jean24 a écrit:Mon message ne faisait que pointer la faiblesse des européens dans cette histoire, et si c'est pour faire plier les républicains, ça ne fait qu'empirer mon jugement envers l'UE, quand on voit que Trump vient d'augmenter les taxes sur les voitures allemandes ! Ces européens ils osent tout, il ne manquerait plus qu'ils taxent Apple et qu'ils se réjouissent de voir Samsung les remplacer...
Enfin bon, il faut guetter ce qui va se profiler, ce qui est possible c'est encore une hausse de la productivité américaine (et qu'on ne vienne pas me dire que c'est impossible, ça fait plus de deux siècles que des charlatans disent que c'est impossible #Ricardo ) et donc une hausse de la croissance, see and what.
Et je suis d'accord avec vous, Trump, et donc les USA n'en sortira pas 100% bénéficiaire, mais c'est ceux qui vont probablement gagner le plus.
Comme vous le faites remarquer, l'économie US se porte déjà très bien (macro-économiquement en tout cas, faut pas trop gratter la surface pour voir ce qui se cache derrière...). Je cherche toujours désespérément à voir ce que les USA ont à gagner à une politique protectionniste de grande envergure. Des gains de compétitivité ? Des gains de production ? Des parts de marché ? Une baisse du chômage ? Une hausse de la consommation intérieure ? Ils ont déjà tout ça.
Trump vise deux objectifs : revivifier des secteurs industriels en crise (pour des raisons purement électorales), et réduire le déficit commercial (pour des raisons de puissance symbolique essentiellement). Mais encore une fois, pour ce dernier point, il ne s'attaque pas à la racine du mal (l'hyperconsommation américaine financée par la dette sans fin).
Je cherche aussi toujours à comprendre pourquoi les Américains sortiraient forcément le plus gagnant d'une guerre commerciale. Parce que c'est eux qui ont le plus grand déficit commercial ? Au contraire, c'est justement parce qu'ils sont déjà hyper dépendants du commerce international qu'ils ont le plus à perdre à une dégradation générale de ce commerce international.
Pour illustrer ceci, prenons le seul exemple de l'automobile. Selon les années, entre 20 et 25% de la production automobile US est destinée à l'export (c'est un ratio déjà nettement supérieur au marché européen, où seules les marques allemandes marchent réellement bien à l'exportation, car, contrairement à l'image que certains en donnent, l'industrie automobile américaine, après des années de crise, se porte désormais très bien). Même si 100% de la production US se réservait au marché intérieur, ce ne serait pas suffisant pour assurer la demande. Et croire que l'industrie automobile américaine pourrait à elle seule pourvoir à la demande US, c'est totalement utopique. La seule conséquence dans ce domaine qu'aurait une guerre commerciale à grande échelle, ce serait une forte hausse des prix des véhicules. Mais ça ne s'arrête pas là, il y a pire.
Dans la catégorie, le problème est plus complexe que les protectionnistes ne veulent le faire croire...BMW dispose d'une usine aux USA, en Caroline du Sud, un site majeur pour le groupe, puisque c'est le seul dans le monde à fabriquer son modèle Roadster Z4. Ce site n'écoule qu'une partie de sa production aux USA, une autre partie étant réservée à l'export. Et oui, BMW participe aussi aux exportations US (pas seulement à ses importations), et emploie des milliers d'ouvriers américains (et je ne parle même pas des sous-traitants). Et ce n'est là qu'un exemple, sur un seul site, dans un seul domaine industriel, on pourrait en trouver des milliers d'autres.
Que risque t il de se produire pour ce genre de sites en cas de guerre commerciale entre les USA et l'UE ? Des fermetures en cascade sont à craindre, sans aucune intervention étatique, soit par mesure de rétorsion des entreprises concernées, soit par pragmatisme financier (puisque la production de BMW en Caroline du Sud subira des taxes pour exporter vers l'Europe qu'elle s'épargnera en rapatriant sa production à la maison mère).
Enfin, j'aimerais rappeler que pendant sa campagne, Trump avait désigné (à raison à mon sens) la Chine comme principal concurrent commercial des USA, pas l'Europe. Or, il semble bien désormais qu'il s'intéresse plus à l'Europe qu'à l'Asie, et pourtant c'est bien dans cette dernière zone que se situe la plus grande part du déficit commercial US. Autre élément : Trump nous promettait un protectionnisme "intelligent", fruit de négociations bilatérales musclées (puisque Trump est le meilleur négociateur du monde, selon lui même) entre les USA et chaque état. Depuis, point de négociation commerciale de grande envergure avec quiconque (aussi bien avec la Chine que les pays de l'ALENA tout ça est au point mort), et des taxes unilatérales annoncées au petit bonheur, qui entraînent à chaque fois des taxes en réponse. Et toujours pas de taxe dans le domaine du textile, pourtant lui aussi dénoncé par Trump pendant la campagne (là aussi avec raison je pense) comme étant le domaine industriel où l'Asie faisait le plus de dumping social.
jean24 a écrit:Sinon, c'était attendu, Dean Heller l'avait souffleté pendant le printemps, mais c'est bon c'est officiel, Anthony Kennedy démissionne de la cour suprême, ça va sans aucun doute déplacer la cour un peu plus à droite.
https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html
Ça c'est une nouvelle qui, bien qu'assez attendue, va mettre le feu aux poudres, enfin encore plus j'entends :). La Maison Blanche va surement tenter de jouer la précipitation pour essayer de nommer au plus vite un remplaçant. Est ce possible avant les midterms ? Pas sur, mais pas totalement impossible non plus ? Si la nomination ne peut être faite avant les midterms, cela va être un gros enjeu des élections que chaque parti va utiliser massivement pour essayer de mobiliser sa base.
En tout cas, les démocrates lutteront jusqu'au bout pour empêcher qu'un juge trop conservateur ne remplace un juge plutôt centriste (Kennedy étant souvent la voix décisive dans les délibérations). Et les républicains vont tout faire pour tenter de faire bascule la cour suprême de leur côté. Bref, ça promet...