de Artisan-Politologue » Jeu 30 Déc 2010 18:31
Je partage complètement l'analyse de Maxxx, l'UMP a perdu une pièce maîtresse de son dispositif dans la Drôme, qui ne repose que sur les quatre sièges de députés et une poignée de cantons et de villes moyennes, la plus importante, Montélimar, étant gérée par sa composante radicale.
Surtout, Gabriel Bianchieri, député de la 4e circonscription, était sans doute le soutien le plus solide à la politique gouvernementale. Patrick Labaune (1ere) ne cachait pas un temps sa proximité avec Nicolas Dupont-Aignan, Franck Reynier (2e) fait partie du remuant Parti radical et Hervé Mariton (3e) a longtemps été villepiniste avant de devenir davantage sarko-compatible.
L'avenir des terres d'élection de Gabriel Bianchieri s'avère variable.
Sa commune, Hauterives, pôle commercial et touristique à l'habitat de plus en plus pavillonnaire, reste sociologiquement acquise à la droite.
Son canton, Le Grand-Serre, se situe sur le versant ouest du massif dauphinois des Chambarans. C'est une zone encore très rurale, malgré la pression péri-urbaine croissante du triangle Valence-Romans-Tain. Gabriel Bianchieri l'a enlevé à la gauche en 1982. Le précédent conseiller était le socialiste André Brunet, député (1981-1986), compagnon de route du maire (1977-1983) de Romans Georges Fillioud à la Convention des Institutions républicaines. Il a été élu en 1970, le titulaire précédent du siège était SFIO. La gauche tenait ce canton en partie parce que les radicaux locaux penchaient plutôt à gauche. Contrairement à la partie iséroise du massif, plutôt acquise à la droite républicaine, le versant drômois était davantage favorable aux radicaux.
Emmanuelle Anthoine-Desermeaux, qui est également élue à Hauterives, la commune la plus peuplée du canton, ne devrait pas avoir trop de mal à le tenir jusqu'en 2014. Après, il n'est pas sûr que la réforme territoriale conserve le découpage actuel. Il pourrait être fusionné avec le canton voisin de Saint-Donat, davantage rurbanisé et où les socialistes l'ont emporté en 2008 après 26 ans de règne de droite, voire-même dans un plus grand ensemble avec Saint-Vallier, où l'électorat local serait noyé dans celui d'une vallée du Rhône plus peuplée.
En revanche, la disparition de Gabriel Bianchieri, qui était l'un des principaux opposants au puissant président PS du conseil général Didier Guillaume. Il faisait même office de candidat à la présidence au cas où la droite l'aurait emporté en 2008. A quelques semaines des élections cantonales, ce décès, hélas prévisible compte tenu de son état de santé, va un peu plus affaiblir la droite départementale.
La situation est encore moins évidente pour Marie-Hélène Thoraval dans la 4e circonscription. Certes, comme l'a souligné Maxx, elle a su se faire connaître et apprécier, surtout depuis 2007. Sous la première mandature Bianchieri, sa visibilité médiatique était moindre.
Ce qui est sûr, c'est que sa nomination à l'Assemblée va redéplacer le centre de gravité de cette circonscription vers sa ville-centre, Romans-sur-Isère. Depuis 1958, tous les députés du Nord-Drôme étaient issus de l'agglomération romanaise, à l'exception du gaulliste Gérard Sibeud (1968-1973), implanté à Saint-Jean-en-Royans, et de Gabriel Bianchieri.
Sur le papier, la gauche part clairement favorite. Le seul canton de cette circonscription découpée dans la pointe nord du département (à l'exception de Tain-l'Hermitage) - qui ne figure pas au tableau Marleix - non acquis à la majorité de gauche reste... Le Grand-Serre.
Cependant, le secteur reste aussi marqué par une forte présence du Front National, incarné par les demi-frères Pinet-Cheval, militants de longue date plutôt bien implantés localement. L'électorat d'extrême-droite de cette circonscription a la particularité de se reporter correctement sur la droite au second tour. En 1997, seule une vague rose additionnée à une triangulaire avait pu faire élire le maire PS (depuis 1990) de Romans Henri Bertholet à l'Assemblée. La large élection de Gabriel Bianchieri en 2002 constituait une forme de retour à la normale.
Face à Marie-Hélène Thoraval, le PS devrait déployer l'artillerie lourde. L'agglomération romanaise reste le fief de Didier Guillaume. Il pourrait dépêcher l'un de ses poulains: l'élu intercommunal Hervé Rasclard (mais celui-ci a le désavantage d'être conseiller général à Rémuzat, à l'autre bout du département) ou la maire de Bourg-de-Péage Nathalie Nieson, assez appréciée dans une partie de l'électorat de droite.
Manu