de vudeloin » Mer 24 Aoû 2011 12:51
Sûr, Denis, qu’il y a une différence entre les cantonales et les municipales dans les Pyrénées Orientales !
Et à dire vrai, elle vient d’un truc très simple : c’est que la gauche, de manière générale, tend à contrôler des cantons plutôt dépeuplés composés le plus souvent de petits villages montagnards et fortement « catalans « .
Les positions de force de la droite dans le département sont en effet largement développées sur la Plaine du Roussillon et la Côte Radieuse, plus encore que la Côte Vermeille où Collioure, le village des peintres et de l’anchois, et Cerbère, la petite ville cheminote, résistent encore au mouvement général d’urbanisation à tendance « bourgeoise importée « qui touche cette partie du territoire départemental.
L’arrivée des Pieds Noirs en 1962, l’installation plus récente et relativement massive de populations âgées et retraitées, notamment venues du Nord de la France, sur des villes comme Perpignan, Bompas, Canohès, Saint Cyprien, Saint Estève, Banyuls et j’en passe, combinées à l’exode assez constant de la jeunesse locale, faute d’activité économique suffisamment porteuse d’emploi ont sensiblement vieilli la population des Pyrénées Orientales et plus encore celle des communes, dont Perpignan, les plus directement accessibles au marché immobilier.
Une ville comme Perpignan compte, par exemple, 35 % de foyers dont le « chef de famille « est retraité.
Une situation telle qu’en 2008, près du tiers de l’assiette de l’impôt sur le revenu est composé de pensions et retraites sur la ville.
Une ville comme Saint Cyprien, située sur la Côte Radieuse, et qui a connu une élection municipale partielle dans les conditions que l’on connaît, ne doit, depuis une vingtaine d’années, la progression de sa population qu’à l’arrivée de nouveaux habitants.
Cette implantation est suffisante pour couvrir le déficit né de l’excédent des décès sur les naissances.
La ville compte 40 % de retraités dans sa population résidente ( en hausse constante recensement après recensement ) et la part des pensions et retraites (43,4 %) y excède désormais celle des traitements et salaires (39,6 %) dans l’assiette de l’impôt sur le revenu.
Ce qui n’empêche cependant pas plus de la moitié des redevables locaux de devoir payer l’impôt, alors que la moyenne départementale est à 46,6 % en 2008…
A contrario, un canton comme celui de Latour de France, à cheval si l’on peut dire, entre le massif des Corbières et la plaine du Roussillon, a également une population relativement âgée mais moins aisée que celle de la Côte puisque la part des non imposables s’y rapproche de 65 % !
Bien que resté à droite lors des dernières cantonales, le canton comporte notamment la commune d’Estagel, à direction communiste aujourd’hui et de tradition républicaine ( c’est le village natal du grand républicain Arago ).
Dans le canton de Prades, aujourd’hui à représentation communiste, alors même que le chef lieu est à droite, on compte aussi 48 % de retraités parmi les personnes de référence des ménages, 40 % dans la population adulte, 40,4 % de pensions et retraites dans l’assiette de l’IRPP mais seulement 42 % de foyers fiscaux imposables…
Ce ne sont donc pas tout à fait les mêmes retraités qui habitent ici ou là , avec des comportements politiques qui ne peuvent que varier en fonction de ces données.
Enfin, la population des 31 cantons est fort variable puisque, par exemple, le canton de Sournia, aujourd’hui PS, compte moins de 1 200 habitants, tandis que le canton du Canet, de droite, en compte plus de 22 000.
Les cantons des arrondissements de Céret et Prades sont d’ailleurs globalement moins peuplés que ceux de l’arrondissement de Perpignan.
L’arrondissement de Céret compte un peu moins de 72 000 habitants dont 22 000 dans le canton du chef lieu et plus de 13 000 dans le canton de Collioure – La Côte Vermeille ; celui de Prades moins de 43 000 dont le tiers sur le canton de Prades lui-même, tandis que l’arrondissement de Perpignan compte plus de 327 000 habitants, dont près de 117 000 dans la ville Préfecture.
Si Bourquin l’emporte grâce au soutien des élus locaux des petites communes des arrondissements les plus marqués par la « catalanité « , on pourra presque dire que la droite locale est victime des spécificités du mode de scrutin sénatorial et des conditions de composition du collège électoral !