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Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mar 24 Mai 2016 11:11
de cevenol30
En plus, ce n'est pas ce genre de révélation qui va aider à arrêter l'enquête sur Petrobras... En tous cas, ça en dit long sur les nobles raisons de la destitution (encore provisoire) chez certains...
Ceci dit, Dilma Roussef était assez impopulaire pour diverses raisons et le tripatouillage des comptes est avéré, sa défense en mode "oui mais tout le monde fait ça" est tout de même bien courte.

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mer 25 Mai 2016 10:28
de ploumploum
cevenol30 a écrit:En plus, ce n'est pas ce genre de révélation qui va aider à arrêter l'enquête sur Petrobras... En tous cas, ça en dit long sur les nobles raisons de la destitution (encore provisoire) chez certains...
Ceci dit, Dilma Roussef était assez impopulaire pour diverses raisons et le tripatouillage des comptes est avéré, sa défense en mode "oui mais tout le monde fait ça" est tout de même bien courte.


Au risque de me répéter, je ne vois pas en quoi l'impopularité justifie une destitution. Il apparait de plus en plus que le rejet des comptes publics pour 2014 n'a été qu'un prétexte pour lancer une procédure de destitution. Oui, Rousseff (avec deux s et deux f) peut se poser des questions comme : Pourquoi le TCU (Cour des Comptes fédérale) n'a émis une telle décision qu'en fin 2015 alors que les artifices utilisés l'ont déjà été bien avant ?

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mer 25 Mai 2016 11:20
de Fabien
Tout le monde s'en fiche complètement du "tripatouillage des comptes", les gens qui ont lancé la destitution ont pris le premier prétexte qu'elle a pu trouver!
On commence à y voir plus clair dans cette affaire. Des élus particulièrement corrompus se sont senti menacés. Cette caste réactionnaire qui n'a jamais vraiment accepté les avancées sociales dues au PT a alors profité de la faiblesse actuelle de Dilma pour faire ce qui n'est ni plus ni moins qu'un coup d'état légal. On ne sait pas encore si Washington y a mis ses grosses pattes comme dans tant d'autres endroits, mais c'est une hypothèse à étudier (je ne crois pas que les Etats-Unis aient tant eu à se plaindre des gouvernements PT, mais il est certain que la caste revenue au pouvoir leur sera totalement inféodée)

Il faut aussi souligner qu'en s'abstenant de réformer le système politique, en croyant pouvoir éternellement composer avec l'oligarchie, en entérinant elle-même des régressions sociales, la présidente a prêté le flanc. Ce triste épisode apporte une nouvelle illustration à un principe fondamental de la politique contemporaine: dans un pays au système politique instable, seul un très fort soutien populaire peut protéger d'un coup d'état des forces réactionnaires. Il a été suffisant pour Chavez en 2002, mais pas pour le très corrompu M.Ianoukovitch en 2014, ni maintenant pour Dilma, malgré les manifs contre la destitution. Autre grand enseignement: aucun affreux n'est assez affreux pour suffire à susciter à lui seul un réflexe massif de défense populaire. Car on peut dire qu'en la matière, la caste très pourrie et très réac qui s'est emparée du pouvoir à Brasilia et les " gentils démocrates pro-européens" avec de gros morceaux de néo-nazis dedans qui ont pris l'Ukraine, se posent là, à mon humble et subjectif avis...

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mer 25 Mai 2016 14:20
de Corondar
Là où Rousseff a clairement fait une grosse erreur c'est en essayant de nommer Lula (qui a aussi des soucis dans le dossier Lava Jato si j'ai bien suivi ?) premier ministre pour lui épargner d'éventuelles poursuites judiciaires. C'était pas très malin comme mouvement ça. Parce qu'en plus l'enregistrement de leur conversation fait vraiment conspiration.
Je reste convaincu que sans nouvelles élections, le Brésil ne pourra pas sortir de ce sac de nœuds...

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mar 31 Mai 2016 13:09
de ploumploum
ploumploum a écrit:Le Gouvernement Temer vacille après la publication (par le quotidien Folha de Sao Paulo) d'un enregistrement audio du ministre Romero Juca.

Conséquence, il se met en réserve du Gvt. Faut dire que les propos publiés sont plutôt compromettants :

Dans cette conversation datant du mois de mars, M. Juca suggère la nécessité d'un pacte pour écarter Dilma Rousseff du pouvoir et par la même occasion mettre fin à l'enquête sur le scandale de corruption Petrobras dans lequel il est lui-même visé.

"L'impeachment est nécessaire. Il n'y a pas d'autre issue. Il faut résoudre toute cette merde. Il faut changer le gouvernement pour arrêter l'hémorragie", y déclare M. Juca à l'ancien sénateur Sergio Machado, ex-président de la compagnie pétrolière Transpetro, lui-même soupçonné de corruption dans le dossier Petrobras.


Une destitution de Rousseff planifiée par celui devenu ministre de la Planification ? Quelle ironie !...

http://www.courrierinternational.com/de ... .b47sa.xml

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/ ... nement.php



Nouveau enregistrement audio publié et nouvelle démission dans le Gvt Temer...
celle de Fabiano Silveira accusé d'avoir voulu faire obstruction à l'enquête sur le scandale Petrobras.

Notons que F.Silveira était ministre de la Transparence donc chargé de la lutte contre la corruption...
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/ ... arence.php

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mar 7 Juin 2016 18:29
de ploumploum
Nouvelle torpille lancée par le Parquet brésilien : Rodrigo Janot, procureur général, a demandé au STF la mise en détention de 4 personnes :

- Renan Calheiros, Président du Sénat
- Eduardo Cunha, Président (suspendu) de la Chambre des Députés
- Romero Juca, éphémère ministre de la Planification du Gvt Temer
- José Sarney (86 ans), ancien Président de la République (1985-1990) mais aussi ancien sénateur (5 mandats/ 38 ans dont 8 comme Président de la Chambre Haute)

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/ ... emblee.php

http://g1.globo.com/politica/operacao-l ... ornal.html

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Jeu 9 Juin 2016 09:26
de cevenol30
Pour Lula, ce n'était pas le poste de premier ministre mais ministre "da Casa Civil", sorte d'aide de camp du président. Ce n'était pas malin, non. Et pourtant Lula a été donné en tête dans des sondages après tout ça...
Sur le déroulement, le maquillage des comptes était un prétexte vrai, on peut le dire comme ça. Le fait que les précédents l'aient fait aussi peut créer un malaise mais pas un droit juridiquement constitué à en faire autant. L'impopularité (largement liée aux mauvais résultats économiques mais aussi à des évolutions anti-sociales, qu'on se rappelle la récolte déclenchée -'pas forcément le seul facteur- par la hausse des tarifs de bus malgré l'approche d'une compétition de football) a surtout mené à un lâchage par l'aile centriste de la majorité parlementaire, dans un paysage politique peut-être trop éclaté.

Créer une crise politique encore plus grosse par-dessus Lava Jato était-il une bonne manière de l'enterrer? Possible mais pas sûr du tout, l'avenir le dira (il est probable que les livres d'Histoire mentionnent cette affaire conjointement à la destitution...)

Le gouvernement actuel, présidé par l'ancien vice-président de Dilma, a une base fort fragile: un centre qui s'est retourné, additionné d'une droite faible mais plus forte que le premier... L'affaiblissement par la poursuite de l'affaire Petrobras (au moins dans la presse et l'opinion mais il semble que la justice insiste, avec peut-être une volonté d'enfoncer un gouvernement qui, s'il tombe, ne lui nuira pas - tout simplement de l'acharnement à faire son travail, ce qui n'est pas forcément habituel) le ronge encore davantage... Et la droite a possiblement intérêt à aller à l'élection (Neves dépassant largement Temer dans les sondages).

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Jeu 9 Juin 2016 17:47
de ploumploum
cevenol30 a écrit:Pour Lula, ce n'était pas le poste de premier ministre mais ministre "da Casa Civil", sorte d'aide de camp du président. Ce n'était pas malin, non. Et pourtant Lula a été donné en tête dans des sondages après tout ça...


Le "Ministro da Casa Civil" est équivalent au poste de Premier Ministre, même si le Brésil a un régime présidentiel. Selon les textes en vigueur, il a un rang de ministre et sert notamment d'articulation entre Président(e) et ministres. C'est le "Premier des Ministres"

cevenol30 a écrit:Le gouvernement actuel, présidé par l'ancien vice-président de Dilma, a une base fort fragile: un centre qui s'est retourné, additionné d'une droite faible mais plus forte que le premier... L'affaiblissement par la poursuite de l'affaire Petrobras (au moins dans la presse et l'opinion mais il semble que la justice insiste, avec peut-être une volonté d'enfoncer un gouvernement qui, s'il tombe, ne lui nuira pas - tout simplement de l'acharnement à faire son travail, ce qui n'est pas forcément habituel) le ronge encore davantage... Et la droite a possiblement intérêt à aller à l'élection (Neves dépassant largement Temer dans les sondages).


Comme je l'ai dit, le PMDB est très puissant mais pas suffisamment pour gagner une élection à lui seul (c'est aussi le cas des deux grands que sont PT et PSDB). par contre il peut faire gagner (ou perdre) une élection. Un vrai parti pivot :
- après la présidentielle de 1994, il soutient le Président Cardoso (PSDB)
- en 2002, il soutient la candidature de José Serra (PSDB)
- en 2010 et 2014, il se coalise au PT.

cevenol30 a écrit:Et la droite a possiblement intérêt à aller à l'élection (Neves dépassant largement Temer dans les sondages).


Un scénario très hypothétique... (pour rappel : le sénateur Neves fait l'objet d'une enquête. Et le Président intérimaire, en plus d'être impopulaire, est pour l'instant inéligible)

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Jeu 9 Juin 2016 23:02
de cevenol30
C'est vrai, je me référais à des sondages parus avant mais Temer, ça a été évoqué dans ce fil, ne peut plus se présenter...
Raison de plus pour la droite pour ne pas trop le soutenir si tous ses ministres passent à "Lava Jato" les uns après les autres? Au moins, le président sortant ne sera pas sur les rangs.
La difficulté étant de trouver des candidats "pas trop sales" et avec quand même suffisamment de poids politique.
Quant à Marina Silva qui pourrait remplir ces conditions, il se peut qu'elle soit trop à l'écart du débat.
En tous cas, je ne suis pas sûr que tout le monde ait intérêt à une présidentielle à la date normale de 2018.

Re: La vie politique au Brésil

MessagePosté: Mer 15 Juin 2016 09:36
de ploumploum
ploumploum a écrit:Nouvelle torpille lancée par le Parquet brésilien : Rodrigo Janot, procureur général, a demandé au STF la mise en détention de 4 personnes :

- Renan Calheiros, Président du Sénat
- Eduardo Cunha, Président (suspendu) de la Chambre des Députés
- Romero Juca, éphémère ministre de la Planification du Gvt Temer
- José Sarney (86 ans), ancien Président de la République (1985-1990) mais aussi ancien sénateur (5 mandats/ 38 ans dont 8 comme Président de la Chambre Haute)

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/ ... emblee.php

http://g1.globo.com/politica/operacao-l ... ornal.html


Sans surprise, le STF rejette la demande pour Sarney, Calheiros et Juca. Pas encore de décision pour Cunha.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... _3222.html

Dans le même temps, la Commission d'éthique de la Chambre basse approuve un rapport favorable à la destitution du Président (suspendu) Cunha.
http://g1.globo.com/politica/noticia/20 ... cunha.html

On apprend aussi que D.Rousseff manœuvre pour récupérer la présidence : elle propose toujours l'organisation de nouvelles élections.
Concernant le vote définitif du Sénat sur la destitution, il devrait avoir lieu vers la mi-août.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... _3222.html