
vudeloin a écrit:Pour que chacun puisse se faire une idée de la chose, un rappel historique des renouvellements législatifs précédents, en tous les cas ceux ayant suivi une élection présidentielle.
En 1981, les candidats du PS et du MRG avaient connu un grand succès lors des législatives des 14 et 21 juin, en obtenant en effet la majorité des sièges en jeu et, surtout, 9 432 067 suffrages, soit 37,44 % des votes.
Ce chiffre, nonobstant la baisse de la participation (première illustration du vote légitimiste, celle qui veut que le camp des battus se mobilise moins que celui des vainqueurs), était à comparer avec les 8 148 807 suffrages recueillis le 26 avril 1981 par François Mitterrand et Michel Crépeau, candidat du MRG et alors Député Maire de la Rochelle, soit un pourcentage global de 28,06 %.
Nous avions donc une progression de près d'un million trois cent mille suffrages et de 9,38 %.
Au sein de la gauche, les candidats du PCF avaient obtenu 4 065 962 voix, soit 16,14 %, un niveau qui, détériorant largement en faveur du PS le rapport des forces interne à la gauche, avait fait perdre au Parti la moitié de ses sortants de 1978.
Le score des législatives était meilleur en pourcentage que celui de la présidentielle (ce sera là une constante par la suite) mais moins bon en termes de suffrages puisque Georges Marchais avait réuni 4 456 922 électeurs le 26 avril.
En 1988, la campagne de réélection de François Mitterrand fut marquée par un score de premier tour présidentiel particulièrement élevé.
Le candidat sortant obtint en effet 10 381 322 voix, soit 34,11 % des votes, nombre de suffrages dont je ne crois pas qu'il ait été atteint par François Hollande cette année.
Le PCF avait investi André Lajoinie et subi la candidature dissidente de Pierre Juquin, ancien député de l'Essonne, celui ci recevant le soutien explicite du PSU.
Les deux candidats concernés recueillaient, ensemble, 8,86 % des voix et 2 695 394 suffrages, avec un peu plus de deux millions de voix pour le député de l'Allier, président du Groupe parlementaire communiste à l'Assemblée.
Aux législatives anticipées convoquées après le décret de dissolution de l'Assemblée élue en 1986 sous le mode proportionnel, les candidats du PS, du MRG et DVG soutenus par le PS avaient réuni 9 176 708 voix et 37,55 % des suffrages.
Les candidats communistes avaient, pour leur part, réuni 2 765 761 voix, soit 11,32 %, obtenant 27 sièges alors que d'aucuns pensaient, à l'aune du premier tour de la présidentielle, que le groupe communiste disparaîtrait du Palais Bourbon.
La baisse de la participation n'avait donc pas privé le PS et le gouvernement Rocard de la majorité requise à l'Assemblée (elle ne fut toutefois que relative avec 275 sièges sur 577) mais seulement d'un peu plus d'un million deux cent mille voix aux législatives.
En 2002, comme nul ne l'a oublié, les votes de gauche furent particulièrement éclatés au premier tour de la présidentielle.
Le PS obtint 4 610 113 voix, soit 16,18 % avec l'effet que l'on sait ; le PCF 960 480 voix, soit 3,37 % ; l'extrême gauche 2 973 293 voix, soit 10,44 % et l'autre gauche (Verts, PRG, MRC) 3 674 699 voix, soit 12,90 %.
Ce résultat désastreux à l'unité, du fait des règles du scrutin, ne doit cependant pas faire oublier que la gauche avait réuni au premier tour les suffrages de 42,89 % des électeurs et plus de 12,2 millions de suffrages.
Les cartes furent clairement redistribuées lors des législatives, marquées elles aussi par l'abstention, avec 6 142 656 voix pour le PS (23,78 %), 1 267 789 voix pour le PCF (4,91 %), 624 703 voix pour l'extrême gauche (2,42 %) et 2 199 590 voix pour l'autre gauche (Verts, MRC, PRG) (8,52 %).
La gauche a donc payé son absence du second tour de la présidentielle en connaissant une contraction de son score global légèrement sous les 40 % des exprimés, avec les conséquences évidentes en termes de sièges et le fait que la majorité chiraquo – raffarinienne disposât, dans la nouvelle Assemblée, de plus ou moins 400 députés acquis sur 577.
2007 a été marquée par un premier tour présidentiel où le vote utile a pleinement joué à gauche, portant les suffrages de Ségolène Royal, candidate du PS, à un total de 9 500 112 voix, soit 25,87 %.
Le PCF, avec MG Buffet, s'étiolait encore un peu plus à 707 268 voix, soit 1,93 %, plus mauvais résultat jamais atteint.
L'extrême gauche se retrouvait affaiblie à 2 109 978 voix, soit 5,75 % et les écologistes à 1 059 674 voix, soit 2,89 %.
Nous ne dirons sans doute jamais assez que le pourcentage global de la gauche fut faible, avec un total de 36,44 %, inférieur au cumul du score du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy et de celui du FN, Jean Marie Le Pen.
Le premier tour marqua une certaine forme de redressement paradoxal de la gauche.
En effet, le PS, avec le PRG et les DVG associés, obtint 7 293 492 voix, soit 28,02 % des suffrages, résultat légèrement meilleur que celui de la présidentielle (un gain d'environ 2,2 points) mais bien moindre en termes de voix avec plus de deux millions d'électeurs en moins.
Le PCF se retrouvait quelque peu au dessus de la ligne de flottaison, avec 1 115 663 voix et 4,29 %, tandis que les écologistes recueillaient 845 977 voix et 3,25 %, les candidats d'extrême gauche 880 250 voix et 3,41 %.
Nous avions donc une gauche convalescente avec 38,97 %.
Le problème, c'est que l'UMP seule faisait 39,54 % et pouvait se positionner pour rafler largement la mise.
On sait ce qu'il en advint, notamment du fait d'un sursaut de mobilisation à gauche (pas seulement d'une sombre histoire de TVA sociale à 20 heures 15 le soir du premier tour)...
Promise à une victoire écrasante (98 élus au premier tour!), l'UMP connut un second tour moins évident.
La gauche, du PCF aux Verts, obtint en effet 49,1 % des suffrages au second tour, contre 50,1 % aux candidats du centre et de la droite.
Ce faible écart, faut il le noter, permit à la gauche d'obtenir 226 élus au second tour contre 236 pour la droite et 3 pour le centre.
Ceci dit, hormis le cas particulier de 1981, aucun renouvellement n'a donné de bonus particulier, à gauche, aux candidats du Parti socialiste et à ses alliés.
De mémoire de cette élection, je dois dire d'ailleurs qu'il est fort probable qu'un certain nombre d'électeurs de droite aient, d'une certaine manière, notamment lorsqu'il y avait un député communiste sortant, opté pour le moindre mal en votant PS au premier tour.
Cette option conduisit, par exemple, à réduire la présence du PCF en grande couronne francilienne au seul siège d'Argenteuil Bezons, tandis que le PS raflait les quatre sièges essonniens, quatre des cinq sièges val d'oisiens, trois sièges seine et marnais sur cinq (après une élection annulée sur Provins) ou quatre des huit sièges yvelinois.
(On voit que la carte électorale a bien changé depuis!)
Ce qui est par contre une constante de l'ensemble des renouvellements, sauf celui de 2002, c'est une progression globale de la gauche au premier tour des législatives par rapport à la présidentielle et une mutation des rapports de forces internes qui, en général, se fait légèrement en faveur du PCF lors du scrutin de circonscription.
Situation assez logique compte tenu de l'implantation relative du Parti, une implantation que l'extrême gauche ne peut évidemment pas bonifier.
Je ne suis pas certain que la gauche gagnera forcément beaucoup de voix en juin prochain lors des législatives.
Mais il est évidemment probable que la répartition entre candidats socialistes, Verts ou Front de gauche ne sera pas la même que celle observée lors de la présidentielle.
Je ne suis pas sûr, non plus, que l'extrême gauche engagera forcément beaucoup de candidats, eu égard à son faible score lors de la présidentielle et au fait que cela coûte, tout de même, de présenter même 50 ou 100 candidats destinés à faire un pour cent des votes...
Les motivations des électeurs de la présidentielle, et notamment la prégnance du vote utile (qui n'a cependant pas empêché François Hollande de ne bonifier que d'un peu plus de 700 000 suffrages la performance de son ex compagne en 2007), sont aussi à prendre en compte lors du vote législatif.
François Hollande, ici ou là , s'appellera sans doute Guy Delcourt ou Manuel Valls, mais il peut aussi s'appeler Nicolas Sansu ou André Chassaigne le 10 juin, plus sûrement Danièle Hoffmann Rispal que Cécile Duflot, également et Serge Blisko que Denis Baupin.
Affaire à suivre, en m'excusant d'avoir été un peu long à rappeler quelques données aux amateurs de pronostics...

MiniM a écrit:En fait, alamo, pierrep utilise toujours ce ton agressif envers vudeloin.
Ils ne s'aiment pas du tout, mais je crois qu'il serait mieux pour tous de taire cette haine, qui pollue un peu, non?
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