de vudeloin » Mar 21 Aoû 2012 12:45
En parlant de poigne de fer, le Monde commet peut être un euphémisme.
Si l'Ethiopie est connue des amateurs de café pour offrir à nos tasses deux grands crus aux qualités aromatiques indiscutables (le modèle Harar, cultivé sur des hauts plateaux situés aux alentours de 1 700 à 2 000 mètres dans la région éponyme située à l'Est du pays et le modèle Sidamo, cultivé à des altitudes légèrement supérieures dans la partie sud du pays, au sein de la région d'Oromia) et pour fournir aux Jeux Olympiques d'étonnants coureurs (et coureuses) de fond au physique largement économe de tout surplus de poids inutile, elle est aussi passée d'un régime dictatorial à un autre au fil de son Histoire.
Tout les historiens ont le souvenir des vieilles images d'archives de l'avant Seconde Guerre Mondiale où le Négus Hailé Sélassié en appelait à la Société des Nations (qui fit la démonstration de son incapacité à faire quoi que ce soit) pour répondre aux visées coloniales d'une Italie mussolinienne qui se sentait une soudaine vocation civilisatrice (comme en Libye...)
Quand il fut rétabli dans ses droits, après la chute du fascisme, le Négus redevint ce qu'il avait été, c'est à dire un chef politique doublé d'un chef religieux peu respectueux des droits démocratiques.
Renversé par un coup d'Etat militaire organisé par un groupement d'officiers d'inspiration marxiste dirigé par le colonel Mengistu, le Négus disparut de la vie politique éthiopienne, vie politique qui restait par ailleurs marquée par des tentatives sécessionnistes régionales, depuis l'Erythrée le long de la Mer Rouge (ce qui fait deux fois rouge), en passant par le Tigré, ou encore l'Ogaden, pays somali.
Plus près de nous, on se souvient évidemment de l'intervention des Cubains dans le pays, de la famine des années 80, et des multiples conflits qui conduisirent, peu de temps après la chute du Mur de Berlin, à l'installation de Meles Zenawi, candidat idéal pour les USA, les puissances occidentales ou encore Israel, ayant été formé dans les bonnes universités européennes...
Le problème, c'est que Meles Zenawi n'a jamais eu le souci de faire de l'Ethiopie une véritable démocratie, muselant l'opposition, allant jusqu'à encadrer sévèrement le contenu des enseignements des Universités, soupçonnées de promouvoir les thèses antigouvernementales.
Chacun s'accorde aujourd'hui, dans les organisations internationales, pour considérer que l'Ethiopie n'est pas une démocratie (elle est notée au plus bas niveau de ce point de vue), avec une presse aux ordres, un pouvoir judiciaire assez nettement inféodé au politique, et sujet d'une corruption endémique qui favorise, de manière systématique, les partisans de Zenawi (en clair, les tigréens) pour tout emploi public ou responsabilité.
Même si l'autosuffisance alimentaire semble mieux assurée que par le passé, les forces centrifuges à l'oeuvre en Ethiopie ouvrent, de mon point de vue, une période d'incertitude sur le devenir d'un pays qui est aujourd'hui enclavé, puisque l'Erythrée est devenue un pays indépendant et l'a privé de toute façade maritime.