""C’est la rentrée pour Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire (groupe Écologie démocratie solidarité). Ancien membre de LREM, il renouvelle ses critiques contre le gouvernement actuel qu’il juge trop « à droite », et détaille ses ambitions en vue des élections régionales.
À la création de votre groupe à l’Assemblée nationale, en mai, vous indiquiez ne vous situer « ni dans la majorité, ni dans l’opposition ». Depuis, vous vous êtes montré critique, votant majoritairement contre la confiance au gouvernement Castex en juillet…C’est d’abord le gouvernement qui vrille à droite ! De notre côté, nous assumons la spécificité de notre groupe. Quand je vois apparaître ces questions de séparatisme dans le débat, l’utilisation de terme comme « ensauvagement »… Globalement, LREM et le gouvernement sont à droite. Est-ce que je m’y retrouve ? Évidemment non. Même si je reste capable d’apprécier que le plan de relance flèche 30 milliards vers la transition écologique. Pour autant, je constate aussi des réductions d’impôts aux entreprises qui se font sans contrepartie. Aider les entreprises à passer le cap de la crise, bien sûr, mais les plus grandes devraient prendre des engagements sociaux.
Polémique autour des sapins de Noël à Bordeaux, déclaration ironique d’Emmanuel Macron sur les « Amish »… Comment percevez-vous les critiques visant les écologistes ?Globalement, je trouve que cette rentrée est marquée par un climat politique détérioré. Emmanuel Macron cherche à cliver, entre les écologistes raisonnables et les méchants extrémistes. Ça ne sert pas le débat politique. Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, fait toute une série de belles annonces et c’est ce qu’on retient… Il y a peut-être une maladresse de communication, à nous d’être plus forts sur les messages de la vie quotidienne. Et de montrer que l’écologie est loin des caricatures.
Comment ?En faisant des propositions concrètes. Comme par exemple celles que notre groupe va présenter lors de notre séance d’initiative, le 8 octobre. Nous défendrons des propositions autour de l’extension du congé de paternité, pour favoriser l’égalité femme-homme. D’un moratoire sur les entrepôts Amazon, qui détruisent les emplois locaux. Ou de la nécessité d’une « loi Evin climat » pour interdire les publicités sur ce qui est néfaste pour le climat.
En février, vous avez appelé à voter pour la liste EELV à Angers. Un rapprochement stratégique avec votre ancien parti en vue des régionales ?Vraiment pas, c’est tout sauf du calcul politique. Je suis surtout tourné vers 2022. Est-ce que Macron pourra incarner l’écologie ? Je ne pense pas, son pari est de miser sur un ancrage à droite. Je plaide pour que nous construisions une équipe de France de l’écologie, pour porter une candidature unique forte en 2022, avec des gens comme Eric Piolle, Anne Hidalgo, Delphine Batho…
Avant ça, il y aura les régionales. Un rendez-vous que vous avez coché ?Il ne faut pas rater la marche de 2021. La présidentielle se jouera aussi sur la preuve que les écolos peuvent gérer des villes et des régions. L’écologie peut gagner quelques régions. Et pourquoi pas les Pays de la Loire…
Vous avez déjà envoyé beaucoup de signaux témoignant de votre intérêt. Le Canard enchaîné a même écrit que vous harceliez EELV pour obtenir l’investiture.J’ai des échanges très réguliers avec Julien Bayou [secrétaire national d’EELV], mais je démens en avoir fait le siège ! Sérieusement, le rassemblement pour les Pays de la Loire doit être hyperlarge, pour incarner le renouvellement face à une droite qui fait vivoter la région depuis cinq ans. La question de l’incarnation viendra après le projet.
Vous souhaitez un rassemblement large mais la perspective de voir une liste commune entre EELV et Guillaume Garot s’est éloignée ?Si je fais partie de cette équipe, notre vrai compétiteur sera la droite dure de Bruno Retailleau et Christelle Morançais.""