Elections communales d'octobre 2012 en Belgique

[Berserker]

Après être sortie d'une crise politique sans précédent, qui aura duré près de 18 mois, laissant la Belgique sans gouvernement, faute d'accord entre les différents partis francophones et flamands. C'est le socialiste Elio di Rupo, le leader des socialistes wallons, qui est parvenu à former un gouvernement d'union depuis le mois de décembre.
Les électeurs iront aux urnes en Octobre 2012 à l'occasion des prochaines élections communales - l'équivalent des élections municipales en France - afin de désigner leurs bourgmestres.

En ce qui concerne les analyses détaillées au point de vue local, je préfère laisser le soin aux spécialistes de la vie politique belge de faire les présentations.
J'ajouterais seulement que la Wallonie est réputée pour voter socialiste, tandis que la Flandre se prononce davantage pour le parti de la NVA, indépendantiste, plutôt à droite qui a fortement progressé depuis 2010.

Petite revue des principales villes de Belgique, accompagné du nombre d'habitants. (Tableau complété à l'aide de Wikipédia, suivant le nombre d'habitants au 1er juillet 2005)

En Wallonie

Charleroi 201 433
Liège 188 459
Namur 106 954
Mons 90 946
La Louvière 77 013
Tournai 67 553
Seraing 60 672
Verviers 53 275
Mouscron 52 639

En Flandres

Anvers 460 319
Gand 231 671
Bruges 117 253
Louvain 90 143
Malines 77 992
Alost 77 123
Courtrai 73 631
Hasselt 69 720
Saint-Nicolas 69 465
Ostende 68 739
Genk 63 622
Roulers 55 638

A Bruxelles
Bruxelles-ville 143 346
Schaerbeek 111 574
Anderlecht 95 275
Molenbeek-Saint-Jean 79 448
Ixelles 77 540
Uccle 75 169

[Nico]

A Namur (Région Wallonne), c'est Jacques Etienne (cdH) qui a été élu bourgmestre à raison d'une alliance cdH-Ecolo-MR (Centre Démocrate Humaniste-Ecolo-Mouvement réformateur), alliance regroupant donc le centre-droit et centre-gauche.

Les résultats étaient les suivants (comparés à 2000):
Inscrits: 81 223.
Abstention: 8 825 (10,87%).
Votants: 72 398 (89,13%).
Blancs ou nuls: 3 935 (04,84%).
Exprimés: 68 463 (84,29%).

Bernard Anselme (PS): 19 522 (28,51%, -7,43) 15 SIEGES (-3).
Jacques Etienne (cdH): 17 831 (26,04%, +4,39) 13 SIEGES (+2).
Arnaud Gavroy (Ecolo): 14 092 (20,58%, +3,25) 10 SIEGES (+2).
Bernard Ducoffre (MR): 12 530 (18,30%, -1,81) 9 SIEGES (-1).
Robert Bauw (FN): 1 977 (02,89%, +0,03) 0 SIEGE (=).

Le principal enjeu dans cette ville socialiste de 1977 à 2006 sera de voir si la coalition sera reconduite en 2012, si le parti Ecolo parviendra à réitérer un score aussi important et si le MR poursuivra sa lente désagrégation.

[Nico]

A Bruxelles
Bruxelles-ville (143 346): Freddy Thielemans (PS-cdH).
Schaerbeek (111 574): Bernard Clerfayt (MR-Ecolo).
Anderlecht (95 275): Gaëtan Van Goidsenhoven (MR-PS).
Molenbeek-Saint-Jean (79 448): Philippe Moureaux (PS-MR).
Ixelles (77 540): Willy Decourty (PS-sp.a-MR).
Uccle (75 169): Armand de Decker (MR-PS).

[vudeloin]

Une nouvelle élection de Michel Daerden en vue ?

[pierrot]

Anvers, première commune du royaume en nombre d'habitants (la région Bruxelles-Capitale étant divisée en 19 communes plus petites) constituera un enjeu majeur.
Nouveauté : socialistes et chrétiens-démocrates partiront en cartel. Il s'agit pour l'actuel bourgmestre Patrick Janssens (Sp.a) de contrer le très populaire Bart De Wever homme fort de la N-VA, parti auparavant en cartel avec la CD&V. Ce changement d'alliance annoncé début décembre résulte de la nouvelle situation fédérale où les nationalistes flamands, premier parti du pays et de Flandre, sont dans l'opposition. Mais ils sont toujours dans le gouvernement flamand aux côtés de la CD&V et du Sp.a, rien n'est simple !

Cette alliance n'a pas fait que des heureux à gauche, puisque la tête de liste de Groen ! Meyrem Almaci a annoncé que les Verts flamands veulent lancer une liste "d'ouverture" visant à rassembler tous les progressistes déçus pas cette liste commune Sp.a-CD&V.

En 2006, le Vlaams Belang avait échoué de peu à conquérir la principale ville de Flandre avec Filip Dewinter . Marquant, aux yeux de bien des observateurs, une stagnation qui annonçait le reflux du parti d'extrême droite observé depuis. Un sondage réalisé en octobre dernier confirme cette baisse avec phénomène de vase communiquant au profit des populistes-nationalistes de la N-VA et laissait entrevoir la possibilité d'une élection de Bart De Wever. Ce contexte explique lui aussi le cartel des socialistes avec le centre-droit.

Rappel résultats 2006 :
Sp.a (en cartel avec Spirit) 35,3%
Vlaams Belang 33,5 %
CD&V (en cartel avec N-VA) 11,2%
VLD 9,7 %
Groen ! 4,7 %
PVDA+ 1,9%

[pierrot]

Une remarque en plus : de manière générale, dans l'actuelle situation de crise économique et de rigueur, la N-VA bénéficiera forcément de son statut de "premier opposant du pays" alors que libéraux, chrétiens-démocrates et socialistes seront plombés par leur participation gouvernementale. Donc côté flamand, il est très probable que le parti de Bart de Wever sorte encore renforcé de ces communales. Les verts (Groen ! et Ecolo) devraient pouvoir tirer un avantage similaire, vis-à-vis des socialistes en particulier mais aussi du centre-droit.
Atout supplémentaire pour la N-VA : il semble que le parti populiste de Jean-Marie Dedecker (LDD) sera quasi absent –en tant que tel- de ce scrutin (source). Même si son potentiel électoral n'est pas très important, cette absence devrait bénéficier ici ou là au parti indépendantiste.

[pierrot]

Yves Leterme (CD&V) , ex-Premier ministre, sera tête de liste de son parti à Ypres (36 000 habitants, Flandre-Occidentale).
Il est actuellement secrétaire-général adjoint de l'OCDE et en cas de victoire ne deviendrait bourgmestre qu'à la fin de ce mandat dans 2 ans.
Source
Les démocrates-chrétiens détiennent déjà cette ville puisque le bourgmestre actuel est Luc Dehaene (CD&V également).
Yves Leterme est un des hommes politiques les plus populaires du royaume. Aux fédérales de juin 2007 et aux régionales de 2009, les votes nominatifs ont fait de lui le candidat le mieux élu de Flandre. D’ailleurs son élection au Sénat en 2007 avec près de 800.000 voix de préférence dans le collège néerlandophone (la CD&V était à l’époque en cartel avec la N-VA) a marqué les esprits lui a valu en Belgique le surnom flatteur de "Monsieur 800 000 voix".
Aux fédérales de 2010, se présentant pour un poste de député, il est (et de loin) le seul candidat à avoir atteint les 100 000 voix sur son nom en Flandre-Occidentale.

[vudeloin]

Pourrait on dire que ça gaze pour Leterme à Ypres ?

[pierrot]

Je me doutais bien qu'on ne manquerait de relever la (dramatique) référence historique associée à la ville d'Ypres.
Mais là où la moutarde guerrière commence à monter au nez, c'est du côté d'Anvers où Bart De Wever, habitué des déclarations chocs et qui espère (non, sans raisons) ravir la capitale de Flandre en octobre prochain, entend déclarer la guerre aux drogues dans cette ville. source
C'est une sorte d'obsession chez lui. En décembre 2010, il avait choqué par ses déclarations à Der Spiegel parlant ainsi des transferts financiers Nord-Sud (des flamands vers les wallons) : "Cet argent ne doit pas être une perfusion, comme de la drogue pour un junkie".
En octobre 2010, Kim Geybels jeune sénatrice de la N-VA a été contrainte de renoncer à son siège par la hiérarchie du parti puis exclue de la N-VA suite à une affaire de drogue en Thaïlande dans laquelle elle aurait été impliquée, mais où elle se disait victime. De Wever a commenté ainsi cette affaire "Nous sommes un parti anti-drogue. [...] Moi, je n’ai jamais expérimenté quoi que ce soit. Pour cela, vous devez plutôt aller chez Groen ou à l’OpenVLD ! " (entendez les écologistes ou les libéraux).
Pour boucler sur les communales 2012 : la même Kim Geybels pourrait revenir à Lummen sur une liste ... socialiste! Source.

[pierrot]

La préparation de ces communales 2012 permet de se rendre compte que la problématique électorale des communes de la périphérie bruxelloise à majorité francophone mais situées en région flamande est loin d'être apaisée.
Le très symbolique débat sur la langue utilisée pour les documents de convocation électorale fait rage depuis des années et continue. La ministre de l'intérieur fédérale Joëlle Milquet (cdH- francophone) a rappelé la semaine dernière que la loi fédérale prévoit l'envoi de documents dans la langue de choix des administrés alors qu'une circulaire du gouvernement flamand demande explicitement aux bourgmestres de rédiger ces documents en néerlandais. La position de ces circulaires est vigoureusement défendue notamment par le ministre flamand des Affaires intérieures, Geert Bourgeois (N-VA). Comme souvent, les radicaux francophones FDF (plusieurs bourgmestres concernés appartiennent au parti d'Olivier Maingain) font monter les enchères, d'autant que la rupture de 2011 avec le MR les place en difficulté à l'approche de ces élections locales.
Source