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Crise au conseil municipal de Saint-Orens (31)

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Crise au conseil municipal de Saint-Orens (31)

Messagede stephed » Mar 20 Nov 2018 21:33

La Commune de Saint-Orens de Gameville (12 000 habs, Haute Garonne) vit une drôle d'ambiance depuis plusieurs mois du fait d'une guerre entre la maire Dominique Faure (REM, ex-UDI) et son ancien 1er adjoint Marc Del Borello (LR),et leurs équipe respectives au sein de la majorité municipale. Une tentative de "putsch" avec élection partielle a la clef ayant été évité de justesse en décembre 2017.

https://www.mediacites.fr/toulouse/enqu ... int-orens/

"Putsch avorté, procès à gogo, tracts assassins : ça castagne à Saint-Orens

Par Sylvain Morvan -

Décembre 2017. A Saint-Orens, commune pavillonnaire de 11 000 habitants limitrophe de Toulouse, des conseillers municipaux de la majorité et de l’opposition s’activent en coulisses. Ils préparent une démission collective afin d’éjecter la maire centriste, Dominique Faure (REM), qui est également vice-présidente au Développement économique de Toulouse Métropole. Le Code électoral prévoit que lorsque le conseil municipal a perdu le tiers de ses membres et que les listes sont épuisées, il est procédé à une élection anticipée pour le renouveler intégralement. « Nous avons préparé cette tentative de putsch pour mettre un terme au mandat de Dominique Faure, raconte Caroline Colomina, alors conseillère déléguée en charge de l’activité des aînés. Il nous fallait 11 élus démissionnaires et s’assurer que personne ne souhaitaient les remplacer au conseil municipal. » Problème : une élue invitée à rejoindre la fronde avertit l’édile. Et le projet de putsch capote. Caroline Colomina se voit aussitôt retirer ses délégations et part grossir les rangs de l’opposition.

L’épisode en dit long sur l’ambiance délétère qui règne au conseil municipal de Saint-Orens. L’affaire ne s’arrête pas là. Dans la foulée de son retrait de délégation, le 21 décembre 2017, Caroline Colomina adresse un courriel aux élus et aux agents de la commune pour expliquer pourquoi elle quitte la majorité municipale : « Résister, c’est aussi partir pour dénoncer sans subir ». Dominique Faure répond du tac au tac, dès le lendemain. Elle accuse son ex-alliée d’avoir « tenté de “soudoyer”» une élue, ce qui justifierait son retrait de délégation. Un mail diffamatoire pour Caroline Colomina. La maire hérite d’une citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Toulouse. L’audience devrait avoir lieu dans le courant du premier trimestre 2019. Dominique Faure, sollicitée à plusieurs reprises, n’a pas répondu à nos demandes.

Cinq élus de la majorité cités à comparaître devant le tribunal correctionnel

Le cas de Caroline Colomina n’est pas isolé. Depuis l’élection de 2014, l’équipe municipale s’est en partie délitée. Quatre élus ont démissionné et quatre autres, dont Caroline Colomina, ont quitté la majorité tout en restant au conseil municipal. Adjointe à la petite enfance, aux affaires scolaires et à l’éducation, Maria Laffont a rejoint l’opposition en septembre 2018. « En 2013, je me suis impliquée dans la campagne électorale aux côtés de Dominique Faure, témoigne-t-elle. Après l’élection, elle a totalement changé. Elle a rendu l’accomplissement de mon travail d’élue impossible en faisant de la rétention d’informations et en réorganisant mon service sans m’en avertir. »

Marc Del Borrello, qui a renoncé à son poste d’adjoint à l’urbanisme dès 2015, critique aussi l’autoritarisme de la maire. « Dès le mois d’octobre 2014, elle a profité de ma semaine de vacances pour présenter des projets d’urbanisme. A mon retour, j’ai été mis devant le fait accompli alors que je ne les cautionnais pas. » L’élu, qui est par ailleurs président de Tisseo Voyageurs, le réseau de transports en commun toulousain, regrette notamment une Maison internationale des Arts Martiaux « pas adaptée aux besoins de Saint-Orens ».

Début 2019, une grande salle de compétition de 6 tatamis, avec 800 places en gradin, un dojo d’entraînement de 4 tatamis et 150 places en gradins, et une salle omnisports doivent voir le jour. Dans un tract distribué aux habitants de la commune en avril 2018, Marc Del Borrello critique ce projet d’envergure, « qui n’a rien à voir avec ce qui était prévu sur le programme électoral. Elle sera 5 fois plus grande (5000 m² au lieu de 1000m²) et elle coûtera 5 fois plus cher : 9 millions d’euros au lieu de 1,8 million d’euros) ».

En réponse, un tract assassin est distribué aux habitants en mai. Il est titré : « Del Borrello : qui est cet individu qui joue contre l’équipe municipale mais aussi contre Saint-Orens et ses habitants ? » et signé par l’association Changeons Saint-Orens présidée par Alain Massa, premier adjoint aux Finances. Morceaux choisis : « Dès l’été 2014, ce dernier a commencé à exprimer sa véritable nature : absence totale d’esprit d’équipe, certitude que seules ses idées devaient prévaloir et un orgueil démesuré au service de la manipulation, de la malveillance et maintenant de la méchanceté […] M. Del Borrello devrait s’abstenir de proférer de telles bêtises qui ne font que traduire son mal-être de ne pas gouverner. Le second prénom de Marc Del Borrello ne serait-il pas Narcisse ? »

Ces attaques n’ont pas du tout plu au président de Tisseo Voyageurs. Cette fois, ce sont quatre élus de la majorité, tous membres de l’association Changeons Saint-Orens, qui sont cités à comparaître devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour diffamation et injures publics. L’audience aura lieu le 27 novembre. « Il appartient à la justice et à elle seule de s’exprimer et de statuer, indique Alain Massa. Je lui fais entièrement confiance. »

Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (LR), suit de près cette guérilla politique. Dominique Faure et Marc Del Borrello sont en effet deux poids lourds de la métropole qu’il préside. Dès septembre 2016, Dominique Faure l’alerte de la situation par courriel et lui demande de se désolidariser du président de Tisseo Voyageurs : « Marc Del Borrello ne peut avoir la confiance totale du président à l’échelon métropolitain (…) et nuire dans de telles proportions à notre majorité municipale qui t’entoure et te soutient. »

Pour tenter d’apaiser les tensions, une première réunion est organisée le 18 octobre 2016 en présence de Dominique Faure, Marc Del Borrello, Jean-Luc Moudenc et Sacha Briand, vice-président aux Finances de la métropole. Marc Del Borrello dit ses craintes sur la capacité de Saint-Orens à encaisser les investissements réalisés depuis le début du mandat. Jean-Luc Moudenc demande donc à Dominique Faure de réaliser une prospective financière. Cette étude est présentée quelques mois plus tard à Marc Del Borrello, sur un écran d’ordinateur, dans le bureau de la maire. Les élus d’opposition socialiste n’en verront jamais la couleur. L’épisode est évoquée dans le procès verbal du conseil municipal du 28 mars 2017, au moment du vote du budget de la commune.

N’ayant pas obtenu la version écrite de l’étude, Marc Del Borrello émet des réserves et annonce en conseil municipal qu’il ne votera pas le budget. Dominique Faure persiste et signe : elle ne communiquera pas l’étude. « Ne venez pas me demander de vous confier tel ou tel chiffre qui, bien évidemment, se transformerait ensuite en un tract d’opposition ou en des prises de parole telles que celle que vous venez de faire », dit-elle. La réconciliation voulue par Moudenc est un échec. Le divorce est acté. « Depuis, Marc Del Borrello est la cible de moqueries en conseil municipal, raconte Aude Lumeau-Preceptis, élue municipale d’opposition et conseillère régionale (PS). Malgré les désaccords, il ne mérite pas d’être traité de la sorte ».

Aude Lumeau-Preceptis pointe aussi une démocratie locale défaillante : « Jusqu’ici, on s’appuyait beaucoup sur les procès verbaux de conseil municipaux précédents pour préparer nos dossiers. Or, depuis un an, il n’y en a plus ». Sur le site Internet de la mairie, le dernier procès verbal de séance date effectivement du 7 novembre 2017. Le dernier compte rendu de séance en ligne est celui du 12 décembre 2017. Depuis, c’est le blackout. Pourtant, le code général des collectivités territoriales exige sa publication. « Dans un délai d’une semaine, peut-on y lire, le compte rendu de la séance du conseil municipal est affiché à la mairie et mis en ligne sur le site internet de la commune, lorsqu’il existe. »

Une autre affaire judiciaire a fait grand bruit dans la commune cet été. La Ville a tenté de faire main basse sur la maison Massot, superbe demeure du centre-ville destinée à devenir une « Maison des arts », en offrant 450 000 euros à sa propriétaire. Une somme dérisoire, compte tenu de la beauté de l’édifice, mais pourtant conforme à une première évaluation du bien établie par France Domaine. La propriétaire, représentée par son tuteur, ne s’est pas laissée faire : elle a saisi le juge d’expropriation du tribunal de grande instance de Toulouse le 18 décembre 2017. Lequel, considérant que l’évaluation de France Domaine était largement erronée, a prononcé le 13 juillet dernier le transfert de la propriété au profit de la commune pour… 1 916 020 euros. Soit quatre fois plus cher que le montant initial ! Un camouflet ?

Dans le magazine municipal, la ville se félicite malgré tout « d’avoir pu acquérir ce bien remarquable qui était très convoité par des investisseurs parfois peu scrupuleux et de permettre ainsi de conserver à la fois un patrimoine mais aussi un poumon vert en plein centre-ville ». Marc Del Borrello ne remet pas en cause le bien-fondé de l’acquisition mais le procédé : « Il a fallu deux ans de procédure de la ville contre une personne connue pour sa générosité, qui avait déjà cédé des terrains à la mairie par le passé… » L’investissement sera finalement porté par l’Etablissement public foncier local (EPFL) du Grand Toulouse. Un organisme présidé par… Dominique Faure en personne.

En juillet 2018, Marc Del Borrello est reçu une nouvelle fois par Jean-Luc Moudenc, avec quatre figures de la majorité (Michel Aujoulat, Francis Grass, Jean-Michel Lattes et Jean-Jacques Bolzan). Il leur indique son intention de se présenter aux prochaines municipales à Saint-Orens contre Dominique Faure. « Ils m’ont alors demandé de quitter la présidence de Tisseo, ce que j’ai refusé, confie-t-il. Le comportement de Dominique Faure est néfaste pour Saint-Orens. Mon devoir est de faire en sorte qu’elle ne soit pas réélue. » Sacha Briand, président du groupe des élus de la droite et du centre à Toulouse Métropole, n’a pas souhaité commenté la guerre qui mine son camp politique : « Le groupe Métropole d’Avenir n’a pas vocation à s’intéresser à la situation interne d’une commune membre de Toulouse métropole », nous a-t-il répondu.

Le groupe des élus d’opposition PS de Saint-Orens annonce, lui-aussi, vouloir monter une liste pour les municipales: sSes représentants affichent, comme Marc Del Borrello, des inquiétudes sur l’endettement de la ville et pointent la multiplication des constructions neuves. Mais pas question pour autant de faire liste commune. Le scrutin de 2020 s’annonce donc particulièrement indécis et explosif."
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