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La vie politique au Royaume-Uni

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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede manudu83 » Mer 4 Sep 2019 13:26

Boris Johnson meilleur candidat que May, j'attend vraiment de voir... si le parti conservateur explose il perdra l'élection.

Beaucoup de siège que les tories visent me paraissent particulièrement optimistes (Batterfield, Bristol NW, Wirral, Reading E).

je vois une vingtaine de sièges Lab basculer mais je vois aussi des pertes tories en faveur des lib dem. (Saint Ives, Winchester).
parce qu'il faut avoir conscience que les tories tiennent plusieurs sièges ou le leave était en dessous de 40%
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede manudu83 » Mer 4 Sep 2019 13:28

Relique a écrit:
manudu83 a écrit:Boris Johnson n'a clairement plus de majorité à la chambre, la dissolution semble inévitable avec comme corrollaire un énième report du Brexit...
Alors que Theresa May avait une vraie intelligence tactique qui lui avait permis de se maintenir, je pense que Boris Johnson sera surement l'un des plus court premier ministre de l'histoire car je vois mal comment les Tories pourrait conserver leur majorité (perte prévisible sur Londres et en Ecosse, au moins deux sièges du DUP en danger).

Edit :
Pour l'irlande du nord : Belfast South et Antrim South ont de fortes chances de basculer Alliance
En Ecosse 10 sièges voire 11 semblent en grave danger pour les conservateurs.


En Irlande du nord, je suis d'accord pour Belfast South. Mais en deuxième je mettrais avant tout Belfast Est, qui a déjà été tenue par l'Alliance (par la leader Naomi Long, désormais députée européenne). Dans ces deux circonscriptions, l'Alliance a fait de meilleurs résultats que le DUP en voix aux élections locales (selon mes simulations, ce ne sont pas des résultats officiels, du fait des découpages différents). Avant South Antrim, je pense que North Down peut aussi conquise par l'Alliance Party, (7800 voix DUP contre 7100 Alliance avec 4000 voix pour le Green Party aux élections locales). Ailleurs, ça me semble difficile. La circonscription de Foyle peut basculer, mais du Sinn Féin au SDLP, qui l'a perdue aux dernières élections mais a fait de meilleurs résultats aux élections locales. Et enfin, si le DUP fait de mauvais scores à Belfast du fait de son soutien aux conservateurs, le Sinn Féin pourrait prendre Belfast Nord (cela s'est joué à 2.000 voix en 2017, le Sinn Féin étant en constante progression à chaque élection ici).


Belfast East il me semble que le député sortant est bien implanté c'est pour ça que je ne l'ai pas mis, par contre North Down était effectivement passé sous mon radar.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Corondar » Mer 4 Sep 2019 14:02

Tirnam a écrit:Le parti conservateur de Johnson en 2019 n'est plus le parti conservateur de May en 2017. Johnson en lui-même sera probablement un meilleur candidat que May (bon ce n'est pas difficile), le parti n'est plus dans la doctrine de l'austérité (le chancelier devrait annoncer cet après-midi toute une série de dépenses), les dépenses sont clairement liées à cet électorat "leave" : plus de policiers, amélioration des services publics, infrastructures dans les régions sinistrées, réforme de l'immigration, ...
Enfin dans cette élection, si elle a lieu comme le souhaite Johnson, il aura davantage la facilité de réunir sur nom les partisans du leave en se présentant comme celui qui veut faire le Brexit et qui est empêché par le Parlement de le faire, qu'il est tellement sérieux sur ce point qu'il n'a pas hésité à purger son parti. Alors que l'électorat "remain" restera plus ou moins divisé, ne serait-ce à cause des ambiguïtés de Corbyn.


J'ai quelques scrupules à adopter un scénario aussi rose pour Johnson. Qu'il tente de réaligner la doctrine économique de son parti sur certains points je veux bien le croire. Mais de là à convaincre sans aucun problème des millions de gens que le parti de Margaret Tatcher n'est plus ultra libéral, et dans le même temps qu'il compte devenir un parti du welfare state, je lui souhaite quand même bon courage à Boris Johnson... Il est quand même pas certain que beaucoup ne voient là une manoeuvre stratégique conjoncturelle bien commode, d'autant que le personnage est coutumier du fait (son ralliement au camp des brexiters est déjà un changement de la dernière heure le concernant, et semblait quand même plus motivé par l'OPA potentielle sur le parti que par des convictions profondes).
Enfin, j'émets de gros doutes sur le fait que le camp du brexit serait plus uni que le camp des remainers. Si c'était le cas, le paysage politique britannique ne serait pas paralysé depuis 3 ans sur la question. May a été incapable de trouver une position, encore moins un compromis, qui aurait rallié le camp des brexiters à son panache. Au bout de 3 ans, j'ai la furieuse impression qu'il existe autant de scénarios du brexit que de brexiters, entre les tenants d'une ligne radicale, ceux en faveur d'un brexit modéré et ceux d'un remain qui ne dirait pas son nom mais avec de nouvelles dérogations (qui elles non plus ne seraient pas clairement définies). Et comme l'option retenue par le nouveau premier ministre pour essayer de mettre tout ce petit monde au diapason c'est le lance-flamme contre tous ceux qui ne se rallieraient pas à son panache, là aussi, j'émets quelques doutes sur le fait que ça ne lui fasse pas perdre quelques voix chez certains électeurs conservateurs.
Bref, je ne dis pas que les conservateurs ont déjà perdu, la faiblesse des travaillistes en face (avec Corbyn qui divise au moins autant que Johnson) laisse une fenêtre de tir. Mais c'est très loin d'être dans la poche, d'ici à ce qu'on se retrouve de nouveau avec un parlement sans majorité claire...
Mais pour moi le pire ou le plus important n'est même pas là. Pendant que la classe politique anglaise (j'insiste sur le anglaise, et non britannique) se livre à un jeu politico-politicien sur un sujet majeur pour le pays (le brexit donc), les composantes du Royaume-(dés)Uni partent à la dérive. J'ai quand même le sentiment qu'à Londres personne ne se préoccupe pour l'heure grandement de ne serait ce que faire semblant de s'intéresser à la situation en Irlande du Nord et en Ecosse, où, pour le moins, ça bouillonne pas mal. Et je ne parle même pas des déclarations polémiques de certains membres de la nouvelle administration qui se sont montrés extrêmement condescendants avec l'Irlande du Nord et l'Ecosse, un peu en mode, bah tous des péquenots historiquement soumis à la couronne britannique. Là aussi, je suis pas certain que ces messieurs se rendent bien compte du jeu qu'ils jouent.
Comme on dit, qui vivra verra. Mais, d'un point de vue purement européen (j'entends par là, citoyen d'un pays membre de l'UE), j'aimerais vraiment que Bruxelles dise enfin à Londres : débrouillez vous, gérez vous même votre dossier puisque depuis 30 ans l'UE sert d'épouvantail bien commode aux différents gouvernements britanniques, et au revoir. Quittons nous bons amis, et faisons face au seul choix qui nous reste (puisque c'est le bilan de 3 ans d'incurie de la classe politique britannique, et encore une fois, j'ai pas le sentiment que les électeurs britanniques soient plus au clair sur la question que leur classe politique) : un brexit dur sans accord.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Relique » Mer 4 Sep 2019 14:40

manudu83 a écrit:Belfast East il me semble que le député sortant est bien implanté c'est pour ça que je ne l'ai pas mis, par contre North Down était effectivement passé sous mon radar.


Gavin Robinson est élu depuis 2015. Il avait battu Naomi Long (Alliance Party) qui avait elle même le DUP Peter Robinson (pas la même famille), élu de 1979 à 2010. Il a été membre du conseil de la ville de Belfast entre 2011 et 2015, étant "Lord Mayor" pendant deux ans de 2013 à 2015. Mais il reste un "jeune politicien" (il aura 35 ans en novembre).

Un récent sondage partage toutefois votre analyse: https://www.belfasttelegraph.co.uk/news ... 56413.html

Le siège Belfast sud semble le plus menacé, et Belfast est et South Antrim le sont aussi. Il faut peut-être que je revois les découpages électoraux, car quand j'ai simulé les résultats des élections locales à South Antrim, cela donnait:
DUP: 8424 voix (27,4%, -2,54 par rapport à 2014 )
UUP (+ex UUP): 6901 (21,3, -2,14)
AP: 5346 (17,4, +6,6)
SF: 4651 (15,1, +0,19)
SDLP: 3246 (10,6, -1,1)
Indépendants: 1182 (3,8)
TUV (+ex TUV): 804 (1,1, -3,65)

Certes, l'AP est dans une bonne dynamique, mais elle semble moins favorable qu'à North Down (+10,83 entre 2014 et 2019 , et seulement 2 points de retard sur le DUP) ou Belfast Est (+11,8 et 0,1 d'avance). Après, il est vrai que l'identité des candidats joue. A Belfast Est, ce pourrait être le membre du parlement local depuis 2010 Chris Lyttle, ou un des élus aux élections locales: le mari de la leader Michael Long, qui a fait une belle progression à Lisnasharragh (+600 voix de 2600 à 3200), ou encore Ross McMullan qui a porté l'Alliance jusqu'à 3 élus à Ormiston en passant de 3500 à 5500 voix. A South Antrim, il me semble y avoir moins de candidats potentiels. Le membre de l'assemblée locale a été coopté en 2018 et n'a donc jamais été élu ici. Aux élections locales, il n'y a pas eu de très fortes progressions ou aussi impressionnantes.

Edition: voici un peu plus de détails sur l'analyse de LucidTalk, l'institut de sondage: https://sluggerotoole.com/2019/09/02/th ... stminster/
J'avais oublié qu'à North Down, c'est une indépendante (ancienne UUP) qui est élue (elle avait battu de peu le DUP en 2017). Elle est de plus dans le camp "remain" et ne soutenait pas le gouvernement de May. L'alliance aura donc plus de mal à conquérir ce siège !
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Eco92 » Mer 4 Sep 2019 14:52

Personnellement je crois de plus en plus à un Brexit dur menant à l'indépendance de l'écosse voire à la réunification irlandaise (mais ça me semble moins probable quand même), ce qui serait quand même un curieux bilan pour des patriotes en appelant toujours à la grandeur du Royaume Unis (et je ne parle pas de Gibraltar).

Mais bon, on verra. Il me semble un peu excessif de dire que le Leave est unis. Jonhson est identifié Brexit dur, mais le Brexit party est là. Les sondages montraient des conservateurs hauts avec un BP à 10%, contenu donc par Jonhson. C'est sans doute vrai mais aussi à mon avis très rapidement renversable non pas pour une grande victoire du Labour mais avec une baisse de quelques pour cent des conservateurs et une hausse du Brexit Party, la concurrence entre les deux options pourraient faire des dégâts. Ce d'autant qu'il y aura très probablement des pertes conservatrices en Écosse.

Pour ma part je suis cependant sur la même ligne que Corondar, ils veulent partir, ils partent. Incapable d'accepter un accord ? Tant pis, ce ne sera pas chouette mais il faut passer à autre choses, il y a bien des défis à relever dans l'UE. Bon j'aimerai qu'en parallèle la commission dise ouvertement que si une nation britannique prend son indépendance et souhaite adhérer à l'UE elle aurait le droit automatiquement à une procédure d'adhésion accélérée... lors du référendum d'indépendance elle avait pris position exactement inversement, vu le vote et les efforts de l'écosse pour rester dans l'UE ça me paraîtrait assez normal.

Écosse justement, 75 parlementaires proeuropéens avaient saisi la plus haute instance civile pour bloquer la suspension du Parlement. Le juge a considérer que la suspension était légale. Les parlementaires font appel et deux autres actions ont lieu devant d'autres tribunaux.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/04/brexit-la-controversee-suspension-du-parlement-declaree-legale-par-une-cour-ecossaise_5506309_3210.html
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Corondar » Mer 4 Sep 2019 16:49

Eco92 a écrit:Pour ma part je suis cependant sur la même ligne que Corondar, ils veulent partir, ils partent. Incapable d'accepter un accord ? Tant pis, ce ne sera pas chouette mais il faut passer à autre choses, il y a bien des défis à relever dans l'UE.


Et au passage, on ne dit pas merci à Georges Pompidou :) .
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Tirnam » Mer 4 Sep 2019 17:48

Corondar a écrit:Enfin, j'émets de gros doutes sur le fait que le camp du brexit serait plus uni que le camp des remainers. Si c'était le cas, le paysage politique britannique ne serait pas paralysé depuis 3 ans sur la question. May a été incapable de trouver une position, encore moins un compromis, qui aurait rallié le camp des brexiters à son panache. Au bout de 3 ans, j'ai la furieuse impression qu'il existe autant de scénarios du brexit que de brexiters, entre les tenants d'une ligne radicale, ceux en faveur d'un brexit modéré et ceux d'un remain qui ne dirait pas son nom mais avec de nouvelles dérogations (qui elles non plus ne seraient pas clairement définies). Et comme l'option retenue par le nouveau premier ministre pour essayer de mettre tout ce petit monde au diapason c'est le lance-flamme contre tous ceux qui ne se rallieraient pas à son panache, là aussi, j'émets quelques doutes sur le fait que ça ne lui fasse pas perdre quelques voix chez certains électeurs conservateurs.


Eco92 a écrit:Mais bon, on verra. Il me semble un peu excessif de dire que le Leave est unis. Jonhson est identifié Brexit dur, mais le Brexit party est là. Les sondages montraient des conservateurs hauts avec un BP à 10%, contenu donc par Jonhson. C'est sans doute vrai mais aussi à mon avis très rapidement renversable non pas pour une grande victoire du Labour mais avec une baisse de quelques pour cent des conservateurs et une hausse du Brexit Party, la concurrence entre les deux options pourraient faire des dégâts. Ce d'autant qu'il y aura très probablement des pertes conservatrices en Écosse.


Selon les sondages actuels le Brexit Party c'est un peu plus de 10% contre 30-35% pour les conservateurs.
Pour les remainers c'est 20-25% pour les travaillistes, 20-15% pour les Libéraux, et encore quelques pour-cents pour les Verts.
Donc oui je pense que les remainers sont plus divisés que les leavers.
Je vois mal comment Johnson pourrait perdre des voix vers le Brexit Party s'il se présente comme l'homme qui veut faire le Brexit mais qui est empêché par le Parlement de le faire (ce qui honnêtement serait le cas).
Le danger pour Johnson serait plutôt de voir durant la campagne un ralliement des remainers vers les Travaillistes ou plus probablement un vote utile selon les circonscriptions.

Mais pour l'instant les élections ne sont pas décidées, on en saura plus vendredi une fois que la loi anti no-deal sera effective. Mais visiblement le Labour penche davantage vers un refus des élections en octobre.

Edit : la position officielle du Labour annoncée par Corbyn ce soir est que le parti travailliste votera pour des élections après que la loi anti no-deal sera promulguée. Donc probablement vendredi. Des élections le 15 octobre semblent toujours possibles.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Corondar » Jeu 5 Sep 2019 02:00

Tirnam a écrit:
Corondar a écrit:Enfin, j'émets de gros doutes sur le fait que le camp du brexit serait plus uni que le camp des remainers. Si c'était le cas, le paysage politique britannique ne serait pas paralysé depuis 3 ans sur la question. May a été incapable de trouver une position, encore moins un compromis, qui aurait rallié le camp des brexiters à son panache. Au bout de 3 ans, j'ai la furieuse impression qu'il existe autant de scénarios du brexit que de brexiters, entre les tenants d'une ligne radicale, ceux en faveur d'un brexit modéré et ceux d'un remain qui ne dirait pas son nom mais avec de nouvelles dérogations (qui elles non plus ne seraient pas clairement définies). Et comme l'option retenue par le nouveau premier ministre pour essayer de mettre tout ce petit monde au diapason c'est le lance-flamme contre tous ceux qui ne se rallieraient pas à son panache, là aussi, j'émets quelques doutes sur le fait que ça ne lui fasse pas perdre quelques voix chez certains électeurs conservateurs.


Eco92 a écrit:Mais bon, on verra. Il me semble un peu excessif de dire que le Leave est unis. Jonhson est identifié Brexit dur, mais le Brexit party est là. Les sondages montraient des conservateurs hauts avec un BP à 10%, contenu donc par Jonhson. C'est sans doute vrai mais aussi à mon avis très rapidement renversable non pas pour une grande victoire du Labour mais avec une baisse de quelques pour cent des conservateurs et une hausse du Brexit Party, la concurrence entre les deux options pourraient faire des dégâts. Ce d'autant qu'il y aura très probablement des pertes conservatrices en Écosse.


Selon les sondages actuels le Brexit Party c'est un peu plus de 10% contre 30-35% pour les conservateurs.
Pour les remainers c'est 20-25% pour les travaillistes, 20-15% pour les Libéraux, et encore quelques pour-cents pour les Verts.
Donc oui je pense que les remainers sont plus divisés que les leavers.
Je vois mal comment Johnson pourrait perdre des voix vers le Brexit Party s'il se présente comme l'homme qui veut faire le Brexit mais qui est empêché par le Parlement de le faire (ce qui honnêtement serait le cas).
Le danger pour Johnson serait plutôt de voir durant la campagne un ralliement des remainers vers les Travaillistes ou plus probablement un vote utile selon les circonscriptions.


En fait, je crois qu'on ne parle pas tout à fait de la même chose.
Quand je dis que je ne crois pas que les brexiters forment un bloc uni, c'est bien sur le fonds programmatique, sur la forme que doit prendre le brexit. J'ai un peu de mal à baser une analyse sur un sondage concernant une élection pour l'heure hypothétique, mais je veux bien croire en effet que les conservateurs trustent plus le vote des brexiters que les travaillistes ne trustent les votes des remainers.
Mais est ce que tous les électeurs soutenant le brexit soutiennent le même brexit ? Honnêtement, je ne le crois pas. Là où les remainers se rallient sur une vision plus simple, car concrète (j'entends par là, la défense d'un projet bien identifié, puisque déjà existant : l'Union Européenne), et donc partagée par ceux favorables au remain.
Par contre, du côté du brexit, comme c'est un objet flou qui reste à définir, tous ceux qui sont pour projettent leur propre vision de la chose, mais personne n'est capable de définir exactement le projet en question. Et c'est bien ce que signent les 3 dernières années de cacophonie gouvernementale, parlementaire et politique du paysage britannique : les composantes de la société britannique en faveur du brexit n'arrivent pas à se mettre d'accord sur ce que doit être exactement le brexit.
Par contre, ce que traduit ce sondage et votre analyse d'un bloc brexiter plus uni, c'est que les brexiters sont plutôt ce qu'on appelle des électeurs mono programmatique. A leurs yeux, le brexit est l'alfa et l'omega de leur positionnement politique actuel. Ils se déterminent en fonction de cette question, et uniquement de cette question (un peu comme les électeurs pro-guns aux USA, qui votent uniquement pour le candidat qui défendra le mieux leur droit à posséder une arme, peu importe ce qu'il est ou propose par ailleurs). Là où les électeurs du remain sont sans doute moins jusqu'au boutiste sur la question du brexit, et sont prêts à voter éventuellement pour quelqu'un qui pourrait défendre le brexit (ou une certaine forme de brexit), si il défend par ailleurs d'autres thématiques qui peut les intéresser.
C'est là une chance pour Johnson, et c'est là dessus qu'il base en effet son pari. Mais c'est là un calcul purement tactique de court terme.

D'ailleurs, il faut s'arrêter sur un point : le scénario sur lequel Johnson a vendu sa victoire aux élections internes du parti conservateur n'est absolument pas celui d'un brexit no deal. Johnson a toujours dit que le no deal n'était pas le but qu'il recherchait, mais seulement une menace grâce à laquelle il extorquerait un nouveau deal à l'UE. Son plan c'était ça normalement : cette menace, et les talents immenses de négociateur et de fonceur hors pair qu'il affirmait posséder pour forcer la main aux pays de l'UE (par opposition à May), devaient conduire à un nouveau deal.
Force est de constater que, pour le moment, il semble échouer complètement par rapport au scénario qu'il avait promis. En même temps, depuis son arrivée au 10 Downing Street, Johnson a t il réellement défini quel deal (différent de celui de May) il proposait aux Européens ? Non. Les Européens semblent ils éblouis par ses talents ou effrayés par son chantage ? Non. Occupe t il son temps à négocier avec l'UE en proposant son projet de Brexit ? Pas plus.
Toutes ses dernières manœuvres ont consisté à :
1) expurger le parti conservateur des anti Johnson et en faire un parti à ses ordres
2) tenter une manœuvre constitutionnelle pour suspendre le parlement (sans le dissoudre) afin d'empêcher le parlement de se prononcer sur sa politique
Depuis, le stratège Johnson a perdu sa fragile majorité (que la désastreuse May avait su conserver pendant 3 ans).
Personnellement, quand je regarde l’enchaînement des événements de l'arrivée au pouvoir de Johnson, puis son exercice du pouvoir depuis, si je vois un indéniable sens tactique, j'y vois aussi un gros échec en matière d'anticipation politique. Il parait que gouverner c'est prévoir. Jusque là les scénarios que prévoyaient Boris Johnson semblent avoir une certaine tendance à ne pas se réaliser.
Par contre, j'ai l'impression que beaucoup semblent partir du principe qu'une dissolution du parlement britannique suspendrait le calendrier arrêté pour le brexit, avec un report de l'ultimatum du 31 octobre. C'est basé sur une contrainte constitutionnelle ou légale quelconque, ou c'est une supposition politique ? Ne connaissant pas vraiment le droit constitutionnel britannique, je pose réellement la question, car je n'ai pas la réponse.
Car, de mon point de vue, je ne vois absolument pas pourquoi une dissolution entraînerait un report du Brexit au 31 octobre. Johnson a toujours dit que la date du 31 octobre était finale, et qu'il se faisait fort d'avoir son nouveau deal avant, et que sans deal ce serait le le no deal dès le 01 novembre.
La stratégie adoptée par Johnson a été de suspendre le parlement pour l'empêcher de pouvoir donner son avis sur le brexit, avec un nouveau deal ou sans deal. Si le parlement est empêché de donner son avis parce qu'il est dissolu plutôt que suspendu, je vois vraiment pas où est la différence. Le premier ministre britannique a toujours dit que le no deal était son horizon au 31 octobre en cas d'absence de nouvelles avancées. On semble se diriger vers ça. Le débat britannico-britannique sur la suspension-dissolution dans l'intervalle, c'est passionnant, mais je vois pas ce que ça change sur les données du problème clairement établies par le nouveau premier ministre, données sur lesquelles il a basé son accession au poste qu'il occupe aujourd'hui.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Eco92 » Jeu 5 Sep 2019 06:38

Corondar a écrit:Par contre, j'ai l'impression que beaucoup semblent partir du principe qu'une dissolution du parlement britannique suspendrait le calendrier arrêté pour le brexit, avec un report de l'ultimatum du 31 octobre. C'est basé sur une contrainte constitutionnelle ou légale quelconque, ou c'est une supposition politique ? Ne connaissant pas vraiment le droit constitutionnel britannique, je pose réellement la question, car je n'ai pas la réponse.
Car, de mon point de vue, je ne vois absolument pas pourquoi une dissolution entraînerait un report du Brexit au 31 octobre. Johnson a toujours dit que la date du 31 octobre était finale, et qu'il se faisait fort d'avoir son nouveau deal avant, et que sans deal ce serait le le no deal dès le 01 novembre.


J'ai la même analyse que vous et dans tout ce que je lis sur le sujet il est bien dit que le Parlement tente d'obliger le gouvernement à demander un report (c'est le scénario de l'opposition qui proposait d'abattre le gouvernement et de demander un report jusqu'en janvier je crois - je ne parle pas de ceux refusant le départ).

Mais le problème c'est que quoique vote la Chambre, le no-deal a une date et si le gouvernement ne fait rien du tout le Royaume-Uni partira, puisqu'il n'y aura pas de prolongation automatique.
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Re: La vie politique au Royaume-Uni

Messagede Tirnam » Jeu 5 Sep 2019 09:28

Corondar a écrit:
Tirnam a écrit:
Corondar a écrit:Enfin, j'émets de gros doutes sur le fait que le camp du brexit serait plus uni que le camp des remainers. Si c'était le cas, le paysage politique britannique ne serait pas paralysé depuis 3 ans sur la question. May a été incapable de trouver une position, encore moins un compromis, qui aurait rallié le camp des brexiters à son panache. Au bout de 3 ans, j'ai la furieuse impression qu'il existe autant de scénarios du brexit que de brexiters, entre les tenants d'une ligne radicale, ceux en faveur d'un brexit modéré et ceux d'un remain qui ne dirait pas son nom mais avec de nouvelles dérogations (qui elles non plus ne seraient pas clairement définies). Et comme l'option retenue par le nouveau premier ministre pour essayer de mettre tout ce petit monde au diapason c'est le lance-flamme contre tous ceux qui ne se rallieraient pas à son panache, là aussi, j'émets quelques doutes sur le fait que ça ne lui fasse pas perdre quelques voix chez certains électeurs conservateurs.


Eco92 a écrit:Mais bon, on verra. Il me semble un peu excessif de dire que le Leave est unis. Jonhson est identifié Brexit dur, mais le Brexit party est là. Les sondages montraient des conservateurs hauts avec un BP à 10%, contenu donc par Jonhson. C'est sans doute vrai mais aussi à mon avis très rapidement renversable non pas pour une grande victoire du Labour mais avec une baisse de quelques pour cent des conservateurs et une hausse du Brexit Party, la concurrence entre les deux options pourraient faire des dégâts. Ce d'autant qu'il y aura très probablement des pertes conservatrices en Écosse.


Selon les sondages actuels le Brexit Party c'est un peu plus de 10% contre 30-35% pour les conservateurs.
Pour les remainers c'est 20-25% pour les travaillistes, 20-15% pour les Libéraux, et encore quelques pour-cents pour les Verts.
Donc oui je pense que les remainers sont plus divisés que les leavers.
Je vois mal comment Johnson pourrait perdre des voix vers le Brexit Party s'il se présente comme l'homme qui veut faire le Brexit mais qui est empêché par le Parlement de le faire (ce qui honnêtement serait le cas).
Le danger pour Johnson serait plutôt de voir durant la campagne un ralliement des remainers vers les Travaillistes ou plus probablement un vote utile selon les circonscriptions.


En fait, je crois qu'on ne parle pas tout à fait de la même chose.
Quand je dis que je ne crois pas que les brexiters forment un bloc uni, c'est bien sur le fonds programmatique, sur la forme que doit prendre le brexit. J'ai un peu de mal à baser une analyse sur un sondage concernant une élection pour l'heure hypothétique, mais je veux bien croire en effet que les conservateurs trustent plus le vote des brexiters que les travaillistes ne trustent les votes des remainers.
Mais est ce que tous les électeurs soutenant le brexit soutiennent le même brexit ? Honnêtement, je ne le crois pas. Là où les remainers se rallient sur une vision plus simple, car concrète (j'entends par là, la défense d'un projet bien identifié, puisque déjà existant : l'Union Européenne), et donc partagée par ceux favorables au remain.
Par contre, du côté du brexit, comme c'est un objet flou qui reste à définir, tous ceux qui sont pour projettent leur propre vision de la chose, mais personne n'est capable de définir exactement le projet en question. Et c'est bien ce que signent les 3 dernières années de cacophonie gouvernementale, parlementaire et politique du paysage britannique : les composantes de la société britannique en faveur du brexit n'arrivent pas à se mettre d'accord sur ce que doit être exactement le brexit.
Par contre, ce que traduit ce sondage et votre analyse d'un bloc brexiter plus uni, c'est que les brexiters sont plutôt ce qu'on appelle des électeurs mono programmatique. A leurs yeux, le brexit est l'alfa et l'omega de leur positionnement politique actuel. Ils se déterminent en fonction de cette question, et uniquement de cette question (un peu comme les électeurs pro-guns aux USA, qui votent uniquement pour le candidat qui défendra le mieux leur droit à posséder une arme, peu importe ce qu'il est ou propose par ailleurs). Là où les électeurs du remain sont sans doute moins jusqu'au boutiste sur la question du brexit, et sont prêts à voter éventuellement pour quelqu'un qui pourrait défendre le brexit (ou une certaine forme de brexit), si il défend par ailleurs d'autres thématiques qui peut les intéresser.
C'est là une chance pour Johnson, et c'est là dessus qu'il base en effet son pari. Mais c'est là un calcul purement tactique de court terme.

D'ailleurs, il faut s'arrêter sur un point : le scénario sur lequel Johnson a vendu sa victoire aux élections internes du parti conservateur n'est absolument pas celui d'un brexit no deal. Johnson a toujours dit que le no deal n'était pas le but qu'il recherchait, mais seulement une menace grâce à laquelle il extorquerait un nouveau deal à l'UE. Son plan c'était ça normalement : cette menace, et les talents immenses de négociateur et de fonceur hors pair qu'il affirmait posséder pour forcer la main aux pays de l'UE (par opposition à May), devaient conduire à un nouveau deal.
Force est de constater que, pour le moment, il semble échouer complètement par rapport au scénario qu'il avait promis. En même temps, depuis son arrivée au 10 Downing Street, Johnson a t il réellement défini quel deal (différent de celui de May) il proposait aux Européens ? Non. Les Européens semblent ils éblouis par ses talents ou effrayés par son chantage ? Non. Occupe t il son temps à négocier avec l'UE en proposant son projet de Brexit ? Pas plus.
Toutes ses dernières manœuvres ont consisté à :
1) expurger le parti conservateur des anti Johnson et en faire un parti à ses ordres
2) tenter une manœuvre constitutionnelle pour suspendre le parlement (sans le dissoudre) afin d'empêcher le parlement de se prononcer sur sa politique
Depuis, le stratège Johnson a perdu sa fragile majorité (que la désastreuse May avait su conserver pendant 3 ans).
Personnellement, quand je regarde l’enchaînement des événements de l'arrivée au pouvoir de Johnson, puis son exercice du pouvoir depuis, si je vois un indéniable sens tactique, j'y vois aussi un gros échec en matière d'anticipation politique. Il parait que gouverner c'est prévoir. Jusque là les scénarios que prévoyaient Boris Johnson semblent avoir une certaine tendance à ne pas se réaliser.
Par contre, j'ai l'impression que beaucoup semblent partir du principe qu'une dissolution du parlement britannique suspendrait le calendrier arrêté pour le brexit, avec un report de l'ultimatum du 31 octobre. C'est basé sur une contrainte constitutionnelle ou légale quelconque, ou c'est une supposition politique ? Ne connaissant pas vraiment le droit constitutionnel britannique, je pose réellement la question, car je n'ai pas la réponse.
Car, de mon point de vue, je ne vois absolument pas pourquoi une dissolution entraînerait un report du Brexit au 31 octobre. Johnson a toujours dit que la date du 31 octobre était finale, et qu'il se faisait fort d'avoir son nouveau deal avant, et que sans deal ce serait le le no deal dès le 01 novembre.
La stratégie adoptée par Johnson a été de suspendre le parlement pour l'empêcher de pouvoir donner son avis sur le brexit, avec un nouveau deal ou sans deal. Si le parlement est empêché de donner son avis parce qu'il est dissolu plutôt que suspendu, je vois vraiment pas où est la différence. Le premier ministre britannique a toujours dit que le no deal était son horizon au 31 octobre en cas d'absence de nouvelles avancées. On semble se diriger vers ça. Le débat britannico-britannique sur la suspension-dissolution dans l'intervalle, c'est passionnant, mais je vois pas ce que ça change sur les données du problème clairement établies par le nouveau premier ministre, données sur lesquelles il a basé son accession au poste qu'il occupe aujourd'hui.

Quand je parlais d'unité des leavers je ne parlais uniquement dans le cadre des intentions de vote (unité relative, comparativement aux Remainers), ce qui est pour l'instant un avantage pour Johnson. 57% des électeurs Leave voteraient pour les Conservateurs. Du côté Remainers on est à 38% pour les travaillistes, 30% pour les Libéraux (dernier sondage YouGov)
Effectivement ils ne sont probablement pas unis sur leur vision du Brexit. Même si en moyenne, selon les derniers sondages, les 3/4 des électeurs Leave sont favorables à un no-deal. De manière plus précise, environ la moitié de ces électeurs pense que le no-deal est un bon moyen de sortie, un quart pense que c'est un compromis acceptable.

Johnson a en effet toujours promis qu'il souhaitait une sortie avec un accord mais il répétait aussi que le Royaume-Uni sortirait le 31 octobre, peu importe les conditions. Donc clairement l'hypothèse d'un no-deal. Et je pense que les électeurs l'ont très bien compris.
Mais je pense qu'au fond Boris Johnson savait depuis le début qu'il n'y aurait pas d'accord, j'ai du mal à croire qu'il cherche activement à en trouver un. A ce niveau là je pense que son plan se déroule comme prévu.
Là où son plan semble dérailler c'est dans la résistance du Parlement, en particulier dans le refus de l'opposition de convoquer des élections.

Concernant la dissolution du Parlement et le recul de la date de retrait.
La loi anti no-deal sera probablement adoptée par les Lords demain soir et recevra la signature de la Reine lundi. Elle entrera en vigueur à ce moment là. Donc si le 19 octobre Johnson n'a pas obtenu d'accord et s'il applique la loi, il devra demander au Parlement l'autorisation pour un no-deal. Si le Parlement refuse alors Johnson devra demander une extension à l'UE.
Johnson espère donc des élections le 15 octobre, dans l'optique d'obtenir une majorité qui aura été élue sur la promesse d'une sortie sans condition le 31 octobre. Et donc qui votera normalement pour le no-deal.
L'opposition devra décider de quand ils acceptent les élections, mais visiblement il y a une forte opposition au sein du Labour pour accorder des élections avant que Johnson ait effectivement demandé et obtenu une extension, donc avant le 19 octobre.
Tirnam
 
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