Vers une majorité “macédoine” en 2011
Alors que tout le monde s’attendait à un renouvellement total du conseil général en mars 2011, la ministre de l’Outremer Marie-Luce Penchard a annoncé, lors de sa visite en juillet dernier et suite à l'avis du Conseil d'Etat, que finalement celui-ci se ferait en 2014. Pour mars 2011 ce sera un renouvellement partiel et seuls neuf cantons seront renouvelés. Certaines formations ont déjà désigné leurs candidats.
Le mois de mars 2011 rentrera à coup sûr dans l’histoire de Mayotte. Après les élections cantonales, l’assemblée érigera le département de Mayotte. Le rêve de beaucoup d’anciens deviendra réalité, mais pour les élus en place il faudra se retrousser les manches pour gagner les nombreux défis que Mayotte devra affronter. Le premier d’entre eux sera de finaliser les outils permettant la levée de taxes locales.
Il faudra également préparer l’entrée de notre Collectivité au sein des régions ultrapériphériques européennes et accompagner le développement économique de l’île. Ce scrutin de 2011 sera le premier dans lequel les nombreux partis seront vraiment jugés sur un projet (du moins faut-il l'espérer) autre que la départementalisation, enfin acquise.
Chacun d'entre eux pourra tester son poids électoral au sein de la société mahoraise. Il est pratiquement certain qu’aucun d'entre eux ne pourra, sauf miracle, former une majorité à lui tout seul. On se dirige donc vers une majorité “macédoine”, terme utilisé par les détracteurs de la majorité présidée par Ahamed Attoumani Douchina, car composée de partis hétéroclites (UMP, Nouveau Centre, PS).
En effet, l’UMP qui a le nombre de conseillers le plus élevé (8) doit en renouveler 5. Parmi eux figurent notamment le président actuel Ahamed Attoumani Douchina (Kani-Kéli) et son 3e vice-président Hadadi Andjilani (Ouangani). Il semblerait que l’UMP soit partie pour présenter un candidat dans chaque canton renouvelable. Il faudrait donc un véritable miracle (gagner 7 sièges) pour que l'UMP forme à elle toute seule une majorité avec les 3 conseillers élus en 2008 (Zaïdou Tavanday, Assani Ali et Ali Bacar).
"Nous sommes résolument à droite et notre objectif est de diriger le conseil général. Nous voulons montrer aux petits partis (NDLR : la Fédération des partis progressistes) que nous sommes là pour préparer la destinée de Mayotte", assène fermement Ali Souf, secrétaire départemental de l'UMP. Du côté du Nouveau centre, le discours est similaire, à une nuance près : le parti se dit ouvert à toute discussion quelle que soit la formation politique, à condition que l'intérêt supérieur des Mahorais prime.
"Nous sommes un parti de centre droit et nous voulons peser au conseil général pour être des partenaires respectés et respectables. Nous voulons mettre fin aux monopoles et développer une économie de marché à visage humain", explique pour sa part M'hamadi Abdou "Alain", délégué départemental du NC. Avec 4 élus pour l'instant, le NC doit remettre en jeu les sièges d'Alain (Bandraboua) et de Madi Chanfi Ahamada (M'tsangamouji) qui ne se représente pas. L'objectif est d'une part d'accroître le nombre de conseillers et une fois dans la majorité de sortir la CDM d'une situation budgétaire déficitaire. Le NC devrait investir des candidats partout sauf à Pamandzi, Kani-Kéli et Ouangani.
Les progressistes (PSM, PCRM, MPM, Alliance, Verts, Union du renouveau, Modem, Néma) ont pris l'engagement de ne pas partir en ordre dispersé en ne présentant qu'un seul candidat par canton. Le pari semble difficile à tenir, mais on devrait en savoir plus à la fin du mois de septembre. D'autant plus que le Néma de Saïd Omar Oili ne semble plus être sûr de faire partie de cette coalition ayant pour but de barrer la route de l'hémicycle Bamana à l'UMP.
S'il y a une formation qui a tout à gagner de ce scrutin, c'est le MDM. Ayant élu 5 conseillers en 2004 et 2008, le MDM a vu tous ses élus lui tourner le dos. Aujourd'hui, l'objectif est de réintégrer le conseil général avec des personnes "sûres". Les efforts se feront sur 5 cantons uniquement, avec pour tête d'affiche Daniel Zaïdani (militant de l'association Oudaïlia haqui za Mmaoré) à Pamandzi, Darcaoui Toiliha (suppléant du sénateur Giraud) à Bandrélé et Abdourahamane Ravoay à Kani-Kéli.
Le PS est quant à lui en pleine crise de leadership. Malgré ses succès en 2008 (deux conseillers généraux élus, la mairie de Tsingoni arrachée à l'UMP) le parti semble faire du surplace. Récemment, le maire de Bandraboua (bastion du PS à Mayotte), Fahardine Ahamada s'était plaint du manque d'action du parti et reproche à Ibrahim Aboubacar de ne pas jouer son rôle de secrétaire général. Y aura-t-il une réconciliation ou le parti implosera-t-il comme en 2002 avec la candidature dissidente de Raos aux législatives ? Seul l'avenir nous le dira.
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