Politiquemania

La base de données de la vie politique française

De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Forum de discussion axé sur les élections européennes en France du 26 mai 2019. Discutez de la campagne, des candidats et des partis en présence.

De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Azertyuiop » Sam 9 Mar 2019 19:04

Les élections européennes montreront-elles un bouleversement de la carte électorale qui s'était esquissée au soir du premier tour de la présidentielle ? Quelques éléments peuvent laisser le penser : deux ans d'exercice du pouvoir macronien dont beaucoup d'électeurs pouvaient ne pas savoir qu'en penser lors de la présidentielle et qui en auraient aujourd'hui une idée plus précise, les turbulences au sein de la France insoumise avec notamment l'abandon de la ligne souverainiste et le retour à une ligne communautariste plus assumée, l'explosion en vol de la droite, le possible élargissement de la fracture territoriale déjà très marquée du vote RN, la réapparition des Verts qui s'étaient effacés lors du scrutin présidentiel...
Je propose une analyse un peu poussée de la carte électorale ayant pour objectif de comparer son évolution entre la présidentielle et les européennes approchantes. Les deux objectifs étant de voir si chaque force politique a un vote sociologique et géographique marqué et quels sont les partis dont les cartes électorales se recoupent (ou pas). J'ai donc analysé la carte électorale dessinée par le premier tour de la présidentielle afin d'en tirer les principales tendances quant à la fracture territoriale du vote pour chaque candidat, les principales zones de forces et de faiblesse de chacun ainsi que la corrélation des votes de chaque candidat entre eux (je suis sûr que tout le monde meurt d'envie de savoir avec quel vote celui de Jacques Cheminade est le plus corrélé :D)

Méthodologie : analyse du vote par circonscription législative et par bureau de vote. L’analyse par bureau de vote ayant pour objectif de cibler au mieux les ressemblances sociologiques des différents électorats, l’analyse par département étant quant à elle destinée à cibler des espaces géographiques tout en permettant une analyse plus précise pour les petits candidats, dont la différence d’une seule voix dans un bureau crée des différences trop importantes pour bien analyser leur sociologie électorale à ce niveau. Sont exclus de l'analyse les circonscriptions et les bureaux des départements corses ainsi que tous les territoires d'Outre-Mer de manière générale et les bureaux et circonscriptions des Français de l'étranger, car le vote de ces ensembles sont très différents intrinsèquement d'une présidentielle à des européennes et ne permet pas une comparaison non biaisée entre les deux scrutins. Les bureaux de vote sont tous pondérés par leur poids réel dans le corps électoral retenu. Les circonscriptions également bien qu’en se limitant à la métropole, elles sont de populations semblables (mais l’abstention différentielle peut rendre les différences non négligeables). Après les européennes, l'analyse sera refaite afin de voir quels sont les éléments qui auront le plus évolué.

Les résultats par circonscription (535 circonscriptions) ont été tirés de ce fichier : https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/el ... er-tour-1/

Les résultats par bureau de vote (65999 bureaux de vote) de celui-ci : https://www.data.gouv.fr/s/resources/el ... _T1_FE.txt après suppression des bureaux de vote dont les suffrages ont été annulés par le Conseil constitutionnel dont la liste est donnée ici : https://www.conseil-constitutionnel.fr/ ... 169PDR.htm


Commençons par la fracture territoriale de chaque vote : j'entends par fracture territoriale si les scores d’un candidat par circonscription ou par bureau sont tous très proches de la moyenne nationale ou peuvent au contraire tutoyer les étoiles comme creuser les bas-fonds. Je calcule donc pour chaque candidat leurs coefficients de variation, c'est-à-dire l'écart-type du vote divisé par leur moyenne nationale. Il existe des différences substantielles selon si on se place du point de vue des circonscriptions ou des bureaux de vote. Commençons par les circonscriptions.
C'est Lassalle qui a obtenu le coefficient de variation le plus élevé avec un impressionnant 89,48%, conséquence d'une fracture territoriale gigantesque antre le Sud-Ouest et l'Île-de-France sur laquelle je reviendrai. Loin derrière mais toujours dans la catégorie des votes marquées géographiquement, Le Pen avec un coefficient de variation de 37,24%, suivie de très près par Arthaud avec 36,23%. Le vote Hamon a aussi été marqué territorialement avec 31,54% de coefficient de variation. Suivent ensuite les votes Dupont-Aignan (29%), Fillon (27,93%), Poutou (26,81%) et Asselineau (26,26%). En queue de liste, Mélenchon avec un coefficient de variation de 23,93%, puis Macron qui avec 20,08% a eu un vote particulièrement homogène. Enfin, Cheminade a connu un vote étonnamment uniforme avec un coefficient de variation de seulement 16,02%.

Passons maintenant à l’analyse par bureau de vote. Comme indiqué dans le point méthodologie, le faible nombre de suffrages par bureau obtenus par les petits candidats donne des variations beaucoup plus importantes pour chacun d’eux, sans que cela vaille dire grand-chose. Ainsi, Cheminade qui avait le plus faible coefficient de variation a cette fois le plus élevé avec 112,67% ! Suivent Lassalle avec 111,93%, Arthaud (76,8%), Asselineau (68,12%) et Poutou (59,34%). Pour les candidats plus importants, le vote Le Pen est toujours très hétérogène (45,76%) tout comme les votes Fillon (43,61%) Dupont-Aignan (43,52%) et Hamon (43,41%). Pour Fillon, ce vote hétérogène en fonction des bureaux de vote se retrouve beaucoup moins si on fait l’analyse par circonscription et même pas du tout si l’analyse était faite par département (on trouverait alors un vote à peine plus hétérogène que celui de Macron). Mélenchon également voit l’hétérogénéité de son vote nettement augmenter avec une granularité d’analyse maximale (son coefficient de variation passe à 36,34%) tandis que Macron est le seul à se distinguer par un vote nettement plus homogène que ses concurrents avec un coefficient de variation de 26,4%. Ce n’est pas le cas lors d’une analyse par département où Mélenchon dispose là d’un vote encore un peu plus homogène que celui de Macron. Mélenchon, derrière un vote assez uniforme sur chaque département - avec un minimum assez haut dans l’Aube (13,97%) et si on fait abstraction du pic en Seine-Saint-Denis, un maximum assez bas également – se cache un vote très marqué sociologiquement (cela vaut aussi pour Fillon) alors que le vote Macron a été plutôt attrape-tout : plutôt haut chez les cadres et bas chez les classes populaires mais sans véritable excès. Il sera intéressant de voir si cela évolue aux européennes.

Pour ce qui est des zones de force et de faiblesse de chacun des candidats, sans surprise, Macron est particulièrement fort en IdF et dans l'Ouest (tous les départements de son top 10 se trouve en IdF ou dans la Bretagne historique). Viennent ensuite le Puy-de-Dôme et les trois départements limousins. Il faut ensuite attendre le 32ème meilleur département pour trouver un département de l'est de la France (Isère). Pour les zones de faiblesse, il s'agit là encore sans surprise du littoral méditerranéen, des Hauts-de-France hors Somme, du Grand-Est hors Bas-Rhin, à quoi on peut rajouter les Alpes-de-Haute-Provence, la Sarthe qui se distingue dans l'Ouest (effet Fillon ?), l'Eure et le Tarn-et-Garonne.
Le Pen cartonne avant tout dans le nord et le nord-est (il faut attendre le 8ème meilleur département pour voir apparaître un département du sud en l'occurrence le Vaucluse, talonné par le Var). Mais globalement, on peut se contenter pour les zones de force comme pour les zones de faiblesse de prendre le miroir du vote Macron : nous y reviendrons quand on abordera la question des corrélations des votes.
Le vote Fillon est avant tout concentré dans l'ouest francilien. On notera toutefois une tâche bleue autour de la Sarthe (Mayenne, Orne, Vendée et Maine-et-Loire), deux bastions qui se maintient à l'extrémité sud-est (Var et Alpes-Maritimes), en Savoie élargie (Savoie+Haute-Savoie), ainsi que des scores appréciables dans les départements ruraux historiquement conservateurs (Cantal+Lozère). En revanche, exceptions faites des deux départements mentionnés, le littoral méditerranéen qui été devenu un bastion de la droite ces dernières années n'en est plus un désormais, de même que les bons scores de la droite obtenus dans le Grand-Est ont été totalement absents en 2017 (seule l'Aube a fait de la résistance en restant le 14ème département le plus filloniste de France).
Le vote Mélenchon est avant tout un vote du Sud-Ouest mais on notera quand même la présence de trois départements franciliens dans le top 4. On peut également relever les bons scores sur le littoral méditerranéen, hors Var et Alpes-Maritimes, ainsi que les tâches rouges un peu isolées en Seine-Maritime, Loire-Atlantique, Puy-de-Dôme, Nord, Ardèche et dans les départements alpins. Les flops sont concentrés essentiellement dans le nord-est de la France (surtout l'Alsace), sur une région englobant les Pays-de-la-Loire (exception faite de la tâche rouge en Loire-Atlantique) et la Basse-Normandie et à l'extrême sud-est du pays.
Le vote Hamon se concentre sur tout le front ouest de la Bretagne jusqu'aux Pyrénées-Atlantiques ainsi qu'à Paris et en petite couronne francilienne. Il fait un flop en revanche dans tout le nord et nord-est de la France sans aucune exception ainsi que sur le littoral méditerranéen sans exception également. En plus d'être marqué géographiquement par département, le vote Hamon est aussi confiné dans des espaces larges bien particuliers tandis qu'on peut trouver de vastes "déserts hamonistes". A part Paris, il n'y a pas vraiment de "tâches roses" comme on peut en voir avec Fillon ou Mélenchon.
Dupont-Aignan fait clairement ses meilleurs scores dans le Grand-Est. Si on fait abstraction de son meilleur département qui est son fief de l'Essonne, mais on observe des scores significatifs dans certains départements ruraux de Normandie, du Centre, voire même des Pays-de-la-Loire (on notera quand même un creux dans la Sarthe : toujours l'effet Fillon). Il est en revanche faible en Île-de-France, en Bretagne ainsi que dans tout le sud de la France, que ce soit le sud-ouest ou le littoral méditerranéen.
Le vote Lassalle est le plus marqué géographiquement : il est très au-dessus de sa moyenne nationale dans tous les départements ruraux du sud-ouest : la Creuse se distingue avec un score inférieur à 2%. Il est à titre indicatif très haut en Corse bien que la Corse n'ait pas été retenue dans l'étude. Il est en revanche très bas dans tous les départements franciliens (et ça s'aggrave dès qu'on se rapproche de Paris, son flop numéro 1). Il est aussi bas dès qu'un département comporte une grande ville (Seine-Maritime, Nord, Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine, Maine-et-Loire, Rhône,...).
Le vote Poutou est avant tout un vote du sud-ouest d'où il est originaire mais il y a des pointes en Bretagne (Finistère où le NPA a un allié local Breizhistance) où dans le Grand-Est (Vosges et Haute-Saône). Il est en revanche faible en IdF, sur le littoral méditerranéen ainsi qu'en Rhône-Alpes.
Le vote Asselineau est avant tout un vote francilien et alsacien, avec également le Territoire-de-Belfort, proche de l'Alsace toutefois, qui se hisse à la 3ème place. Plus largement, il est fort dans l'est de la France et sur le littoral méditerranéen. En revanche, il est faible dans le sud-ouest et dans les zones rurales (pic à la baisse très marqué dans le Cantal). Le Pas-de-Calais lui accorde un très faible score comparé aux départements limitrophes.
Le vote Arthaud est très marqué géographiquement. Des scores très élevés sont à noter dans certains départements du nord et du nord-est mais également dans les zones rurales de la région Centre, avec des pointes dans certains départements du nord-ouest : Orne, Mayenne, Deux-Sèvres, Vienne, Manche. Le vote Arthaud est faible sur le littoral méditerranéen, en Île-de-France et de manière un peu moins marquée mais quand même très nette, dans les départements ruraux de du sud-ouest (je soupçonne "l'implantation locale" de Poutou qui lui pique des voix potentielles dans ces territoires).
Pour Cheminade, je passe, c'est assez uniforme et il est assez difficile de voir a priori une quelconque cohérence géographique dans les zones de forces et de faiblesses. On notera qu'on sent qu'il s'agit d'un vote "anti-système" sur lequel je reviendrai.

Je termine par les corrélations des votes entre candidats. Pour commencer, une analyse par circonscription législative.

Concernant Macron, son vote est corrélé négativement avec tous les candidats, sauf Hamon (corrélation positive à 72,92%), Fillon (corrélation positive à 29,31%) et Mélenchon (corrélation positive à 8,56%). On a une confirmation que le vote Macron de la présidentielle est avant tout un vote des "électeurs du système" avec des zones de forces qui recoupent celles des anciens partis de gouvernement. On notera toutefois la corrélation extrêmement élevée avec le vote PS tandis que celle avec le candidat LR reste bien plus modeste. Un des enjeux aux européennes sera de savoir si cela se rééquilibre et si oui, dans quelles proportions. Pour les autres candidats, le vote Macron n'est quasiment pas corrélé avec le vote Lassalle (négative à seulement 7,19%) mais corrélé négativement de manière quasi-parfaite avec le vote Le Pen (à 92,28%). On notera aussi une corrélation négative à 44,87% avec le vote Dupont-Aignan, à 45,12% avec le vote Arthaud et à 20,01% avec le vote Cheminade.
Le vote Le Pen est comme dit précédemment, anti-corrélé à plus de 92% avec le vote Macron. Anti-corrélation extrêmement importante aussi avec le vote Hamon (74,48%). On note également une anti-corrélation avec le vote Fillon (à 32,89%) encore plus importante qu'avec le vote Mélenchon (négative aussi à 24,24%). Le vote Le Pen est aussi corrélé négativement mais faiblement avec les votes Lassalle (0,59%) et Asselineau (4,86%) et corrélé positivement avec les votes Poutou (16,31%), Cheminade (20,26%), Arthaud (53,13%) et Dupont-Aignan (50,74%)
Le vote Fillon est donc corrélé positivement avec Macron à 29,31% et négativement et négativement avec tous les autres candidats. A 32,89% avec Le Pen. Corrélation très négative avec le vote Mélenchon également (à 69,08%) (je me serais attendu à encore plus), et avec le vote Hamon (à 25,27%). Il est aussi négativement corrélé avec le vote Dupont-Aignan (à 7,59%), le vote Lassalle (16%), Poutou (48,27%), Arthaud (41,47%), Cheminade (20,34%) et Asselineau (19,61%).
Le vote Mélenchon a une corrélation positive assez importante avec le vote Hamon (55,5%) et Asselineau (40,37%). Il est aussi corrélé positivement au vote Lassalle, mais très faiblement (1,91%) et Poutou, de manière bien plus nette (17,51%). Il est en revanche corrélé négativement au vote Arthaud (6,07%) et Dupont-Aignan (42,85%) et non corrélé au vote Cheminade (négative mais à seulement 0,68%).
Le vote Hamon est corrélé positivement au vote Lassalle (3,04%), Poutou (9,84%) et Asselineau (1,91%) et négativement avec le vote Dupont-Aignan (52,86%), Arthaud (24,95%) et Cheminade (15,75%).
Le vote Dupont-Aignan est corrélé positivement avec le vote Arthaud (46,7%), Poutou (25,93%), Asselineau (2,5%) et Cheminade (41,41%) et négativement (mais très faiblement) avec le vote Lassalle (1,71%).
Le vote Lassalle est corrélé positivement avec le vote Poutou (41,15%) et négativement avec le vote Asselineau (18,23%), Arthaud (3,32%) et Cheminade (4,71%).
Le vote Poutou est négativement corrélé avec le vote Asselineau (19,6%) et positivement avec le vote Arthaud (62,82%) et Cheminade (36,7%).
Le vote Asselineau est négativement corrélé avec le vote Arthaud (20,5%) et positivement avec le vote Cheminade (19,95%).
Enfin, le vote Arthaud et le vote Cheminade sont positivement corrélés à 44,13%.

La matrice de corrélation ici.

Même si l'évolution des corrélations des petits candidats n'est pas ce qu'on observera en premier lors des élections européennes, je trouve toujours intéressant de voir la couleur politique que leur donne leur carte électorale, surtout lorsqu'ils sont a priori difficilement classables. Ainsi, le vote Cheminade est avant tout corrélé au vote Dupont-Aignan, ainsi qu'aux deux candidats d'extrême-gauche et dans une moindre mesure aux votes Asselineau et Le Pen ce qui donne une coloration très anti-système à ce candidat. Il est aussi intéressant de noter que le vote Arthaud, certes très corrélé avec le vote de son concurrent Poutou, est ensuite surtout élevé là où les votes Le Pen et Dupont-Aignan sont hauts alors qu'il est négativement corrélé avec le vote Mélenchon. Quant à Asselineau, ses corrélations lui donnent plutôt la couleur d'un candidat de gauche souverainiste (ce qui expliquerait son bon score dans l'ancien fief de Chevènement) avec sa forte corrélation avec Mélenchon, puis Cheminade, mais étant malgré son positionnement très eurosceptique négativement corrélé avec le vote Le Pen et pas corrélé avec le vote Dupont-Aignan. Quant à Lassalle, peu de grosses tendances se dégagent si ce n'est l'anti-corrélation assez nette avec les votes Fillon et Asselineau (mais pas démentes non plus) et la corrélation avec le vote Poutou (mais le fait d'avoir un fief commun doit les aider).

Chez les candidats « du système », Macron mord sur les électorats LR et PS mais bien plus sur le PS tandis que les électorats LR et PS restent quant à eux géographiquement éloignés. Mélenchon a un pied dans cette sociologie électorale : corrélation très forte avec le vote Hamon, nettement moins pour Macron mais des zones de forces communes manifestes. En revanche, un fort antagonisme entre ses zones de force et celles de Fillon.
Arthaud, Poutou, Dupont-Aignan et Le Pen se partagent des zones de forces communes ce qui est sans doute la cause d’un électorat ouvrier commun. Asselineau et Mélenchon se partagent un électorat commun, probablement celui de la gauche souverainiste des anciens chevènementistes. Quant à Cheminade, il apparaît comme une sorte d’hybride entre un candidat des ouvriers et un candidat de la gauche souverainiste. Enfin, Lassalle reste un candidat assez atypique dont ne ressort surtout que la corrélation avec le vote Poutou (effet sud-ouest) et dans une moindre mesure celle négative avec le vote Asselineau (effet ruralité contre urbanisme).

Je poursuis avec l’étude des corrélations au niveau des bureaux de vote, à prendre avec des pincettes concernant les petits candidats, surtout concernant Cheminade dont le nombre de voix pour chaque bureau de vote semble codé en binaire (suite de 0 et de 1…) :
Je donne directement la matrice de corrélation des différents candidats

Globalement, les mêmes tendances sont respectées. On remarquera toutefois l’inversion de la corrélation entre les votes Macron et Mélenchon qui passe de légèrement positive à légèrement négative, preuve que si les ensembles géographiques qui ont soutenu Macron et Mélenchon sont semblables, la sociologie réelle diffère de façon sensible malgré tout. En revanche, confirmation de la corrélation du vote Macron avec ceux des deux anciens partis de gouvernement, mais l’anti-corrélation entre les votes de ces deux mêmes partis s’affirment encore. En siphonnant leurs électorats communs, Macron a rendu PS et LR nettement plus antagonistes qu’ils ne l’étaient. Une analyse par bureau montre également que la corrélation entre le vote Arthaud et le vote Mélenchon redevient positive mais le vote Arthaud reste toujours davantage corrélé et d’assez loin avec le vote Le Pen ou Dupont-Aignan. Ce n’est pas aussi vrai concernant le vote Poutou. Il y a donc une rupture nette entre la sociologie de LO et celle de la gauche mélenchonniste tandis que le NPA semble bien plus compatible avec cette dernière. LO fait donc office de pont entre gauche mélenchonniste et droite lepéniste. L’analyse par bureau confirme aussi le positionnement gauche chevènementiste d’Asselineau : son vote n’est vraiment corrélé qu’avec celui de Mélenchon et parmi les autres corrélations positives, c’est avec les votes Hamon et Poutou.

Il faudra voir là encore si ces équilibres sont bouleversés au soir des européennes et je referai donc la même analyse sur les principales listes. Ces grandes tendances se retrouveront-elles le 26 mai au soir ou bien est-ce qu’après 2 ans d’exercice du pouvoir du « nouveau monde » sera induite une nouvelle sociologie électorale ?
Azertyuiop
 
Messages: 2253
Inscription: Jeu 1 Jan 2015 13:46

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede pba » Lun 11 Mar 2019 16:23

Bravo pour votre formidable travail !
pba
 
Messages: 1223
Inscription: Lun 8 Aoû 2011 14:26

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Marcy » Lun 11 Mar 2019 18:26

Félicitations pour votre analyse effectivement impressionnante !

Pour avoir croisé Jacques Cheminade et ses partisans après la présidentielle de 2017, je confirme qu'il y a une concurrence avec François Asselineau et l'UPR : non seulement les deux candidats puisaient dans le même vivier de maires pour les parrainer, et l'antagonisme était d'autant plus marqué que ni l'un ni l'autre n'était sûr a priori d'être qualifié, mais l'étude des corrélations électorales montre donc qu'ils visent en partie le même électorat "anti-ssytème" et souverainiste. J'ai aussi le sentiment que les militants (certes peu nombreux) de Nouvelle solidarité ont un profil pas si éloigné de ceux de l'UPR : plutôt des hommes jeunes, volontiers idéalistes, et assez souvent en situation de galère.
Marcy
 
Messages: 747
Inscription: Mer 31 Aoû 2011 18:03

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Azertyuiop » Mar 12 Mar 2019 23:30

Merci pour vos retours. Je complète cette analyse en insérant également les résultats par canton qui sont un bon compromis entre échelon suffisamment petit pour cibler des comportements électoraux spécifiques et échelon suffisamment grand pour obtenir un nombre significatif de voix, notamment en ce qui concerne les petits candidats. Mais comme data.gouv, bien qu'étant une mine niveau données, ne présente pas souvent celles-ci de manière optimale, comme ça a été le cas pour les cantons (les candidats y sont présentés pour chaque canton dans leur ordre d'arrivée sur ce canton ce qui fait qu'il n'y a pas une colonne par candidat), j'ai dû retraiter complètement le fichier de données via un codage en VBA, d'où les quelques jours de délai en plus.

Paris est ici divisé en ses 20 arrondissements, considérés ici comme des cantons à part entière tandis que la métropole du Grand Lyon constitue un énorme canton fictif à elle seule.

Les résultats ici

Sans tout recommenter, on retrouve les mêmes grands équilibres, avec une Arthaud qui s'apparente plus à Le Pen et NDA qu'à Mélenchon, un Cheminade qui serait une sorte d'étrange hybride Arthaud-Poutou-Le Pen-NDA, un Asselineau qui montre la grande proximité sociologique de son électorat avec celui de Mélenchon et un Poutou dont la sociologie électorale semble très partagé entre celle du RN et de DLF et celle de la FI, contrairement à celui d'Arthaud qui semble pour le coup très distinct de celui de la FI. Tout ça a une certaine cohérence tout compte fait.

Je me rends compte que je n'ai pas, dans mon premier message, détaillé comment je calculais la corrélation entre les candidats, pour ceux que les détails techniques intéresseraient.
La corrélation entre deux candidats A et B est calculée ici comme la somme des corrélations partielles entre A et B de chaque entité (bureau, circonscription ou canton). Ces corrélations partielles sont elles-mêmes calculées comme étant le produit du poids de l'entité (nombre de suffrages exprimés sur l'entité sur le nombre de suffrages exprimés sur toutes les entités considérées), du score normalisé du candidat A sur l'entité et du score normalisé de B sur l'entité, et où le score normalisé d'un candidat sur une entité donnée correspond à la différence du score réalisé par ce candidat sur cette entité et de sa moyenne pondérée sur toutes les entités retenues divisé par son écart-type sur ces mêmes entités.
Azertyuiop
 
Messages: 2253
Inscription: Jeu 1 Jan 2015 13:46

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Républicain67 » Lun 18 Mar 2019 09:29

Contrairement à l'élection présidentielle de 2017, la carte des départements (du moins en France métropolitaine) pourrait le 26 mai n'avoir que deux couleurs: le jaune de LREM et le bleu marine du RN. Je doute qu'avec les sondages actuelles, LR et LFI n'arrivent à l'emporter dans un seul département. A la rigueur la Seine-Saint-Denis pour les Insoumis et encore, j'ai de gros doutes. Pour LR, cela semble également très difficile d'arriver en tête dans des départements. L'"effet Fillon" dans la Sarthe et les départements voisins de l'Orne et de la Mayenne n'aura pas lieu cette fois-ci. Ca serait déjà un exploit pour la droite parlementaire si elle arrive en tête dans un département (la Lozère, la Haute-Savoie et la Mayenne restent les plus probables).
Dernière édition par Républicain67 le Lun 18 Mar 2019 12:58, édité 1 fois.
Républicain67
 
Messages: 4546
Inscription: Jeu 17 Jan 2013 10:57
Avertissements: 1

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede SALVAT » Lun 18 Mar 2019 10:44

Cantal et Haute Loire me sembleraient probables pour LR.
La Lozère ? pas certain....LR est explosé, le député n'est plus LR et serait plutôt juppéiste et le clan du sénateur BERTRAND est dominant là où la densité de population (et d'électeurs) est importante.
La Haute Savoie ? Je doute ; le grand Annecy, Annemasse et environs, Thonon-Evian, St Gervais assureront une avance pour les macronistes.
La Mayenne ? Je n'y crois pas... un département tout à fait dans la ligne macron-BAYROU.

Bertrand SALVAT
SALVAT
Animateur du site
Animateur du site
 
Messages: 5762
Inscription: Dim 8 Nov 2009 22:13
Messages : 1 (détails)

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Républicain67 » Lun 18 Mar 2019 12:59

SALVAT a écrit:Cantal et Haute Loire me sembleraient probables pour LR.
La Lozère ? pas certain....LR est explosé, le député n'est plus LR et serait plutôt juppéiste et le clan du sénateur BERTRAND est dominant là où la densité de population (et d'électeurs) est importante.
La Haute Savoie ? Je doute ; le grand Annecy, Annemasse et environs, Thonon-Evian, St Gervais assureront une avance pour les macronistes.
La Mayenne ? Je n'y crois pas... un département tout à fait dans la ligne macron-BAYROU.

Bertrand SALVAT


Le Cantal et la Haute-Loire ont voté Macron aux deux tours de la présidentielle.
Républicain67
 
Messages: 4546
Inscription: Jeu 17 Jan 2013 10:57
Avertissements: 1

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Herimene » Lun 18 Mar 2019 16:06

Je suis plutôt d'accord avec le commentaire de Républicain67 sur le probable partage quasi total des premières places départementales entre LREM et le RN, avec quand même de petits bémols.

Pour la Seine-Saint-Denis, LFI a quand même des chances d'arriver en tête, si le parti se redresse un petit peu au niveau national. Typiquement le genre de département où la liste arrivée en tête sera à un niveau bas (probablement inférieur à 20%) et où cela n'aura pas de grande signification politique pour la suite.

En Outre-Mer je pense que LFI devrait arriver en tête au moins à la Réunion. Ils sont le seul parti à avoir un candidat ultramarin (et a fortiori réunionnais) en tout début de liste, il est extrêmement connu localement et apprécié.

Pour les Antilles, gros flou entre LREM et LFI...

Je vois LR en tête en Nouvelle-Calédonie. Même si le RN pourrait ne pas être loin.

Pour ce qui est de la Métropole, LR aura du mal probablement dans ses bases bourgeoises (où LREM a phagocyté son électorat, mais à voir quand même si un Bellamy ne se débrouille pas correctement en Vendée et dans l'Ouest intérieur, il a le profil presque parfait pour les électeurs du coin) et pour ses bases populaires, le souci est qu'elle les partage avec le RN... Du coup je pense que LR peut surtout viser pas mal de secondes places dans presque tout l'Est en dehors des départements avec une grande ville.

J'ai bien du mal à savoir quel sera le meilleur département pour LR en Métropole. Ça pourrait être dans le Massif central en effet, où le Macronisme a séduit mais est fortement discrédité (les Gilets Jaunes ont connu de grosses mobilisations localement). La Haute-Savoie je n'y crois pas tellement car l'électorat de droite local est assez aisé et devrait donc dans sa majorité ne pas retourner au bercail.

Peut-être un département type Jura, où Fillon a fait de mauvais scores car son cas a choqué face à un électorat populaire mais où la droite a très bien résisté aux Législatives. Mon département, la Saône-et-Loire, l'un des rares de l'Est qui avait placé LR en tête en 2014, et où Arnaud Danjean est très bien implanté localement, ne devrait pas être loin des meilleurs départements métropolitains pour LR (le mauvais score de Fillon étant là encore un peu en trompe-l’œil). Mais, même si ce n'est pas le meilleur département pour le RN, j'ai du mal à voir comment ça ne peut pas faire une seconde place.

LR n'est pas totalement hors course non plus en Corse-du-Sud, le RN devrait performer moins qu'à la Présidentielle et il n'y aura pas de liste régionaliste...
Herimene
 
Messages: 1934
Inscription: Ven 6 Jan 2012 17:37
Localisation: Saône-et-Loire

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede armi24 » Lun 18 Mar 2019 20:35

Herimene a écrit:
En Outre-Mer je pense que LFI devrait arriver en tête au moins à la Réunion. Ils sont le seul parti à avoir un candidat ultramarin (et a fortiori réunionnais) en tout début de liste, il est extrêmement connu localement et apprécié.
.


Petite correction la liste PCF à une membre du PCR (parti communiste réunionnais) en 6éme place, même si je doute d'une première place de celui là bas, malheureusement et cela ne change pas grand chose sur les chance de la FI d'être en tête là bas
armi24
 
Messages: 659
Inscription: Mar 4 Juin 2013 21:02

Re: De 2017 à 2019, un bouleversement de la carte électorale ?

Messagede Azertyuiop » Lun 18 Mar 2019 23:04

Républicain67 a écrit:Le Cantal et la Haute-Loire ont voté Macron aux deux tours de la présidentielle.

C'est un argument un peu léger pour justifier que LREM sera à nouveau en tête aux européennes. Il n'y a pas de raison que les variations par département soient les mêmes partout que celles observées au niveau national. Maintenant que Wauquiez a pris la tête de LR, je ne pense pas que la droite sera condamnée à un aussi mauvais score que ne l'a été celui de Fillon en Haute-Loire, département où l'effet Wauquiez a par le passé pu être très impressionnant. Certes, il ne sera pas personnellement candidat mais s'il se démène dans cette campagne, cet effet sera loin d'être nul.
Pour le Cantal, mais ça peut aussi valoir dans la Lozère qui sera donc à rajouter dans la liste des départements à surveiller, la politique "tout pour les métropoles" de Macron aura sans doute un impact dans les départements très ruraux et la liste LREM aura toutes les chances d'être pénalisée.
A l'inverse, on voit que environ 20% des électeurs de Fillon seraient absorbés par la liste LREM aux européennes. Ce chiffre ne sera pas uniforme sur tout le territoire et pour des raisons sociologiques évidentes, la Mayenne et plus largement tout le quart nord-ouest de la France, ainsi que la banlieue aisée de l'ouest francilien ainsi que la Haute-Savoie et l'Alsace devrait très facilement figurer parmi les territoires où les reports des anciens électeurs de Fillon sur la liste LREM seront plus importants que la moyenne nationale. Pour la Mayenne, on peut même doubler ça de raisons politiques dans ce bastion centriste dont la plupart des élus influents, Jean Arthuis en tête, sont passés avec armes et bagages chez Macron. Certes, le profil de Bellamy va sans doute permettre de limiter un peu la casse pour LR de ce côté là mais je pense que ce sera minime. Déjà, parce qu'on a tendance à énormément surestimer le côté conservateur de l'électorat du nord-ouest. Pour preuve, à part dans la Sarthe qui était son fief personnel, l'effet Fillon (candidat au profil conservateur) autour de ce département n'avait rien d'exceptionnel non plus. Ensuite, on notera que l'avance de LR sur LREM à la présidentielle était déjà très faible (seulement 1 point). Donc je n'imagine pas (à moins que le résultat au niveau national n'ait rien à voir avec celui prévu par les sondages actuels) LR arriver en tête en Mayenne. Le même raisonnement vaut pour la Haute-Savoie.

Pour résumer, si on a une avance de plus de 5 points de LREM sur LR le jour du scrutin (ce qui n'est pas forcément gagné d'ailleurs), les seuls départements de métropole où LR peut espérer arriver en tête sont le Cantal, la Haute-Loire et la Lozère. Pour la Haute-Loire, il ne faudrait pas que le RN soit trop haut cependant, car LR peut très bien terminer devant LREM ici mais y être battu par le RN.

Herimene a écrit:Pour la Seine-Saint-Denis, LFI a quand même des chances d'arriver en tête, si le parti se redresse un petit peu au niveau national. Typiquement le genre de département où la liste arrivée en tête sera à un niveau bas (probablement inférieur à 20%) et où cela n'aura pas de grande signification politique pour la suite.

Pour la FI, il faudrait plus qu'un petit redressement pour réussir cet exploit. Certes, le parti arrivé en tête n'est pas assuré de franchir les 20% mais la FI serait à l'heure actuelle loin de cette barre, plutôt sous les 15%. En 2014, le Front de gauche ne rassemblait que 12,2% des voix et cette fois-ci, la FI va devoir subir une concurrence assez féroce du PCF dans ce département où il a encore de la ressource. Idem concernant Génération.s à qui la Seine-Saint-Denis devrait donner un score largement supérieur à sa moyenne nationale (nettement au-dessus des 5%). Plus largement, exception faite du PS (et encore), tous les partis de gauche devraient surperformer ici et cet embouteillage à gauche n'avantagera aucune de ses composantes prises individuellement.

Herimene a écrit:En Outre-Mer je pense que LFI devrait arriver en tête au moins à la Réunion. Ils sont le seul parti à avoir un candidat ultramarin (et a fortiori réunionnais) en tout début de liste, il est extrêmement connu localement et apprécié.

Pour les Antilles, gros flou entre LREM et LFI...

Pour l'Outre-Mer, j'avoue être un peu dans le flou mais même si la FI est le seul parti à avoir un ultra-marin si haut dans sa liste, le RN a toutefois plusieurs ultra-marins placés en position très largement éligible et au vu du score de Le Pen à la présidentielle à la Réunion, il n'est pas du tout impossible que le RN se transforme pour ma FI en rival très sérieux pour la première place sur l'île, surtout si l'Outre-Mer suit un peu la tendance national ce qui n'est pas une hypothèse farfelue pour une élection nationale (à la présidentielle, les grands équilibres de la métropole avaient été respectés) Le seul point qui fait que la FI a des chances de rester devant le RN à la Réunion, c'est que son ultra-marin est originaire de ce territoire alors que chez le RN, les ultra-marins viennent plutôt des Antilles. Et pour parler des Antilles justement, s'il y a des chances que cela se joue effectivement entre LREM et la FI, il faudrait quand même attendre d'avoir la liste des candidats de la majorité. Parce que s'il n'y a pas d'ultra-marin en bonne position sur la liste LREM, et qu'il n'y a pas de nombreux appels d'élus locaux à voter pour cette liste (je vois mal la seconde condition être remplie sans la première de toute façon), il n'y aura pas la moindre chance pour que ce soit LREM qui soit en tête...



Bon, après, j'avoue que pour un scrutin national à circonscription nationale, ce n'est pas tant de savoir qui sera en tête dans tel département qui m'intéresse dans la carte électorale. Je pense que les partis également. En théorie, une liste pourrait très bien arriver en tête sans n'arriver en tête dans un seul département : scénario qui s'est déjà produit pour MLP en Outre-Mer lors de la présidentielle où elle est arrivée en tête sans n'arriver en tête dans aucune des collectivités composant cet ensemble.

En revanche, il sera intéressant d'observer qui progresse où, qui voit ses bastions s'éroder, se renforcer ou se déplacer carrément ailleurs, et notamment comment les électorats s'entrecroisent depuis la présidentielle jusqu'aux européennes.

A titre indicatif, je rajoute les analyses déjà réalisées pour la présidentielle de 2017 pour les trois présidentielles précédentes (bureaux de vote et cantons seulement, je ne pense pas que l'analyse par circonscription soit si pertinente, ou pas si utile en tout cas).

Présidentielle 2002 par canton
Présidentielle 2002 par bureau
Présidentielle 2007 par canton
Présidentielle 2007 par bureau
Présidentielle 2012 par canton
Présidentielle 2012 par bureau


Ces analyses par corrélation des votes des différents candidats me semblent très intéressantes car elles permettent avec aucune donnée autre les données électorales elles-mêmes de retrouver des phénomènes qui avaient déjà été identifiés par des analyses sociologiques.

Par exemple, on voit en 2002 une forte anti-corrélation entre les votes Chirac et Le Pen qui diminue fortement en 2007 en ce qui concerne la corrélation entre les votes Sarkozy et Le Pen, année où Sarkozy a réussi à siphonner une partie de l'électorat du FN. Cette anti-corrélation rebondit dès 2012, sans pour autant retrouver les valeurs de 2002, preuve que Sarkozy avait réussi à conserver dès le premier tour de la présidentielle de 2012 un nombre assez significatif d'électeurs proches du FN.
On remarque aussi, toujours en 2007, le transfert d'électeurs de gauche vers la candidature de Bayrou qui avait déjà été analysée à l'époque (et expliquée par les réticences du corps enseignant à l'égard de Royal). Alors qu'en 2002 et en 2012, Bayrou avait clairement la couleur d'un candidat de droite libérale (vote Bayrou corrélé positivement avec les candidats de droite et négativement avec les candidats socialistes), la corrélation par canton avec le vote Royal est quasiment nulle en 2007.
Dès 2007, on remarque le virage social du discours du FN avec une corrélation avec le vote Le Pen et le vote Besancenot qui effectue un virage à 180 degrés entre 2002 et 2007.
Et quand j'ai vu la forte dispersion du vote Saint-Josse en 2002, j'ai tout de suite pensé à Lassalle qui a en effet le profil parfait pour un candidat CPNT.
Azertyuiop
 
Messages: 2253
Inscription: Jeu 1 Jan 2015 13:46

Suivante

Retourner vers Élections européennes de 2019

Vidéos

Découvrez notre sélection de vidéos en lien avec l'actualité.

Voir toutes les vidéos

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité