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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Dim 22 Nov 2020 09:26
de Aurélien59
Merci pour la citation ! :)
J'avoue que je ne me souvenais plus exactement de mon pronostic, je suis très content de voir qu'il s'est avéré juste. Néanmoins, c'est un coup de chance, mon pronostic avait été fortement influencé par le fameux sondage d'Ann Selzer dans l'Iowa donnant Trump à +7, sans cela je pronostiquais plutôt un landslide pour Biden (à titre personnel, j'aurais préféré que ce soit le cas...).
Pour le sénat, la dynamique sondagière était tout de même de plus en plus favorable au GOP surtout en Caroline du Nord et en Iowa.
Pour répondre à votre question et en toute honnêteté intellectuelle, j'avais bien intégré la Géorgie et l'Arizona dans la liste des swing states, pour preuve je parle du Texas dans les Etats que gagnerait Trump, La Géorgie et l'Arizona étaient considérés comme des Toss-Up alors que le Texas a toujours été considéré comme penchant plutôt pour le GOP.
Par contre je n'aurais jamais mis une pièce sur Collins dans le Maine, surtout avec l'avance prévue pour Biden dans l'Etat. Du coup j'aurais tendance à penser qu'elle pourrait être plutôt "bienveillante" avec Biden au moins dans les premiers temps de son mandat, j'ai plus de mal à imaginer quel sénateur du GOP pourrait l'être afin de valider au moins les nominations de son futur cabinet... peut-être Romney ? ou Johnson du Wisconsin et Toomey de Pennsylvanie qui ne se représenteront pas en 2022 ? Murkowski ? Il n'y en aura probablement même pas une dizaine.

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Dim 22 Nov 2020 13:17
de Corondar
Aurélien59 a écrit:Merci pour la citation ! :)
J'avoue que je ne me souvenais plus exactement de mon pronostic, je suis très content de voir qu'il s'est avéré juste. Néanmoins, c'est un coup de chance, mon pronostic avait été fortement influencé par le fameux sondage d'Ann Selzer dans l'Iowa donnant Trump à +7, sans cela je pronostiquais plutôt un landslide pour Biden (à titre personnel, j'aurais préféré que ce soit le cas...).
Pour le sénat, la dynamique sondagière était tout de même de plus en plus favorable au GOP surtout en Caroline du Nord et en Iowa.
Pour répondre à votre question et en toute honnêteté intellectuelle, j'avais bien intégré la Géorgie et l'Arizona dans la liste des swing states, pour preuve je parle du Texas dans les Etats que gagnerait Trump, La Géorgie et l'Arizona étaient considérés comme des Toss-Up alors que le Texas a toujours été considéré comme penchant plutôt pour le GOP.


Et bien encore félicitations, puisque vous avez un 50/50 au niveau des états pour la présidentielle, et que sur le Sénat seul le Maine vous échappe (tout comme vous je reste impressionné par la performance de Collins à se faire réélire alors que le Maine vote très nettement pour Biden).

Aurélien59 a écrit:Par contre je n'aurais jamais mis une pièce sur Collins dans le Maine, surtout avec l'avance prévue pour Biden dans l'Etat. Du coup j'aurais tendance à penser qu'elle pourrait être plutôt "bienveillante" avec Biden au moins dans les premiers temps de son mandat, j'ai plus de mal à imaginer quel sénateur du GOP pourrait l'être afin de valider au moins les nominations de son futur cabinet... peut-être Romney ? ou Johnson du Wisconsin et Toomey de Pennsylvanie qui ne se représenteront pas en 2022 ? Murkowski ? Il n'y en aura probablement même pas une dizaine.


Si vous souhaitez parler de la future administration ce sera dans le topic de la vie politique américaine...
Pour rester au niveau de la présidentielle, les recours judiciaires du président s'apparentent de plus en plus à des opérations d'un amateurisme presque embarrassant. A cet égard, la dernière conférence de presse de Giuliani a atteint des sommets de n'importe quoi. Au moins cette fois il a pensé à ne pas la faire devant un sex shop et un crématorium, mais il a connu un petit problème de maquillage qui a plus retenu l'attention que le fond de son discours, ce qui, vu la teneur complotiste de l'ensemble (toujours sans aucune preuve avancée), n'est peut-être pas plus mal ?
https://www.linternaute.com/actualite/q ... en-avance/
https://edition.cnn.com/2020/11/21/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2020/11/21/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2020/11/19/poli ... index.html
https://filmdaily.co/news/rudy-giuliani ... memes-dye/
Il paraîtrait que Giuliani serait rétribué 20 000 dollars par jour pour ses services d'avocat : au vu des résultats, je pense qu'on serait pas loin de l'escroquerie en bande organisée si c'était bien le cas :).
https://www.businessinsider.fr/us/giuli ... es-2020-11

Dans l'intervalle, le secrétaire d'état de Géorgie a bien certifié les résultats officiels, et le gouverneur (républicain) a bien confirmé qu'il ne faisait aucun doute que les grands électeurs du Peach State iront à Biden. Et les deux ont encore tenu à rappeler le bon déroulé du scrutin dans leur état. Ce qui n'a pas empêché la campagne Trump de demander un second recompte...
https://edition.cnn.com/2020/11/20/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2020/11/21/poli ... index.html
Comme niveau judiciaire tout cela tourne au fiasco, Trump et certains de ses alliés (au premier rang desquels Lindsey Graham) tentent (maladroitement et publiquement) de faire pression sur certains élus républicains au niveau des états pour que ces derniers tentent de faire élire les grands électeurs de leurs états respectifs non pas par le suffrage populaire, mais par les assemblées locales (quand elles sont dirigées par des majorités républicaines). Trump a tenté d'inciter les chefs des majorités républicaines locales du Michigan et de Pennsylvanie à opter pour cette option. Après avoir poliment écouté Trump, les élus en question ont tous décliné, en rappelant que c'était aux électeurs de choisir les grands électeurs, pas les assemblées locales. Les coups de téléphone de Graham à plusieurs secrétaires d'états de swing states n'ont pas eu plus de succès.
https://edition.cnn.com/2020/11/20/poli ... index.html
https://www.nbcnews.com/politics/2020-e ... t-n1247968
Est-il utile de préciser que tout cela pourrait conduire à des poursuites judiciaires pour tentative de fraude électorale et tentative de corruption ? Ce qui est incroyable c'est que ce sont les mêmes qui accusent les démocrates de tenter de trafiquer les votes et d'altérer le processus électoral...

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mar 24 Nov 2020 01:22
de Corondar
Un article intéressant de FiveThirtyEight, qui analyse les changements observés au sein des votes latinos et des votes blancs par rapport à il y a 4 ans.
https://fivethirtyeight.com/features/wh ... d-in-2020/
1) Du côté des Latinos, Trump a beaucoup augmenté ses scores par rapport à il y a 4 ans. Ceci dit, l'article relève que la proportion obtenue par Trump il y a 4 ans au sein du vote des Latinos était historiquement faible, et que le niveau global qu'il atteint cette année le ramène en fait aux niveaux atteints par McCain ou Romney lors des précédentes élections auprès de cet électorat là.
Mais il y a clairement eu une progression notable et que l'on retrouve dans beaucoup d'états (ou de comtés) auprès de communautés latinos différentes.
Trump a surtout progressé auprès des Cubains de Miami, et chez certaines communautés Tejanos du sud du Texas (c'est ainsi qu'on appelle les Mexicains qui n'ont pas émigré vers les USA, mais qui sont devenus Américains lorsque les USA ont annexé le Texas après la guerre de 1845-1848 contre le Mexique : techniquement, ce sont les Américains qui ont migré vers une ancienne partie du Mexique :) ).
2) Du côté des Blancs, Biden a confirmé et amplifié la progression initiée par Clinton il y a 4 ans auprès des Blancs diplômés.
L'article constate que ces évolutions ont joué énormément dans les résultats de certains états (Floride et Grands Lacs).
Il met en avant que l'élément du niveau d'études (plus on est diplômé plus on vote démocrate) et que le clivage urbain / rural restent les deux éléments les plus significatifs pour anticiper les votes des électeurs (ainsi les Latinos diplômés et vivant en ville votent massivement pour Biden par exemple).
Du côté des votes Latinos, l'article met en avant que la campagne 2016 était nettement plus polarisée sur la question migratoire (le mur et les dérapages anti Mexicains de Trump), question qui était en grande partie responsable de la contre performance générale de Trump auprès des Latinos il y a 4 ans. Il semblerait que cette année, les questions économiques auraient permis à Trump de regagner du terrain auprès de ces catégories (plus l'axe anti-socialiste en Floride, et une meilleure couverture de terrain dans cet état). Mais ces gains là n'ont pas permis de compenser les pertes auprès des Blancs diplômés, surtout dans les états où les Latinos sont peu ou moins présents.
Il semble qu'en Arizona, les votes latinos auraient aussi été un peu moins améliorés par Trump qu'ailleurs. Et comme les Blancs diplômés ont aussi opté pour Biden...
L'article conclue qu'il est trop tôt pour statuer sur la pérennité de ces changements et leurs évolutions futures. La bascule des Blancs diplômés vers les démocrates est-elle le début d'un basculement définitif ou un phénomène amplifié par un rejet du trumpisme ? Pour cet électorat là, il semble notamment que les discours anti-scientifiques (sur le Covid mais aussi le réchauffement climatique) ont beaucoup coûté aux républicains, là où certains Latinos ont voté pour des raisons économiques.
Bref, le site conclue qu'il est très difficile de séparer le conjoncturel du structurel, et que seule l'analyse des comportements électoraux futurs (ainsi que les évolutions ou non des partis sur tout un tas de sujets et de politiques) permettront de statuer sur la pérennité ou non de ces évolutions.
Mais l'article souligne tout de même un élément important : au sein des Blancs, la part des diplômés ne cesse d'augmenter là où celle des non-diplômés ne cesse de se réduire depuis plusieurs décennies.

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mar 24 Nov 2020 13:51
de manudu83
Le Michigan a certifié ses résultats par 3 voix pour et une abstention. Les républicains n'ont pas pu apporter la preuve d'une fraude majeure (seuls 450 bulletins environs sont restés contestés alors que Biden avait 144 000 voix d'avance).
Les Swing states devraient tous certifier leurs résultats rapidement (Wisconsin/Pennsylvanie/Arizona seront les derniers le 1er décembre).
Il ne restera alors plus que la voie des tribunaux pour Trump comme voie de recours.

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mar 24 Nov 2020 18:17
de Corondar
manudu83 a écrit:Il ne restera alors plus que la voie des tribunaux pour Trump comme voie de recours.


Vu les succès initiaux des avocats de Trump sur cette voie là, je pense que Biden et Harris peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mar 24 Nov 2020 21:32
de Corondar
La Pennsylvanie (un peu plus de 80 000 voix d'avance) et le Nevada (un peu plus de 33 000 voix d'avance) ont certifié leurs résultats en faveur de Joe Biden.
La Caroline du Nord (un peu plus de 74 000 voix d'avance) a certifié ses résultats en faveur de Donald Trump.
https://edition.cnn.com/2020/11/24/poli ... index.html

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mer 25 Nov 2020 12:06
de manudu83
Avec les certifications de la Pennsylvanie, Georgie, Nevada, Michigan : il ne reste que 21 GE "en suspens" (Arizona - Wisconsin),
Joe Biden est donc à 285 GE certifié (en considérant que même si NY et Californie n'ont pas certifié, ils sont acquis à Biden).

Au niveau judiciaire, les juges ne font même plus l'effort de donner audience, le dernier cas en Pennsylvanie, le juge a rejeté "l'affaire" sans audience mais avec un beau commentaire sur la théorie présentée par les républicains qui est :
"like Frankenstein’s Monster, has been haphazardly stitched together from two distinct theories in an attempt to avoid controlling precedent" et de conclure que l'ensemble est: "unhinged from the underlying right being asserted."

edit :
Il y a quelques tacles dans le document:
"The standing inquiry as to the Trump Campaign is particularly nebulous because neither in the FAC nor in its briefing does the Trump Campaign clearly assert what its alleged injury is."
"To be clear, this Court is not holding that a political campaign can never establish standing to challenge the outcome of an election; rather, it merely finds that in this case, the Trump Campaign has not pled a cognizable theory."

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mer 25 Nov 2020 13:01
de Corondar
manudu83 a écrit:Avec les certifications de la Pennsylvanie, Georgie, Nevada, Michigan : il ne reste que 21 GE "en suspens" (Arizona - Wisconsin),
Joe Biden est donc à 285 GE certifié (en considérant que même si NY et Californie n'ont pas certifié, ils sont acquis à Biden).

Au niveau judiciaire, les juges ne font même plus l'effort de donner audience, le dernier cas en Pennsylvanie, le juge a rejeté "l'affaire" sans audience mais avec un beau commentaire sur la théorie présentée par les républicains qui est :
"like Frankenstein’s Monster, has been haphazardly stitched together from two distinct theories in an attempt to avoid controlling precedent" et de conclure que l'ensemble est: "unhinged from the underlying right being asserted."

edit :
Il y a quelques tacles dans le document:
"The standing inquiry as to the Trump Campaign is particularly nebulous because neither in the FAC nor in its briefing does the Trump Campaign clearly assert what its alleged injury is."
"To be clear, this Court is not holding that a political campaign can never establish standing to challenge the outcome of an election; rather, it merely finds that in this case, the Trump Campaign has not pled a cognizable theory."


Soyons honnêtes : vu les dossiers et le sérieux de l'ensemble, si les avocats en question ne représentaient pas le président en exercice des USA, je pense que certains d'entre eux auraient récolté un ou deux outrages à la cour, et ils ne l'auraient sans doute pas volé. Parce que voir des avocats plaider l'existence d'un crime ou délit, et reconnaître dans la foulée que le crime ou le délit n'existe pas vraiment et/ou qu'ils n'ont aucun élément concret pour ne serait-ce que vaguement accréditer cette accusation, c'est quand même extraordinaire.
Personnellement, j'en suis resté à ce moment magique où on porte plainte pour la non présence d'observateurs républicains dans les bureaux de vote, avant de reconnaître qu'il y a bien des observateurs républicains présents dans les bureaux de votes :).

Revenons en à des choses un peu plus établies : Biden vient de dépasser les 80 millions de suffrages, Trump ne devrait pas tarder à dépasser les 74 millions.
https://www.nbcnews.com/politics/2020-e ... tion_usmap
Il resterait environ 2.5 millions de bulletins à dépouiller. Ces bulletins iront majoritairement à Biden, qui devrait dépasser assez nettement les 81 millions de voix ? Trump pourrait avoir plus de mal à dépasser les 75 millions ?
Les candidats devraient être séparés par entre 6.5 et 7 millions de voix au final ? L'écart en pourcentages devrait tourner autour des 4.2 ou 4.3 points ?
Au niveau de l'ampleur de l'écart pour un président sortant défait, on sera assez proche de celle de Bush père. Sauf que ce dernier se faisait battre dans un contexte de triangulaire (avec un Ross Perot qui fragmentait nettement plus le vote), par un candidat victorieux qui réunissait seulement 43% des suffrages sur son nom. Là Biden dépassera les 51%.
Sur cet élément là les sondages ne se seront pas trompés : au lieu de s'intéresser aux écarts et à leur réduction éventuelle, la campagne Trump aurait dû s'inquiéter du fait que Biden atteignait (et dépassait) ce plafond des 50%, y compris dans plusieurs swing states.
D'ailleurs, il va falloir attendre les résultats finaux pour en être certain, mais par rapport à 2016, la liste des swing states où le candidat victorieux sera sous la barre symbolique des 50% sera nettement plus réduite (même si dans certains états cela se joue à peu de choses). Cela sera le cas de l'Arizona, de la Géorgie et du Wisconsin. En fonction des derniers ajustements, ce sera peut-être aussi le cas de la Caroline du Nord (où Trump est à la limite inférieure des 50%) et de la Pennsylvanie (pareil que précédemment, mais là c'est Biden qui est à la limite supérieure des 50%) ?
En 2016, c'était le cas de l'Arizona, du Colorado, de la Floride, du Maine, du Michigan, du Minnesota, du Nevada, du New Hampshire, du Nouveau Mexique (avec un candidat libertarien ancien gouverneur de l'état qui flirtait sous la barre des 10%), de la Caroline du Nord, de la Pennsylvanie, de l'Utah (cas particulier avec un candidat mormon indépendant qui captait 21.5% des voix) et de la Virginie.
Signe que cette année, les petits candidats ont été réduits à la portion congrue, et que tout le monde avait un avis très tranché et polarisé à exprimer. Et que, dans cet environnement ultra polarisé, la "stratégie de la base" de Trump était sans doute vouée à l'échec à partir du moment où il affrontait un adversaire moins clivant que lui-même et que Clinton il y a 4 ans...
https://cookpolitical.com/analysis/nati ... ls-deliver

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Jeu 26 Nov 2020 01:09
de Alainmadelinos
Ça bouge beaucoup en Pennsylvanie ce soir.
L’équipe de Donald J.Trump présente des preuves accablantes de triche.
Un juge de l'État de Pennsylvanie se range du côté du GOP et suspend la certification électorale.
A suivre...

https://www.washingtontimes.com/news/20 ... g-electio/

Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

MessagePosté: Jeu 26 Nov 2020 01:33
de Corondar
Alainmadelinos a écrit:Ça bouge beaucoup en Pennsylvanie ce soir.
L’équipe de Donald J.Trump présente des preuves accablantes de triche.
Un juge de l'État de Pennsylvanie se range du côté du GOP et suspend la certification électorale.
A suivre...

https://www.washingtontimes.com/news/20 ... g-electio/


Une question se pose : est-ce que vous lisez les articles que vous citez en source ?
L'article en question ne parle à aucun moment de preuve accablante de triche, et pour cause, l'arrêt du juge en question ne statue pas sur une fraude quelconque, mais il demande une audience (qui aurait lieu vendredi) pour se pencher sur la constitutionnalité des votes par correspondance (le plaignant argue que la loi permettant le vote par correspondance sans devoir donner de raison particulière pour le justifier aurait nécessité un amendement de la constitution de l'état plutôt qu'une simple loi).
Précisons qu'il n'est pas établi que cet arrêt du juge en question suspende réellement la certification électorale de l'état (qui a bien été établie par les autorités compétentes hier). Précisons également qu'il semble douteux que la cour suprême de Pennsylvanie (qui s'est déjà exprimée sur les votes par correspondance dans plusieurs arrêts antérieurs à l'élection) statue sur le rejet à posteriori des votes par correspondance, alors même qu'elle a déjà rendu plusieurs arrêts précisant les contours (et donc la légalité) des votes par correspondance. Et quand bien même, au moment où les votes ont été émis, les électeurs étaient bien autorisés par la loi à exercer leur droit de vote par correspondance. Aucune cour ne rejettera ces votes à posteriori, même si elle devait in fine considérer que la constitution aurait dû être modifiée avant. La justice punit rarement des justiciables pour avoir commis un délit qui n'en était pas un au moment où il a été commis : les lois sont rarement rétroactives (il y a parfois des exceptions, mais dans des cas rares et très encadrés). Les électeurs n'ayant enfreint aucune loi, ils ne peuvent être condamnés, et on ne peut donc pas les punir en supprimant leur droit de vote (qui est garanti par la constitution).
Bref, désolé de vous décevoir, mais on est juste sur un rebondissement typique du système judiciaire US un peu byzantin...
Même FoxNews semble ne pas percevoir tout cela comme un rebondissement digne de figurer en une, c'est dire...
https://www.foxnews.com/politics/live-u ... 11-25-2020
Même Trump, qui a annulé sa venue en Pennsylvanie pour soutenir l'action de ses avocats dans cet état, semble ne plus trop y croire.
https://www.forbes.com/sites/tommybeer/ ... legations/
Et avec l'annonce de la grâce présidentielle de Flynn qui vient de tomber, je doute que cette péripétie judiciaire mineure ne fasse les gros titres...
https://edition.cnn.com/2020/11/25/poli ... index.html
Tout ce que cela nous confirme c'est que le but des avocats de Trump n'est pas de dénoncer des fraudes (il est difficile de prouver des éléments inexistants), mais bien de tenter d'annuler des votes qui ne leur conviennent pas car ils considèrent que ces votes ont choisi le mauvais candidat. Tout ce à quoi on assiste de la part des équipes Trump depuis plus de 3 semaines n'est ni plus ni moins qu'une attaque contre les principes de base de la démocratie. Le but n'est pas de combattre des fraudes, mais de combattre de "mauvais votes", non pas parce qu'ils seraient illégaux, mais parce qu'ils n'ont pas opté pour Trump.

Enfin, concernant ces fameuses "fraudes", je n'ai pas pour habitude de commenter plus que ça des théories complotistes fantaisistes, mais puisque c'est dans l'actualité, allons y...
Résumons donc le scénario avancé par les trumpistes depuis 4 ans :
1) en 2016, les démocrates auraient été suffisamment doués pour ajouter dans plusieurs états des millions de votes illégaux (sans laisser de traces plus que ça puisque la commission d'enquêtes créée par Trump sur le sujet a fait chou blanc) afin de voler le vote populaire à Trump, mais ils n'auraient pas été suffisamment doués pour altérer le collège électoral.
2) en 2020, les démocrates auraient été suffisamment doués pour ajouter dans plusieurs états des millions de votes illégaux (sans laisser de traces plus que ça puisque les dizaines d'actions judiciaires entreprises par les avocats de Trump dans plusieurs états et devant plusieurs cours de justice et plusieurs juges, dont certains aux penchants conservateurs, ont toutes été rejetées pour absence totale de preuve), mais cette fois ils se seraient améliorés et auraient donc réussi à aussi altérer le collège électoral. Par contre, leur amélioration est relative : ils seraient doués pour altérer l'échelon présidentiel mais pas les échelons du vote pour le Congrès (ils perdent une dizaine de sièges à la Chambre, et pour l'heure ne sont que sur un gain de +1 au Sénat, sans avoir la moindre certitude de pouvoir le basculer en janvier).
Précisons qu'on parlerait là de fraudes massives, commises à un niveau national dans plusieurs états, des dizaines, voire des centaines de comtés (dont certains où les républicains sont à la tête des autorités politiques et électorales locales), et qui impliqueraient au bas mot des centaines de personnes pour pouvoir être mises en place.
Et donc, ce système installé depuis au moins 4 ans ne laisserait aucune trace derrière lui (j'entends une trace débouchant sur un vrai procès, avec une vraie condamnation), et aurait "permis" aux démocrates de ne rien gagner en 2016 (hormis le vote populaire, super dans un système où il ne vaut rien), et leur aurait seulement permis de gagner la Maison Blanche en 2020 tout en reculant à la Chambre et en ne basculant pas (pour l'heure du moins) le Sénat.
Franchement, une fois tout cela posé, on se rend compte à quel point le schéma d'une fraude généralisée telle que présentée par Trump et Giuliani ne tient pas la route une seule seconde.
Parce que si réellement les démocrates étaient aussi doués que ça, Collins aurait déjà perdu son siège de sénatrice (je rappelle que dans cet état on a un gouverneur démocrate), les 2 sièges de Géorgie auraient aussi basculé (après tout, si les démocrates arrivent à flouer les autorités républicaines sur l'échelon présidentiel, pourquoi ne pas y arriver sur le Sénat ?), et je ne parle même pas des états bleus horizon où les démocrates ont le trifecta et perdent quand même quelques sièges à la Chambre (honnêtement, si les démocrates arrivent à truquer les résultats dans des états comme la Pennsylvanie, la Géorgie ou l'Arizona, je vois mal comment ils pourraient rater la fraude dans des états comme New-York ou la Californie).
Bref, il suffit de regarder la réalité en face 5 minutes pour se rendre compte que la théorie complotiste d'une fraude généralisée ne tient pas la route.