Relique a écrit:Je vous trouve tous assez confiants dans vos idées.
Si le score d'une liste nationale était toujours le seul critère de résultat, il me semble que nous pourrions tous arrêter ici ce forum et aller à la pêche...
Dois-je rappeler que parmi les 25 circonscriptions ayant placé Bardella le plus haut en suffrages exprimés il y a trois semaines, 15 seulement ont un député RN (ou extrême droite) ? (6 circonscriptions non obtenues étaient dans les Hauts-de-France, d'ailleurs...)
Chez les 25 suivantes, c'est 16 circonscriptions obtenues en 2022. Puis 14 et encore 14, puis 10, puis 5, puis 8, 3, 1 et 2. La dernière circonscription obtenue est la 246ème circonscription dans laquelle Bardella a obtenu son meilleur score.
Si on regarde les résultats 2019, nous sommes à 16/25, 14/25, 15, 13, 11, 7, 5, 5, 0, 0, 1, 0, 1 le dernier député élu l'étant dans la 310ème meilleure circonscription.
Encore une fois, je trouverais un argument tout à fait valable et très convaincant que vous me disiez que les résultats des européennes auront un résultat bien plus pertinent que lors des élections législatives précédentes (peut-être le RN ne sera pas à 60% de réussite dans ses 50 meilleures circonscription mais plutôt 80 ou 90), mais calquer bêtement les résultats sans prendre en compte de facteurs locaux me semble assez inutile sur ce forum. C'est un indicateur, très important, mais qui ne peut pas passer outre d'autres: la qualité des candidats (peut-être moins pertinente pour le RN) et surtout des adversaires, la configuration du deuxième tour, etc...
Et quand les "élus implantés" sont élus dans 40% des 50 meilleures circonscriptions du RN en 2024, oui, il me semble qu'il est intéressant d'en tenir compte ;)
Personne n'a dit ici que les résultats des élections législatives seront un décalque parfait de ceux des européennes, loin de là .
Mais bon, là , vous êtes littéralement en train de dire que des circonscriptions où le RN a eu plus de 30 points d'avance sur le total PS+LFI+ECO+PCF+LO+ND+DVG vont basculer du RN vers la gauche...
Le tout sachant que :
- Les élections législatives de 2024 seront certainement l'anti-régionales 2021. J'entends par là que nous avons eu en 2021 des élections régionales sans campagne électorale, sans enjeux clairement définis et avec une participation abyssale. Les électeurs qui se sont déplacés l'ont fait pour des raisons purement locales et les résultats ont montré les effets de la prime aux sortants et à l'implantation dans sa forme la plus caricaturale. Cette fois-ci, les enjeux nationaux sont hyper exacerbés et la participation sera la plus haute depuis plus de 20 ans. Ramdams soulignait plus haut à juste titre que les effets de l'implantation locale, bien qu'ils existent, sont souvent très surestimés, tellement surestimés que même ceux qui en sont conscients la surestime
quand il s'agit de parler de leur propre circonscription :D
Et encore, en 2017 et en 2022, on était dans un contexte de participation assez faible : le match était déjà joué après l'élection et la réélection de Macron à la présidentielle ce qui a conduit des électeurs à voter "local" à ce scrutin tandis que les électeurs les plus éloignés de la politique et donc les moins à même d'être sensibles à l'implantation de leurs élus n'avaient pas pris part au scrutin. En 2024, ce ne sera pas le cas, les effets de l'implantation vont nettement s'affaisser.
- Il y a d'une part comme je le disais une surestimation des effets de l'implantation locale mais il y a aussi une surestimation de ce qu'est vraiment un élu implanté. Sans leur faire injure, Alain Bavay et Jean-Jacques Cottel ne sont personne pour l'électeur moyen. Alors ils ont sans doute une petite notoriété supérieure à celle du candidat moyen, certes, mais le genre de notoriété qui peut faire passer d'une défaite serrée à une victoire serrée, pas de combler un retard monstrueux de 35 points. Surtout dans des circonscriptions où le RN va lui-même bénéficier à sa façon de l'effet implantation dans ces circonscriptions puisqu'il y est le sortant, excusé du peu, ce qui n'est pas le cas de ces élus pseudo-implantés. Car quand on parle d'élus implantés, on parle de Charles de Courson, on parle d'André Chassaigne, on parle de Jean-Louis Bricout (et encore, sa circo est tellement RN que ça ne le sauvera peut-être pas cette fois-ci), on parle de Jean-Luc Warsmann, on parle de Pierre Cordier, on parle de Laurent Wauquiez, on parle de Nicolas Dupont-Aignan, on parle de Vincent Descœur et dans une moindre mesure, on parle de Sébastien Jumel et de Jean-Marc Tellier (et encore, là aussi, le second sera battu malgré tout, et le premier n'est pas dans une situation confortable non plus). J'en oublie quelques uns, mais pas tant que ça.
Tout le monde a tendance à penser que sa circo et son petit territoire sont spéciaux, que ses petits élus, eux, sont différents, ils sont connus et reconnus. Et les électeurs de leur circo sont spéciaux aussi bien sûr : ils ne sont pas du genre à jeter des élus qui prennent la peine de venir serrer des paluches sur les marchés quand même. Ils sont au-dessus de tout ça ! A écouter tout le monde, on croirait qu'il y a 577 circonscriptions avec des élus implantés qui peuvent retourner la totalité de l'électorat par la simple force de l'implantation. Spoiler : dans 95% des cas, ce n'est pas le cas, et les élus implantés sont au mieux des pétards mouillés.