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Censure de la loi Duflot

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Censure de la loi Duflot

Messagede vudeloin » Mer 24 Oct 2012 18:25

Le Conseil constitutionnel a censuré, ce mercredi 24 octobre, le texte du projet de loi défendu en septembre dernier par Cécile Duflot, texte qui visait, entre autres, à favoriser la mobilisation du foncier disponible pour la réalisation de logements sociaux.

La totalité du texte, pour des raisons de procédure (examen en commission préalable non effectué dans les délais requis) a été censurée.

Je mets le lien en regard

http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2012/2012-655-dc/decision-n-2012-655-dc-du-24-octobre-2012.115869.html
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede alamo » Mer 24 Oct 2012 20:38

c'est d'ailleurs la forme (l'absence de débat parlementaire digne de ce nom) qui a été attaquée par les députés UMP et censurée par le CC, pas le contenu du texte.

il y aurait pourtant à dire, surtout si on le rapproche de la création du "Duflot" ou des incantations magiques sur le plafonnement des loyers...
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede Pullo » Mer 24 Oct 2012 20:40

Qu'est-ce que Duflot aurait du faire selon toi pour résoudre la crise du logement ?
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede ploumploum » Mer 24 Oct 2012 21:26

Un peu d'amateurisme, comme le rappelle l'UMP...
Mais rappelons aussi que cette dernière n'est pas en reste, puis que le Gvt Fillon a bien vu son projet de conseiller territorial censuré par le CC pour vice de procédure...

Pullo a écrit:Qu'est-ce que Duflot aurait du faire selon toi pour résoudre la crise du logement ?


Cette question ne m'est pas adressée mais je ne résiste pas à la tentation d'y répondre....
Quelques pistes pour résoudre la crise du logement
Dans le social :
-augmentation du Livret A pour les liquidités
-passage de 20 à 25 % dans les villes (prévu dans la loi)
- obligation d'un plan quinquennal pour rattraper le retard + amendes + mise sous tutelle partielle des mairies récalcitrantes
- Annulation des "prêts à taux zéro"
- reprise en main des offices HLM et refixation du loyer par l’État
- amélioration des APL pour éviter les abus (de la part des propriétaires notamment)
Plus largement il faudrait réinvestir dans le bâtiment et une reprise en main du secteur des constructions sans qu'il y ait d'ailleurs automatiquement une intervention directe de l’État.
Mais ce dernier ne doit pas s’interdire de taper du poing sur la table
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede Relique » Mer 24 Oct 2012 21:37

Des réponses à la crise du logement ?

- Décentralisation des lieux de pouvoir (politique, économique, culturel...)
- Grands travaux pour construire de nouveaux logements
- Investissement de l'Etat décentralisé (collectivités locales) dans le foncier pour permettre d'attirer des entreprises hors capitale (seul lieu où le secteur privé ayant de l'argent ose investir pour l'immobilier).
- Plus marginalement, appliquer les textes de loi sur l'utilisation des locaux inhabités, et faire appliquer la loi sur le logement social.
-Améliorer les transports, également, mais pas en île de france, plutôt en province et entre les régions...
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede alamo » Mer 24 Oct 2012 21:41

Le problème du logement aujourd’hui est son prix, déconnecté à la fois des revenus de la population (rappelons que 75% de la population française entre dans les critères de ressources du logement social, dont 56 à 57% dans le plafond HLM stricto sensu et 26% dans celui du logement très social) et des valeurs réelles. Les analystes internationaux (voir le barème trimestriel de The Economist) estiment que les prix de l’immobilier en France sont surévalués de 40 à 48% par rapport aux valeurs de long terme et aux valeurs locatives.

Les prix ont plus que doublé en dix ans (en huit en fait) en raison d’éléments qui n’ont pas grand-chose à voir avec la qualité de fond des logements :

Mécanismes purement bancaires : la baisse des taux d’intérêt et l’allongement des durées de prêts conduisent automatiquement à une hausse des prix : l’acquéreur paiera toujours la même mensualité mais la part des intérêts ayant baissé, le vendeur remonte d’autant la part du capital, c’est-à-dire le prix

Mécanismes fiscaux divers qui montrent toujours que toute aide à la solvabilisation artificielle de l’utilisateur final se répercutent dans le prix : c’est vrai des allocations (depuis l’alignement par Balladur de l’ALS sur l’APL, les aides à la personne coûtent plus cher dans le logement privé que dans le logement social, et les propriétaires privés ont remonté leurs loyers : c’est particulièrement caricatural dans le logement étudiant). C’est vrai de la TVA réduite dans certaines zones : le prix TTC ne bouge pas, c’est la HT qui augmente. C’est vrai du prêt à taux zéro : même effet que toute baisse de taux d’intérêt. C’est surtout vrai de tous les cadeaux fiscaux type De Robien, Scellier ou bientôt Duflot.
En gros si le logement vaut 1000, quand l’Etat décide d’accorder un abattement fiscal de 300 à l’acquéreur, le prix passe à 1300. C’est humain, dirons-nous.
Et cette hausse de prix qui profite au promoteur au début se répercute dès les opérations suivantes dans le prix du terrain.
Au final tous ces dispositifs ne profitent qu’au propriétaire foncier (donc à la rente et l’héritage, au détriment de l’entreprise et de l’emploi) et aux réseaux de vente en défiscalisation qui vendent un logement comme un produit fiscal, déconnecté de sa valeur d’usage, en prenant des commissions de 12 à 15% au passage (ce qui renchérit encore le prix)
Aujourd’hui, pour qu’enfin le logement privé devienne un marché au sens libéral du terme (ce qu’il n’est pas, 90% des logements n’étant construit que grâce à des aides de l’Etat), il faudrait évidemment stopper ces cadeaux fiscaux faits sans aucune sans contrepartie d’intérêt général.

Au lieu de ça, le Duflot va encore amplifier le cadeau fiscal par rapport au Scellier, avec des plafonnements totalement bidon : plafonnement du prix d’acquisition à un bien de 300.000 € (ce qui nous met le studio entre 10.000 et 12.000 € du m² !), et loyers censés se situer à 20% en dessous du loyer du « marché ». Ce qui impliquerait déjà de déterminer quel est le loyer du marché (ce qui fait rire tous les professionnels) mais même si c’était la cas : si à Paris le « marché » est à 30 € / m², cela veut dire que si on achète un logement pour le louer à 24 € / m² (20% en dessous), cela mériterait un cadeau fiscal de l’Etat, alors que le logement social, lui, n’est quasiment plus financé.
Donc on continue les conneries dans la lignée des prédécesseurs.

La seule politique du logement digne de ce nom serait celle qui aurait pour objectif et effet de faire baisser le prix du terrain. Au lieu de ça on continue de subventionner la spéculation foncière
Pour supprimer les cadeaux fiscaux en évitant un gel des terrains et un effondrement de la production, il faut le faire de façon brutale et assortie de mesures coercitives. Pour ça, pas besoin de réinventer la lune, l’arsenal existe dans le loi ENL de Borloo : taxation des terrains constructibles non bâtis à coup de TFPB, paiement de la Taxe d’habitation par les propriétaires de logements vides depuis plus de 5 ans, etc. Appliquons déjà les textes existants.
Et si l’on veut inciter les investisseurs privés à produire du locatif intermédiaire, libérons les dotations du PLS en le distribuant à qui en veut, la TVA réduite et l’exonération de taxe foncière suffisent amplement comme avantage fiscal.
Pour cela il faut évidemment qu’une banque dont c’est le fondement comme le CFF ne refuse pas d’en distribuer au prétexte que la marge n’est pas suffisante. C’était un outil public, qu’il le redevienne (en virant Pérol au passage, mais ça c’est par pure méchanceté). Et que l’on taxe enfin les revenus du capital comme ceux du travail pour rendre l’immobilier plus attractif que le boursicotage façon casino

Par ailleurs, il paraîtrait pertinent de faire une pause dans la surenchère règlementaire qui renchérit les coûts techniques et dégrade la qualité de vie des logements. Loi PMR mais surtout surenchère pseudo écolo : faisons un audit général des logements labellisés BBC (Basse consommation) et on verra que la consommation énergétique n’est pas plus basse que dans les immeubles de la génération précédente.
Au lieu de ça, on va en remettre une couche avec la réglementation thermique 2012 et dès le début 2013, les loyers applicables dans le logement social vont baisser pas des mécanismes un peu longs à expliquer ici (alors que les bailleurs sociaux n’y arrivent déjà plus), sauf à entrer dans des concepts débiles d »énergie positive » (on se croirait dans une secte) basés sur le développement du photovoltaïque, catastrophe écologique s’il en est (l’amiante de demain ?)

Augmenter le plafond du Livret A n’a aucun intérêt, seule une baisse des taux (par la réduction des marges bancaires) permettra de rééquilibrer les opérations. Supprimons déjà la lmoi Lagarde de 2008, qui a permis aux banques privées de détourner 35% des dépôts de LIvret A de leur fonction de financement du logement social.

Sur les terrains publics, ça fait 30 ans qu’à chaque changement de ministre, on nous sort les mêmes balivernes avec un rapport, des listes (on passera sur le ridicule de celle publiée qui comprenait essentiellement des terrains déjà vendus depuis longtemps). Ne rêvons pas, et soit dit en passant serait-il normal que le foncier public soit donné gratuitement alors que la politique menée fait augmenter la rente des propriétaires privés ?
Quant à la SNCF ou à RATP, leur métier est de faire rouler des trains et des bus, pas de brader leurs actifs pour compenser le désengagement de l’Etat de ses tâches régaliennes.

Donc des idées il y en a, mais pour le moment on part dans des directions qui vont flinguer encore plus la construction de logements réellement utile, tout en grevant le budget de l’Etat à long terme

Quant à « l’objectif » affiché de 500.000 logements construits dont 150.000 sociaux, c’est n'importe quoi
Il y aura sans doute moins de 300.000 logements construits, et si le logement social arrive à tenir ses 45.000 habituels (c’est la moyenne, la vraie, depuis douze ans), ce sera déjà une bonne surprise. Et là-dedans il y a la reconstruction de logements démolis (on a déjà eu une année à solde négatif, avec davantage de logements sociaux démolis que construits en Ile-de-France)

Enfin bon, on est débarrassés du fantasme de pays sous-développé qu’était la « France de propriétaires », c'est déjà ça…
Et Benoist a disparu, on ne le regrette pas.
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede alamo » Mer 24 Oct 2012 22:30

Evidemment, le temps que je réponde (longuement), d’autres l’ont fait avant (brièvement)
Petits canaillous, va…

Petit complément en réponse à Ploumploum et Relique :

Augmentation du Livret A : non ; comme je l’ai déjà dit, un emprunt ça se rembourse, et les organismes HLM n’ont pas besoin de pouvoir emprunter davantage, mais au contraire d’emprunter moins (ou de rembourser moins), la part d’emprunt dans un bilan étant déjà trop élevé. Aucun bailleur social n’a de difficultés pour emprunter à la CDC, sauf en PLS mais c’est le moins social des logements sociaux.

Passage de 20 à 25% du seuil loi SRU. Pourquoi pas mais attention, il y a une différence entre demander aux Villes de se rapprocher de la moyenne nationale, et les sanctionner parce qu’elles ne dépassent pas cette moyenne.

Les amendes existent déjà, et de plus les villes récalcitrantes peuvent se voir confisquer le droit de préemption par le Préfet

Suppression des PTZ : ça rejoint mon propos, ça augmente les prix de vente et de plus pose une question philosophique : les contribuables doivent-ils se cotiser pour que l’un d’entre d’eux se constitue un patrimoine….

Je ne vois pas ce que tu entends par « reprise en main des OPH »

APL : les aides à la personne coutent environ 14 milliards par an à l’Eta (à la CAF), dont plus de la moitié dans le logement privé. Rétablir le double régime représenterait une économie de quelques milliards d’Euros. Mais si on veut éviter la flambée de ces aides, il faut surtout développer les logements à bas loyers, leur construction ne coûtant rien à l’Etat contrairement aux allocations futures

Décentralisation des lieux de pouvoir : sur le logement, surtout pas, on manque déjà cruellement d’Etat dans ce pays…

Grands travaux en logement : ce n’est pas exactement le terme, on parlerait plutôt de pilotage public de grandes opérations d’aménagement mais c’est déjà le cas avec les Opérations d’Intérêt National (Seine Arche, Euratlantique, Plateau de Saclay, Seine Aval et Amont…

Sur l’investissement privé (à Paris ou ailleurs), le problème est que les institutionnels achetant des immeubles entiers et les gérant correctement ont quasi disparu depuis douze ans (ils n’achètent pas en période de surévaluation des prix), les
« investisseurs » étant aujourd’hui essentiellement les particuliers qui se sont fait arnaquer en achetant en défiscalisation, ce qui nous promet un beau paquet de copropriétés dégradées à moyen terme. Mais c’est vrai que la présence d’un immobilier locatif privé de qualité est la marque d’un pays riche et développé

Utilisation des logements inhabités : c’est dans la loi ENL du 13 juillet 2006 si on l’appliquait vraiment (et rappelons le plan de réquisitions de Périssol dans les années 90)

Améliorer les transports : oui mais déjà construisons prioritairement près de ceux qui existent déjà, en évitant les densités ridicules en sortie de gare ou de métro, l’étalement urbain et les soi disant « éco-quartiers » à 80 bornes des lieux de travail. Soi-dit en passant la réforme des taxes d’urbanisme va remplacer le système du DPLD (racket inique et inefficace au demeurant) qui taxait la sur densité décrétée, par un VSD (versement pour sous densité) qui devrait pénaliser le malthusianisme des Elus mais dont on attend avec curiosité (et inquiétude) les modalités d’application
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede Relique » Jeu 25 Oct 2012 00:09

Tu ne m'as pas compris, semble-t-il, alamo...

Décentralisation des lieux de pouvoir, c'est enlever à Paris et à l'île-de-France sa prééminence en matière de décisionnel politique, certes, mais surtout économique, culturel (cela concerne aussi bien les théâtres que la radio télé diffusion etc... On peut se demander pourquoi le journalisme se fait à Paris quand on voit que les journalistes ne font que recopier l'AFP et twitter toute la journée), universitaire, de recherche, etc... Il faut permettre de désembourber l'île de france de tous ces franciliens-parisiens qui travaillent à Paris ou en proche banlieue. Cela ne veut pas dire "moins d'Etat centralisateur" (il n'y a pas besoin d'être à Paris pour centraliser, que je sache, si on veut vraiment être au Centre, il faut plutôt aller à Clermont), mais moins de Paris, plus de province. Cela permettrait également d'inverser les courbes du développement des cité-dortoirs aux bordures extérieures de l'île de France vers la Bretagne, l'Alsace, le Nord et... non, quand même pas au Massif Central.

Les politiques de grand travaux ne sont pas vraiment au goût du jour... Il s'agit de politiques plus massives vers la construction de logement de particuliers mais surtout, et c'est le point suivant, d'immobiliser d'entreprise.

Car oui, personne (si ce n'est une poignée, qui se compte sur les doigts d'une main, de collectivités locales au sein de société d'économie mixte) n'investit dans l'immobilier d'entreprise en province. Or, il y a un nombre assez conséquent d'entreprises qui déménagent de région à région. Alors que les organismes financiers type fonds de pension n'investissent dans l'immobilier d'entreprise qu'en ile de france, un encouragement aux collectivités locales hors idf pour leur permettre d'investir plus massivement dans la réhabilitation de sites destinés aux entreprises pourrait permettre ce "désembourbement" (comme exemple, je pense par exemple au Technom de Belfort qui a été sauvé par de lourds investissements. Les emplois industriels ont bien moins chuté là-bas qu'en France, dans le département le plus ouvrier de France, et fut essentiellement dû à la requalification de travail jugé auparavant industriel en tertiaire. Avec par exemple l'externalisation des services aux entreprise. pour prendre un exemple plus concret: dans les années 70, nettoyer l'usine, c'était fait par des personnes employées par l'entreprise, donc travaillant dans l'industrie. désormais, la norme est plutôt le recours aux sociétés spécialisées qui embauchent donc du personnel considéré comme tertiaire. Même chose pour les cantines, la sécurité etc... Ce qui explique une partie de la chute de l'industrie par rapport aux services (une partie seulement) en France ces 40 dernières années. )

Concernant les logements inhabités, je dis bien "appliquer les textes de loi"

Enfin sur les transports, c'est via la refonte de notre aménagement du territoire qu'on pourra répondre aux questions qui se posent actuellement. Aujourd'hui, ce qui est fait (le grand paris et tout le toutim) n'est que du rafistolage. Vue l'extension de la sphère d'habitat pour tous ceux travaillant sur le Grand Paris, ces problèmes se poseront toujours tant et plus. Plutôt qu'augmenter encore et encore la sphère d'habitation de Paris, pourquoi ne pas la transvaser à d'autres villes moyennes et créer d'autres pôles qui pourront plus facilement contenir le trop-plein parisien...
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede vudeloin » Jeu 25 Oct 2012 11:04

Ouh là, mais les autres pôles urbains existent et le phénomène d'étalement urbain n'est pas propre à la région Ile de France, Relique...

Quand on regarde désormais ce que signifie l'agglomération toulousaine, celle de Lyon ou même celle de Nantes, on se dit clairement que l'étalement urbain n'est pas une spécialité francilienne et que la "minéralisation" des espaces naturels n'est pas réservée aux zones 3 et 4 des transports parisiens...

D'ailleurs, si les communes les plus proches de Paris et faisant partie aujourd'hui des Yvelines, du Val d'Oise, de l'Essonne et de la Seine et Marne ont connu un développement démographique important des années 50 aux années 2000, la même observations vaut pour bien des endroits en France où l'ensemble des problématiques urbaines se pose avec une réelle insistance, notamment depuis que, dans les années 60, le pouvoir gaulliste gratifiait pratiquement chaque ville régionale d'une quelconque importance de la construction d'une zone à urbaniser en priorité (ZUP), destinée notamment à faciliter à la fois l'implantation d'entreprises déménagées de la région Ile de France et à motiver la constitution de périmètres sauvegardés d'habitat ancien dans les centres villes de province en procédant, à chaque reprise, à une "mise en valeur" qui repoussait vers les quartiers périphériques les populations les plus modestes, surtout quand celles ci demeuraient jusque là dans des logements manquant de confort...

Dieu sait d'ailleurs à l'époque qu'on a utilisé de manière assez dispendieuse le foncier disponible pour réaliser ces opérations d'urbanisme qui nous sont connues aujourd'hui : Les Minguettes de Vénissieux, Le Mas du Taureau et la Grappinière à Vaulx en Velin, la Villeneuve à Grenoble (celle ci ayant l'avantage, si l'on peut dire, d'intégrer le village olympique de 1968), la Paternelle, le Font Vert, la Savine ou la Busserine dans les quartiers Nord de Marseille, le Jas de Bouffan à Aix en Provence, l'Ariane de Nice, la Paillade de Montpellier, Pissevin et Valdegour à Nîmes, le Vert Bois de Saint Dizier, le Mirail de Toulouse, le Haut du Lièvre à Nancy, Côte Chaude et la "Muraille de Chine" à Saint Etienne, les "Biscottes" de Lille ou Beau Marais à Calais,
sans oublier la Mare Rouge ou Caucriauville au Havre, pour ne donner que quelques exemples...

A chaque fois, c'est le logement privé mis en location ou destiné à "nourrir le marché" qui s'est trouvé d'autant plus favorisé que les politiques du logement et les politiques fiscales ont continué à le porter, plus que tout autre type de logement.

Ne pas oublier, par exemple, que nous n'avons pas révisé réellement les bases d'imposition du foncier bâti depuis 1970, ce qui signifie aujourd'hui que, dans bien des cas, le logement social de qualité et confortable, équipé de manière moderne, vaut plus que le logement ancien de centre ville spéculatif largement rénové depuis quarante ans.

On voit que la loi Duflot a encore de quoi être améliorée, d'autant qu'elle va bientôt faire l'objet d'un nouvel examen qui devrait commencer de suite après l'adoption de la loi de finances par l'Assemblée nationale.

PS pour donner de nouveaux atouts à la spéculation, on se rappellera que, dans les années 70, VGE et Barre ont mis un terme à la priorité accordée à l'aide à la pierre, ou à la construction de logements, pour la priorité à l'aide à la personne, c'est à dire la correction par l'Etat des désordres du marché.
Le plus sûr moyen, soit dit en passant, que les désordres se manifestent puisque les aides à la personne venaient "solvabiliser" la situation des familles et masquaient la hausse des prix.
Pour faire bonne mesure, VGE lança aussi un vaste plan d'accession à la propriété, au travers des financements PAP, assortis d'une double carotte fiscale (exonération des intérêts d'emprunt et du foncier bâti pendant un certain nombre d'années).
Le plus sûr moyen de favoriser un étalement urbain plutôt anarchique (même si on était passé des procédures ZUP aux ZAC), tout en laissant sur place une véritable "bombe à retardement" constituée par l'endettement des familles au départ uniquement propriétaires de ...leur dette.
On rappellera ici que la désindexation des salaires au regard des prix, grande donnée de la politique de rigueur version Delors, fut l'amorce de l'explosion de cette "bombe", renvoyant d'un coup les accédants face à face avec les emprunts courant sur leur bien immobilier, mais aussi la ou les voitures nécessaires pour y résider sans être victime des insuffisances des réseaux de transport en commun, sans parler du reste...
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Re: Censure de la loi Duflot

Messagede alamo » Jeu 25 Oct 2012 12:23

Relique, je t’avais compris (ça c’est mon côté gaullien), simplement je cantonais mon propos au seul sujet de la politique du logement.
Celle-ci subit d’ailleurs les conséquences néfastes de deux politiques semblant opposées mais qui ne le sont pas tant que ça :
- la re-concentration des services de l’Etat, pour cause d’économies de bout de chandelles et d’idéologie néolibérale (la RGPP) qui a retiré de l’autonomie aux services proches du terrain (les DDE, aujourd’hui DDT) ce qui génère départ d’une partie des meilleurs éléments écœurés par la perte d’intérêt de leur travail, lourdeur administrative renforcée et perte globale d’efficacité. Ceci alors que le système ne fonctionnait justement que parce que les agents de l’Etat sur place ne respectaient pas les circulaires sorties du cabinet du Ministre (sinon, on aurait divisé la production de logements sociaux par deux, au moins)
- la frénésie de décentralisation qui a conduit à la délégation des prérogatives (et des enveloppes financières) de l’Etat à des Départements ou EPCI, avec un certain nombre de dérives (favoritisme, clientélisme, politicaillerie, incompétence…), et. Aujourd’hui, le parti socialiste, souvent enclin à fantasmer sur « l’Europe des Régions » et l’affaiblissement de l’Etat central (retour aux baronnies féodales d’antan, reviens, Philippe le Bel…), d’autant plus qu’il dirige quasiment toutes les Régions (pour combien de temps ?), envisage de remettre un pouvoir de plus en plus important aux Conseils Régionaux en matière de financement du logement. Et en nombre d’endroits, ce serait catastrophique. Il n’est qu’à voir aujourd’hui des services ultra compétents obligés d’appliquer les lubies d’Elus qui parfois ne le sont pas du tout, et qui grippent totalement la machine.
Tout ça, évidemment, c’est vécu et constaté, Vudeloin ma pardonnera je l’espère cette ode à la technocratie triomphante et au centralisme pas démocratique.

Mais tu as raison et j’avais bien compris que nous parlions de déconcentration et non de décentralisation.

Concernant l’immobilier d’entreprises comme on l’appelle, et même si tu as en partie raison, rappelons que nous sommes dans un système capitaliste, et que l’installation d’une entreprise sur un site relève de l’initiative privée. L’intervention publique se borne à fournir terrains aménagés, infrastructures et services propices à cette installation. L’intervention directe (investissement dans les murs) est rare, essentiellement limitée aux pépinières d’entreprise ou immeubles destinés aux TPE.
Rappelons aussi que la suppression de la Taxe Professionnelle pour faire plaisir à Mme Parisot a supprimé une des principales motivations des Collectivités à accueillir des zones d’activités, malgré les riverains râlant contre les camions, le bruit, etc…
Et qu’il faut faire attention aux discours de Maires se présentant comme grands créateurs d’emplois. Exemple : A.Santini : ce que j’ai fait à Issy-les-Moulineaux, je saurai le faire à l’échelle de l’Ile-de-France… En fait l’emploi qui s’est installé à Issy venait essentiellement de la région, et même souvent des villes voisines. Le bilan global régional est quasi nul.

Pour le reste, en effet, l’externalisation des services, la vente de son immeuble pour en devenir locataire, etc, relèvent d’une absence de vision d’entreprise à moyen et long terme typique de la financiarisation ultralibérale de l’économie.

Quant au « Grand Paris », on est bien d’accord que c’est en grande partie de la com’.
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