en-tunisie-un-chef-de-gouvernement-pragmatique-en-quete-de-consensus

[Eco92]

Si seuls 30,5 % des électeurs se sont déplacées, ceux qui l'ont fait valident à 94,6 % la nouvelle constitution. Elledevrait entrer en vigueur à la fin août, une fois passés les délais de recours.

Hyperprésident depuis sa victoire, Kaïs Saïed défend une présidence ultrapuissante face à une assemblée jugée corrompue. Il a le mérite de ne pas avoir caché ses intentions.

Le vieux prof de droit était très populaire chez les jeunes (peu votant cette fois a priori) et une population antisystème, qui veut tourner la page des luttes intestines.

Il reste que la nouvelle constitution semble un sacré retour en arrière démocratique, certes validé démocratiquement (il n'y a pas particulièrement de plainte sur la tenue du scrutin). L'opposition, qui appelait à boycotter, s'estime de son côté victorieuse, l'apaisement n'est donc pas pour tout de suite. Mais il n'y a pas de mobilisations ou de manif.

Pour citer l'article :

Le président est soutenu par une partie de la population, les 2,6 millions de Tunisiens qui ont voté « oui » lundi. Et « toute l’abstention ne reflète pas forcément une position de boycott », estime Hassen Zargouni, directeur de l’Institut de sondages Sigma Conseil, qui avait publié les premières estimations à la sortie des urnes.

« Dans les comportements électoraux tunisiens, depuis 2011, il faut prendre en compte le fait qu’il y a toujours une partie du corps électoral, près de 50 %, qui ne vote pas et qui s’abstient de fait, par désintérêt pour la chose politique », ajoute-t-il. « Donc passer le cap de 2 millions d’électeurs, c’est déjà pas mal. »

En effet, aux présidentielle Saïed avait obtenu 57 % en recevant 2,8 millions de voix, le "oui" en a eu 2,6 millions. Il y a cependant 2 millions de néo-électeurs potentiels et la jeunesse, qui avait massivement soutenu le candidat à la présidentielle, et cette fois nettement absente.

Des législatives auront lieu en décembre, outre une hyper présidentialisation du pouvoir le texte adopté est aussi assez muet sur plusieurs droits à garantir, ce qui inquiète.

https://www.mediapart.fr/journal/intern ... abstention