Marine Le Pen et sa nièce affichent un désaccord notable :
http://www.marianne.net/paca-marion-marechal-pen-veut-supprimer-les-subventions-au-planning-familial-100238233.html.
On peut se demander quelle est la part de divergence de vues sincère et de répartition des rôles. La ligne "libérale-catholique" de l'une et le positionnement "populaire-protestataire" de l'autre permettraient ainsi de ratisser large, en visant des électorats sociologiquement et politiquement différents. S'il est uni sur des sujets comme l'immigration, l'insécurité, voire l'Europe, l'électorat FN est en effet assez divisé sur le reste. Ainsi, par exemple, si sur les questions économiques et sociales son point d'équilibre se situe au centre-droit (indiscutablement moins à droite que l'électorat LR), cela recouvre des lignes très différentes depuis le vieux fonds poujado-reaganien qui, contrairement à une idée reçue n'a pas disparu, jusqu'à des positions pas si éloignées de celles que défend traditionnellement la gauche.
Idem sur des questions comme l'avortement. La tendance "catho-tradi" chouchoutée par Madame Nièce existe bel et bien dans l'électorat FN, mais est loin d'en constituer la totalité. Les autres ne sont évidemment pas d'ardents féministes ni de grands laïques, c'est plutôt que le sujet est éloigné de leurs préoccupations...
L'électorat FN est souvent le plus à droite, mais pas de façon homogène ni sur tous les sujets.
Et cette hétérogénéité de l'électorat FN ne date pas d'hier, elle avait déjà été mise en évidence il y a près de 15 ans par Nonna Mayer et Pascal Perrineau décrivant sa frange " niniste" (ni droite-ni gauche, très populaire, très en dehors des institutions, pas plus catho que la moyenne, qui avait parfois un passé de gauche) et son aile "droitiste" (droite radicalisée, plus bourgeoise, plus "institutionnelle", très catho).
Et cela se traduisait (c'est obsolète maintenant que le FN se qualifie presque systématiquement au 2e tour) dans les reports de voix, une proportion de l'électorat FN oscillant entre le tiers et la moitié ayant tendance à refuser ses voix à la droite parlementaire au second tour. Une minorité non-négligeable (15 à 20%) allant même jusqu'à voter à gauche en dépit du gouffre béant qui les sépare des forces de progrès sur l'immigration, l'insécurité, ou la politique pénale.
Peu de gens l'ont souligné, mais c'est au moins autant cette frange "populaire-protestataire" de l'électorat FN que les "centristes" qui, en boudant Sarkozy, a fait gagner Hollande en 2012 (
l'électorat Mélenchon, dans une moindre mesure assez eurosceptique , s'était à l'inverse bien reporté... moyennant quoi l'un des premiers gestes de ce grand stratège qu'est Hollande fut d'entériner sans la moindre modification le traité européen qu'il avait promis de renégocier!)