Les cantonales dans les Alpes maritimes
Posté: Mar 24 Aoû 2010 16:39
Dans ce département, bastion de la droite et également terre d'implantation de l'extrême droite et de son leader Jean-Marie Le Pen, le principal intérêt des cantonales de 2011 sera de scruter le score du Front national et le nombre des triangulaires qu'il sera en mesure d'imposer.
Sur les 26 cantons renouvelables, 20 sont détenus par la droite (18 UMP, 2 DVD) et 6 par l'opposition de gauche (1 PS, 2 PC, 2 DVG, 1 EE). Paradoxalement, si la droite semble plus menacée d'un point de vue probabiliste (étant donné qu'elle détient les 3/4 des sièges en jeu), un certain nombre de facteurs pourraient venir contrebalancer ce constat.
C'est essentiellement sur les 8 cantons niçois que les changements pourraient intervenir. En réalité, ces cantons ont connu une assez importante reconfiguration par le jeu des 3 élections partielles intervenues entre 2005 et 2010.
La série de 2004 avait été analysée à l'époque comme un des signes de l'essoufflement de l'équipe Peyrat, en place depuis 1995. Elle avait surtout marqué un statu quo et l'impossibilité pour la droite de reprendre les cantons perdus en 1998, date à laquelle elle avait même été devancée dans quelques cantons, par le FN. Là encore, les triangulaires ont fait le bonheur de la gauche, qui se sont maintenus dans leurs 5 cantons (les III, V, XI, XII et XIV), tandis que la droite conservait haut la main ses bastions de Nice VIII et X tout en arrachant de justesse Nice VII. Pour couronner le tout, les deux UMP réélus facilement (Bernard Asso et Olivier Bettati) étaient des proches de Christian Estrosi, alors que le dernier UMP, Jean Hanot, était un fidèle de Jacques Peyrat.
L'élection sur le canton de Nice VII a été invalidée en 2005 par le Conseil d'Etat et la forte abstention lors de l'élection partielle qui a suivi a entrainé un duel UMP-PS, faute pour le FN d'atteindre les 10% des inscrits. Cette élection est venue parachever le sentiment de "fin de règne" du système Peyrat, son adjoint à la sécurité et conseiller général sortant, Jean Hanot, s'inclinant à la surprise générale (mauvais reports à droite) et assez nettement face à Dominique Boy-Mottard, épouse du chef de file de l'opposition socialiste à Nice.
Le contexte national (popularité de Nicolas Sarkozy, grignotage sur l'extrême droite et érosion de cette dernière) a redonné de l'oxygène à une droite locale qui pouvait craindre des divisions fratricides, voire une victoire de la gauche aux municipales (en 2001, dans un contexte favorable à la droite, Jacques Peyrat n'avait été reconduit qu'avec 44% des voix face à la liste Mottard, qui culminait à 41%, gêné, il est vrai, par la liste FN de Marie-France Stirbois (15%)).
Le décès de Jean-François Knecht, conseiller général PS de Nice XI et leader de la gauche au conseil général, au printemps 2007, a conduit à une élection partielle simultanée aux élections législatives de juin 2007. Nicolas Sarkozy avait obtenu plus de 65% des voix à la présidentielle sur Nice. Alors que les 4 députés UMP de Nice étaient très largement élus ou réélus au premier tour (Muriel Marland-Militello, Rudy Salles et Christian Estrosi) ou au second tour (Eric Ciotti), Daniel Benchimol (UMP) s'emparait dès le premier tour du canton avec plus de 52% des voix, face à un FN au plus bas et à un PS laminé localement.
Les municipales de 2008 ont vu la victoire de Christian Estrosi avec 41% des voix sur ses challangers de gauche (Patrick Allemand, 34% soit 7 points de moins que la liste Mottard en 2001) et de droite (Jacques Peyrat, maire sortant, battu avec 25%). Les cantonales ont consacré un parfait statu quo entre gauche et droite, avec la réélection surprise (liée à la division de la droite et le mauvais report sur l'UMP du candidat pro-Peyrat) de Marc Concas (PS) sur Nice I face au futur président du conseil général Eric Ciotti, obligé de se faire élire à l'automne 2008 dans l'arrière pays niçois pour remporter la tête de l'exécutif, et la reconduite facile des sortants UMP sur les autres cantons.
L'élection de Patrick Allemand, par ailleurs vice-président du conseil régional de PACA, au conseil municipal de Nice, a entrainé sa démission du conseil général et une élection partielle dans le canton de Nice XII. Cette élection, qui avait valeur de test pour la nouvelle majorité municipale, s'est soldée par la large victoire du 1er adjoint UMP à la mairie de Nice, Benoit Kandel, avec plus de 59% au second tour, face à Frédérique Grégoire-Concas (PS), épouse du conseiller général de Nice I.
Pour ce renouvellement, l'équilibre est désormais de 4 sièges dans chaque camp. Les sortants UMP devraient logiquement être reconduits, soit parce qu'ils bénéficient de cantons très à droite (Olivier Bettati et Bernard Asso), soit parce qu'ils sont désormais bien implantés et sont des maillons forts de l'équipe Estrosi (Daniel Benchimol et Benoit Kandel). Les menaces sont davantage concentrées sur la gauche, notamment en l'absence de triangulaires. La remontée récente du FN ne relativise qu'en partie cette menace, car le FN est localement menacé par des Identitaires, dont Nissa Rebela, qui a obtenu des bons scores lors des élections partielles de 2009-2010. Cette division pourrait entrainer l'élimination du FN au second tour.
- Sur Nice III, le sortant communiste Jacques Victor ne doit ses élections précédentes qu'au maintien du FN au second tour. Il est donc directement menacé par l'absence éventuelle de ce dernier et par la remontée tendancielle de la droite classique dans ce canton depuis 2007.
- Sur Nice V, Patrick Mottard est doublement menacé à sa droite et à sa gauche. En effet, son refus d'allégeance du nouveau chef de file socialiste Patrick Allemand aux municipales de 2008 l'a amené à monter sa propre liste (qui n'a pas atteint les 10%) et à être exclu du PS. Il siège depuis dans un groupe DVG au conseil général et a présenté jusque là des candidats dans chaque élection partielle depuis 2008. Il pourrait être devancé par un candidat PS "officiel", sans compter que cela ferait le jeu de la droite, d'autant que, là encore, les élections de l'ex-socialiste ne se sont réalisées qu'en triangulaire.
- Sur Nice VII, Dominique Boy-Mottard, élue surprise en 2005, semble la plus fragilisée. Elle a rejoint son mari dans sa stratégie de rupture avec le PS et a, surtout, été écrasée (22%) aux législatives de 2007 face à Muriel Marland Militello, qui a été réélue dès le premier tour avec 54%, franchissant la barre des 50% même dans le canton de sa rivale socialiste. Elle devra de plus certainement compter sur une candidature socialiste concurrente.
- Sur Nice XIV, Paul Culturello pourrait aussi faire les frais d'une élimination du FN au second tour. Ce canton a pour habitude de connaitre des duels serrés entre le socialiste et le FN au second tour, dans la mesure où la droite s'est divisée en plusieurs candidatures en 1998 (mais en réussissant à se maintenir, ce qui n'empêcha pas le FN de la devancer de 10 points) et 2004. Non seulement les identitaires pourraient limiter les chances du FN, mais ce dernier est affaibli par la dissidence local de Gérard de Guibernatis, candidat frontiste traditionnel dans ce canton mais exclu en 2008 pour avoir soutenu Jacques Peyrat aux municipales. Agé de 84 ans, une nouvelle candidature de sa part parait improbable mais celle d'un de ses proches pourrait s'envisager.
Bref, la partie peut s'annoncer difficile à gauche, surtout si les divisions entre pro-Mottard et pro-Allemand s'accentuent et se concrétisent en candidatures dissidentes. Christian Estrosi a par ailleurs su, depuis 2008, rallier les 3/4 des élus de la liste Peyrat au sein de sa majorité, ce qui limite les frondes de ce côté.
Sur les 26 cantons renouvelables, 20 sont détenus par la droite (18 UMP, 2 DVD) et 6 par l'opposition de gauche (1 PS, 2 PC, 2 DVG, 1 EE). Paradoxalement, si la droite semble plus menacée d'un point de vue probabiliste (étant donné qu'elle détient les 3/4 des sièges en jeu), un certain nombre de facteurs pourraient venir contrebalancer ce constat.
C'est essentiellement sur les 8 cantons niçois que les changements pourraient intervenir. En réalité, ces cantons ont connu une assez importante reconfiguration par le jeu des 3 élections partielles intervenues entre 2005 et 2010.
La série de 2004 avait été analysée à l'époque comme un des signes de l'essoufflement de l'équipe Peyrat, en place depuis 1995. Elle avait surtout marqué un statu quo et l'impossibilité pour la droite de reprendre les cantons perdus en 1998, date à laquelle elle avait même été devancée dans quelques cantons, par le FN. Là encore, les triangulaires ont fait le bonheur de la gauche, qui se sont maintenus dans leurs 5 cantons (les III, V, XI, XII et XIV), tandis que la droite conservait haut la main ses bastions de Nice VIII et X tout en arrachant de justesse Nice VII. Pour couronner le tout, les deux UMP réélus facilement (Bernard Asso et Olivier Bettati) étaient des proches de Christian Estrosi, alors que le dernier UMP, Jean Hanot, était un fidèle de Jacques Peyrat.
L'élection sur le canton de Nice VII a été invalidée en 2005 par le Conseil d'Etat et la forte abstention lors de l'élection partielle qui a suivi a entrainé un duel UMP-PS, faute pour le FN d'atteindre les 10% des inscrits. Cette élection est venue parachever le sentiment de "fin de règne" du système Peyrat, son adjoint à la sécurité et conseiller général sortant, Jean Hanot, s'inclinant à la surprise générale (mauvais reports à droite) et assez nettement face à Dominique Boy-Mottard, épouse du chef de file de l'opposition socialiste à Nice.
Le contexte national (popularité de Nicolas Sarkozy, grignotage sur l'extrême droite et érosion de cette dernière) a redonné de l'oxygène à une droite locale qui pouvait craindre des divisions fratricides, voire une victoire de la gauche aux municipales (en 2001, dans un contexte favorable à la droite, Jacques Peyrat n'avait été reconduit qu'avec 44% des voix face à la liste Mottard, qui culminait à 41%, gêné, il est vrai, par la liste FN de Marie-France Stirbois (15%)).
Le décès de Jean-François Knecht, conseiller général PS de Nice XI et leader de la gauche au conseil général, au printemps 2007, a conduit à une élection partielle simultanée aux élections législatives de juin 2007. Nicolas Sarkozy avait obtenu plus de 65% des voix à la présidentielle sur Nice. Alors que les 4 députés UMP de Nice étaient très largement élus ou réélus au premier tour (Muriel Marland-Militello, Rudy Salles et Christian Estrosi) ou au second tour (Eric Ciotti), Daniel Benchimol (UMP) s'emparait dès le premier tour du canton avec plus de 52% des voix, face à un FN au plus bas et à un PS laminé localement.
Les municipales de 2008 ont vu la victoire de Christian Estrosi avec 41% des voix sur ses challangers de gauche (Patrick Allemand, 34% soit 7 points de moins que la liste Mottard en 2001) et de droite (Jacques Peyrat, maire sortant, battu avec 25%). Les cantonales ont consacré un parfait statu quo entre gauche et droite, avec la réélection surprise (liée à la division de la droite et le mauvais report sur l'UMP du candidat pro-Peyrat) de Marc Concas (PS) sur Nice I face au futur président du conseil général Eric Ciotti, obligé de se faire élire à l'automne 2008 dans l'arrière pays niçois pour remporter la tête de l'exécutif, et la reconduite facile des sortants UMP sur les autres cantons.
L'élection de Patrick Allemand, par ailleurs vice-président du conseil régional de PACA, au conseil municipal de Nice, a entrainé sa démission du conseil général et une élection partielle dans le canton de Nice XII. Cette élection, qui avait valeur de test pour la nouvelle majorité municipale, s'est soldée par la large victoire du 1er adjoint UMP à la mairie de Nice, Benoit Kandel, avec plus de 59% au second tour, face à Frédérique Grégoire-Concas (PS), épouse du conseiller général de Nice I.
Pour ce renouvellement, l'équilibre est désormais de 4 sièges dans chaque camp. Les sortants UMP devraient logiquement être reconduits, soit parce qu'ils bénéficient de cantons très à droite (Olivier Bettati et Bernard Asso), soit parce qu'ils sont désormais bien implantés et sont des maillons forts de l'équipe Estrosi (Daniel Benchimol et Benoit Kandel). Les menaces sont davantage concentrées sur la gauche, notamment en l'absence de triangulaires. La remontée récente du FN ne relativise qu'en partie cette menace, car le FN est localement menacé par des Identitaires, dont Nissa Rebela, qui a obtenu des bons scores lors des élections partielles de 2009-2010. Cette division pourrait entrainer l'élimination du FN au second tour.
- Sur Nice III, le sortant communiste Jacques Victor ne doit ses élections précédentes qu'au maintien du FN au second tour. Il est donc directement menacé par l'absence éventuelle de ce dernier et par la remontée tendancielle de la droite classique dans ce canton depuis 2007.
- Sur Nice V, Patrick Mottard est doublement menacé à sa droite et à sa gauche. En effet, son refus d'allégeance du nouveau chef de file socialiste Patrick Allemand aux municipales de 2008 l'a amené à monter sa propre liste (qui n'a pas atteint les 10%) et à être exclu du PS. Il siège depuis dans un groupe DVG au conseil général et a présenté jusque là des candidats dans chaque élection partielle depuis 2008. Il pourrait être devancé par un candidat PS "officiel", sans compter que cela ferait le jeu de la droite, d'autant que, là encore, les élections de l'ex-socialiste ne se sont réalisées qu'en triangulaire.
- Sur Nice VII, Dominique Boy-Mottard, élue surprise en 2005, semble la plus fragilisée. Elle a rejoint son mari dans sa stratégie de rupture avec le PS et a, surtout, été écrasée (22%) aux législatives de 2007 face à Muriel Marland Militello, qui a été réélue dès le premier tour avec 54%, franchissant la barre des 50% même dans le canton de sa rivale socialiste. Elle devra de plus certainement compter sur une candidature socialiste concurrente.
- Sur Nice XIV, Paul Culturello pourrait aussi faire les frais d'une élimination du FN au second tour. Ce canton a pour habitude de connaitre des duels serrés entre le socialiste et le FN au second tour, dans la mesure où la droite s'est divisée en plusieurs candidatures en 1998 (mais en réussissant à se maintenir, ce qui n'empêcha pas le FN de la devancer de 10 points) et 2004. Non seulement les identitaires pourraient limiter les chances du FN, mais ce dernier est affaibli par la dissidence local de Gérard de Guibernatis, candidat frontiste traditionnel dans ce canton mais exclu en 2008 pour avoir soutenu Jacques Peyrat aux municipales. Agé de 84 ans, une nouvelle candidature de sa part parait improbable mais celle d'un de ses proches pourrait s'envisager.
Bref, la partie peut s'annoncer difficile à gauche, surtout si les divisions entre pro-Mottard et pro-Allemand s'accentuent et se concrétisent en candidatures dissidentes. Christian Estrosi a par ailleurs su, depuis 2008, rallier les 3/4 des élus de la liste Peyrat au sein de sa majorité, ce qui limite les frondes de ce côté.