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Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 08:02
de HORATIO
La droite l’emporte grâce au mode de scrutin majoritaire à deux tours.

1er tour : la gauche l’emporte avec un total de 50,2 %.

Gauche :
PCF : 20,6%.
PS et les Radicaux ont recueilli : 24,9%

Droite :
UDF : 23,8%.
RPR : 22,8%.

http://www.politique.net/annees-giscard ... s-1978.htm

2ème tour : C’est la victoire de la droite et du centre.

La rivalité Mitterrand / Rocard se serait ajoutée à de mauvais reports de voix entre le PS et le PC ?

Michel Rocard : « la gauche a manqué un rendez-vous avec l’Histoire ». (de mémoire)

« 1978 : Pour la première fois de son histoire, le PS frôle la majorité aux législatives. Malgré la concurrence de Michel Rocard en interne et la fin du Programme commun avec les communistes en 1977, la montée en puissance de Mitterrand sera continue jusqu'en 1981 »

http://www.linternaute.com/actualite/po ... 1978.shtml

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 11:26
de Artisan-Politologue
Le mode de scrutin favorise la droite, mais également le PCF, qui est en plus boosté par les désistements à gauche. Ce sera son chant du cygne, le véritable déclin débutant au premier tour de la présidentielle de 1981. Georges Marchais fait moins de 20 % des exprimés. Certains électeurs centristes qui hésitaient à voter Mitterrand par peur du communisme seront rassurés, ce qui a contribué à la victoire de la gauche.
Ces législatives de 1978 sont très intéressantes. Elles marquent le coup d'envoi d'un réalignement électoral, qui s'achèvera notamment avec l'émergence d'une extrême-droite durablement installée dans le paysage politique, tandis que le PCF perdra peu à peu son rôle d'épouvantail de la guerre froide. Bref, le grand cinéma de la politique française change de "méchant".

Manu

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 12:29
de ploumploum
Un PCf boosté puisque le groupe atteint à l'Assemblée 86 députés sur 491 soit 17,5 % des sièges.
A droite il y avait quelques dissensions entre le RPR de Chirac et le centre.
Mais s'il y avait eu la cohabitation, Mitterrand aurait -il été élu en 1981 ?. J'en doute
Et puis il ne faut pas oublier ce discours de Giscard qui avait tout simplement dit qu'il ne pourrait s'opposer au Programme Commun en cas de victoire de la Gauche.

"Je vous demande de faire le bon choix"

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 13:39
de vudeloin
Bon, là, excusez moi de vous le dire, mais cela part assez mal...

Parce que bon, entre l'Internaute ( toujours égal à lui même ) qui nous parle d'un «  PS frôlant la majorité absolue «  ( sûr qu'à moins de 25 %, au moins on frôle et au mieux, on espère faire plus le prochain coup...) et Artisan politologue qui nous dit que la droite est favorisée par le découpage et le mode de scrutin tout comme le PCF, on n'est pas vraiment dans l'examen objectif de la réalité.

Parce qu'en toute amitié, l'Artisan, un PCF «  boosté «  par le mode de scrutin qui gagne deux sièges sur trois dans les Ardennes avec 25,4 % des voix, je veux bien mais je te rappelle aussi, pour mémoire, que le même parti fit 33 % dans le Cher et n'obtint aucun siège, sans compter l'Isère, où avec 23,5 % des suffrages, il n'eut qu'un élu sur sept, quand le PS, avec 26 %, en eut quatre...

Et que la Drôme et l'Ardèche, pour rester près de chez toi, donnaient près de 20 % des suffrages au Parti communiste sans qu'il ne puisse avoir le moindre siège, là encore...

Bon, sans entrer dans les détails, 1978 est une élection dont les résultats peuvent paraître surprenants : la gauche n'a jamais été aussi influente sous la Ve République, à la nuance près que c'est le PS qui est désormais le premier parti de gauche, quand bien même le PCF obtient le 4 mars un nombre de voix inégalé dans toute son histoire;
La droite a connu une évolution sensible aussi, avec une baisse relative de l'influence du courant gaulliste et une progression non négligeable de la branche centriste et indépendante, enfin regroupée sous l'étiquette de l'UDF.

Et le mode de scrutin favorise clairement la droite, se traduisant au terme du second tour, par une faible différence de voix ( nous reviendrons sur ces éléments ) et une importante différence en sièges, les gains de la gauche étant limités au regard de l'Assemblée sortante de 1973.

Mais c'est une autre histoire qu'il va nous falloir désormais traiter en détail...

La suite au prochain numéro, chers amis lecteurs et contributeurs..;

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 14:06
de HORATIO
@ vudeloin
c'est juste, l'article cité aurait dû écrire "la gauche" et non le "PS"; c'est l'ensemble de la gauche qui a frôlé la majorité en sièges.

Avant d’être élu en 1974, VGE n’avait-il pas promis la proportionnelle aux législatives (de mémoire : avec un seuil départemental de 540.000 habitants, je n’ai rien retrouvé sur Internet à ce sujet) ?

S’il y avait eu la proportionnelle, il y aurait eu la cohabitation, cela aurait été la première de la Vème République.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 17:56
de Artisan-Politologue
Je rectifie mon propos pour l'ami Vudeloin. En voulant écrire vite, j'ai mis la droite et le PCF dans le même cas de figure. Je maintien que les désistements à gauche ont, pour la dernière fois au XXe siècle, favorisé le PCF. Mais effectivement le mode de scrutin l'a plutôt handicapé.
En revanche, cher Vudeloin, je n'ai pas parlé du découpage. J'ai plutôt tendance à me méfier des analyses électorales prenant pour seule base le découpage. Chaque fois qu'un régime a usé des ciseaux il y a eu au minimum quelques surprises. Je ne crois pas au déterminisme électoral basé sur la seule sociologie ou sur les résultats électoraux passés d'un territoire, n'en déplaise à Marleix et consorts. De plus, en 1978, les circos avaient vingt ans d'âge et la France de 1978 était déjà très différente de celle de 1958. Un redécoupage électoral, c'est une photographie qui a tendance à jaunir de plus en plus vite...

Manu

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 17:59
de vincent
Je pense qu'il ne serait pas inutile de borner un peu mieux ces sujets liés à l'histoire d'un scrutin un France, du moins dans les premiers messages afin de proposer un socle d'information minimum.

Je vais réfléchir à tout cela et revenir rapidement vers vous. Je suis ouvert à toutes les suggestions.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 20:19
de vudeloin
Le découpage électoral est un exercice difficile, Artisan et je pense d'ailleurs que Marleix est déjà, sauf abrogation de la réforme, en train de se demander comment découper les départements en cantons destinés à élire des conseillers territoriaux.

Parce que, bon, quand il faudra définir 55 conseillers territoriaux dans Paris, je ne sais pas comment se terminera !

La réalité politique de 1978 ( j'étais, sinon électeur, en tout cas attentif à ce qui se passait dans la vie politique de l'époque ), c'est tout de même celle d'un découpage qui, dans un contexte de quasi égalité entre droite et gauche en termes d'influence électorale, permit à la majorité parlementaire de centre droit de disposer de 290 sièges contre 201 aux forces de gauche.

Pour éclairer la lanterne de chacun, je vous livre, calculs faits, la répartition des sièges par Régions.

Il y avait des Régions majoritairement de gauche.

Picardie : 6 élus PCF, 3 élus PS, 1élu UDF, 1 élu divers droite, 4 élus RPR
Nord Pas de Calais : 14 élus PCF, 17 élus PS et MRG, 2 élus divers droite, 4 élus RPR
Midi Pyrénées : 18 élus PS et MRG, 1 élu UDF, 3 élus RPR
Languedoc Roussillon : 7 élus PCF, 5 élus PS, 4 élus UDF
Limousin : 4 élus PCF, 1 élu PS, 3 élus RPR
Aquitaine : 2 élus PCF, 14 élus PS et MRG, 8 élus RPR

Il y avait deux régions partagées.

Poitou Charentes : 1 élu PCF, 6 élus PS et MRG, 3 élus UDF, 1 élu CNIP, 3 élus RPR
Provence Alpes Côte d'Azur : 9 élus PCF, 5 élus PS, 11 élus UDF, 3 élus RPR

Et il y avait les régions où, majoritairement, les élus avaient été de droite.

Ile de France : 27 élus PCF, 5 élus PS, 13 élus UDF, 2 élus CNIP, 3 élus divers droite, 33 élus RPR
Champagne Ardennes : 2 élus PCF, 5 élus UDF, 5 élus RPR
Haute Normandie : 4 élus PCF, 2 élus PS, 4 élus UDF, 4 élus RPR
Basse Normandie : 2 élus PS, 6 élus UDF, 1 élu CNIP, 4 élus RPR
Centre : 1 élu PS, 6 élus UDF, 2 élus divers droite, 11 élus RPR
Bourgogne : 6 élus PS et MRG, 2 élus UDF, 2 élus CNIP, 1 élu divers droite, 4 élus RPR
Corse : 4 élus RPR
Bretagne : 1 élu PCF, 4 élus PS, 10 élus UDF, 10 élus RPR
Pays de Loire : 1 élu PCF, 3 élus PS, 9 élus UDF, 1 élu CNIP, 12 élus RPR
Lorraine : 3 élus PCF, 2 élus PS, 7 élus UDF, 3 élus divers droite, 6 élus RPR
Alsace : 5 élus UDF, 1 élu divers droite, 7 élus RPR
Franche Comté : 3 élus PS, 4 élus UDF, 2 élus RPR
Auvergne : 2 élus PCF, 3 élus PS, 5 élus UDF, 3 élus RPR
Rhône Alpes : 3 élus PCF, 12 élus PS, 19 élus UDF, 8 élus RPR

DOM TOM : 3 divers gauche, 5 élus UDF, 9 élus RPR

Nous entrerons dans les détails plus tard, dans d'autres messages mais on constatera tout de même qu'en région Centre, la gauche avec 48,3 % des voix au premier tour ( gaullistes dissidents 1,1 %, écologistes 0,5 %, centre , droite et extrême droite 50,1 %) ne put avoir qu'un seul élu sur vingt.

En Ile de France, la gauche et l'extrême gauche obtinrent 49 % des voix, les gaullistes et jobertistes 0,6 %, les écologistes 3,9 %, le centre, la droite et l'extrême droite 46,5 %.

Mais, à la sortie, 32 élus de gauche et 51 de droite...

Quelques éléments d'explication ?

Peut être le découpage, Artisan...

Exemples : Maurice Couve de Murville est réélu député du 8e arrondissement de Paris en obtenant 10 502 voix au premier tour, le corps électoral de la circonscription comptant moins de 30 000 électeurs...

Edouard Frédéric Dupont, le vieil élu de Sainte Clotilde, est reconduit avec 21 709 voix dans un corps électoral de 45 863 inscrits entre Gros Caillou et Ecole Militaire, dans le 7e arrondissement.

Et Pierre Charles Krieg se qualifie pour le second tour dans sa circonscription des 1er et 4e arrondissements avec 9 627 voix...

Henry Canacos, maire de Sarcelles, arrive en tête au premier tour dans la 5e circonscription du Val d'Oise avec 34 953 voix, dans un collège électoral comptant alors 142 803 électeurs inscrits dans les cantons de Sarcelles, Villiers le Bel, Gonesse, Goussainville, Luzarches, Viarmes, Domont, Ecouen et groupant au total 60 des 185 commune du département...
Il lui faudra 61 401 voix au second tour pour être élu ( les 50 % se situant à 56 806 suffrages dans cette circonscription ).

Pierre Juquin, membre du Bureau Politique du PCF à l'époque, obtient 42 860 voix au premier tour dans la 3e circonscription de l'Essonne, construite entre Massy et Longjumeau, dans un secteur où le développement urbain des années 60 et 70 a profondément modifié les données démographiques et sociologiques.
Et Pierre Juquin sera réélu avec 76 323 voix, la barre des 50 % étant à 71 744 voix cette année là...

Sur la présentation des choses, je pense que le puzzle des différents sujets relatifs à l'histoire politique de notre pays peut être progressivement reconstitué et nous permettre d'éclairer quelque peu la lecture que l'on peut avoir aujourd'hui des comportements politiques de l'opinion.

Revenir sur une élection antérieure à celle dont nous parlons ou qui constitue le sujet principal du fil de discussion peut avoir son utilité, dès lors que l'on part d'un principe ' scientifique ' simple qui veut que rien ne se produit tout à fait par hasard, puisque, pour donner un exemple précis, on ne peut pas réduire la présence du Front National à une simple transformation schématique de comportements électoraux antérieurs, mais peut être aussi à la résurgence de votes déjà exprimés dans le passé sous d'autres étiquettes.

Je suis par exemple intéressé par le fait qu'une bonne partie des points forts actuels du FN ont aussi été des zones de forces des non gaullistes, et singulièrement des indépendants...

Même s'il y a probablement plusieurs électorats lepénistes, de la même manière qu'il y a aussi un électorat socialiste pluriel ( sinon pourquoi Emmanuelli, Moscovici et Ségolène Royal dans le même parti, n'est ce pas ? )...

C'est là l'intérêt du croisement, celui de nous permettre d'appréhender quelque chose.
Sinon, n'est ce pas, pas de quoi en ajouter des lignes...

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 5 Juin 2011 11:24
de ploumploum
J'ai une question :
Pourquoi le nombre de députés de gauche varie selon les sources ?

Une de mes sources donne 200 à gauche et 291 à droite
Vudeloin évoque 201 à gauche.
Tandis que le site de l'Assemblée Nationale et Politiquemania donne 199 à gauche (86 PCF et 113 PS) et 292 à droite ( 154 RPR, 123 UDF et 15 non inscrits)

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 5 Juin 2011 12:15
de vudeloin
Tout simplement parce que tous les non inscrits ne sont pas de droite...
Ainsi, parmi les non inscrits, figure Roch Pidjot, député de la partie Est de la Nouvelle Calédonie, membre de l'Union calédonienne, la principale composante du futur FLNKS.
Elu en 73 sous l'étiquette des réformateurs, Roch Pidjot est réélu en 1978 sous la seule étiquette de son parti et ne s'affiliera pas au moindre groupe parlementaire.
Se rapprochant de la gauche comme l'ensemble des mouvements politiques mélanésiens, il deviendra apparenté au groupe socialiste en 1981, après avoir remporté de nouveau l'élection dans une Grande Terre coupee par le milieu dans un découpage hallucinant regroupant par exemple Nouméa et les Iles Belep...
Notons aussi que l'Assemblée sortante en 1981 était d'ailleurs légèrement différente de celle de 1978, puisque le PS avait gagné, en partielle, la circonscription de Plaisance dans le 14e arrondissement parisien ( avec Edwige Avice ) et la 3e de l'Ain, avec l'élection de Noel Ravassard sur le secteur d'Ambérieu, Trévoux.