Derrière les propositions des élus majoritaires corses, il y a des problèmes auxquels on peut concevoir d'autres solutions (même si la légitimité démocratique est moindre si cela ne correspond pas):
-l'anomalie de la situation des prisonniers corses détenus sur le continent, avec tous les problèmes concrets que cela pose pour le lien avec les familles (il n'y a pas un ferry tous les jours sur une ligne donnée en basse saison p.ex.)
-la spéculation immobilière et l'afflux d'acheteurs de résidences secondaires rendant difficile l'acquisition de la résidence principale à ceux qui résident sur place
-la crainte de voir s'étioler voire disparaître la langue corse sans soutien public
-une certaine inadaptation des décisions centralisées à la réalité locale
La voie violente est un moyen abandonné par la mouvance régionaliste, le passage total à celle des urnes s'est avéré un succès. C'est une réalité à prendre en compte à un moment.
Le droit de propriété est avant tout le droit de ne pas être exproprié de ce qu'on détient déjà sans juste motif et correcte indemnisation. La liberté de certains d'acquérir à fins de loisir doit-elle empiéter sur la liberté des autres d'acquérir à des fins plus utiles?
pba a écrit:La CTC (ne) bénéficiera (pas) de l'autonomie fiscale et (n')aura (pas) le droit de lever des taxes locales sans répercussion sur le niveau actuel de dotation de l'état au fonctionnement de l'île,
Si on transpose aux collectivités locales en général, cela voudrait dire que toute hausse d'impôts locaux serait "compensée" par une baisse de dotation?! Autant dire tout de suite qu'il s'agirait d'un étranglement des collectivités locales (une caractéristique d'un échelon étatique étant qu'il peut augmenter ses recettes sans compensation si nécessaire... ce qui rend sa dette plus facile à rembourser donc moins chère à contracter)
L'état français (ne) prendra (pas) à sa charge le développement économique de la Corse ainsi que l'ensemble des dépenses afférentes à sa volonté politique d'autonomie,etc..
A quoi sert à la Corse d'être française si c'est pour ne pas bénéficier de compensations liées à ses manques intrinsèques de compétitivité (qui existent en partie dans d'autres zones montagneuses ou rurales)? Si on imagine garder la Corse dans notre territoire (pour des raisons stratégiques si on considère comme important le contrôle de la Méditerranée) sans coût, on s'illusionne. Ceux qui montrent de gros biceps et une bourse vide sont en réalité les meilleurs alliés des indépendantistes (et pas des autonomistes)...
Soyons sérieux, au nom de quoi la Corse bénéficierait elle, au sein de la république française, d'un statut administratif et financier qui ne serait pas offert simultanément aux autres régions française ?
-il y a déjà actuellement un statut administratif différent avec la collectivité territoriale unique et ses règles spécifiques, entre autres pour les élections donc cela n'est aucunement impossible
-la Corse est une île assez grande pour être une Région mais assez proche de la métropole, ce qui est une situation spécifique or:
-les autres territoires insulaires français (hors îles côtières métropolitaines qui ne sont que des communes voire des hameaux) ont des statuts de DOM, TOM ou autres COM
-les autres îles méditerranéennes (à part peut-être des cas grecs et turcs?) sont autonomes voire indépendantes (Malte, Chypre)
-la Corse a une culture propre (certes, d'autres aussi)
-certains aménagements (voire les mêmes si c'est pertinent) sont possibles aussi pour les collectivités locales du continent. L'actuel président évoque d'ailleurs l'idée d'un "pacte girondin", ce qui voudrait dire en théorie qu'il n'est pas un grand adepte des décisions centralisées, concentrées à Paris et uniformes. Je dis bien en théorie parce qu'en pratique, entre défense du statu quo à Bastia et annonces sur les dotations des collectivités, cela s'apparente plutôt Ã
une vaste blague du management moderne: plus d'autonomie mais avec moins de moyens soit la recette même du burn-out transposée à l'échelle locale...