de cevenol30 » Lun 19 Mar 2018 01:25
La première conclusion à tirer ici est la reconduction du résultat précédent, comme très souvent: même configuration de second tour et re-victoire du "sortant" invalidé (c'est déjà un peu moins fréquent mais quand même, c'est plutôt la règle que l'exception). L'intéressant est plus dans ce qui change: le renversement dans la partielle francilienne et ici, le score massivement catastrophique du candidat gouvernemental. Les reports hors gauche ont été mauvais: avec les moins de 5% d'électeurs LR, le candidat LREM ne serait pas allé loin. Quant aux électeurs FN, le fait d'avoir connu le duel du second tour présidentiel peut suffire à leur rappeler que LREM n'est pas vraiment de leur bord. Les inflexions importantes en leur direction sur l'immigration ne suffisant pas à effacer le reste.
L'erreur délibérée considérant le vote à la présidentielle, avec moins d'un quart des exprimés au premier tour, comme un plébiscite inconditionnel de l'ensemble du programme, est en effet courante: elle tient en réalité quasiment à la notion même de programme pris comme un tout cohérent et au fait majoritaire excluant tout compromis, d'où le "je suis élu pour appliquer tout mon programme" qui est l'erreur de départ. En réalité, le second tour de l'élection présidentielle est surtout un plébiscite inversé: contre le perdant du second tour, son programme mais parfois aussi sa personnalité, son bilan... C'est très net en 2002 et 2017 contre le FN mais aussi en 1981 et 2012 contre les sortants de droite, éventuellement 1988 aussi contre le Premier ministre sortant et 1995 contre le représentant du parti du président sortant.
On parlait plus haut d'un besoin pour le gouvernement de réviser sa politique envers le monde rural: ma première réaction serait "ah bon, parce qu'il y en avait une?" En fait, le gouvernement a une politique globale lancée depuis un milieu essentiellement urbain et qui a parfois des répercussions négatives arrivant surtout en milieu rural: baisse de subventions agricoles, hausse de la CSG sur les retraités (qui parfois, une fois levées les contraintes géographiques induites par le travail, sont revenus vivre "au pays"), baisse annoncée (à rebours des annonces de campagne d'ailleurs) de la vitesse sur les routes, transformant des villages de zone périurbaine lointaine, situés à moins d'une heure de route des métropoles, en villages de zone rurale profonde situés à plus d'une heure, classes supprimées dans les écoles au nom d'une gestion moderno-dynamico-libérale "normale"... toutes répercussions que l'exécutif semble ne pas prendre au sérieux ni vouloir compenser par autre chose.
Pour résumer, les territoires ont besoin de moyens et de considération et dans le cas contraire, tirer sur la corde amène vite à se prendre les pieds dans le tapis.