Bonsoir,
effectivement on a l'impression que la tenue du vote coûte que coûte est la première préoccupation.
Ce n'est pas sans rappeler à tous ceux qui ceux qui se sont intéressés à la vulcanologie un précédent célèbre (et largement pire, bien sûr): les élections législatives maintenues dans la ville de
Saint-Pierre à la Martinique en 1902.
Ceci dit, le reporter aurait amené souvent davantage de problèmes (sauf aux endroits où l'épidémie est arrivée en avance et serait en phase de décrue, peut-être) et l'avancer eût été compliqué.
En l'occurrence et entre autres, la décision présidentielle (pas forcément infondée mais peut-être trop générale et précipitée, court-circuitant le ministre) de faire fermer tous les établissements recevant des jeunes, de la crèche à l'université, à partir de lundi achève de créer une atmosphère spéciale et une situation a-normale où la vie quotidienne va être perturbée (les parents ayant leur progéniture "dans les pattes" hors vacances scolaires), davantage pour le second tour en pleine quarantaine scolaire que le premier se situant juste avant. Au passage, l'allocution de ce jeudi est un temps de parole préélectoral non décompté...
Le non-respect des règles démocratiques est en effet hallucinant par certains égards, notamment l'autorisation de procurations (nombreuses) aux directeurs de maisons de retraite, quand on sait d'une part que les procurations sont limitées habituellement à une par porteur ou deux si l'électeur donnant procuration est à l'étranger, d'autre part que lesdits établissements de soin peuvent être habituellement un foyer... de vote clientéliste sauvant parfois in extremis les élus en place de la défaite.
Certes, ces électeurs peuvent donner des consignes de vote, autrement dit indiquer leur choix, au directeur mais d'une part, il est tout de même très particulier d'indiquer individuellement et collectivement ses choix politiques au gestionnaire de son lieu de vie (il pourra organiser des tablées communistes ou macronistes au réfectoire :-) ), d'autre part le vote étant à bulletin secret rien ne garantit qu'il ne votera pas plus ou moins à sens unique (et un directeur d'EHPAD, sociologiquement, ce n'est pas neutre: CSP++, domaine de la santé...). Le seul moyen de vérifier étant de donner une consigne pour une petite liste et vérifier qu'elle a au moins une voix dans le bureau de vote de l'électeur :-) mais en cas contraire c'est trop tard :-(
Petit détail d'ailleurs ceci dit: la procuration normalement ne fonctionne qu'entre électeurs de la même commune donc uniquement avec celle de résidence du directeur... souvent celle de l'EHPAD mais pas forcément. Et les résidents peuvent être restés inscrits dans leur commune d'origine avant entrée en établissement (notamment s'ils y sont propriétaires, le courrier peut toujours leur être adressé à l'ancienne adresse). Donc normalement un certain nombre de résidents sont hors dispositif... si tant est que la notion de normalité ait encore cours.
Quant à la modernité des procédures de vote, il est clair qu'on voit ici les limites du bénévolat des conseillers municipaux et des assesseurs dont certains parmi ceux restants vont prendre de réels risques pour leur santé. Les "machines à voter" électroniques ne sont pas non plus la panacée: elles ne dispensent pas de présence physique et impliquent en pareil cas un contact physique sur le même objet donc ici un nettoyage à chaque vote.
Quant au vote ou au moins aux procurations par internet, si cela peut être délicat au niveau de la sécurité, il reste qu'on n'a pas mis en place de comptes identifiants uniques avec lien à la liste électorale (alors qu'on y est presque avec l'existence de France Connect et la liste électorale désormais nationale)