Élections municipales de 2020 à Rouen

[stephed]

l'enjeu qu'il y a aussi sur Rouen, c'est la métropole: Rouen fait partie des cas ou la ville centre ne représente pas l'essentiel de la population ici 20% seulement, ce qui fait que le maire n'est pas le candidat naturel a la présidence comme dans les villes type Angers, Dijon, Brest ou Tours ou la ville centre représente les 2/3 des habitants.

[SALVAT]

Le mini débat de ce matin sur LCI m'a fait découvrir les protagonistes.
Meyer-Rossignol m'est apparu comme dominant les sujets, en connaisseur de l'aménagement du territoire, et le plus clair dans son élocution, donc compréhensible. Pragmatique.
Louvel m'a déçu donnant dans le racolage des commerçants auquel il s'est livré : candidat corporatiste
Bérégovoy m'est apparu terne, énonçant des a priori et s'y tenant : dogmatique et peu concret au niveau de solutions et projets à mettre en oeuvre pendant le mandat.
Bertrand SALVAT

[pmf]

Votre réflexion est extrêmement pertinente car la Commune de Rouen ne représente en population que 20 pour cent des habitants de la Métropole Rouen Normandie et les questions politiques majeures du mandat à venir se traiteront au Conseil Communautaire de la Métropole.

Cette Métropole, et les structures qui l'ont précédée, le Sivom, la Communauté d'Agglomération de Rouen, CAR, la CREA, la Communauté Rouen Elbeuf Agglomération, n'avaient pas été présidée par un Rouennais depuis 1989 et les succès des Socialistes à Sotteville les Rouen et à Déville les Rouen, jusqu'à l'élection à la Présidence d'Yvon Robert, Maire de Rouen, en septembre 2019 à la suite du départ pour Québec du Président Frédéric Sanchez, Maire de Le Petit Quevilly, lequel avait succédé à son prédécesseur Maire après la Présidence d'un Maire Adjoint en 1989, puis Maire en 1995, de la Commune bien connue des experts en questions politiques de Le Grand Quevilly.

Les questions politiques importantes qu'auront à traiter les élus du Très Grand Rouen relèveront de la Métropole qu'il s'agisse du Quartier d'Affaires Saint Sever et sa Gare rive Gauche de la Ligne Nouvelle Paris Normandie, de la Sous-fluviale ferrée des Quartiers Presqu'ile-Canteleu, de l'EcoQuartier Flaubert, versus Lubrizol, du Contournement Est de Rouen, du Tram-train Rouen-Elbeuf et plus, du Réseau Ferré Métropolitain Rouen-Barentin-Elbeuf-Louviers-Val de Reuil-Serqueux, du Très Grand Pôle Métropolitain Normand Caen-Le Havre-Rouen, et la liste est loin d'être exhaustive sans oublier le Développement Économique de la Métropole au sein de l'Axe Seine, projet d'envergure Nationale et même Européenne.
Rouen vit de la Seine et celle-ci est Métropolitaine et Nationale et une Porte vers l'Europe.

[stephed]

Dans un communiqué adressé ce mercredi aux organes de presse de Rouen et de Normandie, Nicolas Mayer Rossignol, tête de la liste Fiers de Rouen-PS-divers Gauche, et Jean-Michel Bérégovoy, tête de la liste EELV-PCF annoncent que les deux listes fusionneront pour le Second Tour.

https://www.paris-normandie.fr/actualit ... PH16558052

[stephed]

Le sondage est intéressant car contrairement à celui présenté dans le premier message, il a été réalisé après l'épisode Lubrizol. La liste EELV, dont on pouvait penser qu'elle bénéficierait de la colère des Rouennais, reste parfaitement stable par rapport à septembre 2019. Cela prouve par ailleurs que les électeurs ne semblent tenir la municipalité municipale pour responsable (ce qui aurait été de toute manière absurde, mais les comportements électoraux sont loin d'être rationnels). Le bloc de la majorité progresse même légèrement par rapport à 2014.

Personnellement je me réjouis que contrairement à ce qu'on entend depuis des mois on constate que le bon score (devant ou derrière le PS) d'EELV ici n'est pas lié à un "effet Lubrizol" mais bien à un climat général, à une bonne campagne et à un candidat en effet connu et apprécié (avec un avantage nominatif certain dans ce vieux bastion PS, ça joue sans doute à la marge mais puisque le n°1 le sera sans doute d'une courte tête).

La notoriété de Michel Bérégovoy était importante à Rouen où nombre de Rouennais connaissaient bien le frère de Pierre Bérégovoy, Cadre de la SNCF puis Député de Rouen de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993.

Tout à fait, et pour que tout le monde saisisse bien Michel Bérégovoy est le père de Jean-Michel Bérégovoy (ce n'est pas juste un nom en commun, personellement je ne vote pas pour ça mais de fait ça peut jouer).

Désolé de ne répondre que maintenant mais je n'avais pas lu tout ces messages. Le nom de Bérégovoy peut jouer un rôle surtout à la grande Mare dont Michel fut longtemps conseiller départemental et Jean-Michel l'adjoint au maire chargé du quartier.

Après je suis plus dubitatif: l'évolution sociologique de la ville à l'œuvre depuis 20 ans fait que le poids des "grands noms" et "grandes familles" y est quand même moins fort qu'auparavant.

[Stéphane]

Désolé de ne répondre que maintenant mais je n'avais pas lu tout ces messages. Le nom de Bérégovoy peut jouer un rôle surtout à la grande Mare dont Michel fut longtemps conseiller départemental et Jean-Michel l'adjoint au maire chargé du quartier.

Le natif de Rouen que je suis ne peux pas laisser passer ça ;-) : ce n'est pas la Grande Mare mais la Grand Mare.
Eh oui à Rouen il y a la Grand Mare, le Gros Horloge, ... :-)

[pmf]

Pour celui qui a qualifié Rouen de vieux bastion socialiste, il faut se souvenir que Jean Lecanuet fut le Maire de Rouen de 1965 à sa disparition en 1993 et que Pierre Albertini, UDF, a été Maire de Rouen de 2001 à 2008, les Maires PS de Rouen ayant été Yvon Robert de 1995 à 2001, Valérie Fourneyron de 2008 à 2012 et sa nomination au Gouvernement comme Ministre des Sports, et Yvon Robert de 2012 à ce jour.
Quant aux autres connaisseurs du Rouen politique, ils ont raison d'évoquer l'attachement politique et personnel de Michel Bérégovoy à La Grand Mare et son fils Jean-Michel perpétue cela en étant Professeur des Écoles sur les Hauts de Rouen.

[alamo]

Oui c'est plutôt une ville bourgeoise traditionnellement à droite (depuis au moins la Guerre), grâce au cantonnement des pauvres dans une banlieue bien plus peuplée que la ville centre (modèle Lyon, Dijon, Nancy, Bordeaux...), qui s'est mise à voter pour la gauche (pas trop rouge quand même) depuis la boboïsation des centres-villes...

[stephed]

pmf et Alamo ont raison de dire que Rouen n'est pas un bastion de gauche. La ville aux cents clochers tient pour partie cette réputation du fait de ne pas être passée à droite lors de la vague bleue de 2014, comme Dijon à l'Est par exemple.

En réalité, elle fut longtemps un fief de droite du fait pour partie de sa sociologie historique comme beaucoup de villes centre ainsi que l'a rappelé Alamo: la "bourgeoisie traditionnelle" au centre, envoyant les "ouvriers et gens de peu" peupler sa banlieue (ici Sotteville, Saint-Etienne du Rouvray, Petit et Grand Quevilly etc).

C'est effectivement la boboïsation du centre ville et de ses quartiers alentours qui en fait une ville très partagée aujourd'hui. Le scrutin de 1995 fut un "accident" pour la gauche (sans nier les qualités du maire Yvon Robert qui gagna le scrutin), il résultait grandement du mauvais choix de maire après le décès du "roi Jean" Lecanuet en 1993 et de la guerre de tranchées qui secoua alors la droite locale pendant 2 ans.

Les choses revinrent à la normale en 2001 avec la victoire de Pierre Albertini mais le mandat compliqué qu'il connut ajouté aux mutations sociologiques, aux vagues nationales favorables à la gauche et à la popularité personnelle de son adversaire, le docteur Valérie Fourneyron née Absire (PS) auprès d'un électorat traditionnellement à droite (les familles Absire et Fourneyron ont donné à la ville des pharmaciens, médecins, tanneurs et avocats) conduirent à la défaite en 2008.

[pmf]

Vous êtes un fin connaisseur du Monde Politique de Rouen et de la Sociologie de la Population en ajoutant que les constructions des trente glorieuses aux Sapins et à la Grand Mare ont amené des travailleurs modestes à pouvoir continuer à habiter à Rouen après les démolitions de logements devenus insalubres de la rue Orbe et du quartier attenant derrière la Mairie et en direction de la rue d'Amiens sans oublier la partie du Quartier Saint Marc entre la Place du même nom et la rue Gambetta laquelle constituait un maillon du boulevard extérieur Est de Rouen jusqu'à la construction du tunnel de la Grand Mare et de ses prolongements avec le Pont Mathilde et le Boulevard Industriel de la rive gauche.

Concernant la question politique, il faudrait ajouter l'évolution de l'électorat de confession catholique vers le Parti Socialiste avec notamment les Militants et les adhérents de la CFDT devenus assez nombreux avec les évolutions des entreprises industrielles vers les services et je citerai des noms d'entreprise industrielles disparues qui vous parleront, Francia Hoval, Chapelle Darblay, Chantiers de Normandie, et les usines textiles de la Vallée du Cailly, notamment à Notre Dame de Bondeville.

Enfin, je souscris pleinement à votre propos sur l'inattendu succès de 1995 et, pour l'avoir vécu à partir d'une Commune voisine, j'écrirai que l'électorat des Hauts de Rouen avait alors joué un rôle décisif pour cette victoire aux dépens du Maire Gautier qui fut torpillé pas ses prétendus amis.