Les législatives dans la Marne

[vudeloin]

La tradition historique du pays sparnacien n'est pas forcément d'être à droite à tout coup, October Ends, et le petit monde des vignerons récoltant pour les grandes maisons de Champagne, ajouté aux cheminots d'Epernay, cela pouvait voter à gauche.
Au demeurant, longtemps, le porte parole de la droite dans le secteur fut Bernard Stasi, qui était plutôt centriste et a laissé le souvenir d'un élu disons d'ouverture...
Le choix du PS ne me semble pas le bon, sur ce siège, mais soit.
Et cela ne retire rien aux qualités d'Eric Loiselet qui me semblent cependant un peu trop limitées au regard de l'enjeu.

PS et comme en plus j'ai connu l'intéressé dans le temps sur les bancs des facs, n'est ce pas ?

[October Ends]

Certes, mais le problème pour la gauche est qu'elle ne peut plus réellement compter sur ces points d'appuis « historiques ». Les (petits) vignerons-récoltants ont abandonné les idées socialistes, très présentes au début du siècle dernier, depuis bien longtemps ; depuis qu'ils se sont « enrichis » en réalité. Et surtout, le fait que Philippe Martin soit lui-même viticulteur n'inversera pas cette tendance... Pour ce qui est des cheminots, il ne sont plus très nombreux aujourd'hui à travailler aux ateliers SNCF d’Épernay (environs 200 contre 2000 à leur apogée). La majorité sont retraités et ne votent plus forcément à gauche. Simple exemple : le quartier de La Villa à Épernay, qui est historiquement un quartier de cheminots et donc marqué à gauche, n'a voté pour Ségolène Royal qu'avec un écart d'une dizaine de voix au second tour en 2007 (il faut avouer qu'un certain nombre de cheminots ont quitté le quartier mais c'est tout de même une tendance).
Pour ce qui est de Bernard Stasi, il a tout de même été battu, de quelques voix certes (la première fois), par Philippe Martin, un divers droite, nettement plus à droite (il a notamment été proche du MPF etc.). Si la gauche veut gagner dans le secteur, elle ne peut compter que sur les périurbains (entre Reims et Épernay notamment) et la mobilisation des quartiers populaires des villes (Bernon, Murigny, Wilson).

Je tiens à corriger une erreur que j'ai faite : ce n'était pas Marianne Dorémus qui « avait fait 16,7 % contre 61,2 % face à De Courson » en 2007 mais Marie-Claude Yon. Marie-Claude Yon était presque une inconnue ce qui n'est pas le cas de la candidate actuelle. Elle a été élue en 2008 avec tout de même 66 % des voix face à l'UMP (et même 76 % à Vitry !). Elle devrait facilement donc dépasser les 20 % sur l'ensemble de la circonscription.. Néanmoins je répète qu'une victoire de la gauche me paraît totalement improbable ici, même en cas de triangulaire avec le FN. Certes, aux cantonales la gauche s'en sort plutôt bien (les deux cantons de Vitry, Saint-Remy, Anglure et Thiéblemont) mais je suis convaincu que, face à De Courson, les résultats ne seront pas les mêmes et puis, il faut dire que les autres cantons penchent tellement à droite (Avize, Vertus, Sompuis, Heiltz...).

[vudeloin]

A la vérité, October Ends, l'élection de Philippe Martin a marqué une forme de rupture avec le passé.
Que cela soit la marque d'une forme de "droitisation" du vote sparnacien peut être avancé.
Ceci dit, nous verrons ce que cela donne même si, quelque part, c'est une drôle d'idée d'avoir choisi Eric Loiselet pour porter les couleurs du PS et d'EELV réunis.
Pour ce qui concerne le pays vitryat, on est aussi dans un questionnement assez proche, puisque la vie fait que le vote se structure aussi sur ce qui se passe à proximité, sur le bassin d'emploi bragard, autour de Saint Dizier.
A voir pour la suite, vu que la crise de l'emploi ne fait pas semblant dans la métallurgie, par là bas...

[October Ends]

Il est vrai que la région de Vitry (tout comme celle de Saint-Dizier) connait depuis des années des conditions économiques (très) mauvaises ainsi qu'un problème de « sécurité » ; qui me semble calmé ces dernières années. Néanmoins, je pense que tout cela favorise plus le Front national et l'abstention que la gauche.. Et puis je crois (peut être à tort) que Courson est plutôt populaire et que son travail sera reconnu — même si la qualité peut être diversement appréciée, la quantité ne peut qu'être soulignée (Il a confié travailler 100 heures par semaine). Toutefois, le fait qu'il soit cumulard (maire, conseiller général, président de communauté de communes, du syndicat du Der etc.) pourrait jouer contre lui ; tout comme la lassitude. Par contre, s'il ne se représente pas (ce que je n'imagine pas), la gauche aurait des chances nettement plus grandes !

A Châlons, Benoist Apparu se représentera. Il était obligé de se déclarer puisqu'on lui prêtait l'intention de se présenter à...Bordeaux (L'Union). On sait que Bruno Bourg-Broc (maire de Châlons qui fut député avant lui, puis suppléant en 2007 avant de retrouver son siège à l'assemblée suite à la nomination d'Apparu au gouvernement) ne sera pas son suppléant cette fois-ci (L'hebdo du vendredi). De son côté, Bertrand Courot, maire UMP (aux dernières nouvelles) de Sainte-Menehould, hésite à se présenter sans étiquette face à Apparu.

[Jean-Philippe]

Jean-Claude Thomas s'est-il résigné à ne plus être député ? On parlait de son envie de repartir il y a quelques mois, qu'en est-il aujourd'hui ?

[October Ends]

Voici la poursuite des analyses, avec désormais les résultats du premier tour de la présidentielle.

Dans la première, Sarkozy est en tête à 28,81 % devant Hollande à 26,83 %. C'est Arnaud Robinet qui a été investi par l'UMP, le député Thomas semble effectivement être aux abonnés absent (comme à l'Assemblée finalement....). Il est tout de même député depuis 1988, à mon avis il s'est retiré. Pour le PS, Sabrina Ghallal commence déjà avec les polémiques (insultes, parrainage de Philippe Poutou etc.). Une triangulaire est possible puisque Le Pen est à 19,45 % (14,76 % des inscrits), mais aux législatives le FN sera probablement moins fort et l'abstention plus élevée.

Dans la deuxième, le président sortant fait 31,13 % contre 26,37 % à Hollande et 18,37 % à Le Pen. Une triangulaire me paraît assez peu probable (baisse FN et hausse abstention aux législatives). Éric Quénard aura du mal à déloger Catherine Vautrin notamment en raison des cantons ruraux (droite et extrême droite totalisent 70 % des voix dans le canton de Châtillon, 59 % à Ville-en-Tardenois, 56 % à Fismes, sans compter Bayrou).

Dans la troisième, je pense qu'un second tour Martin-FN est tout à fait envisageable. Sarkozy est ici à 29,75 % et Le Pen à 22,99 % (soit 17,83 % des inscrits). Les électeurs de Hollande (23,12 %) risque en effet de se disperser entre Loiselet (EELV, Joly est à 1,52 %) et J.P. Angers (Radical de gauche, ancien chef de l'opposition municipale PS à Épernay). Angers est « du cru » et travaille dans le domaine viticole, il n'est pas impossible qu'il dépasse Loiselet au premier tour. Il faudra aussi compter à gauche sur le FDG (9,17 % pour Mélenchon). Franck Leroy qui s'est éloigné de l'UMP et a parrainé et soutenu Bayrou (9,15 %) n'a toujours pas annoncé s'il partait ou non en campagne.

Dans la quatrième, l'alter-ego du maire d’Épernay pourrait être celui de Sainte Menehould, Bertrand Courot, qui a lui aussi parrainé Bayrou (9,65 %) mais qui n'a pas officialisé son entrée en campagne, envisagée depuis quelques mois. Sarkozy arrive en tête dans la circonscription avec 28,65 % mais le FN est haut (22,92 %) et suit de près le PS (24,49 %). Rudy Namur (PS) croit dans ses chances de victoire, qui ne me semble possible qu'en cas de triangulaire avec Apparu et le FN.

La cinquième circonscription paraît totalement hors de portée de la gauche, Hollande est à 20,18 % et Mélenchon à 6,93 %, leurs scores les plus bas du département. Le FN est très haut : Le Pen dépasse les 27,5 %. Sarkozy (soutenu par De Courson qui est donc soutenu par l'UMP) est devant avec 30,95 %.

On peut raisonnablement imaginer que le FN sera au second tour dans les trois dernières circonscriptions, les plus rurales (c'est presque certaine pour la 3e et la 5e). Sans triangulaire, la droite a de fortes chances de l'emporter dans les cinq circonscriptions. Sinon, la circonscription de Châlons (de justesse avec un FN fort) ou les circonscriptions rémoises pourraient basculer.

[Hisrha]

Merci pour ces analyses October Ends.

Pourriez-vous nous refaire une analyse pour les cinq circonscriptions après l'annonce des résultats du second tour de la présidentielle?

Et connaissez-vous la liste définitive et complète des candidats aux élections législatives dans la première circonscription de la Marne.

Merci d'avance.

Cordialement.

[alamo]

La tradition historique du pays sparnacien n'est pas forcément d'être à droite à tout coup, October Ends, et le petit monde des vignerons récoltant pour les grandes maisons de Champagne, ajouté aux cheminots d'Epernay, cela pouvait voter à gauche.

on peut même rappeler qu'en 1977, les trois plus grandes villes du département (et Ay en prime) avaient été emportées par la gauche avec des maires PCF. Reims puis Epernay sont repassées à droite assez vite, mais le PC a tenu Chalons assez longtemps.
Mai tout ça est quand même assez loin...

[vudeloin]

Au premier tour, les cinq circonscriptions de la Marne ont donné 30 (dans la 5e) à 40 % des voix (dans la 1ere) aux candidats de gauche, de 30 à 33 % pour la droite parlementaire (à l'inverse, de la 1ere à la 5e), un score du Modem compris entre 9 et 10 %, et une extrême droite plus faible sur Reims (moins de 20 %) et allant jusqu'à 27,5 % dans le pays vitryat.
Marine Le Pen est notamment arrivée en tête dans les cantons vitryats de Thiéblemont Farémont et de Saint Rémy en Bouzemont Saint Genest et Isson, dont on rappellera qu'ils constituent la face marnaise du pays bragard, les cantons haut marnais fort proches de Saint Dizier Ouest et de Chevillon ayant également massivement voté en faveur de la candidate du FN.
Dans l'ensemble du département, je ne pense pas que la gauche puisse avoir beaucoup d'autres chances que sur les deux sièges de Reims et que l'une des questions posées est celle de savoir si l'électorat FN confirmera son choix en juin ou non.
Je penche pour la seconde hypothèse.

[Pullo]

L'électorat FN peut confirmer son choix à une condition : que la direction du FN décide de mobiliser ses électeurs par une campagne de haute intensité, sur la nécessité pour le FN d'avoir des élus. Mais comme on connaît l'état de l'appareil militant du FN, affaibli par les scissions de ces 15 dernières années, ça relève de la politique-fiction...