Les négociations entre partis de gauche - Législatives 2012

[vudeloin]

Les élections avec 100 % des voix, cela n'a pas concerné dans le passé que des députés Front de Gauche ou communistes.
J'ai souvenir d'une époque où le PS pouvait, dans le Nord Pas de Calais, se retrouver tout seul et se faire élire ainsi au second tour...
Epoque me semble t il révolue...

[PhB]

Il faut distinguer 2 logiques que je résume schématiquement ci-dessous :

1- Dans le bon vieux temps de la structuration des votes sur un axe droite-gauche clair :
Le PC et le PS avaient tous deux intérêt à passer des accords de désistement réciproque : Le PS y gagnait un soutien précieux dans les (nombreux) cas où il était devant au 1er tour, tandis que le PC, dans ses "fiefs", assurait l'élection d'une bonne part de ses candidats qui avaient surpassé leur concurrent PS au 1er tour mais n'auraient eu aucune chance au second. Sans accord chacun se maintenait et aucun n'était élu. L'accord était donc gagnant pour tous. Youpi :D

2- Les complications avec les Verts (qu'on peut d'ailleurs difficilement positionner sur un axe droite-gauche vis-à-vis du PS ou du FdG) :
Les Verts (puis EELV) n'ont pas de points forts, mais un vote non négligeable relativement bien réparti (bon an mal an, entre 2 et 18 % des voix, mettons une moyenne autour de 10). Leur spécialité étant d'ailleurs d'avoir des résultats particulièrement mauvais aux présidentielles, vous savez, l'élection qui précède tout juste les législatives...
Avec 10% des voix, soit 20 % des voix de gauche (à la louche), ils pourraient prétendre à 10% des députés soit environ 58... :lol: Même avec 2,31%, ils pourraient prétendre à 13 députés, ce qui devrait d'ailleurs être plus ou moins leur représentation dans la prochaine assemblée..
Or s'ils passent un accord de désistement réciproque, aucun de leurs candidats ne réussira à passer devant le PS et ils devront soutenir systématiquement le candidat PS ou FdG arrivé en tête sans jamais espérer être représentés à l'assemblée. Seul moyen d'être représentés : obtenir des circonscriptions réservées. Seul arme pour y contraindre les autres partis de gauche : refuser de se désister en l'absence d'accord.

Je comprends qu'une telle attitude agace les autres partis de gauche, mais elle n'est motivée que par le souhait légitime d'être représentés à l'Assemblée Nationale et l'iniquité du système électoral actuel.

[avavainouva]

hmm... intéressant et juste.

Et si on arrêtait cette parodie de démocratie et ces combines politiciennes en introduisant la proportionnelle intégrale?

[Relique]

Je crois qu'à part le PS et le PRG, tout le monde à gauche y ait favorable... Et pourtant, les verts attaquent constamment les communistes en ne les trouvant pas légitimes, ou moins qu'eux, via leur poids dans les diverses collectivités territoriales (jusqu'à l'AN)...

Il y a très peu de temps, les verts nous répétaient à envie que les communistes ne pesaient plus rien et que si l'Assemblée Nat avait un tant soit peu le reflet de l'opinion, ils seraient bien devant...

Depuis qu'on s'est aperçu que les verts n'avaient aucun poids politique si ce n'est épisodique et lié aux contre-performances du PS, ce n'est plus le même discours...

[manudu83]

Les Verts restent favorable à la proportionnelle et une bonne partie du PS y est aussi favorable. Si on exclut les européennes, la seule élections à la proportionnelle ce sont les régionales, et dans la dernière en date Les Verts ont montré qu'il n'était pas quantité negligeable. Je sais que le "Green bashing" est une habitude de ce forum mais en tant que marseillais, je peux vous dire que depuis les cantonales, je ne rigole plus quand on parle du poids des écolos. En effet en lutte contre le système Guerini, ils avaient affichés qu'ils ne passeraient pas d'accord et que s'il ne se faisaient aucune illusion sur leur capacité à être élu, ils avaient annoncés qu'ils feraient éliminés deux candidats trop liés au système Guerini (Zeytoun un DVG, Rouzaud un PRG responsable des ordures ménagères), et bien aucun des deux n'a atteint le second tour.

[Marcy]

Il faut distinguer 2 logiques que je résume schématiquement ci-dessous :

1- Dans le bon vieux temps de la structuration des votes sur un axe droite-gauche clair :
Le PC et le PS avaient tous deux intérêt à passer des accords de désistement réciproque : Le PS y gagnait un soutien précieux dans les (nombreux) cas où il était devant au 1er tour, tandis que le PC, dans ses "fiefs", assurait l'élection d'une bonne part de ses candidats qui avaient surpassé leur concurrent PS au 1er tour mais n'auraient eu aucune chance au second. Sans accord chacun se maintenait et aucun n'était élu. L'accord était donc gagnant pour tous. Youpi :D

2- Les complications avec les Verts (qu'on peut d'ailleurs difficilement positionner sur un axe droite-gauche vis-à-vis du PS ou du FdG) :
Les Verts (puis EELV) n'ont pas de points forts, mais un vote non négligeable relativement bien réparti (bon an mal an, entre 2 et 18 % des voix, mettons une moyenne autour de 10). Leur spécialité étant d'ailleurs d'avoir des résultats particulièrement mauvais aux présidentielles, vous savez, l'élection qui précède tout juste les législatives...
Avec 10% des voix, soit 20 % des voix de gauche (à la louche), ils pourraient prétendre à 10% des députés soit environ 58... :lol: Même avec 2,31%, ils pourraient prétendre à 13 députés, ce qui devrait d'ailleurs être plus ou moins leur représentation dans la prochaine assemblée..
Or s'ils passent un accord de désistement réciproque, aucun de leurs candidats ne réussira à passer devant le PS et ils devront soutenir systématiquement le candidat PS ou FdG arrivé en tête sans jamais espérer être représentés à l'assemblée. Seul moyen d'être représentés : obtenir des circonscriptions réservées. Seul arme pour y contraindre les autres partis de gauche : refuser de se désister en l'absence d'accord.

Je comprends qu'une telle attitude agace les autres partis de gauche, mais elle n'est motivée que par le souhait légitime d'être représentés à l'Assemblée Nationale et l'iniquité du système électoral actuel.

Un peu d'histoire électorale est nécessaire pour comprendre la stratégie des écologistes aux législatives : en 1993, après l'euphorie des résultats aux régionales de 1992 (14 % des voix pour Génération écologie et les Verts, sur des listes généralement séparées, contre 18 % au Parti socialiste), l'ambition était de devenir la deuxième force politique après la droite unie, avec un objectif de maintien dans les "100 cibles" (100 circonscriptions) au second tour des législatives de 1993. La résultat fut très décevant, avec seulement deux candidats au second tour et 0 élu, du fait non seulement de la concurrence des "divers écologistes", mais aussi du bon score de candidats PS, PCF et PRG bien mieux implantés localement, et aussi, certainement, d'un moindre professionnalisme électoral de l'Entente des écologistes.

Après le choix des Verts de s'ancrer à gauche, des Verts entrent pour la première fois à l'Assemblée nationale en 1997, dans le cadre d'un accord électoral avec le PS. Antoine Waechter, qui avait conservé sa stratégie d'autonomie en créant le MEI, avait raillé le choix stratégique de sa rivale, en disant qu'elle avait vendu l'autonomie des Verts contre un "plat de lentilles" : une circonscription qu'elle n'aurait pas, selon lui. Mais elle a pourtant bel et bien été élue...

Depuis, non seulement les Verts et EELV ont poursuivi dans cette voix, mais Génération écologie et le MEI ont suivi cette année.. GE avec 1 candidature sur le contingent PRG (France Gamerre à Lyon) et Antoine Waechter pour le MEI en ses terres alsaciennes, après avoir refusé une circonscription plus facile que lui proposait EELV, toujours sur son contingent de candidats soutenus par le PS.

[Relique]

C'est donc bien, dans les bouches-du-rhône, un simple manque du PS qui, à cause de son linge sale, comme de son congrès de 2008, a provoqué une partie de son électorat de s'orienter vers d'autres candidats de gauche. Comme les communistes paraissent encore extrêmement irréalistes au niveau économique, les écolos se trouvent avec le pactole.

En 2010, l'importante abstention a rendu la "réplique" du séisme européennes-2009 honorable pour les listes écolos...

L'écolo-bashing, comme tu l'appelles, est surement prégnant sur le forum, mais en même temps, vus leur façon de faire la politique, ils ne nous laissent pas vraiment le choix (;

[manudu83]

Dans les Bouches-du-Rhone terre ou le PCF reste fort, ce n'est pas lui qui a récupéré la mise mais EELV ce qui suffit à montrer leur poids.

Concernant la manière de faire de la politique que dire du MRC qui a continué à négocier de septembre 2011 à février 2012 avec le PS, tout en faisant semblant d'avoir un candidat à la présidentielle...

[Relique]

Le MRC a présenté une candidature qui voulait faire bouger les lignes sur certains sujets clés... Cela ne veut pas dire que j'approuve la stratégie prise depuis plusieurs années, que je trouve totalement hypocrite est condamnée à avoir le contraire de l'effet escompté: ils souhaitent influencer la gauche en restant proche de celle ayant le pouvoir, alors qu'au contraire, le PS ne voit rien à modifier pour avoir un soutien dont ils n'ont pas vraiment besoin et dont ils s'en foutent même...

Mais le MRC a toujours respecté les accords électoraux, et aussi les prescriptions républicaines qui datent d'il y a pas mal de temps. Il s'agit d'une certaine éthique de comportement politique, une certaine fidélité à des principes. Choses dont sont souvent dénués les dirigeants écolos, les principes.

[manudu83]

Je critiquerais l'attitude des Verts quand les autres partis seront irréprochables (et en PACA il y a du boulot...).