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La vie politique en Algérie

MessagePosté: Mer 11 Avr 2012 22:11
de Pullo
Comme certains le savent sur ce forum, les vrais décideurs de la vie politique en Algérie sont les généraux, et ce depuis l'indépendance de 1962. Tous les présidents sont arrivés au pouvoir avec le soutien de l'armée, et ceux qui ont essayé d'échapper à son influence ont été soit poussés vers la sortie (cf Chadli, qui voulait cohabiter avec le FIS qui avait gagné les élections de décembre 1991), soit assassinés (cf Boudiaf, qui voulait lutter contre la corruption).

D'ailleurs, on a annoncé en fin d'après-midi la mort du premier président algérien (de juillet 1962 à juin 1965), Ahmed Ben Bella, à 95 ans. L'homme politique laissera un bilan pour le moins discuté, puisqu'une bonne partie des problèmes de la vie politique algérienne datent de sa mandature...

Les enjeux de la vie politique sont entre autres :
1) la sortie des militaires de la vie politique, pour l'instant peu probable, même à moyen terme ;
2) l'influence des islamistes, qu'ils participent ou non aux élections ;
3) la question berbère, toujours pendante malgré les concessions du pouvoir sur l'enseignement des langues amazighs.

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Jeu 12 Avr 2012 06:09
de Draume
La place des militaires, en particulier de l'état major (qui est autant une structure militaire qu'un pouvoir politique), date de la structuration du FLN remontant quasiment à Aout 1957, avant l'indépendance.

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Jeu 12 Avr 2012 08:28
de Pullo
C'est vrai qu'ils jouaient un rôle politique avant l'indépendance. Mais c'est avec celle-ci qu'ils deviennent pour longtemps les maîtres du jeu et que les civils sont des pions entre leurs mains. Feu Ben Bella a ouvert la boîte de Pandore en leur demandant d'arbitrer entre lui et ses rivaux au sein du FLN.

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Jeu 12 Avr 2012 10:12
de Draume
A partir de la fin 57, le pouvoir au sein du FLN fut aux mains des 3 B (Belkacem, Boussouf et Ben Tobbal, trois colonels) avec émergence peu à peu à partir de la fin 59 de l'E-M de l'ANL, avec un autre colonel BOUMEDIENNE

Quant à Ben Bella, il ne faut pas sur-estimer sa place jusqu'en Juillet 1962.
Il est certes l'ultime chef de l'Organisation spéciale (OS), bras armé clandestin du MTLD, dissoute en 1952, et se réfugie alors au Caire.
Néanmoins, il n'est pas dans les 6 chefs historiques, préparateurs en Algérie du 1° Novembre et signataires de l'Appel. Les 6 sont ceux que l'on voit sur une célèbre photo.
Il est uniquement dans les 3 que certains ajoutent, car ils étaient en délégation dite extérieure. Les 9 forment le CRUA.
Il ne fait partie d'aucun CCE chargé de piloter le FLN entre Aout 56 et Septembre 58
Il est certes membre des GPRA de Sept 58 à Juin 62, mais ne peut y participer, étant en prison en France depuis Octobre 56.

Singulier parcours. De 1952 à son décès,en prison de 1956 à 1962, puis de 1965 à 1980
Il n'a vécu libre en Algérie que de 1962 à 1965, et de 1990 à sa mort

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Jeu 12 Avr 2012 10:28
de Draume
J'aurai pu compléter.
Ne pas sur-estimer n'est pas nier sa place, ni sa personnalité

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Mar 8 Mai 2012 15:04
de vudeloin
Au delà de cette controverse essentielle sur le rôle de l'armée dans la vie publique algérienne, on rappellera tout de même que le pays va élire ce 10 mai une nouvelle Assemblée Nationale.
Les conditions d'un scrutin parfaitement sincère ne semblent pas tout à fait réunies, selon plusieurs observateurs locaux ou encore la Ligue Algérienne des Droits de l'Homme qui pointe notamment l'absence de débats contradictoires sur les ondes de la télévision nationale.
389 sièges sont à pourvoir, les élus devant être choisis par un collège électoral comprenant officiellement 21 millions d'électeurs inscrits, même si les doutes les plus sérieux existent quant à la réalité et la consistance de ce collège.

Cinq forces politiques principales devraient se partager les votes de la majorité des électeurs : le Parti des Travailleurs, d'origine trotskiste, de Louisa Hanoune, donné en tête dans les sondages ; le Rassemblement national démocratique d'Ahmed Ouyahia, proche du centre droit, le Front de Libération Nationale au pouvoir depuis l'indépendance de Khalida Toumi, le Front des Forces Socialistes de Hocine Ait Ahmed et, pour finir, l'Alliance algérienne verte, qui n'est pas écologiste mais fédère les anciens courants islamistes.

Marquée dans le passé par les boycotts successifs de plusieurs organisations politiques (notamment le FFS d'Ait Ahmed), la vie politique algérienne l'a aussi été par l'abstention, les dernières législatives (en 2007) n'ayant officiellement compté que 36,5 % de votants.

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Mar 8 Mai 2012 16:02
de vudeloin
Les sièges de l'Assemblée nationale populaire algérienne sont élus selon un système proportionnel à la plus forte moyenne, le nombre de députés étant fixé par wilaya, c'est à dire par province, à raison de la population de chacune de ces divisions administratives (en tout cas a priori).

Par ordre d'importance, nous avions donc en 2007

Alger 32 élus
Sétif 16 élus
Ouahran (Oran) 15 élus
Tizi Ouzou 14 élus
Batna 12 élus
Bejaia, Chlef, Tilimcin (Tlemcen) 11 élus
Blida, Djelfa, Skikda, Constantine, Médéa, M'Sila 10 élus
Tiaret, Mascara, Relizane 9 élus
Bouira, Mostaganem, Boumerdès, Mila, Ain Defla 8 élus
Biskra, Tebessa, Jijel, Sidi Bel Abbès, Annaba, Bordj bou Arreridj 7 élus
Oum el Bouaghi, Ouargla, El Oued, Tipaza 6 élus
Guelma, Souk Ahras 5 élus
Adrar, Laghouat, Béchar, Tamanrasset, Saida, El Bayadh, Illizi, El Tarf, Tindouf, Tissemsilt, Khenchela, Naama, Ain Temouchent et Ghardaia 4 élus.

Enfin, les Algériens de l'étranger élisent un certain nombre de députés : 2 élus pour la partie Nord de la France, 2 pour la partie Sud de la France, 1 pour le reste de l'Europe, 1 pour le Maghreb et l'Afrique subsaharienne, 1 pour le Proche et Moyen Orient et 1 pour l'Amérique et l'Asie.

Pour donner une idée de la population représentée, il y avait environ 60 000 habitants dans la wilaya de Tindouf et près de 3 millions dans celle d'Alger.

Pour rappel, les sept wilayas sahariennes d'Adrar, Tindouf, Béchar, Ghardaia, Tamanrasset, Ouargla et Illizi (celle ci ayant été créée par division de celle de Ouargla) regroupent au total un peu plus d'1,9 million d'habitants sur 1,9 million de kilomètres carrés, c'est à dire quelque chose comme 6 % de la population du pays sur 80 % de sa surface...

La suite au prochain numéro...

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Mar 8 Mai 2012 16:15
de vudeloin
On précisera également que la quasi totalité des provinces avaient placé en tête le FLN, sauf les deux wilayas de Kabylie (Tizi Ouzou et Béjaia) qui avaient voté pour le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, quelques provinces de l'Ouest du pays favorables au RND d'Ahmed Ouyahia et certaines circonscriptions sahariennes qui avaient voté pour des islamistes modérés.
A l'étranger, comme on pouvait s'y attendre, eu égard à la composition de l'immigration algérienne en France, le FLN et le RCD avaient partagé les quatre sièges en France.

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Mar 8 Mai 2012 20:41
de pierrot
Pour les algériens de France, le vote a commencé aujourd'hui et durera 3 jours au lieu de 6 habituellement à la demande des autorités françaises pour éviter tout télescopage avec le second tour de l’élection présidentielle.
Zone 1 (Circonscriptions consulaires de Paris, Nanterre, Bobigny, Vitry, Pontoise, Lille, Strasbourg et Metz) : 489.545 électeurs inscrits - 23 listes
Zoné 2 (Circonscriptions consulaires Marseille, Lyon, Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Montpellier, Nice, Saint-Etienne, Besançon. ) : 311.963 électeurs inscrits -18 listes.

Re: La vie politique en Algérie

MessagePosté: Ven 11 Mai 2012 09:23
de pierrot
Bien que faible, le taux de participation est meilleur que prévu : 42,90% d'après le ministre de l'Intérieur contre 35,67% en 2007. Avec 44,38% en Algérie même et 14% pour les Algériens de l'étranger.
A Tizi Ouzou (capitale de la Kabylie) l'abstention est de 80,16% suite à l'appel au boycott du RCD. A Alger la participation dépasse à peine les 30%.
Les résultats du scrutin devraient être annoncés ce vendredi 11 mai .

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