Le rapport de force actuel et quelques chiffres clés

[Jean-Philippe]

Etude très intéressante des Décodeurs du Monde sur des comparaisons entre les 50 plus grandes villes françaises (14 UMP, 1 UDI, 31 PS, 3 PCF et 1 EELV)
- sur l'ISF pas de surprise, les villes de droite sont les plus concernées
- sur l'âge, les villes où la moyenne d'âge est la plus élevée sont de droite (Nice, Perpignan et Toulon comptent toutes trois plus de 12 % d’habitants de plus de 75 ans, contre une moyenne nationale de 9,5%), celles où elle est la plus faible sont de gauche et surtout communistes
- sur l'endettement, les communes avec l'encours de la dette le plus importante en 2012 sont partagées entre UMP (Avignon, Marseille et Perpignan, à droite depuis au moins 1995) et PS (Argenteuil et Saint-Étienne, gagnées en 2008). La dette a le plus augmenté entre 2008 et 2012 dans les communes de gauche comme Lille (+81%).
- sur la taxe d'habitation, les trois villes (sur les 50 plus grandes) où elle est la plus élevée sont de droite : Nice, Bordeaux et Nîmes
- sur la taxe foncière sur le bâti, la droite compte 6 villes dans les 10 premières, derrière Grenoble, assez largement en tête.
- sur les charges en personnel, les villes PCF sont en tête (60% à Nanterre), l'UMP dans la moyenne basse. Ces charges ont davantage augmenté dans les villes de gauche en 4 ans
- sur les moyens consacrés à la police municipale, la droite est logiquement en tête (116 agents pour 100 000 habitants à Avignon, en tête du classement, contre 50 pour la moyenne des villes PS) alors que Le Mans (PS), Créteil (PS), Nanterre (Front de gauche) et Brest (PS) n'ont pas de police municipale (comme Paris où la préfecture de police en est chargée)
- sur les logements sociaux, l'enquête est partielle (16 villes renseignées), mais Rennes est encore désignée comme un modèle pour ses 34 % de HLM, la transparence et la rapidité de son système d’attribution. Les villes de droite sont davantage à la traîne (Bordeaux, Toulon et Nice sont à moins de 16%).

Voici la conclusion de l'enquête, très équilibrée :

A la lumière de ces chiffres, le logement social et la police municipale apparaissent comme les deux seuls véritables marqueurs politiques de la gestion municipale. L’endettement et la hausse de la fiscalité réservent quelques surprises par rapport aux idées reçues, puisqu’ils sont loin d’être l’apanage de la gauche.

Ces différences suffisent-elles à faire pencher la balance quand l’électeur entre dans l’isoloir ? Elles doivent, quoi qu’il en soit, être nuancées, puisqu’elles résultent la plupart du temps d’un passif : un endettement excessif ou une fiscalité sous-dimensionnée sont souvent hérités de la mandature précédente. Il ne faut donc pas oublier de prendre en compte la durée du mandat des maires sortants pour en tirer un bilan honnête.

[Jean-Philippe]

Voici quelques autres chiffres intéressants :
sur 236 villes de plus de 30 000 habitants, 75 sont restées en permanence à gauche et 54 à droite (soit un total de 55% de villes sans alternance).
En 1977 et 2008, la gauche a gagné respectivement 160 et 140 villes.
En 1983 et 2001, elle en a perdu 111 et 126.
Les basculements sont facilités d'après cette étude de Martial Foucault (Directeur du Cevipof) par une plus forte mixité des catégories socioprofessionnelles, la bonne gestion financière, mais aussi les configurations politiques locales (dissidences, triangulaires, alliances...).

Alors qu'en 1983, on observait seulement 13 cas de listes dissidentes (8 à droite), ce chiffre atteignait 128 en 2001 et 73 en 2008 (52 à droite). [...]
Mesuré depuis 1983, l'effet des dissidences à droite représente en moyenne une perte de 5 points de pourcentage des voix au premier tour et 2,5 points pour une dissidence de gauche.

[Jean-Philippe]

Selon le ministère, "l'âge moyen des candidats est de 50 ans". Le plus jeune est une femme qui aura 18 ans le 22 mars (veille du 1er tour) en lice au Mémont, un village du Doubs de quelque 300 habitants. Et le plus âgé est aussi une femme de bientôt 103 ans (elle est née le 14 mai 1911), candidate [FN] à Marseille.

On compte, hors Nouvelle-Calédonie où la date limite est samedi 15 mars, 928.901 candidats, soit 3 fois plus qu'en 2008 (environ 270.000), date à laquelle les listes des petites communes de moins de 2500 habitants (si je ne me trompes) pouvaient encore être incomplètes.
2.743 sont des ressortissants étrangers de l'Union européenne (source).

[MiniM]

Une erreur dans l'article, Le Mémont n'a pas 300 habitants, mais 41.

[Guillaume06]

les Echos ont mis en place une sorte de moteur de recherche qui donne pour chaque commune une fiche détaillée avec outre les candidats, des données insee , les votes lors des précédents scrutins,et une notation sur 5 critères :
- compétitivité fiscale
-dynamisme entrepreneurial
- situation financière
- cohésion sociale
-politique du logement
on peut comparer une commune avec une autre, la moyenne régionale ou nationale
http://communes.lesechos.fr/municipales-2014

[vincent]

En support de différentes analyses, certains pourraient avoir un intérêt pour http://www.resultats-elections.net

Il s'agit d'une version bêta (quelques bugs possibles) et les données ne sont pas encore exhaustives. Mais déjà quelques éléments communes par communes dans cette toute première version.

[ligerien]

En support de différentes analyses, certains pourraient avoir un intérêt pour http://www.resultats-elections.net

Il s'agit d'une version bêta (quelques bugs possibles) et les données ne sont pas encore exhaustives. Mais déjà quelques éléments communes par communes dans cette toute première version.

Super outil pour les analyses locales. Bravo.

[Jean-Philippe]

Quelques autres chiffres :
Le nombre de listes déposées entre 2008 et 2014, dans les communes de plus de 3500 habitants, a augmenté de 12 % : 9630 lis­tes en 2014, contre 8578 en 2008 (source).
L'augmentation du nombre de communes concernées n'explique qu'en petite partie cette augmentation.
Je pense que le rebond du FN, ainsi que les divisions plus grandes à gauche (PS davantage contesté) mais aussi à droite (UDI davantage capable de s'affirmer), y sont aussi pour quelque chose.

Par «nuances» politiques, le ministère constate une augmentation sensible des listes divers gauche (1864 contre 1430 en 2008) et divers droite (2440 contre 2109). En 2014, toujours dans les communes de plus de 3500 habitants, l'UMP a déposé 555 listes, l'UDI 241, l'Union centriste 52, le MoDem 54 et l'Union de la droite (UMP-UDI-MoDem) 569. En 2008, il y avait 1378 «majorité présidentielle», 189 listes centristes et 371 listes MoDem.

On passe donc de 1938 à 1471 listes de centre-droit et de droite en 6 ans, soit une forte diminution de 25%, compensée en bonne partie par la hausse des listes DVD.

À gauche, on compte cette année 689 listes PS (848 en 2008), 807 listes d'Union de la gauche, 126 listes communistes (212 en 2008), mais cette année il existe une certaine porosité entre le PCF, les 339 listes Front de gauche et les 55 listes du Parti de gauche. Le FN a manifestement plus de candidats dans les communes de 3500 habitants et plus, avec 537 listes contre 110 en 2008, sans compter 18 listes classées d'extrême droite.

Évidemment, il faut se méfier des étiquettes du ministère (elles étaient déjà contestées en 2008, je crois), mais la tendance est là.

[Vaulti]

Des manipulations plus ou moins honteuses de la part du ministère de l'intérieur et des préfets surtout en ce qui concerne les membres du Front de Gauche.
Par exemple, dans le Pas de Calais, les maires FG (candidats aux législatives sous cette étiquette) de Lillers, Burbure et Divion se retrouvent classés DVG. Alors que les maires FG de Billy-Montigny et Avion sont classés UG (probablement soutenus par le PS).
Dans le Nord voisin, la plupart des listes FG sont classés en liste communiste...

Récapitulatif des candidatures et surtout des "nuances" utilisées sur le site du ministère de l'intérieur:
http://elections.interieur.gouv.fr/MN2014/index.html

[benplc]

Municipales : Quelle base de comparaison choisir pour suivre l'évolution du rapport de force?

http://bensan.typepad.com/ben/2014/03/m ... force.html

Si vous vous intéressez aux municipales, vous allez remarquer dans tous les articles et reportages qui vont être publiés d'ici le 1er tour, de vraies différences pour évaluer les progressions des uns et des autres par rapport au dernier scrutin de 2008.

Cela rend la comparaison assez complexe alors qu'aux législatives c'est très facile et tout le monde se retrouve avec les mêmes bases (nombre de députés de gauche ou de droite avant l'élection, nombre de députés après )

Essayons donc de décoder ces variations:

-Différence qui saute aux yeux, certains prennent les villes de + de 30 000, d'autres celles de + de 50 000, d'autres + de 20 000, d'autres + de 9000. Evidemment la progression de la gauche et le recul de la droite ne sont pas les mêmes sur ces strates. Pour ma part, je prends toujours pour référence les villes de + de 30 000 ;

Mais même sur ces villes de + de 30 000, les chiffres varient :

-D'abord certains comptages se font avec les DOM-TOM d'autres uniquement sur la métropole . Si on prend la France entière, les villes de + de 30000 habitants sont au nombre de 260.Si on ne prend que la métropole : 243

-Ensuite il y a eu des évolutions de population. Certaines villes étaient sous la barre des 30 000 en 2008 avant le dernier recensement et sont passées au dessus depuis. Cela peut induire aussi quelques petits décalages

-Il faut noter également que deux villes ont changé de camp depuis 2008 parce qu'elles ont connu une élection partielle. Carcassonne et Goussainville sont ainsi passées de Droite à Gauche dans le cadre d'une partielle depuis 2008.A l'inverse en 2010 Noisy le Sec est passé de Gauche à Droite.

Je choisis de retenir pour ma part les élus de 2008 et pas les sortants de 2013

-Enfin, certains pointages intègrent dans ce groupe des villes de + de 30 000 habitants, les villes préfectures qui sont en dessous de ce seuil. Cela permet d'avoir un ensemble avec au moins une ville par département. Par exemple, l'Aveyron, la Meuse, et une dizaine d'autres départements sont dans ce cas. Ce groupe villes de + de 30 000 et villes préfectures en dessous du seuil atteint donc 275 sur la France entière (DOM TOM inclus ) et 258 sur la Métropole. Si on prend dans ce groupe les villes ayant basculé la base France Entière la différence n'est pas mince : 42 sont passées de Droite à Gauche en 2008 si on prend la base France entière, 37 seulement sur ce groupe si on prend la Métropole

C'est ce dernier chiffre 258 que personnellement je retiendrais pour établir mes comparaisons.

258 villes de + 30 000 habitants incluant les villes-préfecture en dessous de ce seuil et situées uniquement en Métropole et Corse bien sur.

En prenant cette base de comparaison, la Gauche a donc gagné 39 villes (37 prises à la droite, 2 au MODEM ) , 5 sont passées de Gauche à Droite, 1 de la Droite au Modem

Dans ces mêmes villes, en 2001, 33 villes étaient passées de Gauche à Droite, mais 15 de Droite à Gauche.