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Quel avenir pour l'extrême-gauche ?

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Quel avenir pour l'extrême-gauche ?

Messagede Zimmer » Dim 15 Aoû 2010 12:04

J’ai également pensé poster ce sujet dans le sous-forum « Vie des partis » (d’autant plus qu’il n’y a encore, dans celui-ci, aucun topic consacré à l’extrême-gauche) mais il s’agit moins d’un thème d’actualité immédiate que d’un état des lieux et une réflexion sur le devenir de l’extrême-gauche, en France.

Tout comme l’extrême-droite, celle-ci est très hétérogène et constituée d’un certain nombre de groupuscules, dont la plupart, justement de par leur caractère très marginal, ont assez peu d’intérêt.

L’extrême-gauche, c’est actuellement et principalement, notamment d’un point de vue électoral, trois formations : le Parti Ouvrier Indépendant (POI), Lutte Ouvrière (LO) et le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).

Le Parti Ouvrier Indépendant, créé, en tant que tel, en juin 2008, succédant ainsi au Parti des Travailleurs (PT) et précédemment au Mouvement Pour un Parti des Travailleurs (MPPT), comprend principalement des militants trotskystes issus de la mouvance lambertiste et du Parti Communiste Internationaliste, qui s’appela aussi, de 1965 à 1981, Organisation Communiste Internationaliste, mais également, d’où ses changements de nom successifs à partir des années 80, des personnes issues du PS, du PCF et même du courant anarcho-syndicaliste. Parmi celles issues du PS, on trouve notamment le maire de Mailhac et ancien conseiller général de l’Aude Gérard Schivardi, qui fut son candidat à l’élection présidentielle de 2007 (peut-être le sera-t-il à nouveau en 2012), et, de façon sans doute plus étonnante, l’ancien député-maire de Chartres et ancien secrétaire d’Etat des gouvernements Mauroy et Fabius, Georges Lemoine, que le POI (il n’en était pas encore, en tout cas pas officiellement, membre) a soutenu lors de l’élection législative partielle de septembre 2008 dans cette circonscription. Le courant lambertiste a également « produit » un certain nombre de dirigeants du PS, dont Lionel Jospin (le plus emblématique d’entre eux) et l’actuel député de Paris Jean-Christophe Cambadélis, ainsi que des dirigeants du syndicat Force Ouvrière (notamment Marc Blondel). Sur le plan électoral, il s’est fait connaître surtout à partir de sa présence aux élections européennes de 1984 puis à l’élection présidentielle de 1988, son candidat ayant alors été son dirigeant historique, Pierre Boussel alias Pierre Lambert (décédé en janvier 2008), mais, même s’il dispose d’un vrai réseau d’élus municipaux et même de maires (principalement dans de très petites communes), il n’a encore jamais réussi à percer électoralement.

Lutte Ouvrière, seule des trois organisations mentionnées se réclamant encore exclusivement du trotskysme et affiliée à l’Union Communiste Internationaliste (UCI), s’est surtout faite connaître grâce à la personnalité très médiatique d’Arlette Laguiller, candidate aux six élections présidentielles ayant eu lieu de 1974 à 2007. Ce mouvement, présent aux élections à partir des législatives de 1973, a d’abord percé aux élections municipales de 1977 (où, allié à la LCR de l’époque, il avait réussi à obtenir aux alentours de 10 % des suffrages exprimés dans quelques grandes villes), puis surtout entre 1995 et 2002, où franchissant souvent la barre des 5 % des suffrages exprimés, il a pu faire élire quelques dizaines de conseillers municipaux mais aussi (les modes de scrutin alors en vigueur le permettant), des conseillers régionaux (en 1998) et des députés européens (en 1999, dans le cadre d’une alliance avec la LCR). Après l’élection présidentielle de 2002 où elle avait appelé à l’abstention, lors du second tour ayant opposé Chirac et Le Pen, LO est revenue à des scores beaucoup plus bas. Alors qu’elle apparaissait comme une organisation se voulant totalement « intègre » en refusant non seulement toute alliance avec la gauche dite « réformiste » mais aussi en refusant d’appeler à voter pour ses candidats lors des seconds tours d’élections, elle a appelé (pour la première fois depuis 1981) à voter pour la candidate du PS lors du second tour de l’élection présidentielle de 2007 et a fait alliance avec les autres partis de gauche (y compris le PS), dans un certain nombre de communes, lors des élections municipales de 2008, ce qui lui a permis de faire élire à nouveau un certain nombres de conseillers municipaux. Depuis 2007, Arlette Laguiller, aujourd’hui âgée de 70 ans, a décidé de se mettre à la « retraite » de la vie électorale et c’est Nathalie Arthaud, conseillère municipale de Vaulx-en-Velin, qui prendra très probablement sa suite, lors de l’élection présidentielle de 2012. Alors que cette dernière est encore très peu connue du « grand public », ce scrutin devrait constituer un test intéressant pour la faire connaître et mesurer sa popularité ainsi que le niveau électoral désormais atteint par LO.

Le Nouveau Patri Anticapitaliste, fondé en février 2009 et issu de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), ne se revendique plus, quant à lui, du trotskysme ni même du marxisme, et se veut être un parti se réclamant des luttes sociales et écologistes et refusant le réformisme. La LCR, première organisation d’extrême-gauche à avoir présenté un candidat aux élections présidentielles (son leader historique, Alain Krivine, en 1969), a été absente des élections pendant une dizaine d’années (de 1986 à 1997 environ) avant, dans le sillage du succès de LO évoqué précédemment et aussi du mouvement social de la fin de l’année 1995, de « refaire surface » sur ce terrain, notamment lors de l’élection présidentielle de 2002 avec son jeune candidat et employé de La Poste, Olivier Besancenot. Entre-temps, la LCR, alliée à LO, avait pu, pour la première fois de son histoire, faire élire, en 1999, deux députés européens, dont Alain Krivine. Olivier Besancenot a incarné la « révélation », en tout cas à l’extrême-gauche, lors de l’élection présidentielle de 2002, où en obtenant 4,25 % des suffrages exprimés au premier tour et bien que devancé par Arlette Laguiller (5,72 %), il devança lui-même le candidat et ancien secrétaire national du PCF, Robert Hue (3,37 %). Dès lors, la LCR a progressivement pris l’avantage sur sa « sœur ennemie » LO, d’un point de vue électoral et également médiatique. Lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2007 et alors que tous les autres candidats de gauche et d’extrême-gauche ont fait les frais d’un « vote utile » (consécutif de ce qui s’est passé le 21 avril 2002) en faveur de la candidate du PS, Olivier Besancenot obtint encore 4,08 % des suffrages exprimés. Alors que la création du NPA avait pour objet de confirmer et d’amplifier la montée en puissance de ce courant d’extrême-gauche, les élections européennes de 2009 puis les régionales de 2010 se sont montrées décevantes pour la nouvelle formation. Lors de ce dernier scrutin, la présence d’une candidate voilée (Ilham Moussaïd) sur la liste présentée en Provence-Alpes-Côte d’Azur semble ne pas avoir été comprise par un certain nombre d’électeurs et surtout d’électrices attachées à l’émancipation des femmes, ni même par un bon nombre de militants du NPA et devrait refaire débat lors de son premier congrès national prévu au mois de novembre de cette année.

Alors qu’en additionnant les scores de ses trois candidats (Arlette Laguiller, Olivier Besancenot et Daniel Gluckstein), elle avait obtenu près de trois millions de voix et 10,43 % des suffrages exprimés lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, l’extrême-gauche s’apprête-t-elle désormais à connaître une nouvelle traversée du désert ? Dans la mesure où le PCF tend à disparaître progressivement et où le Front de Gauche est, selon moi, plus conjoncturel qu’autre chose, et dans un contexte où le capitalisme libéral tout comme la social-démocratie sont en crise, il n’est pas impossible, au contraire, que la « gauche de la gauche » revienne sur le devant de la « scène politique », dans les prochaines années.
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Re: Quel avenir pour l'extrême-gauche ?

Messagede Jean-Philippe » Dim 15 Aoû 2010 15:56

Sur le NPA, les départs ont été nombreux, notamment depuis les européennes. La stratégie d'isolement a en effet été refusée par nombre de militants et de responsables. Après les régionales, Besancenot aurait songé à raccrocher. Si ce n'est pas lui qui est candidat en 2012, le score du NPA sera probablement inférieur à 2%, ce qui arrangera les affaires du Front de Gauche si celui-ci se maintient.
Cependant, l'extrême gauche est présente surtout aux grandes occasions, notamment aux présidentielles. Une surprise n'est donc en effet pas à exclure. Mais le niveau de l'abstention chez ses électeurs potentiels est plus élevé que dans le reste du corps électoral, c'est une de ses principales faiblesses.
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Re: Quel avenir pour l'extrême-gauche ?

Messagede républicain » Mar 8 Fév 2011 20:26

Je crois que l'ex-PT (lambertiste) ne décolera jamais et sera toujours sous les 1%. LO sans Arlette Laguiller ne pourra guère faire mieux que les lambertistes.
Le NPA s'est totalement fourvoyé en présentant une candidate voilée, le comble pour un parti qui se réclame de gauche alors que la gauche française a toujours été traditionnellement pour la laicité. Il a perdu de nombreux électeurs qui ne veulent pas d'un parti permissif défiant la laicité, mais au contraire voudraient une gauche qui retrouve ses valeurs fondamentales (dont la défense de la laicité).
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Re: Quel avenir pour l'extrême-gauche ?

Messagede vudeloin » Lun 14 Fév 2011 20:53

je ne vais pas faire mon vieux mais la matrice des mouvements d'extrême gauche que nous connaissons aujourd'hui est encore plus ancienne et, pour le courant trotskyste, a commencé de se manifester dans les années 30, notamment avec des militants de la gauche de la SFIO mais aussi d'autres issus des mutations successives du PCF - SFIC dans ses premières années d'existence.
De même, même s'il a totalement disparu ou presque sur un plan électoral, nous eûmes en France un courant maoiste, notamment autour du PCMLF ( parti communiste marxiste léniniste de France ), qui trouva une expression politique et électorale temporaire en 1978 dans l'Union Ouvrière et Paysanne pour la Démocratie Prolétarienne...

A dire vrai, les mouvements d'extrême gauche ont été le " centre de formation " de bien des responsables de la gauche, même si ce rôle a plutôt été dévolu aux mouvements lambertistes et à la LCR plus qu'à LO, ex Voix Ouvrière.

Cela passait notamment par le syndicalisme étudiant : JC Cambadélis fut longtemps dirigeant de l'UNEF Unité Syndicale, organisation des années 70 sous contrôle de l'OCI AJS, comme Jean Luc Mélenchon tandis que le sénateur Serge Lagauche fut Président de la MNEF jusqu'en 1980, en tout cas pour le courant lambertiste.

du côté de la LCR, ex Ligue Communiste, constituée notamment par scission de l'UEC Sorbonne, on trouva par exemple Henri Weber, qui fut sénateur de Seine Maritime après avoir tenté sans succès de devenir député de Saint Denis, ou encore Julien Dray qui structura à la fin des années 70 le Mouvement d'Action Syndicale, rassemblant les syndicalistes proches de la Ligue et qui finira tendance de l'UNEF ind"épendante et démocratique
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Re: Quel avenir pour l'extrême-gauche ?

Messagede vudeloin » Lun 14 Fév 2011 21:03

et je ne sais pas, à ce stade, s'il faut que je rappelle que Bernard Kouchner, après avoir quitté l'Union des etudiants communistes au début des années 60, fit un passage par l'extrême gauche étudiante ( je ne sais plus si c'était du côté des maoistes ou pas ), tout comme Brice Lalonde qui fut " Mao - Spontex " avant de s'illustrer dans les combats écologistes des années 70 ( rassemblement contre Superphénix à Creys Malville par exemple ) avant de finir proche de la droite dans les dernières années de Génération Ecologie.

en fait, l'extrême gauche a fourni des cadres à une bonne partie de la gauche ( singulièrement au PS et de plus en plus aux Verts ) un peu comme l'extrême droite a largement équipé la droite parlementaire de nombreux responsables...
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