Quelques éléments sur le Mali, pays issu de la dislocation de l'Afrique Occidentale Française, ensemble qui a donné naissance au Sénégal, à la Mauritanie, au Mali, au Niger, au Togo, au Bénin (ex Dahomey); à la Côte d'Ivoire, à la Guinée et au Burkina Faso (ex Haute Volta).
Le Mali est un pays étendu (plus de deux fois la France, avec 1,24 million de km carrés) et est peuplé de 14,5 millions d'habitants résidents, ce qui n'est pas sans importance au regard de la réalité de l'émigration dans ce pays.
La région de Tombouctou, au Centre Nord du pays, recouvre l'essentiel de la partie saharienne du Mali et comptait en 2009 environ 682 000 habitants sur près de 500 000 km carrés, soit 40 % de la superficie du pays.
Le développement relatif de la population de la région est due au peuplement du Delta intérieur du Niger, au sud de la Région.
Plus à l'Est, nous avons la région de Kidal, peuplée de moins de 70 000 habitants sur 260 000 km carrés et qui correspond à la partie montagneuse du Sahara malien (Adrar des Ifoghas), avec une population largement marquée par les Touareg, les Maures et les Songhai.
Au Sud de la région de Kidal, la région de Gao, sur une surface d'environ 170 000 km carrés, compte aujourd'hui plus de 540 000 habitants, dont près de 90 000 dans la seule commune de Gao, que la proximité du fleuve Niger permet évidemment de faire vivre.
Ces trois régions, regroupant donc moins de 10 % de la population malienne sur les trois quarts de la superficie de la République, constituent l'objectif des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui a tiré parti du coup d'Etat de cette semaine pour lancer une offensive de grande envergure.
En descendant le Niger, on se retrouve dans la région de Mopti, comprenant des sites célèbres (comme la falaise de Bandiagara, site sacré du peuple Dogon), région sahélienne de 79 000 km carrés environ et comptant plus de 2 millions d'habitants.
Mopti compte un peu plus de 110 000 habitants et un peu plus de 150 000 avec son extension Sévaré.
Après Mopti, nous arrivons dans la région de Ségou, région d'un peu moins de 65 000 km carrés mais dont la population est aujourd'hui supérieure à 2,3 millions d'habitants, répartis dans les 7 cercles, les 117 communes et les 2 166 villages de la vallée du Niger.
On se retrouve là en plein coeur du pays Bambara, islamisé au 19e siècle, et dans une région largement dédiée aux cultures favorisées par la présence du fleuve.
A noter que le seul « cercle « de Ségou compte près de 700 000 habitants, c'est à dire plus à lui seul que les trois régions du Sahara malien une par une.
Plus au Sud, la région de Sikasso, sur la frontière avec la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, se situe sous l'influence bénéfique de son réseau hydrographique important, plaçant de fait la région sous le signe du climat tropical humide et lui conférant le statut de « grenier du Mali » avec un fort développement des cultures du coton (dont le pays est l'un des grands producteurs et la région principale productrice), les fruits, céréales et légumes, le thé, et une activité industrielle, toute relative, liée à la présence de minerais rares dans le sous sol.
Pays Bambara, la région de Sikasso (un peu plus de 70 000 km carrés, plus de 2,6 millions d'habitants) est aussi peuplée de Bobos (que l'on va retrouver de l'autre côté du Niger en Burkina Faso, autour de Bobo Dioulasso) ou de Senoufos, que l'on va retrouver en Côte d'Ivoire, dans les régions du Nord comme celle de Korhogo.
Nous sommes ensuite dans la région de Koulikoro, région d'environ 90 000 km carrés, peuplée de 2,4 millions d'habitants partagés entre une zone Nord frappée par la sahélisation et une zone Sud plus fertile et tropicale.
Pays mandingue, largement peuplé par l'élément Malinké Bambara, la région englobe l'agglomération de la capitale (plus ou moins 1,8 million d'habitants), et se dévoue notamment aux activités industrielles et logistiques.
Cette région englobe donc la « région « de Bamako, dont les six communes regroupent donc 1,8 million de Maliens et qui a constitué, jusqu'à récemment, une zone d'influence du parti Adema PASJ, celui dit de l'Abeille solitaire ou de la Ruche (à cause de son ensemble), parti d'origine d'ATT.
La dernière région du pays, la plus à l'Ouest, à la frontière du Sénégal, est celle de Kayes.
Sur un peu plus de 120 000 km carrés, cette région d'environ 2 millions d'habitants est partagée entre une zone sahélienne de plus en plus chaude et aride et une zone plus humide, près de la frontière guinéenne.
La région de Kayes, quoique peuplée là encore par de nombreux éléments mandingues (Malinkés, Bambaras) comprend aussi une importante population Peule Soninké, et constitue la région du Sénégal où l'émigration est la plus significative.
Pour ceux qui ne le sauraient pas (personne n'est censé tout savoir), la région de Kayes fournit, de loin, l'essentiel de la population malienne vivant en France.
A tel point d'ailleurs que les transferts d'argent des émigrés constituent la principale ressource de la population résidente.
On rappellera que, selon les données du recensement le plus récent, la population malienne ne comprend qu'environ 3 % de personnes âgées de plus de 65 ans, le solde de la population se répartissant équitablement entre moins de quinze ans et Maliens âgés de quinze à soixante quatre ans.
Cette jeunesse de la population fait qu'il existe dans le pays un problème récurrent de formation et d'alphabétisation qui frappe évidemment singulièrement les jeunes femmes, malgré les efforts accomplis depuis le retour de la démocratie après le renversement du régime de Moussa Traoré en 1991 (oui, il n'était effectivement arrivé au pouvoir qu'en 1968 ! Mais vingt trois ans de dictature, cela suffit amplement...)
Economiquement, le Mali se situe dans les derniers rangs mondiaux, avec un PIB de 15 millions de dollars environ en 2009, soit l'équivalent de 0,7 % du PIB de la France à l'époque, où quelque chose comme deux jours et demi de production française...
Exportateur important de coton (ce qui fait désormais de la Chine le premier client commercial du pays), le Mali souffre, par exemple, en la matière, du démantèlement de la société française Dagris qui tente, notamment depuis sa privatisation, à imposer aux cultivateurs du Sud avec lesquels elle passe accord l'usage de semences OGM.
A ce titre, suivre le lien suivant
http://www.monde-diplomatique.fr/2007/09/PIOT/15073Bref, tout cela fait que nous devons suivre avec le plus grand intérêt l'évolution de l'affaire de ce coup d'Etat...