de Relique » Lun 12 Juin 2017 23:25
Je ne voulais pas créer un énième sujet dans ce forum déjà très complet, mais j'ai voulu regarder ce qu'il était arrivé aux députés qui avaient eu l'intention de déposer une motion de censure "de gauche" lors du (non) vote de la loi El Khomry.
Evidemment (car certains ont réussi à se qualifier), il faudra compléter dans une semaine.
Il y a un an, j'avais pensé que les partis ayant participé à la signature de cette motion auraient du faire un "pacte" d'alliance pour les législatives, afin qu'au moins ces 50 députés soient en meilleure posture. Ils ne l'ont pas fait. Je voulais regarder si, éventuellement, ces députés, s'ils se représentaient, auraient pu être en meilleure posture (peut-être se qualifier au deuxième tour). Comme la FI n'a pas participé à cette motion de censure, je vais regarder le total de la gauche sans FI et avec FI.
On commence par ceux qui n'avaient pas voté les deux motions.
Ainsi, Alexis Bachelay (92-01), Isabelle Bruneau (36-02) et Yann Galut (18-03) avaient signé la première, mais pas la seconde motion. Tous les trois se représentaient dans leurs circonscriptions respectives.
Alexis Bachelay & Isabelle Bruneau ont tous les deux été éliminés, tous les deux 4ème, devancés par LREModem, LR et le FN pour Isabelle Bruneau dans l'Indre, et LREM, le PCF et la FI pour Alexis Bachelay dans les Hauts-de-Seine.
Pour Isabelle Bruneau, en aggrégeant PS, PCF et EELV, elle n'aurait tout de même pas pu participer au deuxième tour. Elle aurait fini troisième. Mais en ajoutant la FI, alors elle aurait pu participer... à une triangulaire ! En effet, le candidat LR ayant obtenu plus de 12,5% des inscrits, et les voix de gauche rassemblant encore plus de voix que LR, il y aurait eu une triangulaire à l'issue très incertaine (les seules réserves de voix venant du FN), et essentiellement liée à la campagne de deuxième tour (les français confirment, amplifient ou rectifient ?).
Pour Alexis Bachelay, comme la candidate PCF est qualifiée, il est évident qu'une alliance PS-PCF aurait également été qualifiée. Et aurait pu gagné, l'addition des voix de gauche donnant 42% des exprimés au premier tour.
Enfin, pour Yann Galut, il est arrivé deuxième et s'est donc qualifié face à LREM. Cependant, il accuse à l'heure actuelle 13 points de retard. Le PCF et EELV ont totalisé 5,5 points. FI presque 10. A mon avis, dans des élections à si peu de participation, le deuxième tour se joue essentiellement sur la mobilisation de son électorat. Et si le candidat apparaît "compétitif". A 13 points derrière, il faudra un sacré ressac pour qu'il l'emporte. Plus proche, je pense qu'il aurait eu une chance, car non seulement les reports ne seront, à mon avis, pas très bons pour LREM, mais il aurait pu mobiliser l'électorat de gauche réveillé (?) par ce "tsunami".
3 perdant en puissance donc.
Continuons avec ceux qui ont signé la deuxième, mais pas la première. Il s'agit de Philippe Baumel (71-03), Nathalie Chabanne (64-02) et Hervé Féron (54-02). Tous les trois étaient également candidats cette année. Deux également sont éliminés. Il s'agit de Philippe Baumel et Hervé Féron.
P Baumel finit donc troisième, à 1 point (282 voix) du deuxième tour. Qualification à la portée d'une alliance PS-PCF-EELV, ces deux derniers ayant recueilli en tout 3,5 points. Avec ces quelques points, il se serait tout de même retrouvé à 13 points du candidat LREM. Largemment battu donc. La FI ayant réalisé un peu moins de 10%, une gauche rassemblée aurait peut-être pu talonner le candidat LREM et, comme Yann Galut dans cette configuration, rendu le deuxième tour un peu plus compétitif...
Hervé Féron aurait pu viser la qualification avec une alliance à gauche. Il a échoué à moins de 3 points de la candidate LR, le total des voix EELV et PCF. Par contre, même avec des voix de France insoumise, il serait resté très loin du candidat Modem (42%). Il aurait simplement pu rester la tête hors de l'eau une semaine de plus.
Enfin, Nathalie Chabanne s'est, elle qualifiée au deuxième tour. Avec 14,4% des voix, toutefois, elle est 27 points derrière le candidat LREModem. Ce n'est pas avec l'addition des voix du ticket EELV-PCF et du ticket France Insoumise qu'elle aurait pu se montrer plus compétitive dans ces terres béarnaises... Elle aurait tout juste été moins ridicule.
Attaquons-nous maintenant à ceux qui avaient signé les deux motions. Et d'abord, parmi le groupe socialiste:
Ils étaient 25, et 11 n'étaient au final pas candidats. Il faut dire que deux d'entre eux étaient à l'Assemblée car remplaçants de ministre (Fanélie Carrey Conte à Paris de George Pau-Langevin et Romain Joron de Barbara Pompili). Il est amusant de constater que les deux ministres ont reçu le soutien ou au moins le champ libre de LREM. S'ils n'avaient pas été députés suite à leur nomination au gouvernement, peut-être se seraient-ils présentés contre elles.
Sur les 14 restants, il y en a un seul qui est plus ou moins assuré d'une victoire, ou du moins, qui devrait être réélu selon toute vraisemblance: Christian Hutin, MRC dans la 13ème circonscription du Nord. Il affrontera le FN, 1 point seulement devant lui. Il a battu au premier tour LREM (3 points d'avance, à 21%), la FI, une EELV et une PCF. Avec n'importe quelle alliance, il aurait été premier, mais ça ne devrait pas influer sur le résultat final.
3 autres députés sortants se sont qualifiés au deuxième tour. Il s'agit de Christian Paul (58-02), Régis Juanico (42-01) et Barbara Romagnan (25-01). Ce sera extrêmement difficile pour ces figures de l'aile gauche du PS. Ils ont tous les trois 14 ou 15 points de retard sur LREM. Barbara Romagnan était soutenue déjà par EELV et le PCF (ce qui lui a certainement permis la qualification), Régis Juanico par EELV. Pour chacune de ces trois circonscriptions, le reste de la gauche (PCF et/ou FI) a obtenu entre 12 et 15 % des suffrages. Une candidature unique aurait certainement permis de les rendre plus "compétitifs" aux yeux des électeurs, et leur auraient peut-être facilité la campagne de deuxième tour.
Restent donc 10 députés éliminés. Parmi eux figurent évidemment des têtes connues comme Benoît Hamon Aurélie Filippetti ou Laurent Baumel.
2 d'entre eux ont été battus, entre autres, par des candidats de gauche qui se sont qualifiés au deuxième tour: c'est le cas de Jean-Luc Laurent (MRC 94-10), battu par le PCF et la FI, la candidate FI prenant la deuxième place, et de Mathieu Hanotin (PS 93-02), battu par la candidature PCF-FI. Les deux candidats PCF-FI et FI peuvent gagner, selon les reports de voix de ces deux députés, justement.
3 candidats, à mon avis, même avec une très grande alliance de gauche, n'auraient pas été compétitifs au deuxième tour. Il s'agit d'abord de Michel Pouzol (PS 91-03), battu par FI et le FN. La FI est actuellement à 21 points de LREM, et même avec une grande alliance, il n'auraient pas pu apparaître suffisamment proche de la victoire finale pour mobiliser les abstentionnistes. Puis, Linda Gourjade (PS-81-03) qui, avec une grande alliance PS-PCF-EELV-FI, aurait pu se qualifier et provoquer une triangulaire LREM-UG-LR. Toutefois, LREM aurait eu 8 points d'avance et la victoire se serait faite entre LREM et LR, selon les reports du FN. Enfin, Pascal Cherki (PS, 75-11), même soutenu par toute la gauche, et en additionnant, aurait tout de même été à 11 points derrière la LREModem.
2 candidates n'auraient pu se qualifier qu'avec une grande union de la gauche. C'est le cas d'Aurélie Filippetti (PS 57-01) qui, avec le soutien d'EELV, a fini 3ème, à 6,5 points du FN. Le PC ne l'aurait rapproché que d'1,5 point. Si on ajoute la FI,elle aurait été qualifiée mais 5 points derrière LREM. Peu de chances de succès, donc. Paola Zanetti, dans le même département (PS 57-07), a fini 4è avec 12% des suffrages, derrière LREM, le FN et LR. Elle était à 12 points du 2ème, le FN, soit presque le total des voix EELV+FI. Une candidature d'union aurait peut-être pu déclencher une dynamique lui permettant de se qualifier au deuxième tour, mais elle n'aurait pas gagné pour autant.
Laurent Baumel, lui, aurait pu être qualifié avec le soutien (et les voix) soit d'EELV soit du PCF (ou presque). Sans la grande alliance avec la FI, toutefois, il aurait été largué à 13 points de LREM. Une hypothétique candidature d'union de la gauche aurait permis de combler l'écart et de se trouver à 1,5 point de LREM. Le deuxième tour aurait été un peu plus compétitif.
Enfin, deux circonscriptions me semblent être de vrais gâchis. Il s'agit des circonscriptions de Benoît Hamon (78-11) et de Christophe Léonard (08-02). Pour le premier, on le sait, il a échoué à 165 voix de la deuxième place. Avec les voix PCF, il aurait été qualifié. Le total d'union de la gauche (avec la FI) se situe à 33%, soit autant (même légèrement plus) que les suffrages portés sur LREM. Un Benoît Hamon en tête du scrutin, même légèrement, aurait certainement provoqué une mobilisation sur le terrain, je pense, et peut-être une victoire finale. Enfin, Christophe Léonard, bien que 4ème, n'était qu'à 4 points de la deuxième place tenue par LREM. Le PCF et EELV ont récolté 3,5% des suffrages, la FI 10,7%. Avec une alliance réduite, la deuxième place aurait été difficile à obtenir, mais une grande alliance aurait permis à la gauche d'obtenir la première place, devant LR. La victoire finale se serait jouée sur les reports des voix LREM.
Voila pour les anciens du groupe SER. Je complèterai dans un autre message pour les députés du groupe GDR, RRDP (Jérôme Lambert) et les non inscrits (inclus les écolos).