Page 1 sur 25

Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Mer 21 Juil 2021 13:54
de Corondar
A un peu plus d'un an du scrutin des midterms, je pense qu'il n'est pas trop tôt pour ouvrir un sujet spécifique sur cette séquence électorale. Traditionnellement, le parti du président en place se prend toujours une tôle sur ces élections, au moins à la Chambre des représentants. Petit tour d'horizon préliminaire non exhaustif :
1) au niveau de la Chambre justement, les démocrates ont peu de marge d'erreur, leur majorité étant très courte (avec les vacances, ils ont actuellement 8 sièges de plus que les républicains, 4 voix de plus que la majorité absolue).
On lève déjà des sommes colossales au sein des deux partis pour cet échelon là.
https://www.rollcall.com/2021/07/16/hou ... -midterms/
https://us.cnn.com/2021/07/14/politics/ ... index.html
Pour le moment c'est très difficile de se projeter sur cet échelon tant que les redécoupages des circonscriptions électorales ne sont pas effectués. Il n'est même pas certain que tous les états arrivent à redécouper dans les temps, il est possible que dans certains états on garde le même découpage. Si les démocrates parvenaient à conserver la majorité dans cette assemblée là ce serait un exploit.
2) au Sénat, c'est plus simple à analyser et à conjecturer : les frontières des états ne changent pas et niveau primaires et candidats potentiels c'est nettement plus avancé.
Et là, malgré l'étroitesse de la majorité démocrate dans la haute assemblée (50/50), il faut avouer que sur le papier les démocrates ont nettement plus de chances de conserver leur majorité, voire de l'élargir ? Déjà, sur les 34 sièges à renouveler, les démocrates en détiennent seulement 14 contre 20 pour les républicains. Autre point positif pour les démocrates : tous leurs sortants se représentent, là où côté républicains on a déjà 5 sièges ouverts officiellement (Missouri, Alabama, Ohio, Caroline du Nord et Pennsylvanie) et 2 sortants qui réservent leur décision de se représenter ou non (Wisconsin et Iowa). Les sièges démocrates safe (on peut éventuellement avoir des surprises sur certaines primaires, mais pas sur la générale ?) : Washington, Oregon, Californie, Hawaï, Vermont, Illinois, New-York, Connecticut et Maryland. Personnellement j'ajoute le Colorado dans cette liste, mais ça peut se discuter ?
Les sièges républicains safe : Idaho, Utah, les deux Dakota, Kansas, Oklahoma, Louisiane, Arkansas, Kentucky, Indiana, Alabama (même avec un siège ouvert le siège est safe), Caroline du Sud et Iowa (là aussi ça peut se discuter ?).
Abordons les états à suivre.

Côté démocrates :
Arizona
Le sortant démocrate Kelly (élu en 2020) termine le mandat de feu McCain et doit donc remettre son mandat en jeu à la fin normal du terme. Il se représente et ne sera pas contesté en interne. Côté républicain, le gouverneur sortant Ducey (qui ne peut se représenter pour cause de limite de mandat et qui aurait été sans doute le meilleur candidat possible pour les républicains) a annoncé qu'il n'irait pas : il n'est pas en odeur de sainteté dans les cercles trumpistes (l'apostat a reconnu la victoire de Biden et nie qu'il ait pu y avoir des fraudes électorales dans son état), et il n'a donc pas souhaité se lancer dans la galère des primaires avec une cible sur la tête. Il reste tout un tas de candidats républicains potentiels, trop sans doute, pas de candidat évident donc. A l'instant T, je verrais quand même Kelly plutôt favori ? A voir qui sortira des primaires du GOP...
Géorgie
Pour le sortant démocrate Warnock (premier sénateur Noir de Géorgie) c'est la même chose que pour l'Arizona : élu en 2020 il termine le terme normal du mandat en cours et se représente sans contestation en interne. Côté républicain, Trump courtise depuis des mois Herschel Walker, une ancienne star de football US (et Afro-Américain également), ce dernier soufflant le chaud et le froid en mode "peut-être bien que oui, peut-être bien que non". Tant que Walker ne s'est pas prononcé sur une éventuelle candidature cela gèle le processus côté républicains. Sur le papier, Walker aurait des avantages à faire valoir (très connu et populaire, il peut concurrencer Warnock sur le vote Noir) mais aussi quelques défauts (néophyte en politique, et les électeurs QAnonistes, nombreux en Géorgie, pourraient être perturbés par la couleur du candidat républicain).
Là aussi, on verra bien qui sortira des primaires républicaines, mais ce sera plus serré pour Warnock en Géorgie que pour Kelly en Arizona. Je le pense très légèrement favori, mais le siège sera très disputé (et il est d'ailleurs possible qu'il y ait run-off comme en 2020-2021). Mais j'avoue que dans cet état là, c'est aussi l'élection pour le poste de gouverneur qui me fait voir Warnock favori : la future candidate démocrate Stacey Abrams est à mon avis favorite pour la bascule. Je pense que la combinaison Warnock sénatoriale / Abrams gouvernorat part avec un peu d'avance dans un état où les trumpistes ont mis le GOP local à feu et à sang ?
Nevada
La sortante Cortez-Masto se représente sans contestation interne. L'état est très disputé, mais la sénatrice sortante est très bien implantée et populaire. Côté républicains, le candidat de rêve serait Adam Laxalt, ancien attorney general de l'état et petit-fils d'un ancien gouverneur. Ce dernier réserve aussi sa décision. Si il se lance le siège serait disputé, moins dans le cas contraire. Cortez-Masto reste tout de même favorite (surtout si Laxalt n'y va pas).
New Hampshire
La sortante démocrate Maggie Hassan est un poids lourd local (ancienne gouverneure de l'état, elle a battu la sénatrice sortante républicaine en 2016 avec à peine 1 000 voix d'avance, dans un contexte où Trump faisait un bon score dans l'état sur la présidentielle, on peut parler d'exploit), très bien implantée et populaire. Normalement elle ne devrait rien avoir à craindre, mais tout dépendra de la décision d'un seul homme : l'actuel gouverneur républicain de l'état, Chris Sununu. Lui aussi est un poids lourd local (très populaire et très implanté), et il dit réfléchir entre 3 options : se représenter en tant que gouverneur (au New Hampshire le mandat de gouverneur dure 2 ans et n'est pas limité dans le temps), tenter le siège de sénateur ou se retirer de la vie politique. Si il se lance dans la sénatoriale le siège pourrait être extrêmement disputé et représenterait peut-être la meilleure chance de gain pour le GOP ? Si Sununu n'y va pas en revanche, Hassan n'aurait rien à craindre.

Côté républicains
Alaska
Clairement le siège qu'il va être le plus difficile d'appréhender et pour lequel je suis incapable de faire le moindre pronostic. En cause les nouvelles règles électorales de l'état et la personnalité de la sortante républicaine. Cette dernière, Lisa Murkowski, est clairement la cible numéro 1 à abattre pour Trump sur ces élections : il ne lui pardonne pas ses positions passées contre ses actions et ses propos, et il veut la battre. Pour se faire, il a donc apporté son soutien à la candidature de la républicaine Kelly Tshibaka. Si on avait affaire à une primaire classique, Murkowski pourrait peut-être (sans doute ?) perdre la nomination républicaine (cela lui est déjà arrivé par le passé, ça ne l'a pas empêchée d'être réélue en write-in...), mais l'Alaska a adopté un système assez spécial et unique. Tous les candidats participent à une primaire géante, et sont qualifiés pour le run-off lors de la générale les 4 candidats arrivés en tête, indépendamment de leur affiliation partisane.
Et pour le run-off, les électeurs doivent classer les 4 candidats par ordre de préférence avec un système de vote à l'irlandaise. Autant dire que pour faire des pronostics sur ce qui pourrait sortir d'un tel système, c'est coton.
Murkowski et Tshibaka sont assurées d'être parmi les 4 qualifiés. Avec probablement un candidat démocrate et un candidat indépendant ? La stratégie de Murkowski est d'espérer au moins la seconde place derrière Tshibaka, pour pouvoir récolter les suffrages des candidats démocrate et indépendant lors des reports des voix de second et troisième tour. Mais je dirais que Murkowski n'est pas non plus totalement à l'abri de finir troisième si un candidat démocrate ou indépendant devait émerger ?
Si je devais faire un pari, je dirais que le GOP a de très fortes chances de conserver le siège, la question étant de savoir si ce sera avec une candidate trumpiste ou avec une candidate plus centriste ? Mais je dirais que sur ce siège là des surprises sont tout à fait possibles vu le système électoral particulier.
Pennsylvanie
Incontestablement la meilleure chance de bascule pour les démocrates : le siège est ouvert, et l'état, bien que très disputé a tout de même un très léger tropisme démocrate (l'actuel gouverneur et l'autre sénateur sont tous deux des démocrates). D'autant que côté démocrates ils se sont peut-être dégotés un candidat très atypique et compétitif : l'actuel lieutenant-gouverneur John Fetterman (un colosse tatoué et motard, très populaire auprès des cols bleus, au positionnement politique très protéiforme, à la fois conservateur et libéral selon les sujets). Connor Lamb, représentant démocrate du 18e district (plus centriste que Fetterman) hésite à contester la nomination à Fetterman. Si il se lance les primaires démocrates pourraient être disputées et tourner au vilain ? Côté républicains, un signe qui ne trompe pas, cela ne semble pas trop se bousculer pour savoir qui sera le candidat.
Floride
En théorie, le sortant républicain, Marco Rubio, devrait être assez serein : il est sortant et populaire auprès des Américano-Cubains, et la Floride a un léger tropisme républicain. Mais les démocrates semblent tout de même s'être trouvés une excellente candidate en la personne de Val Demings (représentante de Floride, Afro-Américaine avec un CV étoffé dans les forces de l'ordre), qui a plus ou moins fait le vide du côté des primaires démocrates depuis son annonce de candidature. De plus, Rubio est parfois assez mauvais en campagne. Mais là c'est un peu comme pour la Géorgie : le gouverneur républicain sortant Ron DeSantis se représente et il est favori (et lui joue carrément son avenir présidentiel sur sa réélection). Du coup ça devrait tout de même grandement aider Rubio à être réélu.
Missouri
Celui là j'ai hésité à le mettre là, il pourrait être dans la catégorie safe pour le GOP. Mais ça dépendra de qui sortira vainqueur des primaires républicaines : l'ancien gouverneur républicain Eric Greitens (contraint à la démission sur fond de scandale impliquant le chantage de sa maîtresse via des photos volées) tente un come-back. Si ce devait être lui le candidat sur la générale, avec un siège ouvert et un bon candidat démocrate je pense que le siège pourrait être en jeu. Si le candidat des républicains est n'importe qui d'autre alors le siège sera safe.
Ohio
Là aussi, le siège pourrait ne pas être dans cette catégorie là, mais c'est à surveiller : le siège est ouvert, et l'autre sénateur de l'état est démocrate. D'autant que côté républicains, les primaires ressemblent déjà à une foire d'empoigne entre plusieurs poids lourds. Là où côté démocrates on a pour l'heure qu'un seul candidat déclaré : Tim Ryan, un représentant assez centriste de l'état. Si les primaires républicaines tournaient au vilain et en fonction de l'identité du candidat républicain, Ryan pourrait avoir une petite chance, mais les républicains restent favoris pour conserver le siège.
Caroline du Nord
L'état est très disputé mais a un léger tropisme républicain. Là aussi les primaires républicaines s'annoncent tendues : l'ancien gouverneur McCrory tente aussi un come-back, mais Trump soutient officiellement la candidature du représentant Ted Budd, lequel n'est pas très connu. Côté démocrates aussi on a plusieurs candidats sur les rangs : l'ancienne chef de la cour suprême de l'état, Cheri Beasley (elle est Afro-Américaine) semble la plus connue, mais elle affronte la concurrence de plusieurs élus démocrates locaux. Bref, ici il est difficile de se prononcer avant les résultats des primaires, mais le siège a un gros potentiel pour être disputé (avec un léger avantage pour les républicains ?).
Wisconsin
Le sortant républicain Ron Johnson avait jadis annoncé qu'il ne ferait que deux mandats, il devrait donc normalement ne pas se représenter. Mais depuis que le terme de son second mandat approche, il semble moins certain quant à sa promesse passée :). Dans cet état, je ne saurais dire si la non candidature du sortant serait un plus ou pas. Il est très clivant, très trumpite, et mobilisera autant les pro que les anti. Et le Wisconsin reste sans doute l'état le plus disputé de l'Union. Là aussi, gros potentiel d'enjeu. Si le siège est ouvert il faudra voir qui seront les candidats. Côté démocrates, la décision de Johnson gèle pour le moment les candidatures.

Si j'ai le temps je ferai un point sur les élections pour les postes de gouverneurs plus tard.

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Mer 21 Juil 2021 17:03
de Relique
J'ai vraiment du mal à imaginer une situation de midterm où les démocrates auraient un gain net de siège au sénat.

Le plus probable reste:
- bascule très large de la chambre des représentants (difficile à dire combien avant le découpage, mais on ira sur du 50/80 sièges de différence à mon avis)
- perte de Géorgie, Arizona, New Hampshire et peut-être Nevada (dans l'ordre de la probabilité) pour les démocrates au sénat, la Pennsylvannie pouvant peut-être (mais je n'y crois pas) amenuiser la défaite.

(edit: et j'ajouterais que vu que la série 2024 avait été élue lors des midterms de Trump, cela donne facilement 4 ans de domination pour le parti républicain au sénat; même avec un président républicain, en 2026, cela sera très difficile de re-faire basculer le Sénat pour les démocrates, les sièges républicains les plus vulnérables étant l'Iowa,le Maine, la Caroline-du-Nord et le Texas !)

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Mer 21 Juil 2021 17:35
de Corondar
Relique a écrit:J'ai vraiment du mal à imaginer une situation de midterm où les démocrates auraient un gain net de siège au sénat.

Le plus probable reste:
- bascule très large de la chambre des représentants (difficile à dire combien avant le découpage, mais on ira sur du 50/80 sièges de différence à mon avis)
- perte de Géorgie, Arizona, New Hampshire et peut-être Nevada (dans l'ordre de la probabilité) pour les démocrates au sénat, la Pennsylvannie pouvant peut-être (mais je n'y crois pas) amenuiser la défaite.

(edit: et j'ajouterais que vu que la série 2024 avait été élue lors des midterms de Trump, cela donne facilement 4 ans de domination pour le parti républicain au sénat; même avec un président républicain, en 2026, cela sera très difficile de re-faire basculer le Sénat pour les démocrates, les sièges républicains les plus vulnérables étant l'Iowa,le Maine, la Caroline-du-Nord et le Texas !)


Le scénario d'une lourde défaite à la Chambre pour le parti du Président accompagné dans le même temps d'une légère progression de son parti au Sénat est pourtant un scénario qui se produit parfois. Ce fut le cas pour Trump en 2018 par exemple.
De toute façon, il est trop tôt pour savoir dans quel contexte se tiendront ces midterms (popularité ou impopularité de Biden, situation économique et sociale à ce moment là, bilan des deux premières années de l'administration Biden...).
Personnellement, à l'heure actuelle je vois les démocrates perdre la Chambre (mais je ne les vois pas perdre autant de sièges que vous) et conserver le Sénat (avec le maintien du 50/50 ?).
Pour le New-Hampshire je pense réellement que ça dépend du choix de Sununu : si il n'y va pas, le siège est safe pour les démocrates je pense, Hassan est trop bien implantée. Concernant la Géorgie et l'Arizona j'ai tout de même le sentiment que les partis républicains locaux ne sont pas en grande forme, là où les sortants démocrates ont l'air plutôt populaires (surtout Kelly en Arizona).
A mon sens, le gros avantage des démocrates c'est que tous leurs sortants rempilent, là où côté républicains il y a beaucoup de sièges ouverts.

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Mer 21 Juil 2021 18:02
de Relique
Pour Sununu, je suis d'accord. C'est pour cela que je l'ai classé après l'Arizona en termes de probabilité. Si Sununu y va, son élection me semble plus probable que celle d'un républicain dans l'Arizona.

Il est vrai que les Républicains peuvent toujours réussir à sélectionner les pires candidats possibles et imaginables, c'est toujours possible, mais en termes de probabilité, la bascule me semble tout de même favorisée.

Ils aiment bien utiliser des "nuances" chez les pronostiqueurs états-uniens (likely, leaning, tilt, toss-up). Je mettrais Georgia en 'likely', Arizona en 'leaning', New-Hampshire 'likely' avec Sununu (lean Democrat sinon), Nevada 'tilt' et Pennsylvanie 'tilt' Republican également.

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Dim 1 Aoû 2021 15:27
de Kerxizor
Floride
En théorie, le sortant républicain, Marco Rubio, devrait être assez serein : il est sortant et populaire auprès des Américano-Cubains, et la Floride a un léger tropisme républicain. Mais les démocrates semblent tout de même s'être trouvés une excellente candidate en la personne de Val Demings (représentante de Floride, Afro-Américaine avec un CV étoffé dans les forces de l'ordre), qui a plus ou moins fait le vide du côté des primaires démocrates depuis son annonce de candidature. De plus, Rubio est parfois assez mauvais en campagne. Mais là c'est un peu comme pour la Géorgie : le gouverneur républicain sortant Ron DeSantis se représente et il est favori (et lui joue carrément son avenir présidentiel sur sa réélection). Du coup ça devrait tout de même grandement aider Rubio à être réélu.



Vous êtes dur avec Rubio, il a quand même surperforme en 2016 là où Trump arrivait en tête d'à peine 1 point sur Clinton, Rubio avait 6 ou 7 points d'avance. Cela est dû au nombre importants d'électeurs latino américains qu'il est arrivé à "convaincre" sur le ressentiment anti Cuba notamment vu la proportion d'immigrés cubains en Floride.
Stratégie payante puisque les Républicains ont gagné l'autre siège au Sénat en 2018 contre le sortant Bill Nelson.
Je dirais que de tous les sièges, c'est le moins tangeant.

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Dim 1 Aoû 2021 16:20
de Corondar
Kerxizor a écrit:
Floride
En théorie, le sortant républicain, Marco Rubio, devrait être assez serein : il est sortant et populaire auprès des Américano-Cubains, et la Floride a un léger tropisme républicain. Mais les démocrates semblent tout de même s'être trouvés une excellente candidate en la personne de Val Demings (représentante de Floride, Afro-Américaine avec un CV étoffé dans les forces de l'ordre), qui a plus ou moins fait le vide du côté des primaires démocrates depuis son annonce de candidature. De plus, Rubio est parfois assez mauvais en campagne. Mais là c'est un peu comme pour la Géorgie : le gouverneur républicain sortant Ron DeSantis se représente et il est favori (et lui joue carrément son avenir présidentiel sur sa réélection). Du coup ça devrait tout de même grandement aider Rubio à être réélu.



Vous êtes dur avec Rubio, il a quand même surperforme en 2016 là où Trump arrivait en tête d'à peine 1 point sur Clinton, Rubio avait 6 ou 7 points d'avance. Cela est dû au nombre importants d'électeurs latino américains qu'il est arrivé à "convaincre" sur le ressentiment anti Cuba notamment vu la proportion d'immigrés cubains en Floride.
Stratégie payante puisque les Républicains ont gagné l'autre siège au Sénat en 2018 contre le sortant Bill Nelson.
Je dirais que de tous les sièges, c'est le moins tangeant.


A titre personnel je ne pense pas le siège de Rubio menacé, tout comme vous (même si je ne le vois pas avoir une avance énorme non plus le jour du scrutin ?).
Quant à mon jugement sur ses qualités de candidat c'est en effet assez subjectif, mais Rubio passe plutôt pour quelqu'un d'assez dilettante, qui s'éparpille pas mal, et qui a du mal à rester concentré sur une campagne. On l'a surtout vu lors de la séquence 2015-2016, où il a tenté (sans succès) d'obtenir l'investiture républicaine pour la présidence. Il avait à cette occasion mal joué sa partie, et, dans un premier temps, il s'était d'ailleurs engagé à ne pas se représenter sur la sénatoriale afin de se consacrer sur la présidentielle. Après avoir échoué aux primaires présidentielles il était revenu sur sa parole et s'était représenté pour la sénatoriale. Et sur cette campagne là on sentait qu'il ne s'était pas très préparé du coup.
Mais son implantation auprès des Américano-Cubains est en effet forte. Et lui avait en effet permis de l'emporter facilement en 2016, 52% contre 44.3% (là où c'était nettement plus serré sur la présidentielle entre Trump et Clinton en effet).
Mais le candidat démocrate de 2016 était le représentant Patrick Murphy, un candidat un peu falot, très typé establishment du parti démocrate, et qui avait en plus dû essuyer pendant sa campagne une polémique sur son CV qu'il avait enjolivé. Et qui en plus avait changé d'affiliation politique : républicain jusqu'en 2011, il était devenu démocrate par la suite (ce qui lui avait sans doute coûté quelques voix au sein de l'aile gauche du parti de l'âne).
Je dis juste que Val Demings me parait être une candidate d'une autre trempe, et que si Rubio part aussi "léger" que sur ses campagnes 2015-2016, il n'est pas à l'abri d'un score moins bon qu'en 2016. Même si je pense que sur le poste de gouverneur DeSantis est lui très favori, et que je ne vois pas un split ticket entre la sénatoriale et le gouvernorat...

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Mar 10 Aoû 2021 13:37
de Corondar
Corondar a écrit:Pennsylvanie
Incontestablement la meilleure chance de bascule pour les démocrates : le siège est ouvert, et l'état, bien que très disputé a tout de même un très léger tropisme démocrate (l'actuel gouverneur et l'autre sénateur sont tous deux des démocrates). D'autant que côté démocrates ils se sont peut-être dégotés un candidat très atypique et compétitif : l'actuel lieutenant-gouverneur John Fetterman (un colosse tatoué et motard, très populaire auprès des cols bleus, au positionnement politique très protéiforme, à la fois conservateur et libéral selon les sujets). Connor Lamb, représentant démocrate du 18e district (plus centriste que Fetterman) hésite à contester la nomination à Fetterman. Si il se lance les primaires démocrates pourraient être disputées et tourner au vilain ? Côté républicains, un signe qui ne trompe pas, cela ne semble pas trop se bousculer pour savoir qui sera le candidat.


Du côté des démocrates le choc Fertterman-Lamb aura bien lieu sur leurs primaires : ce dernier vient officiellement de lancer sa candidature.
https://www.politico.com/news/2021/08/0 ... amb-502749
Côté républicains on a toujours pour le moment des second couteaux, dont aucun n'a jamais été élu à un quelconque mandat.

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Sam 21 Aoû 2021 12:38
de Corondar
Au Nevada, Adam Laxalt, ancien attorney general républicain de l'état (de 2015 à 2019) et héritier d'une dynastie politique locale (son grand-père et son père furent sénateurs, ce dernier fut aussi gouverneur), se lance dans la bataille pour essayer de contester le siège sénatorial à la sortante démocrate Catherine Cortez Masto. Le siège s'annonce comme l'un des plus disputés des futures midterms.
https://thehill.com/homenews/campaign/5 ... -in-nevada
En Californie, le représentant démocrate du 17e district (un district de la baie de San Francisco) Ro Khanna (une figure de l'aile gauche du parti) renonce à se présenter sur la jungle primary. Le sortant démocrate Alex Padilla (plus centriste et originaire de LA) devrait donc être (ré)élu assez facilement (il a été nommé sur le poste pour remplacer la VP Kamala Harris).
https://www.politico.com/states/califor ... ft-1389749

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Jeu 16 Sep 2021 16:52
de Corondar
Petit focus sur les découpages électoraux (gerrymandering comme on dit aux USA) à venir.
On a déjà beaucoup parlé des découpages républicains (puisqu'ils sont en charge du processus dans un plus grand nombre d'états, et donc de circonscriptions, que les démocrates). Mais, une fois n'est pas coutume, on va parler d'un état où les démocrates peuvent (et vont, assurément...) tenter un découpage massif à leur avantage, et c'est à New-York que ça se passe.
Petit retour en arrière : lors du découpage de 2010, les démocrates étaient tombés sur un os. En effet, si ils contrôlaient le poste de gouverneur et la chambre basse de l'état, le sénat local leur échappait alors (en cause plusieurs élus démocrates très centristes, des blue dogs, qui siégeaient avec les républicains). Sans trifecta, ils n'avaient pas pu découper à leur guise. Si dans l'état de New-York une commission indépendante propose le découpage initial, il revient aux assemblées locales de valider ou non le projet, et de le redécouper le cas échéant. En 2010, les démocrates avaient donc dû se mettre d'accord avec les républicains, laissant à ces derniers un nombre de districts potentiels assez décent au regard du penchant très bleu de l'état.
Mais les démocrates ont depuis fait main basse sur le trifecta et comptent bien le rentabiliser.
Actuellement on a 19 représentants démocrates pour 8 républicains au sein de la représentation de l'état à la Chambre du Congrès (+11 pour les démocrates). New-York, suite au dernier recensement, va perdre un siège, passant de 27 à 26. Il est fort probable que le district qui saute soit un district démocrate, mais les démocrates vont sans doute tenter d'optimiser au maximum la nouvelle carte. Le but étant d'essayer d'obtenir 22 sièges pour les démocrates contre seulement 4 pour les républicains (on passerait donc à +18 pour les démocrates).
Cela semble tout à fait possible avec des découpages au scalpel (du côté de Long Island, je pense que les démocrates ne vont laisser qu'un seul siège aux républicains en les concentrant dans la partie la plus au sud de la zone, le dernier district républicain de la grosse pomme autour de Staten Island est sans doute condamné par l'ajout futur de portions de Brooklyn en son sein, et même dans la partie nord de l'état, le long de la vallée de l'Hudson, il y a de la marge pour essayer de grappiller des districts plus favorables aux démocrates).
Bref, les démocrates comptent bien utiliser l'état de New-York pour essayer de contrecarrer une partie des redécoupages plus favorables aux républicains dans des états du Sud, notamment Floride, Texas et Géorgie. Il faut d'ailleurs noter que sur ces 3 états là, les républicains ont tout de même un souci d'ordre démographique. Même avec un découpage au laser très rentabilisé des circonscriptions, on parle là d'états qui ont vu leurs populations croître essentiellement par l'apport de nouvelles populations aux tendances démocrates, surtout au Texas et en Géorgie. Depuis 2010, Atlanta a vu sa population augmenter de 1.3 millions d'habitants, Houston a gagné 1.5 millions d'habitants, Dallas 1.2 millions, et San Antonio 500 000 habitants. Et on parle là de populations plus jeunes et plus métissées. Même en gerrymandant comme des malades, les républicains peuvent diluer le poids des électeurs démocrates urbains, mais ils ne peuvent pas les faire disparaître non plus, et vont devoir composer avec. Dans un état comme New-York, le poids des démocrates reste stable, voire se renforce. Surtout, les républicains ont déjà beaucoup gerrymandé dans les états du Sud en 2010, là où les démocrates n'avaient pas pu le faire sur New-York. Les deux partis ne partent donc pas du même point de départ dans ces états...
https://centerforpolitics.org/crystalba ... ng-series/
https://www.nytimes.com/2021/09/14/nyre ... ng-ny.html

Re: Elections américaines des midterms 2022

MessagePosté: Dim 19 Sep 2021 10:04
de Nico78
Dans le Nebraska, les Républicains tentent de bétonner le 2e district (autour d'Omaha), qui a parfois tendance à leur échapper et qui peut apporter un grand électeur très précieux aux Démocrates, quand le scrutin présidentiel est serré.
Le Nebraska étant le seul état avec le Maine à ne pas pratiquer le "winner takes all".
https://twitter.com/politique_usa/status/1438762698251059207