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Bilan des élections partielles de janvier à juin 2010

Réagissez sur ce forum aux différentes élections partielles qui ont lieu ponctuellement un peu partout en France.

Bilan des élections partielles de janvier à juin 2010

Messagede VincentCharlot » Lun 28 Juin 2010 06:42

Elections du mois de juin 2010
A la fin du mois de mai et au cours du mois de juin 2010 se sont déroulées une élection législative (4ème de l'Isère), 14 élections cantonales (sans compter l'élection partielle de Tourcoing dont le deuxième tour aura lieu le 4 juillet) et 4 municipales.

L'élection législative a vu la victoire de la candidate PS qui a remplacé Didier Migaud nommé à la tête de la Cour des Comptes. Quelques commentaires avaient porté sur le caractère "migaudien" de la circonscription qui laissaient entendre qu'elle serait plus migaudienne que socialiste ou de gauche. Qu'il me soit permis au vu des résultats de rectifier cette affirmation. La circonscription est aujourd'hui à gauche (et plutôt socialiste), mais Didier Migaud ajoutait sur son nom un plus important.

L'abstention est extrême forte (70,15% au 1er tour et 68,87% au second tour)
Au premier tour, la candidate socialiste mène largement (39,31% au lieu de 46,58% en 2007 pour Didier Migaud), mais Europe-Ecologie (12,63% au lieu de 3,69%) le Front de gauche (6,81% au lieu de 4,67% pour l'ensemble PCF/EG) augmentent de façon importante, sachant qu'il n'y avait pas de candidats d'extrême gauche.
La gauche au premier tour est au total plus forte qu'en 2008 (58,75% contre 54,95%), mais au deuxième tour la personnalité de Didier Migaud lui permettait de dépasser largement le cadre de la gauche (avec 62,76% et + 7,81% par rapport au premier tour). la candidate socialiste dépasse en terme de voix le total de la gauche du 1er tour et reste en pourcentage très près de celui de la gauche du 1er tour 58, 35%)
A droite, l'UMP (débarrassé de la concurrence du MoDem (5,76% en 2008) obtient 32,93% (au lieu de 31,70% en 2007) et le FN se hisse à 7,40% au lieu de 3,38% en 2007. Au total, la droite rassemble 41,25% au premier tour contre 43,35% en 2007) et 41,62% au second tour. Ce qui montre par ailleurs que l'électorat frontiste se reporte sans problème sur le candidat UMP.

Sur les 13 élections cantonales de la période, 5 concernaient la Martinique où je n'ai pas analysé la situation des partis départementaux différents des partis traditionnels de la métropole. Vous voudrez bien m'en excuser. En tout cas, les "divers gauche" conservent 3 sièges et en perdent 1 au profit d'un "divers droite" lesquels récupèrent un siège de l'UMP, ceci dans un contexte d'un taux d'abstention très fort.

Sur les 8 autres élections cantonales (Limoges Planazol, Houdain, Villeurbanne Centre, Troyes II, Amiens 5, Saint-Laurent de la Salanque et Olmetto), le PS enregistre de très mauvais scores, à l'encontre de la victoire des régionales. Il perd 3 sièges au profit de la droite (1 UMP et I NC) et du PCF (1) pour en conserver deux (dont 1 de justesse. Un divers gauche remplace u Radical de Gauche). Pendant ce temps, l'UMP conserve un siège et en perd un au profit d'un divers-droite.
Avant de tirer des conclusions définitives, il convient d'observer le taux d'abstention exceptionnellement fort. Il convient d'attendre afin de voir si ce tournant n'aura été qu'un mauvais pas et une tendance plus marquée.

Quant aux 4 municipales (Cesson, Royan, Pont à Mousson et Gargenville), elles confirment cette mauvaise passe, puisque la gauche perd deux municipalités (Une Verte et une divers-gauche au profit de Divers-Droite) alors que la droite conservent ces deux municipalités (UMP et Divers-droite).

Bilan de janvier à juin 2010 en sièges

Au plan législatif, le PS conserve son siège dans la 4ème circonscription de l'Isère.

Sur les 21 cantonales:
Le deuxième tour devient la règle (16 sur 21 contre 11sur 21 auparavant)

Le PCF perd un siège (au profit du PS) et en gagne un (au détriment du PS).
Le PS avait 5 sièges, il en retrouve 4. Il en conserve 2, en gagne 2 (au détriment d'un PCF et d'un Divers-gauche) et en perd 3 (au profit d'un PCF, d'un NC et d'un UMP).
Le RG perd son siège au profit d'un divers-gauche
Quant aux divers-gauche, ils obtiennent 6 sièges comme auparavant. Ils conservent 4 sièges, en gagnent deux (au détriment d'un RG et d'un MoDem) et en perdent deux (au profit d'un PS et d'un Divers-droite)
A droite, le Modem obtient 1 siège au lieu de deux. Il perd ses deux sièges (1 au profit d'un Divers-gauche et un pour un Divers-Droite). Il gagne 1 siège au détriment d'un divers-droite.
Le Nouveau-Centre qui n'avait pas de siège en gagne un au détriment du PS.
L'UMP obtient 4 sièges aussi bien actuellement qu'auparavant. Elle conserve 3 siège, en gagne 1 sur le PS et en perd un au profit d'un Divers droite.
Les divers droite passent de 2 à 4 sièges. Ils conservent 1 siège, en gagnent 3 (au détriment d'un UMP, d'un Divers-Gauche, et d'un MoDem) et en perdent pour un DG.

Au final, la gauche qui avait 13 sièges n'en a plus que 11 sur 21.

Voyons maintenant les résultats en voix.

L'élection législative partielle a déjà été analysée.

Sur les 21 élections cantonales, la participation s'élevait à 61,49%. Cette fois-ci, elle chute à 30,52%! Dans certains cantons, elle chute à des profondeurs jamais atteintes auparavant ( notamment à Villeurbanne, Amiens ou Troyes, etc...)

La gauche obtenait aux élections générales précédentes (2004 ou 2008) 48,06%, elle n'en obtient cette fois-ci que 47,12%, soit -0,94% tandis que la droite rassemblait 48,36% auparavant et cette fois-ci 50,13% soit +1,77%, les "divers" descendant de 3,59% à 0,41%.

Si la perte ou le gain peut sembler modeste, il est nécessaire de s'y pencher avec attention puisque c'est la première depuis longtemps que cela arrive dans une période marquée juste auparavant par une victoire remarquable de la gauche aux élections régionales au moment où le gouvernement s'engage dans une période difficile pour lui.

Examinons les chiffres:
A gauche, le Front de Gauche et l'extrême-gauche réalise 7,50% (respectivement 7,01% et 0,49%), soit le même résultat en pourcentage qu'auparavant avec 7,43% (respectivement 5,41% et 2,02%.

Par contre, le PS et les Radicaux de gauche chutent de 27,24% (25,73 pour le PS et 1,51% pour les RG) à 19,16%, soit -8,08%. uniquement causé par les élections partielles de juin.

La montée des Verts, logique après les régionales (de 3,00% à 6,51%) ainsi que des divers-gauche de 10,38% à 13,96% ne peut compenser cette perte importante.

A droite, les changements sont aussi importants.
L'ancienne UDF réalisait 7,52% alors qu'aujourd'hui l'ensemble centriste (MoDem et Nouveau Centre rassemble 7,62% (MoDem 6,62% et Nouveau Centre 1,60%)
l'UMP passe de 19,22% à 20,17% (soit +0,95%)
Les Divers-droite croissent de 11,90% à 17,57% (soit + 5,67%)
Enfin, le FN qui était à 9,36% baisse à 4,76% (soit - 4,60%).
Il semble bien que la "droite plurielle" fasse mieux que résister à la gauche quand elle se présente sous sa forme locale que sur sa forme nationale au contraire de la gauche qui semble en avoir pâti.

Enfin, les "divers" (Régionaliste, écologistes indépendants et vrais divers) passent de 3,59% à 2,75%).

Les 8 élections municipales de ces villes de plus de 3500 habitants (Cesson, Royan, Pont à Mousson, Gargenville, Cannet en Roussillon, Plomeur-Bodou, Guise et Luisant) confirment cette tendance puisque la gauche obtient 27,03% au lieu de 32,01% dans ces municipalités très orientées à droite. Mais la gauche (menée presque toujours par des divers-gauche) trouve le moyen de perdre deux municipalités (1 divers-gauche et une verte) pour n'en conserver qu'une divers-gauche.
Pendant ce temps, la droite reste stable avec 65,67 au lieu de 65,59%
Elle garde facilement 3 villes (2 UMP, 1 DD),
L'UMP conquiert une ville sur un DD.
3 DD battent deux DG et une municipalité verte.
Il s'agit là de défaites de la gauche et non seulement du PS.

Pour les seconds tours, un élément supplémentaire aggrave de façon spectaculaire le mauvais score de la gauche. En effet, dans des cantons où l'abstention atteint des records historiques, dans plusieurs cantons, la gauche ne qualifie pas un de ses candidats et son électorat ne peut plus jouer qu'un rôle éventuel d'arbitre entre deux candidats de droite.

Tirer des conclusions définitives de l'incontestable échec de la gauche et notamment du PS dans ces élections partielles du mois de juin serait manquer de la plus élémentaire prudence.

Plusieurs éléments rentrent en ligne de compte:

1° l'abstention
Comme nous l'avons dit, l'abstention atteint des records historiques (Villeurbanne, Amiens, Tourcoing, Houdain etc...). A ce niveau, toute analyse commence à être très risquée, même si on peut observer que l'abstention de masse se répartit à peu près à part égale dans les camps politiques. Il se peut cependant qu'un électorat de gauche et notamment PS se soit démobilisé après la victoire de la gauche aux régionales et qu'à l'inverse un certain électorat de droite se soit rebellé face à une victoire trop écrasante.

2°) Les considérations locales
Une deuxième donnée sans doute à intégrer est le retour pendant un petit temps de considérations locales. Alors que la droite n'en pouvait plus d'une bougeotte permanente du pouvoir sarkozyen et d'une perte de repère au niveau national, les élites locales sont un rempart autrement plus fort face à la gauche. Par ailleurs, le retour aux "fondamentaux" de la droite (rigueur, austérité, sang et larmes, "Père la rigueur- fouettard!!!) pendant quelque temps peut solidifier un bloc cependant pluraliste.
Pendant ce temps, la gauche peut avoir du mal à coaguler ces courants si son moteur principal baisse fortement.

3°) Les éléments contraires
Quelques éléments fondamentaux viennent cependant contrecarrer ce début de renversement de tendance:
Le comportement du président Sarkozy
Alors que nous pouvions penser que Nicolas Sarkozy avait tiré les leçons des dommages de la période "Bling-bling" et de son hyperactivisme, la toute dernière période nous prouve qu'il n'en est rien. Le président a repris son habitude de s'occuper de tout et de n'importe quoi, courant le risque permanent que le moindre échec lui soit reproché.
Par ailleurs, les scandales divers et variés d'une société dure aux faibles et douce aux forts, ont tendance à reparaître et toute injustice se transforme en problème politique majeur.
Enfin, dans une crise économique profonde, les ressorts naturels de protestation jouent naturellement contre le pouvoir en place.
Au contraire, la stratégie intelligente des socialistes de mettre sous le boisseau leurs querelles de personnes et de travailler leur projet pour 2012, tout en montrant leurs critiques profonde du système Sarkozy devrait leur permettre de présenter un visage sérieux et crédible d'alternative politique.

C'est pourquoi il me semble que nous devons attendre les élections partielles du second semestre pour pouvoir tirer plus de conséquences politiques sans que nous abandonnions toutes les analyses mensuelles et élection après élection!
VincentCharlot
 
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Re: Bilan des élections partielles de janvier à juin 2010

Messagede Jean-Philippe » Lun 28 Juin 2010 10:36

Beau travail et belle conclusion nuancée.
Pour expliquer les défaites du PS (Amiens et Ploërmel notamment), il convient de rappeler qu'il s'agit de fiefs de droite passés à gauche en 2004 (mars et juin). Les scrutins de juin 2010 peuvent donc être vus comme un retour à la situation antérieure à 2004 (pareil à Cesson et Gargenville). Le bilan n'est donc pas si mauvais que cela pour la gauche qui reste en position de force dans ses fiefs, ne perdant que lorsqu'elle est divisée (Pleumeur-Bodou surtout). Dans les fiefs de droite, la gauche fait parfois bonne figure comme à Pont-à-Mousson.
Le test principal va être la législative partielle des Yvelines où l'on devrait voir une nouvelle fois qu'en politique 1+1 ne font que rarement 2.
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