guillaume44 a écrit:Tout n'est pas encore perdu pour Paul Manafort, il peut encore faire appel et ou obtenir un acquittement sur les 10 chefs d'inculpation restant. Néanmoins son procés à Washington sera au minimum une défaite assurée pour le chef d'inculpation sur le non enregistrement d'agent travaillant pour un gouvernement étranger.
Concernant Cohen, ca se complique sérieusement mais à moins qu'il y ait des enregistrement clair de Trump que ses paiements étaient destinés à modifier les votes de l'élection présidentielle, ce dernier pourra toujours arguer qu'il protégeait son couple ou sa réputation. Ce qui n'est pas totalement faux.
En tous les cas, je souhaite pour Trump un résultat équivalent à Clinton en 1998 ou la population américaine avait comprise la partialité du procureur Kenneth Star et lui avait permis de gagner 5 sièges à la chambre.
Concernant les démocrates s'ils remportent la chambre avec ou sans le sénat, je ne vois pas trop quel intérêt il y aurait à destituer Trump car ce dernier serait neutralisé et se retrouverait dans la situation d'Obama en 2010. Puis Mike Pence passerait nettement mieux dans les médias et serait un president puis un concurrent redoutable en 2020.
Vous avez une propension à minimiser des crimes et délits graves assez désarmante.
Encore une fois, que Trump ait acheté le silence d'une actrice pornographique pour sauver son couple ou éviter de perdre l'élection est sans intérêt (mais le fait que le paiement ait eu lieu juste après le pussygate accrédite tout de même plus le second scénario que le premier, et quand on voit les rebuffades publiques de la first lady envers son mari depuis un moment et la réputation bien établie de Trump, si c'était le premier scénario qui était recherché, c'est raté).
Le président a déclaré ne pas être au courant du paiement, et ne pas l'avoir financé. Cohen vient de plaider coupable sur les deux charges, accuse Trump de lui en avoir donné l'ordre, et Giulliani lui même a reconnu que le président avait bien remboursé son avocat du paiement (enfreignant au passage les lois de financement des campagnes apparemment). Faire avaler que tout cela n'avait aucunement pour but d'éviter un scandale qui aurait pu avoir un impact sur l'élection, bon courage. Il faudra plus qu'une plaidoirie "Truth is not truth" de Giuliani pour en arriver à ce résultat. Et à un moment il faudra quand même que Trump nous dise pourquoi avoir nier le paiement d'une actrice pornographique pour une liaison inexistante, alors qu'il a remboursé le paiement. Personnellement j'ai toujours pas compris pourquoi on paye une personne pour ne pas révéler un mensonge...
Comparer la situation de Clinton en 1998 avec celle de Trump actuellement n'a aucun sens. En 1998, Clinton était un président démocrate qui avait face à lui un congrès républicain, un procureur autonome (non soumis au DOJ) et républicain. Ce dernier lui reprochait d'avoir menti sous serment quant à une relation extra conjugale privée, alors qu'il enquêtait sur des allégations d'agressions sexuelles (non retenues in fine).
Trump est un président républicain, qui a un congrès républicain, un procureur non autonome (soumis au DOJ) et républicain. Ce dernier le soupçonne d'avoir enfreint la législation sur le financement et l'organisation des campagnes électorales, possiblement d'avoir connecté sa campagne à des financements et/ou soutiens étrangers (interdits eux aussi par la loi US), avec à la clef une éventuelle influence du résultat de l'élection.
La différence énorme de gravité entre les accusations juridiques est abyssale, le contexte est radicalement différent. Mueller est républicain, comme le président, il a déjà 5 personnes qui ont plaidé coupable, un ex directeur de campagne condamné, et les suspicions qui s'accumulent désormais contre Trump deviennent plus que graves. Le dossier de Kenneth Starr n'a jamais été, même de loin, aussi rempli que ça. Et rappelons que Mueller n'a toujours pas rendu son rapport final...
A minimum, il parait difficile d'imaginer que Trump puisse désormais échapper à un entretien avec Mueller.
Quant à l'impeachment éventuel, les démocrates n'auraient pas vraiment le choix : si les charges contre Trump s'alourdissent, que le rapport final de Mueller est accablant, qu'ils ont bien repris la Chambre en novembre, et que leur base ultra motivée leur hurle de faire tomber un homme qu'ils n'auront jamais considéré comme leur président depuis le jour 1, je vois mal comment ils pourraient ne pas le faire. Ou plutôt, je vois tout ce qu'ils auraient à perdre à ne pas le faire, mais je ne vois pas ce qu'ils gagneraient à ne pas le faire. D'autant, que si la procédure est lancée par la Chambre, elle ne sera pas votée par le Sénat : 67 sénateurs qui destituent Trump, ce serait aussi science fictionnel que d'imaginer plus d'une trentaine de grands électeurs changer d'avis pour inverser le collège électoral. C'est tout bénef pour les démocrates : ils diront à leur base qu'ils auront fait tout ce qu'ils ont pu pour virer Trump, mais que les sénateurs républicains auront fait passer leur parti avant la nation. Et ils garderont l'épouvantail Trump pour continuer à exciter leur base.
Mais ne vous inquiétez pas, les supporters de Trump ne le lâcheront pas. Le risque, c'est que cette base d'inconditionnels ne se réduise un peu. Mais pour eux, Trump avait raison pendant la campagne : il pourrait abattre un homme désarmé en pleine rue, devant les caméras du monde entier, qu'ils le suivraient encore...Par contre, il n'est pas impossible que du côté du GOP, surtout si le parti perd des plumes électorales en novembre, certains républicains se disent qu'il y a peut-être un créneau anti- Trump à (re)prendre. A mon avis ce sera trop tard, mais bon, on a vu à quel point la politique américaine pouvait se modifier rapidement...