Sans grande surprise, les principaux partis au pouvoir, le FLN et le RND du Premier ministre Ahmed Ouyahia, ont gagné les élections locales organisées le 22 novembre. 23 millions d'électeurs (sur 40 millions d'habitants) étaient appelés aux urnes pour élire les maires, les conseillers municipaux (dans un pays qui compte 1 500 communes, et autant d'Assemblées populaires communales, ou conseils municipaux) et les 48 Assemblées populaires de wilaya (conseils départementaux). La participation a été faible :34 % aux municipales, et 33% aux départementales :
http://www.jeuneafrique.com/496090/poli ... icipation/La participation aux
législatives de mai 2017 était tout aussi médiocre : 35,4%...
Ces élections nationales et locales n'ont eu aucun impact sur les principaux enjeux, à savoir la succession d'Abdelaziz Bouteflika (80 ans, au pouvoir depuis 1999, dont la santé fragile remet en question ses capacités à gouverner), l'éventuelle sortie d'une économie de rente basée sur le pétrole, et le manque de perspectives pour la jeunesse (la moitié de la population a moins de 30 ans), qui a peu d'alternatives en dehors de l'émigration et du repli sur la religion. Un article de Mediapart analyse très bien ces questions :
« Le mal dont souffrent l’État et la société n’est ni nouveau ni inconnu, constate Nadji Safir, ancien enseignant en sociologie à l’université d’Alger. Il se nomme le pacte social rentier. Ce pacte repose sur deux types de rente. La première est de nature historique et sa finalité est politique. Elle repose sur l’histoire de la lutte contre le colonialisme, qui a forgé les mémoires et les imaginaires de générations de militants et de citoyens. Les dirigeants politiques, depuis des décennies, ont systématiquement instrumentalisé ce passé, pour fonder leur légitimité historique et justifier leur maintien au pouvoir et leur immobilisme.
« La seconde rente est de nature économique, et sa finalité est surtout sociale. Elle repose sur l’exploitation et l’exportation des hydrocarbures. Depuis des années, le pétrole et le gaz représentent au moins 95 % des recettes d’exportations, près de 70 % des recettes fiscales de l’État et 40 % du PIB. L’une des caractéristiques majeures des trois mandats déjà exercés par l’actuel président est indiscutablement la poursuite délibérée de ce processus de “rentiérisation” qui a transformé non seulement l’économie algérienne, mais toute la société. Nous avons vu naître une “économie de bazar” qui prospère depuis les années 2000 et qui a fini par imposer sa domination à la société. »
Derrière la vitrine de cette « économie de bazar » s’est développé un système économico-politique qui permet à l’État d’acheter la paix sociale et une certaine stabilité politique avec les revenus des hydrocarbures, mais qui le condamne à l’immobilisme et le rend inapte à mesurer les aspirations réelles du peuple. Cinquante-cinq ans après l’indépendance, l’Algérie continue de subventionner le lait, les céréales, l’eau, la farine, l’huile, les logements. C’est-à-dire d’assurer à ses citoyens un minimum vital qui empêche, sauf accident, la frustration de se transformer en colère, voire en révolte.
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SourceLa dissolution du FIS et la défaite des GIA n'ont donc pas empêché les islamistes de gagner culturellement. Au contraire. L'après Bouteflika risque d'être périlleux...