Tiberi prépare sa succession

[pierrep]

Concernant la succession de Delanoé , un outsider qui est loin d'être hors course selon moi , est Patrick Bloche . Il a été longuement 1er secrétaire du PS de Paris : ça crée quelques liens et génère un sacré réseau .

[Zimmer]

Il est clair que Tibéri père prépare la mairie du 5ème, et même les habitants, à une succession familiale. Il n'y a qu'à voir les 2 pages consacrés à l'interview de Dominique Tibéri dans le dernier numéro du magazine du 5ème. Et effectivement, il semble probable que ce passage de relais interviendra avant 2014 (quel que soit la conclusion des affaires juridiques concernant le père).

De sources plutôt fiables, les conseillers de Matignon préparent très sérieusement l'implantation de Fillon à Paris, et cela passe vraisemblablement par une candidature dans la fameuse circonscription tant convoitée. La lignée Tibéri acceptera de sacrifier une ambition législative ; quant à Rachida Dati, le 7ème arrondissement est à cheval sur une autre circonscription, qui pourrait être un lot de consolation. Même si les Parisiens sont partagés sur sa personne, je ne suis pas sur que l'UMP est intérêt à la sacrifier, ni à se la mettre à dos (même si je doute qu'elle franchisse le pas vers une candidature dissidente).

Reste la question des municipales : quel arrondissement pourrait accueillir Fillon. Certes, il n'est pas obligé d'être tête de liste (Bertrand Delanoë ne le fut jamais). Mais la logique voudrait qu'il soit candidat (en tête de liste ou pas) dans l'un des trois arrondissements de la circonscription qui lui est destinée. Or, j'ai du mal à l'imaginer dans le 7ème : d'abord, cela nécessiterait une conciliation délicate avec Rachida Dati (deux têtes fortes sur une même liste, même si les ambitions annoncées de Dati sur la mairie de Paris ne servent à mon avis qu'à maintenir une certaine pression), ensuite, l'image de l'arrondissement (très bourgeois, très à droite) ne servirait sans doute pas Fillon à convaincre l'ensemble des Parisiens de sa réelle volonté pour la ville.
S'agissant du 6ème, je ne connais pas les intentions du maire actuel, et l'arrondissent à l'avantage d'être ancré à droite, tout en bénéficiant d'une image un peu plus "ouverte" (alors qu'il est paradoxalement le plus cher de Paris).
Reste le 5ème. Les Tibéri accepteront-ils de se sacrifier jusque dans leur arrondissement ? Je n'en suis pas sur. Pourtant, je suis persuadé que Fillon est peut-être l'un des seul à pouvoir empêcher le basculement à gauche (et encore). A l'inverse, Dominique Tibéri me semble avoir peu de chances ; son père, malgré ses réseaux, ne l'a conservé que de très peu en 2008 (et alors que les premiers sondages sortis des urnes le donnaient largement perdant...). Il n'empêche que Fillon prendrait un risque : la perte de l'arrondissement compromettrait son ancrage à Paris à plus long terme (car je ne crois pas à une victoire de la droite en 2014). Reste aussi à voir le candidat socialiste : Lyne Cohen Solal n'est sans doute pas pour rien dans les difficultés des socialistes à récupérer l'arrondissement, souffrant d'une image antipathique et, elle aussi, d'affaires.

En résumé, les municipales risquent d'être plus difficiles à gérer pour l'UMP que les législatives (d'autant que les citoyens sont généralement moins attachés à leur député qu'à leur maire). Mais ces mêmes législatives peuvent également clarifier la situation d'ici 2014...

Je suis assez d’accord avec tous les points développés ici par Spinto.

S’agissant du Vème arrondissement, il est très probable que Dominique Tiberi succèdera à son père, à la tête de la mairie, avant la fin de l’actuelle mandature, ce remplacement pouvant même intervenir assez rapidement. Pour le reste et même si cela va à l’encontre de la volonté de Jean Tiberi, il ne sera sans doute qu’un maire de transition. Je ne le vois pas être en situation de se faire réélire en 2014, ni même d’être investi par l’UMP… si elle veut se donner quelques chances de conserver l’arrondissement.

Je sais que ce n’est pas une idée majoritairement partagée, actuellement, mais je persiste à ne pas croire au parachutage de Fillon à Paris. Je pense, en tout cas, qu’il s’agirait d’un mauvais calcul électoral de sa part : la culture urbaine n’est pas ce qui caractérise le plus sa personnalité politique et il n’a pas le profil pouvant le mieux mobiliser l’électorat parisien actuel en sa faveur. Dans une interview donnée au Parisien à la fin de la semaine dernière, Delanoë a assez bien résumé les choses en disant que l’actuel premier ministre était « plus Formule 1 » et lui « plus tramway ». S’il n’aurait pas de difficulté à se faire élire député dans la nouvelle 2ème circonscription, compte tenu de la façon dont elle a été redécoupée, en 2012, la conquête de la mairie de Paris, en 2014, serait une autre paire de manche et un échec pourrait être assez nuisible à ses ambitions présidentielles pour 2017. N’oublions pas que l’échec de Philippe Séguin, dans la capitale, en 2001, avait sonné le glas de sa carrière politique.

Pour revenir au Vème arrondissement, puisqu’il s’agit du sujet initial du topic, je verrais bien un (autre) parachutage, à droite. Chantal Jouanno, à propos de laquelle on a aussi parlé, il y a quelques mois, d’une candidature aux législatives dans la nouvelle 11ème circonscription (parties des XIVème et VIème arrondissements) contre le vert Yves Cochet, pourrait avoir le bon profil. D’ici à 2014, d’autres personnalités « nouvelles », toujours à droite, peuvent émerger.

A gauche, après ses deux échecs successifs et notamment celui de 2008, la socialiste Lyne Cohen-Solal ne sera plus, sans doute, la candidate la mieux placée. Surtout, si la droite se renouvelle, notamment d’un point de vue générationnel, la gauche devra faire de même si elle veut se donner des chances de conquérir l’arrondissement. La chef de file des Verts de 2001, Aurélie Filippetti, devenue députée PS de la Moselle en 2007, aurait pu faire, en son temps, une excellente candidate. Le conseiller d’arrondissement (numéro deux sur la liste Cohen-Solal en 2008) et conseiller régional, Pierre Dubreuil, ferait lui aussi un bon candidat, mais il n’est pas certain que le PS, après avoir fait main basse sur le XIème arrondissement lors des dernières élections municipales, veuille redonner une mairie au MRC dans la capitale… L’hypothèse tient cependant la route, selon moi.

[Zimmer]

Fillon écarte Tiberi... avec un poste en or
Le Point - Publié le 06/01/2011 à 09:48

Dominique Tiberi, fils de l'ancien maire de Paris, devrait être nommé par Matignon contrôleur général économique et financier de première classe. Cette promotion au sein du corps chargé d'évaluer les performances de l'Etat et des administrations risque de surprendre, mais elle a une vertu principale : laisser à François Fillon le champ libre pour les législatives de 2012 dans la 2e circonscription de la capitale, qui regroupera les 5e, 6e et 7e arrondissements et que Jean Tiberi, toujours député du 5e, espérait léguer à son héritier. Au passage, c'est aussi le fief que convoite l'actuelle maire du 7e, Rachida Dati. Dira-t-on encore que Fillon ne s'intéresse pas à Paris ?

http://www.lepoint.fr/fillon-ecarte-tiberi-avec-un-poste-en-or-06-01-2011-1283096_19.php

[vudeloin]

Me permettant de m’insinuer dans cette discussion parisiano parisienne, quelques éléments de ressenti personnel.

Premier point : il est évident que le découpage Marleix est un truc assez fabuleux quand on examine l’opération qui a consisté à créer une seule circonscription remontant toute la rive gauche depuis Notre Dame jusqu’au quai d’Orsay, en englobant le 5e, une partie du 6e arrondissement qu’on peut retrouver en fait limité par le Palais du Luxembourg et l’essentiel du 7e arrondissement.
Nous sommes, dans ce cas là, dans un syndrome de « réserve indienne « , une sorte de siège quasiment réservé à l’UMP parce que les quartiers du 7e arrondissement viendront toujours contrebalancer les velléités révolutionnaires ou réformistes du 5e arrondissement.
De tous les quartiers de Paris concernés, seuls cet arrondissement et le quartier de la Monnaie dans le 6e ont une inclination plus ou moins prononcée pour la gauche dans les élections les plus récentes.

On notera que l’habile découpage Marleix, même si cela n’apparaît pas au prime abord, a aussi groupé le quartier Montparnasse ( le moins favorable à la gauche dans le 14e) avec le quartier Notre Dame des Champs ( le plus peuplé du 6e ) dans un siège qui peut, sous certaines conditions, pencher à droite.

Mais cette logique de réserve indienne multiplie évidemment les prétendants et c’est ce qui explique la séquence que nous connaissons entre Rachida Dati, maire du 7e et qui ne peut envisager d’aller se faire élire dans la circonscription constituée avec Ecole Militaire et une partie du 15e ; François Fillon qui n’a pas exclu de se présenter sur Paris mais a besoin d’un point de chute sécurisé, Chantal Jouanno qui se voit bien élue parisienne ( même si on en parle pour le Sénat aussi ) et les Tibéri…

Abondance de biens ne nuit pas, dit le proverbe mais en l’espèce, ce n’est pas celui-ci qui s’applique.

Pour en revenir au 5e, nul doute que le système Tibéri va en partie disparaître avec la fin de carrière politique de Jean Tibéri, et que la perspective d’un basculement à gauche de cet arrondissement à la fois bourgeois et étudiant est inscrite, même si cette gauche serait peut être plutôt verte.

Il y a, dans cette partie du quartier Latin, une sorte de frontière plus ou moins visible entre le Panthéon et la Mosquée de Paris où la gauche a fini par prendre pied…

L’autre problème, pour la droite parisienne, c’est que la perte de la ville en 2001 n’a pas encore cessé de faire peser ses effets et que les positions de l’UMP n’ont cessé de s’effriter, au fil des consultations électorales menées depuis.

Il y a, dans certains quartiers du 18e ou du 19e arrondissements de Paris, des bureaux de vote où l’UMP est tombé sous les 20 % aux dernières régionales, c'est-à-dire à un étiage inférieur à celui que l’on peut trouver, parfois, de l’autre côté du périph’, à Saint Ouen, Saint Denis ou Aubervilliers.

Dans le 18e arrondissement, seuls deux bureaux de vote, couvrant les secteurs les plus bourgeois de la Butte Montmartre ( maisons de ville exposées Ouest par exemple ) ont laissé une majorité à la droite.

La dynamique électorale propre à Paris fait que, chaque fois que les Parisiens votent, tous les paramètres locaux bougent d’un cran de plus : les quartiers les plus ouvertement de gauche le sont toujours plus et les quartiers restant de droite le sont chaque fois un peu moins.

Et la liste des pertes s’allonge, puisque, ainsi que nous l’indiquions au début de cette note, outre les arrondissements détenus par la gauche qui sont toujours plus à gauche, celle-ci s’est également trouvée en tête, ces temps derniers, dans le quartier de la Monnaie dans le 6e et a confirmé sa progression dans le 5e et le 1er arrondissement, où elle capitalise sur les populations nouvelles du quartier des Halles.

Signe des temps, une trentaine des bureaux de vote du 15e arrondissement ont voté à gauche en 2010 et, dans le 17e , après les Epinettes toujours favorables à la gauche ( c’est le quartier qui « commence « l’arrondissement à partir de la Place Clichy et de l’avenue de Saint Ouen ), c’est le quartier mitoyen des Batignolles qui commence à donner des signes de faiblesse à droite.

Tout se passe un petit peu comme si nous nous retrouvions, au seuil des années 2010, avec une ville de Paris reproduisant le schéma politique de 1936 où, lors des élections du Front Populaire, le parti communiste s’était retrouvé avec des députés dont les circonscriptions partaient des Epinettes ( Prosper Môquet, père de Guy ) jusqu’à Vaugirard ( Eugène Fourrier ) en faisant tout le tour de la capitale, à l’exception notable du « réduit « des quartiers bourgeois habituels ( 16e, 8e ou 7e arrondissements ).

Un beau sujet pour une recherche politique et sociologique, parce que, même dans ses quartiers les moins aisés, Paris est tout de même une ville où les habitants jouissent d’un niveau de vie plus élevé que dans bien des endroits de notre pays.

Sur ce, en espérant ne pas vous avoir ennuyé…

[maxxx]

Vraiment sympa cette micro-analyse par quartier...

N'étant pas parisien à la base, ne connaissant donc pas dans le détail les quartiers et secteurs, c'est très utile pour comprendre les équilibres politiques...Donc rien d'ennuyeux ;)

[pierrep]

Tres bonne analyse sur Paris . D'ailleurs les ciseaux de Marleix connaissent eux aussi ces subtilités sur le bout des doigts !
Du reste le terme utilisé quant aux analyses électorales de "réserves d'indiens" s'applique fort bien dans les cas évoqués .. J'y ajoute malgré tout volontiers celui de " marigot" (où l'on trouve plusieurs crocodiles) comme dans cette nouvelle circonscription qui regroupe B.Debré et F de Panafieu!!!!!

[Sergent Bauchat]

C'est vrai que la droite perd pied petit à petit à Paris, mais il faut dire que ses prises de positions ne sont pas toujours très intelligentes.
Un exemple : récemment, le Conseil de Paris a décidé d'uniformiser les tarifs de la cantine dans les écoles.
Il y a 8 tarifs, allant de 0,15 € à 4,95 € par repas.
Le principe consiste donc à légèrement baisser les 5 tarifs les plus bas, et à augmenter légèrement les 3 tarifs les plus élevés. Ainsi, le tarif le plus bas passe à 0,10 €, et le plus élevé à 5,00 €...
Quand on sait que les parents qui sont au tarif le plus élevé ne sont pas à plaindre sur le plan financier, on réfléchit à deux fois avant de s'opposer...
Et bien, la plupart des maires UMP des arrondissements de droite se sont opposés de façon virulente à cette uniformisation !
Et après, ils voudraient que les quartiers "populaires" leur fassent confiance...

[maxxx]

Quand on sait que les parents qui sont au tarif le plus élevé ne sont pas à plaindre sur le plan financier, on réfléchit à deux fois avant de s'opposer...
Et bien, la plupart des maires UMP des arrondissements de droite se sont opposés de façon virulente à cette uniformisation !
Et après, ils voudraient que les quartiers "populaires" leur fassent confiance...

Comment veux-tu que la droite parisienne, qui n'est plus désormais, hormis le cas paradoxal de Tibéri, que repliée dans des arrondissements les mieux lotis (économiquement et socialement), se mette à enfoncer son électorat favorisé du 16ème ou du 7-8ème ? Ils ne vont quand même pas se mettre à dos leur électorat ?

C'est bien cela le problème de la droite parisienne : recluse dans des arrondissements où on ne peut pas dire que les problèmes sociaux fleurissent (tout le monde a peur de se balader dans le 16ème, il est vrai :) ), elle se coupe en même temps des réalités des autres arrondissements où, là, l'action sociale et la cohésion sont de réels enjeux...

C'est pourquoi après, quand on se pose la question de trouver un candidat pour les municipales, on sort du chapeau des Panafieu, Goasguen, Debré, Dati...des élus qui connaissent parfaitement tous ces problèmes sociaux, car ils vivent cette misère au quotidien, dans leurs arrondissements d'élection, avec des tas de demandes d'aide sociale, d'emplois, de logements à gérer...Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi ils ne s'expriment pas comme Claude Dilain sur leur ras-le-bol....

[stephed]

maxxx a soulevé un point important. la ville de Paris ne me semble pas "condamné" à rester à gauche juqu'a la fin des temps cependant tant que la droite restera repliée sur le 16ème et le 8ème, elle n'aura aucune chance. Et pour l'instant son implantation est devenue inexistante dans les arrondissements clés de la ville (12ème, 13ème, 14ème et 18ème). Il faudrait que le futur candidat de l'UMP à Paris viennent de ces arrondissements. Mais qui?

[pierrep]

Si la droite avait une statégie de reconquète de Paris , alliée à une conjoncture nationale favorable ( c'est à dire qu'elle ait durablement perdu le pouvoir à l'échelon national) elle pourrait éventuellement former quelque espoir . Mais elle n'a pas le leader , elle a tout perdu dans des secteurs clés qui pèsent très lourd: résultat c'est une affaire de 15 à 20ans ( Delanoë a été élu pour la première fois dans le 18eme en 1977, il est devenu maire de Paris en 2001 .....24 ans après ..) .