de vudeloin » Mer 4 Avr 2012 14:44
Même s'il ne s'agissait pas d'un homme politique directement engagé, Richard Descoings, directeur de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, dont la disparition subite à New York en a surpris plus d'un, était l'un de ces individus qui comptaient dans le paysage politique français.
Issu d'une famille de médecins suisses, Richard Descoings avait obtenu le bac en 1976, avant de faire hypokhâgne à Henri IV puis de réussir le concours d'entrée à Sciences Po et d'y être diplômé en section Service Public.
Elève de l'ENA, après trois tentatives en « Prep ENA », il était sorti dans la « botte » et avait intégré le Conseil d'Etat.
Une expérience qu'il avait mise à profit pour devenir membre des cabinets Charasse et Lang avant 1993.
Mais c'est bien entendu à Sciences Po, dont il était devenu directeur en 1996 (l'un des plus longs baux à la tête de l'établissement de la rue Saint Guillaume), qu'il avait surtout commencé à se faire connaître, notamment en passant des conventions d'accès à l'établissement pour les jeunes issus des quartiers et lycées dits défavorisés.
Une démarche qui fut combattue par certains syndicats étudiants de l'établissement, d'autant qu'elle allait de pair avec une tendance sérieuse à la hausse des droits d'inscription dans ce qui constitue encore la voie royale, bien qu'étroite, pour accéder à l'ENA.
La rémunération de Richard Descoings, révélée par Mediapart l'automne dernier (on parlait alors de 25 000 euros mensuels) ajouta à la confusionÂ
Sur un plan « politique », Richard Descoings avait été approché par Nicolas Sarkozy qui, semble t il, aurait voulu lui confier un Secrétariat d'Etat consacré aux questions d'égalité des chances mais s'était contenté de rédiger un rapport de mission sur la réforme du lycée dont les recommandations n'ont pas vraiment été prises en compte, d'ailleurs, par l'actuel Ministre de l'Education.
Evidemment, l'émotion est grande du côté d'Emile Boutmy et de l'amphi Leroy Beaulieu après cet événement, et bien des questions, liées à la disparition de Richard Descoings demeure posées, mais force est de constater que la place singulière de l'IEP Paris dans le paysage universitaire français et celle de ses élèves dans la vie politique, journalistique, économique et culturelle nécessitent pour le moins que l'on prenne le temps, le moment venu, d'apprécier le rôle de cette personnalité dans la vie de l'établissement.