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L'élection va se clore dans quelques minutes au Chili.

Selon Mathieu Gallard " la participation pourrait souffrir de la conjonction de la température torride, de la réduction du nombre de bureaux de vote et du fait que les électeurs peuvent être inscrit dans un BdV très éloigné de chez eux au sein de leur commune."

On pourra suivre le dépouillement sur son fil, pour ma part je regarderai sans doute tout demain matin.Pour le moment, le résultat des chiliens de l'étranger, sans surprise très favorable à Boric (un peu + de 80 %), est sorti, mais c'est un part mineure, qui pourrait toutefois compter dans un scrutin.

https://twitter.com/mathieugallard/status/1462536242357317632

Les premiers résultats tombent sur le site officiel https://www.servelelecciones.cl
- Chiliens de l'étranger : pour 133 bureaux sur 248 : Boric 80,50 % / Kast 19,50 %
- au Chili : pour 165 bureaux sur 46 639 : Boric 48,06 % / Kast 51,94 %

Selon Mathieu Gallard : "Dans certains bureaux de vote d'Antofagasta, au nord du pays, l'électorat du premier tour de Parisi, qui était très fort dans la région, semble s'être largement reporté vers Boric au second tour. C'est un bon signe pour le candidat de gauche."

Sur presque la moitié des bureaux de vote, Boric obtient 54,58 % des suffrages exprimés. Ça semble plié.

Effectivement, Kast aurait reconnu sa défaite :
https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20211219-chili-le-candidat-de-gauche-gabriel-boric-%C3%A9lu-pr%C3%A9sident-jos%C3%A9-antonio-kast-reconna%C3%AEt-sa-d%C3%A9faite?ref=tw_i
Encore un pays latino-américain qui bascule à gauche.

En lisant le fil twitter, on a des remarques amusantes voire surprenantes. Bien sûr bcp de twittos de gauche qui sont heureux de cette victoire, certains qui rappelle que Boric est issu d'une primaire (et appellent à en tirer des leçons), l'un dénonce les progrès de l'axe castriste (et n'a pas peur des anachronismes).

Le plus surprenant pour moi, le compte (zemmourien) @tanguy_france qui écrit : "Triste nouvelle au Chili. (...) Une génération de jeunes trentenaires de gauche arrive au pouvoir dans ce pays qui a pourtant connu la dictature." Pourquoi "pourtant" ? quelqu'un lui a dit que Pinochet était justement d'extrême-droite^et que la jeune génération voulait se débarasser de ce qu'il en restait ? Ou alors il considère que la dictature est une bonne chose ?

C'est vrai que l'Amérique latine opère depuis quelques années un virage à 180°, après des années 2010 marquées par une omnipotence de la droite. Le Brésil pourrait bientôt compléter le tableau.

La victoire est beaucoup plus large que prévu, certains instituts de sondage prédisaient même une quasi-égalité entre les deux candidats. Selon les derniers chiffres des autorités électorales, Boric obtiendrait 55.86 % des voix (99.66 % des bureaux de vote).

C'est une ascension fulgurante pour Gabriel Boric, qui n'était que simple syndicaliste étudiant en 2011, avant de conquérir la députation en 2013. À 35 ans, soit l'âge légal pour se présenter à l'élection présidentielle, il est assurément le président le plus jeune de la République du Chili, et devrait être au moment de son investiture le plus jeune chef d'Etat au monde en exercice, derrière le capitaine-régent de Saint-Marin, Giacomo Simoncini (27 ans).

À l'inverse de son homologue péruvien, Pedro Castillo, qui est resté très conservateur sur les questions sociétales, Gabriel Boric s'inscrit sur une ligne progressiste. Ses réformes économiques sont ambitieuses (instauration d'un système de retraite public, d'une assurance maladie universelle, d'un impôt progressif) et vont se heurter à de nombreuses négociations avec le Parlement, qui n'est pas vraiment acquis à sa cause.

Ramdams a écrit:La victoire est beaucoup plus large que prévu, certains instituts de sondage prédisaient même une quasi-égalité entre les deux candidats. Selon les derniers chiffres des autorités électorales, Boric obtiendrait 55.86 % des voix (99.66 % des bureaux de vote).

Galard signale à cet égard deux faits intéressants :
- C'est la plus large victoire à une élection présidentielle depuis l'instauration du second tour en 1999 (Michelle Bachelet avait été élue avec 62,2% des voix en 2013) ;
- C'est le record en voix d'un candidat depuis 1993, ce qui indique une forte mobilisation.

Les résultats quasi définitifs (il manque 4 bureaux de vote) :
GORIC 4 620 671 voix 55,87 %
KAST 3 649 647 voix 44,13%
Les électeurs chiliens ont clairement choisi de ne pas renouer avec les années les plus sombres de leur histoire, quitte à prendre un risque (jeune président de 35 ans sans grosse expérience).

A noter que les Chiliens de France ont plébiscité GORIC : 1343 voix contre 159 au candidat d'extrème-droite.

Les reports de voix se sont globalement bien effectués entre chaque bloc (rappelons que la coalition autour de la démocratie chrétienne et des socialistes soutenait Boric au second tour, tandis que Chile Vamos, la coalition de droite du président sortant, au pouvoir de 2009 à 2013 et de 2017 à 2021, appuyait Kast).

Les électeurs de Franco Parisi se sont dispersés, en proportion variables selon les départements voire les communes, entre les deux candidats et l'abstention. Ainsi, la participation progresse beaucoup moins dans les départements où ce candidat était fort, et même régresse dans des communes où il avait fait des scores énormes, plus de 40%.

Ce qui a permis au président élu de creuser l'écart, c'est la spectaculaire remobilisation de l'électorat de gauche. Même si Kast, lui aussi, a pu ici ou là attirer de nouveaux votants (notamment dans un département conservateur comme l'Auracanie), c'est très majoritairement Boric qui a profité de la hausse de la participation: +8% en net, et il y a eu encore plus de nouveaux votants si on tient compte des électeurs qui ont voté au premier tour et se sont abstenus au second.

Ainsi, on ne saurait évaluer les rapports de voix en fonction des seuls pourcentage des exprimés, la population de votants s'étant fortement renouvelée entre les deux tours, au bénéfice de la gauche, qui réalise, en part des inscrits, son meilleur score depuis la fin du vote obligatoire.

Les deux tiers du million de voix d'avance de Boric viennent de la seule région métropolitaine de Santiago, où le candidat de gauche rafle 60% des suffrages exprimés, ne laissant à son adversaire de droite qu'une poignée de banlieues chic!

Il fait également très fort dans le département de l'Atacama (où la candidate de l'ex-Concertation était en tête), avec 65%, dans celui de Coquimbo (63%), de Magallanes (61%), l'emporte largement dans celui d'Antofagasta (près de 60%), de Valparaiso (59%, 65% dans la ville elle-même), O'Higgins (57%), Aysen (56%), et, de manière beaucoup plus serrée et de façon surprenante au vu du rapport de force du premier tour, Aurica et Panacota, Los Rios et Los Lagos.

Kast triomphe sans surprise en Auracanie (60%), domine largement en Nuble (58,5%) et l'emporte de façon plus étroite dans les départements de Tarapaca, Maule et Biobio.

Boric domine très nettement dans la plupart des grandes villes, mais compte aussi de solides points d'appui dans certaines zones rurales.

Entre le département le moins favorable à Boric (40%) et celui où il fait son meilleur score (65%), la polarisation est comparable à ce qu'on observait habituellement en France à la présidentielle.

Enfin, on notera que la géographie électorale du Chili bouge plus vite que chez nous. Ainsi, le candidat de gauche au second tour de 2017 n'avait pas fait mieux que la moyenne nationale dans le département d'Atacama et la métropole de Santiago... et guère moins bien dans celui de Maule!

Le Président nouvellement élu a dévoilé son Gouvernement.

Une majorité de femmes, nombre de trentenaires, une chirurgienne de 35 ans devient ministre de l'Intérieur et n°1 du Gouvernement, une avocate, ancienne pdte de la CIDH ministre des affaires étrangères, l'ancien Pdt de la Banque centrale, plutôt social-démocrate, est nommé aux Finances, une climatologue du GIEC à l'environnement, une militante communiste de 33 ans, figure des révoltes étudiantes, porte-parole du Gvt...
C'est aussi une membre du PCC qui sera chargée de créer un système de retraite public.
Symbole fort, la Ministre de la Défense est la petite-fille de Salvador Allende, ancien président élu, renversé par la clique de Pinochet lors du coup d'Etat made in USA en 1973.
Mort un 11 septembre, ça ne s'oublie pas...