Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Dim 5 Déc 2010 19:06
de maxxx
Cet entrefilet me permet d'entamer un post sur la situation dans le Maine-et-Loire, que j'avais déjà vaguement évoquée lors du départ de Christian Gaudin pour la préfectorale.
Ce département compte actuellement 3 sénateurs :
- Daniel Raoul (PS), 69 ans, élu en 2001 grâce au passage à la proportionnelle, il a fait toute sa carrière sur Angers dont il est encore conseiller municipal et vice-président de l'agglo, après avoir été adjoint au maire.
- André Lardeux (UMP), 64 ans, élu depuis septembre 2001, ancien président du conseil général et ancien conseiller municipal d'Angers. Il a cédé son siège de président à Christophe Béchu en 2004, amenant ce dernier à devenir le plus jeune président d'un conseil général en France - il me semble d'ailleurs qu'il est toujours le benjamin des PCG. Il avait quitté à cette même date son mandat de conseiller général d'Angers-Sud, ce qui avait laissé la droite orpheline dans ce canton, qui avait largement basculé à gauche...
- Catherine Deroche (UMP), 57 ans, élue depuis moins de 2 mois au Sénat depuis le départ de Christian Gaudin pour les TAAF. Elle est affaiblie depuis 2008 en ayant perdu sa mairie de Bouchemaine, ce qui lui a fait perdre sa présidence de l'asso des maires du Maine-et-Loire et sa vice-présidence à l'agglo. Elle a toutefois été élue conseillère régionale des Pays-de-la-Loire en 2010 sur la liste Béchu, ce qui montre que la droite ne l'a pas non plus lâchée...
Résultats de 2001 :
Inscrits :1.847 / Votants : 1.838 / Exprimés : 1.819
- Liste Daniel RAOUL (PS/Verts/PRG) : 601 voix (1 élu)
- Liste Christian GAUDIN (UDF) : 528 voix (1 élu)
- Liste André LARDEUX (RPR) : 446 voix (1 élu)
- Liste Charles JOLIBOIS (R.I.) : 149 voix
- Liste Jean-Paul PLASSARD (PCF) : 59 voix
- Liste Isabelle FOSSEY (Divers) : 16 voix
- Liste Philippe LEBRUN (Lutte Ouvrière) : 13 voix
- Liste Jean QUELENNEC (MNR) : 7 voix
Contrairement à la Manche ou le Loiret, le département ne repassera pas au scrutin majoritaire, car il va gagner un siège supplémentaire de sénateur...Un siège très convoité, surtout par la droite qui voudra tenter de gagner ici, dans ce département ancré à droite et au centre depuis longtemps, ce qu'elle perdra probablement dans d'autres départements.
A priori, les 3 sortants sont en âge de refaire un mandat de 6 ans. Daniel Raoul est le moins certain de ce point de vue, dans la mesure où il faut qu'il ait envie de repartir à 70 ans (ce que tous les élus ne veulent pas) et qu'il soit réinvesti par son parti (quand on voit les actuelles désillusions de certains sortants comme Charles Gautier ou Bernard Frimat, on peut donc nuancer).
A droite :
Le challenge est celui de l'obtention d'un 3ème siège. La droite et le centre sont en effet majoritaires dans ce département : certes, la droite a perdu quelques mairies en 2008 (les Ponts-de-Cé, Challonnes, Bouchemaine par exemple) mais est parvenu à garder la plupart de ses positions et de ses fiefs et surtout à reprendre sa ville de Saumur : ça pourrait s'accompagner en mars du regain d'un certain nombre de cantons sur la gauche (les 2 de Saumur, celui de Doué...cf le thème approprié). Elle garde haut la main la direction de l'association des maires du Maine-et-Loire et la droite est, fait révélateur, omnipotente au sein de celle-ci : il suffit de regarder la composition actuelle du bureau de l'association pour le constater : en dehors du maire d'Angers, Jean-Claude Antonini, toutes les vice-présidences sont tenues par des UMP ou des DVD (le maire UMP de Daumeray, Jean-Luc Davy, la préside, les autres VP sont clairement UMP ou DVD).
La droite doit donc partir unie pour gagner le 3ème siège, c'est-à-dire en partant avec les centristes, très influents dans ce département, mais les Modem restants élus au CG sont de toute façon des gens du centre droit. Beaucoup ont d'ailleurs rejoint Jean Arthuis avec l'alliance des régionales (dont Laurent Gérault, ex-homme fort du Modem passé à l'ALC). Christophe Béchu tient sa majorité et surtout, c'est lui qui tire les ficelles notamment pour ces sénatoriales...
Le départ de Christian Gaudin a résolu déjà un problème pour la droite, à savoir le fait qu'il y avait 2 hommes sortants en âge de repartir, et donc une probabilité forte d'avoir d'emblée 2 listes...Maintenant, André Lardeux n'est pas forcément le mieux vu des sénateurs, ayant été le seul sénateur UMP à avoir voté contre la réforme constitutionnelle de 2008 (donc, il n'est pas a priori dans les petits papiers de l'Elysée et de l'UMP nationale) ; c'est en plus un franc-tireur, qui ne se couche pas derrière une quelconque discipline de vote (il s'est toutefois calmé depuis ses coups d'éclats de 2008, peut être aussi pour ne pas être écarté en 2011). Sa position de sortant joue en sa faveur et le fait qu'il est laissé et préparé sa succession en faveur de Béchu joue en sa faveur, car ce dernier, nouveau chef du département, lui restera reconnaissant...
Maintenant, autre hic : le fait que la nouvelle sénatrice Catherine Deroche ait perdu de sa superbe en s'inclinant dans sa commune : avec l'effet domino de perdre son levier incontournable de la présidence de l'asso des maires. En plus, elle n'est qu'une toute jeune sénatrice et n'a pas les réseaux d'André Lardeux. En plus, qui dit liste d'union, dit intégrer les centristes : ça ne joue pas non plus en sa faveur. Elle n'est pas totalement dans les choux non plus : elle a le soutien des grands élus (Béchu, Bachelot et Bourdouleix en tête), elle a été investie et élue aux régionales (ce qui montre qu'on ne l'a pas mise au placard). Elle peut aussi compter sur ses réseaux constitués avant 2008, quand elle présidait l'AMML.
Si on la pousse vers la sortie, quelques femmes peuvent se manifester : Marie-Pierre Martin, la conseillère générale UMP-première adjointe de Beaufort-en-Vallée, une proche du député Jean-Charles Taugourdeau, à moins que celui-ci ne lui préfère sa suppléante, Elisabeth Marquet, maire DVD de Jarzé, Vice-présidente de l'AMML, présidente du COS du ML...L'atout jeunesse plaiderait en faveur de la conseillère générale et adjointe DVD de Cholet, Florence Dabin-Hérault, élue en 2008 : ce n'est donc pas les candidates qui manquent...
La 3ème place éligible irait logiquement à un centriste s'il y a union : deux candidats naturels à ce poste : la plus forte probabilité va à Christian Gillet, 63 ans, le premier VP de Béchu au CG, membre du Nouveau centre, par ailleurs conseiller régional (3ème sur la liste Béchu en 2010). Moins forte probabilité mais signe d'une plus large ouverture : Jacques Hy, autre Vice-président du Conseil général, maire de Saint-Macaire-en-Mauges. Sinon d'autres potentialités surgissent, surtout parmi les CG (Gilles Grimaud, Alain Loriou...).
A gauche :
L'enjeu est de savoir si Daniel Raoul repartira : avec la double étape de la volonté de repartir et de l'investiture. S'il passe ces deux étapes, il devrait conserver son mandat et tenter (même si les chances sont très faibles en cas d'union à droite et au centre), de faire élire une femme en numéro 2 : comme il ne faut pas oublier que le PS doit placer des écolos sur les scrutins à la proportionnelles, le Maine-et-Loire peut faire partie des cibles. Problème : il faut trouver une candidate crédible et implantée, et a minima en dehors d'Angers (car Daniel Raoul est élu à Angers : deux angevins, ça fait beaucoup mais ça deviendrait rengaine à gauche avec les dernières investitures). Ca donne donc deux possibilités avec deux conseillères régionales d'EELV : Christelle Cardet, 37 ans, de Saumur, ou Samia El Alaoui, issue de Rochefort sur Loire.
Sinon, si la 2ème place revient au PS, ce sera probablement pour la maire-CG de Chalonnes, Stella Dupont : avec la difficulté qu'elle vient elle aussi de l'arrondissement d'Angers et qu'elle devrait à terme lâcher ses deux mandats, alors qu'elle n'a pris sa mairie qu'en 2008 : elle pourrait donc trainer des pieds face à cette éventualité.
Les autres places ne sont pas gagnables pour la gauche : pour l'équilibre, elle peut envisager de placer en 3ème place un écolo (si ce n'est pas le cas en numéro 2) ou un autre élu conseiller général, selon l'état des troupes au sortir des cantonales (à savoir si Bruno Cheptou ou Jean-Michel Marchand ne sont pas battus par exemple dans leurs cantons).
Si Daniel Raoul ne repart pas ou est écarté par son parti, on voit poindre un candidat assez évident : le maire d'Angers, Jean-Claude Antonini, 70 ans, qui a senti le vent du boulet en 2008 en étant reconduit de très peu face à la liste Béchu et qui ne repartira certainement pas en 2014 (surtout si c'est encore face à Béchu) : il pourrait saisir l'opportunité pour se trouver un point de chute et préparer sa succession à mi-mandat. Seul hic : on pourra toujours faire valoir l'idée de renouvellement au PS en l'investissant...
Mais ce sera dans tous les cas, quasi-certainement, un candidat numéro 1 issu de l'arrondissement d'Angers car la gauche n'a aucun conseiller général dans les arrondissements de Cholet et Segré et les 4 conseillers généraux qu'elle possède dans celui de Saumur (dont deux sont DVG et PRG) sont tous renouvelables en mars prochain et tous menacés par la droite : ça fait toujours tâche d'investir quelqu'un de battu quelques mois avant...
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Sam 18 Déc 2010 23:38
de SALVAT
L'exposé de maxxx est très riche : je n'apporte que quelques compléments
Le bilan des municipales : 9 communes gagnées par la Gauche sur la Droite dont 2 n'apportant chacune qu'une seule voix sénatoriale. 9 communes gagnées par la droite dont 5 modestes sur le plan sénatorial et pour l'une d'entre elles par l'évolution politique de son maire.
Différentiel : 20 voix au profit de la gauche.
Perte d'un siège de député de 7 conseillers régionaux et de 3 conseillers généraux (à voir s'il y a maintien de cette situation en mars 2011).
Total environ 30 voix au profit de la gauche.
Les voix de gauche s'élevaient à 673, celles de la droite et du centre à 1130 en 2001 : le nouveau 4 ème siège semblait sans problème devoir revenir à la droite.
A 700 et 1100 voix, le 4 ème siège se joue à 16 voix..entre les deux camps. Ce qui est exposé par maxxx des tiraillements à droite comme à gauche est important : selon leur intensité respective, les défections qui s'ensuivraient suffiront pour faire perdre aux uns ou aux autres le bénéfice de ce quatrième siège. La gauche sait, en général, mieux se rassembler dans l'urne même après des déchirements et limiter les dégâts.
Même si je me répète, le climat général sur le plan politique et social comme le ressenti des maires concernant la réforme territoriale, ne seront pas sans conséquences chez les maires ruraux : en Maine et Loire, où la marge est particulièrement étroite, ils seront déterminants.C'est pourquoi je crois au résultat de 2 à 2 dans le cas d'un affrontement camp contre camp.
Bertrand SALVAT
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Mar 11 Jan 2011 21:51
de Zimmer
maxxx a écrit:- Catherine Deroche (UMP), 57 ans, élue depuis moins de 2 mois au Sénat depuis le départ de Christian Gaudin pour les TAAF. Elle est affaiblie depuis 2008 en ayant perdu sa mairie de Bouchemaine, ce qui lui a fait perdre sa présidence de l'asso des maires du Maine-et-Loire et sa vice-présidence à l'agglo. Elle a toutefois été élue conseillère régionale des Pays-de-la-Loire en 2010 sur la liste Béchu, ce qui montre que la droite ne l'a pas non plus lâchée...
maxxx a écrit:Maintenant, autre hic : le fait que la nouvelle sénatrice Catherine Deroche ait perdu de sa superbe en s'inclinant dans sa commune : avec l'effet domino de perdre son levier incontournable de la présidence de l'asso des maires. En plus, elle n'est qu'une toute jeune sénatrice et n'a pas les réseaux d'André Lardeux. En plus, qui dit liste d'union, dit intégrer les centristes : ça ne joue pas non plus en sa faveur. Elle n'est pas totalement dans les choux non plus : elle a le soutien des grands élus (Béchu, Bachelot et Bourdouleix en tête), elle a été investie et élue aux régionales (ce qui montre qu'on ne l'a pas mise au placard). Elle peut aussi compter sur ses réseaux constitués avant 2008, quand elle présidait l'AMML.
D'après un article publié ce jour sur Ouest-France.fr, la nouvelle sénatrice du Maine-et-Loire affiche son souhait de renouveler son mandat.
http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Catherine-Deroche-candidate-aux-elections-senatoriales-en-Anjou_40771-1650296-pere-pdl_filDMA.Htm
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Lun 17 Jan 2011 22:41
de maxxx
Si Marc Laffineur, 65 ans, se positionne pour le Sénat, c'est probablement aussi pour libérer sa circonscription en 2012...à son poulain Christophe Béchu, qu'il a lancé sur Avrillé dans son équipe municipale, et qui n'aurait ainsi pas besoin de se téléporter dans la circonscription voisine, celle de Roselyne Bachelot...
Je doute que Christophe Béchu ait sauté de choix à l'idée de quitter le Parlement européen pour aller siéger à la place dans l'opposition de l'hémicycle régional...
Le départ d'André Lardeux simplifie aussi certaines choses : il devient plus facile dès lors d'intégrer des centristes pour garantir les 3 sièges à la droite...
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Lun 17 Jan 2011 22:45
de Jean-Philippe
Joli jeu de mot, Maxxx (sauté de choix). Encore une fois tu as été plus rapide pour réagir à l'info, j'allais aussi parler du poulain aux dents longues, ministre en 2012 si Sarkozy est réélu.
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Lun 17 Jan 2011 22:56
de maxxx
Lol...
Cela dit, Béchu aurait tout simplement pu aussi, plutôt que de faire cette manip, partir pour le Sénat...Mais bon, ça ferait quand même un peu beaucoup après les municipales, les cantonales, les européennes puis les régionales : et puis, les jeunes talents, ça s'use parfois trop vite (cf. les limites lors des régionales de 2010)...
Mais je continue de penser toutefois qu'il eut été plus intelligent, pour consolider les positions et assurer les 3 sièges, d'envisager un cadeau pour les centristes, très présents dans ce département : et ainsi, donner la tête de liste à quelqu'un comme Christian Gillet, Jacques Hy ou autre...Après, mais j'en doute très fortement, Laffineur peut très bien prendre le risque de se mettre en numéro 3, derrière Catherine Deroche : si l'union est parfaite, il partira quand même au Luxembourg...
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Mar 18 Jan 2011 01:14
de vudeloin
Faut que Béchu fasse gaffe parce que, mine de rien, pour le moment, ses tentatives ( conseil régional, Mairie d'Angers et autres ) se sont soldées par autant d'échecs.. Et je ne voudrais pas être bêcheur, mais la gauche, lentement mais sûrement, finit par faire son trou dans ce qui est tout de même l'un des départements les plus conservateurs de France...
Le départ de Lardeux simplifie les choses pour la droite, puisque le risque principal, avec ce catholique fervent, c'était la liste dissidente avec tout ce que cela implique. Gratter le troisième élu est donc faisable, et Dieu sait qu'il sera important au décompte final.
Par contre, pour les Verts, pour le moment, reste à mettre un mouchoir sur ses rêves, surtout à cause de Cholet.
Re: Les sénatoriales dans le Maine-et-Loire
Posté:
Mar 18 Jan 2011 01:22
de vudeloin
Pour compléter l'info de chacun, voici mon estimation des rapports de forces dans le département pour le Sénat, nonobstant évidemment les réserves habituelles.
Sur le collège des délégués municipaux, j'en suis perso à un peu plus de 550 votes à gauche et divers gauche, contre une cinquantaine de centristes, près de 290 pour l'UMP et environ 890 dans les communes à gestion divers droite et intérêts communaux.
170 de ces votes étant recensés dans les cantons centristes.
Ce qui fait donc un bloc de 550 à gauche, 220 au centre, 1 010 à droite et à l'UMP.
S'il n'y a qu'une liste de la majorité, le 3 - 1 est inscrit dans les gênes du résultat.
L'écart se creuse évidemment sur les arrondissements de Cholet ( 70 voix de gauche sur 440 électeurs environ ), Saumur ( 90 voix de gauche environ sur 400 ) et Segré ( un peu plus de 20 sur 170 )...