ploumploum a écrit:Un (premier ?) sondage a été publié ce soir par le Figaro. (réalisé par l'Ifop)
Signe de sa "popularité", la liste de la majorité présidentielle y pointe largement en tête et ferait un peu plus que Macron au 1er de 2017 (environ 24 %)
En revanche, chutes assez sévères mais logiques pour le FN, LR (qui devrait cependant faire mieux que 12 à mon avis) et FI qui paye les quelques polémiques depuis juin.
Sur la lancée de 2017, le PS continuerait en dessous des 10 % mais ferait mieux que le score présidentiel de Hamon dont la présence n'a pas été testée apparemment.
REM-MoDem : 26 %
FN : 17 %
FI : 14 %
LR : 12 %
PS : 8 %
DLF : 6 %
EELV : 4 %
Agir-UDI : 3,5 %
Patriotes : 2 %
PCF : 2 %
UPR : 1,5 %
EXG : 1 %
Autres : 3 %
http://www.lefigaro.fr/politique/2017/1 ... e-2019.phpEn sièges (sur la base de 74 élus), ça donnerait :
REM-MoDem : 24
FN : 15
FI : 12
LR : 11
PS : 7
DLF : 5
Un premier sondage est important: jusque-là, surtout pour des intentions de vote influencées par l'idée de "voter utile", on pouvait uniquement se baser sur les scores présidentiels, législatifs, ceux des précédentes européennes... on pouvait avoir chacun sa vague estimation "au doigt mouillé" du poids des partis et notamment de la liste pour laquelle on pourrait voter - tellement vague que même ici on ne s'aventurait pas à en parler. Maintenant commence l'effet auto-influençant des vagues de sondages: au sondage suivant, ceux qui diront voter par exemple PCF le feront en sachant que cela pèse 2%.
Le total des listes sous la barre des 5% ne serait qu'à 17 points, ce qui n'est pas énorme. DLF voire Générations-s et même le PS pourraient cependant s'y ajouter.
DLF au-dessus de la barre des 5% est en effet une des surprises de ce sondage, une de celles "en positif" par rapport à ce qu'on aurait pu attendre: c'est bien plus que le score de DLF à la présidentielle et aux législatives.
EELV à 4, c'est assez logique même si ce serait une première depuis longtemps, après ne pas avoir eu de candidat propre à la présidentielle et avec les défections de de Rugy, Cohn-Bendit (redoutable en campagne européenne plus encore qu'en présidentielle) et Hulot ministre: tous les facteurs sont là pour empêcher une remontée en flèche comme en 1999 et 2009. Cependant, le discours gouvernemental crédibilise leur cause et s'il y a un sérieux revers, il se peut que des électeurs leur reviennent et après tout, il manque juste 1 point. Certains doivent croiser les doigts pour que NDDL se fasse bien: ce serait politiciennement l'intérêt de la formation écolo.
Le PCF et Les Patriotes subissent chacun l'effet "branche scissionnée mais du mauvais côté" par rapport à un camp qui pèse nettement plus que ça et où ils se retrouvent minoritaires et en position de "vote inutile" sous les 5%:
pour Les Patriotes c'est normal, Mégret en scissionnant a eu le même problème à savoir la fidélité de la majeure partie des électeurs FN à la "marque" FN / Le Pen.
pour le PCF on conçoit qu'ils puissent en être amers: c'est la FI qui a quitté l'ancien Front de Gauche mais même une majorité d'anciens électeurs FdG, sans même parler des plus récents ralliés à la FI déçus notamment du PS, l'ont quitté. En tous cas, maintenant, comme déjà parfois aux législatives mais en pire, les électeurs les considèrent comme le mauvais erzatz de la FI.
Dans les deux cas, deux solutions: faire une campagne énorme et passer quand même la barre des 5% ou s'allier. Ou la 3e: rester à 2%...
Philippot a intérêt à s'allier: il n'a pas forcément les forces suffisantes derrière lui, surtout hors de ses bases dans l'Est (ce qu'il peut mal mesurer) et c'est un moyen de rester dans la course politiquement (il passera davantage dans les media s'il est eurodéputé et pas juste conseiller régional). De plus, en s'alliant à DLF, il peut leur sauver la mise en augmentant les chances de l'ensemble de passer les 5% (du moins si l'arithmétique fonctionne: possible mais pas évident; si oui l'attelage est à 8%, ça devient sérieux, c'est un coup à devenir une cible d'ailleurs). Il ne s'alliera pas au FN: il en sort juste et il pèserait moins (2/19es) qu'en étant resté dedans...
Le PCF a pu localement faire des campagnes permettant de passer la barre des 5% malgré une liste PG-EELV en face aux régionales. Nationalement, j'ai plus de doutes. Quant aux alliances: avec la FI, soit ce n'est même pas possible soit il faudra en passer par les conditions posées, probablement que chaque candidat signe une charte de la FI un peu comme aux législatives. Mais sur le fond, ça aurait du sens, la seule divergence majeure pouvant être sur l'écologie: en pesant 2 contre 14, ils auront du mal à insister sur le nucléaire.
Avec le PS ou à 3 avec EELV, ils pourraient faire une liste préfigurant des alliances municipales de la gauche non-FI mais le contexte des européennes s'y prête mal: lignes européennes (très) différentes, seuil de 5% seulement qui pousse les partis à partir en autonomie, le PS pouvant se croire certain de la passer seul et EELV pouvant croire qu'il a une chance.
L'UPR doit déjà se satisfaire d'être explicitement mentionnée dans les questions d'un sondage et non noyée dans les "autres" - et avec un score relativement potable, surtout vu la concurrence DLF qui leur prend du "vote utile" souverainiste. En théorie, ils pourraient s'allier avec DLF ou Les Patriotes mais en pratique c'est peu probable: il se trouvera toujours une divergence "insurmontable" qui leur permettra de ne pas vouloir...
Une autre surprise à la baisse par rapport à ce qu'on aurait pu penser, c'est UDI+Agir. En gros, ils feraient la moitié du score UDI+Modem de la dernière fois. Ce qui amènerait à dire que cela ne pèse que l'UDI... donc (conclusion encore plus hâtive, certes), qu'Agir ne pèse rien du tout ou compense juste les départs de composantes de l'UDI. Un score qui fait mal, en tous cas.
Il est clair que c'est avant tout LREM+Modem qui leur préempte totalement leur ligne pro-UE et leurs voix, les voix plus orientées à droite restant pour le moment à LR.
Pourtant, entre la ligne européenne de Bayrou et celle de Wauquiez, il y a comme un gouffre... mais pour les électeurs se situant "entre les deux", ce n'est pas tellement le centre-droit UDI+Agir qui leur correspond. Parce que là, on n'est pas tant à se situer sur un axe droite-gauche (où la nuance "centre-droit" existe mais n'est déjà pas évidente) que pro/anti UE/ouverture internationale: c'est là la
spécificité des européennes, en y réfléchissant, c'est d'ailleurs l'intérêt de tenir ces élections spécifiques et la limite des leçons à en tirer pour d'autres scrutins: les partis ouvertement "pour" ou "contre" s'en sortent mieux et les "euro-mitigés" (PS, UMP notamment) ne pouvaient que capitaliser sur une image de parti de gouvernement quand elle existait, certains électeurs votent pour le même parti que d'habitude mais d'autres s'abstiennent ou "vont se promener ailleurs". Et sur cet axe, difficile de distinguer l'UDI du Modem alors qu'ils avaient fait liste commune la dernière fois, avouant par là même qu'ils étaient très voisins sous cet angle.
Les électeurs de droite mitigés sur la question européenne, pour revenir à eux, votent donc... encore LR. Du moins tant qu'ils peuvent s'y reconnaître, donc (pour le dire vite) tant qu'il y a des juppéistes ou fillonistes audibles à LR, ce qui n'est pas gagné vu la déroute de ces tendances lors de l'élection du président de LR. Le glissement anti-UE de LR pourrait, s'il se confirme, leur faire gagner des points sur DLF (surtout) et le FN, points "en même temps" reperdus de l'autre côté soit vers LREM soit éventuellement vers un desserrement de l'étau écrasant l'UDI.
Si on essaie de faire des totaux sur ce sondage par grands blocs (mais où sont les bords? le découpage est spécialement ouvert à discussion):
gauche radicale: FI+PCF+EXG: 17%
gauche modérée: PS+EELV: 12%
centre (au sens plutôt pro-UE et pro-Macron): LREM+Modem et UDI+Agir: 29,5%
droite: LR+DLF+UPR: 19,5%
extrême-droite: FN+Patriotes 19%
(bon, à droite ou non-gauche plus ou moins pas très pro-UE, c'est là que ça se discute le plus mais je ne mettrais pas LR et FN dans le même total, c'est sûr. On peut faire droite euromitigée: LR: 12 et anti-UE pas de gauche: FN+Patriotes+DLF+UPR: 26,5)
En tous cas, grande dispersion, en face de chaque bloc on pourrait dire "bof, pas terrible". En particulier, le camp gouvernemental serait en tête mais avec un score plus bas que l'UMP en 2009: heureusement que la cote de popularité de l'exécutif est bonne, que serait-ce sinon? (à mon sens, si on était dans une démocratie normale, le camp gouvernemental, censé représenter une majorité, devrait probablement dépasser les 50%, même en tenant compte du fait que ce n'est pas la même élection). Ceci dit, pour le centre, c'est nettement mieux que d'habitude.