Elections générales 2019 au Royaume-Uni
Posté: Sam 2 Nov 2019 18:38
Après plusieurs tentatives, Boris Johnson obtient enfin ses élections législatives.
En 2017, Theresa May avait réussi à arracher une victoire de justesse, alors qu'on la disait au départ largement favorite (il suffit de voir la différence de ton entre l'article du monde lors de la convocation des élections et l'ensemble d'articles de presse sur la perte de la majorité absolue par les conservateurs et la nécessaire alliance historique avec le parti unioniste nord-irlandais, le DUP.
Les résultats de 2017 pour rappel, au Royaume-Uni, la comparaison se faisant par rapport à 2015, lorsque les leaders étaient David Cameron pour les conservateurs, Ed Miliband pour les travaillistes et Nick Clegg pour les libéraux-démocrates, après 5 ans d'alliance entre conservateurs et libéraux-démocrates:
Conservateurs: 42.4% (+5,5), 317 (-13)
Travaillistes: 40% (+9,6), 262 (+30)
Libéraux-démocrates: 7,4% (-0,5), 12 (+4)
Scottish National Party: 3% (-1,7), 35 (-21)
Green Party on England and Wales: 1,6% (-2), 1 (=)
Democratic Unionist Party: 0,9% (+0,3), 10 (+2)
Sinn Féin: 0,7% (+0,1), 7 (+3)
Plaid Cymru (parti indépendantiste gallois): 0,5% (-0,1), 4 (+1)
UKIP: 1,8% (-10,8), 0 (-1)
Depuis 2017, il y a eu beaucoup d'aléas. Ils ont été retracés sur ce forum dans les sujets sur la vie politique au Royaume-Uni et sur le Brexit il me semble. Au niveau parlementaire, on peut noter:
- un nouveau groupe est apparu au parlement, centriste, nommé "Change UK", et comprenant des centristes du Labour anti Corbyn et des centristes parmi les conservateurs ne souhaitant pas de Brexit. Ils étaient 11 en février 2019 (3 conservateurs et 8 travaillistes), ils ne sont désormais que 5, 6 d'entre eux étant partis après les élections européennes où le parti n'a pas réussi à obtenir d'élus. Parmi ces 6, 5 ont rejoint les libéraux démocrates, et une est restée membre d'un autre groupe d'indépendants (qui avait été rejoint par trois des anciens Change UK qui sont partis ensuite chez les libéraux démocrates).
- il y a eu 5 élections partielles entre 2017 et 2019. 3 circonscriptions travaillistes qui le sont restées, 1 circonscription Sinn Féin qui l'est restée et 1 circonscription conservatrice qui est passée chez les libéraux démocrates.
- 22 élus conservateurs avaient été suspendus du parti en septembre suite à leur vote contre le gouvernement sur un amendement qui permettait au parlement d'empêcher un Brexit sans accord. 10 ont été réintégrés le 29 octobre à la condition soit qu'ils ne se représentent pas soit qu'ils votent avec le gouvernement s'ils étaient réélus.
En tout et pour tout, le parlement sortant ressemble donc plutôt à :
Conservateurs: 298
Travaillistes: 243
SNP: 35
Lib-Dem: 21
DUP: 10
SF: 7
The Independent Group for Change (ex Change UK après une plainte du site change . org): 5
Plaid Cymru: 4
Green Party: 1
Indépendants: 23
Le président de la chambre n'est pas sujet aux élections, toutefois, il ne se représente pas.Il y avait aussi encore un siège vacant.
Maintenant les résultats par "nation" de 2017:
Angleterre:
Conservateurs: 45,6% (+4,6), 297 (-22)
Travaillistes: 41,9% (+10,3), 227 (+21)
Lib-dem: 7,8% (-0,4), 8 (+2)
Green: 1,9% (-2,3), 1 (=)
UKIP: 2,1% (-12,1), 0 (-1)
Ecosse:
SNP: 36,9% (-13,1), 35 (-21)
Conservateurs: 28,6% (+13,7), 13 (+12)
Travaillistes: 27,1% (+2,8), 7 (+6)
Lib-dem: 6,8% (-0,8), 4 (+3)
Scottish Green: 0,2 (-1,1), 0
UKIP: 0,2 (-1,4), 0
Pays-de-Galles:
Labour: 48,9% (+12,1), 28 (+3)
Conservateurs: 33,6% (+6,3), 8 (-3)
Plaid Cymru: 10,4% (-1,7), +1
Lib-dem: 4,5% (-2), 0 (-1)
UKIP: 2% (-11,6)
Green: 0,3% (-2,2)
Irlande-du-Nord:
DUP: 36% (+10,3), 10 (+2)
SF: 29,4 (+4,9), 7 (+3)
SDLP: 11,7% (-2,2), 0 (-3)
UUP: 10,3% (-5,8), 0 (-2)
AP: 7,9% (-0,6), 0 (=)
Green: 0,9% (=)
TUV: 0,4 (-1,9)
Les sondages actuels donnent une très bonne avance pour les conservateurs face à une opposition très divisée entre Labour, Lib-Dem et Green.
Toutefois, il me semble que les conservateurs peuvent perdre beaucoup en Ecosse, où leur ancienne leader, partie récemment, avait beaucoup fait pour cette deuxième place. Il faudra compenser donc en Angleterre surtout par des gains.
En Irlande du Nord, il pourrait y avoir un retour d'un peu de diversité dans les partis représentés. Le SDLP et le SF se battront pour reconquérir ou garder Foyle (le leader du SDLP y sera candidat), match sans doute arbitré par les anti-avortement d'Aontu, créés depuis peu et qui peuvent prendre des voix aux deux partis. Le DUP peut perdre ses trois sièges de Belfast, l'un (Nord) au Sinn Féin qui a encore une fois investi celui qui est devenu Lord Mayor de Belfast entre temps, John Finucane, qui était passé pas si loin de la conquête du siège en 2017 (moins de 2000 voix d'écart, soit 5 points de pourcentage). Il est le fils de l'ancien avocat Pat Finucane, assassiné par des paramilitaires unionistes en 1989 avec l'aide des services secrets britanniques. Cette conquête pourrait être facilitée si l'UUP re-sélectionne enfin un candidat contre le DUP (ce n'était pas le cas en 2017 et 2015 pour éviter cette bascule). Le député DUP est Nigel Dodds, qui est le leader du DUP à la chambre des communes (la vraie leader du parti, Arlene Foster, étant élus au parlement régional). C'est donc une cible assez connue pour le Sinn Féin qui le qualifie d'un des artisans du Brexit (il a fait la campagne avec le camp du Brexit). Ils en ont fait leur objectif au niveau de l'Irlande du Nord: réélire leurs 7 élus et obtenir un huitième à Belfast North. A l'est, l'Alliance, un parti anti-brexit qui se dit "non-sectarian" (qui ne veut pas se catégoriser selon la religion - catholiques nationaliste contre protestants unionistes), qui a eu une très bonne dynamiques aux élections locales (53 sièges, soit +23) et européennes (1 siège, ce qui n'est jamais arrivé), a déjà tenu le siège avec sa leader Naomi Long, désormais élue au parlement européen. Si elle se présentait, elle aurait une bonne chance. Aux dernières élections locales dans la circonscriptions, son parti a enregistré une hausse de 12 points, venant prendre la tête sur le DUP. Au Sud, enfin, aussi bien l'Alliance Party que le SDLP vont lutter pour prendre ce siège au DUP. Le SDLP souhaite reconquérir ce siège, ce qui sera facilité par un accord informel avec le SF où chaque parti se concentrera l'un sur le nord et l'autre sur le sud (même s'ils sélectionnent des candidats, il y a de grandes chances pour qu'ils ne fassent pas campagne dans la circonscription non ciblée).
Globalement, donc, le DUP pourrait perdre quelques plumes, mais il faut dire que Johnson ne semble de toute façon pas souhaiter s'encombrer de cet allié parfois difficile.
Si on prend donc le groupe actuel (298) des conservateurs, auquel on peut, à mon avis, retirer une dizaine de députés écossais, cela veut dire qu'il faut, grosso modo pour avoir un gouvernement relativement stable, que Boris Johnson conquière une trentaine de sièges en Angleterre et au Pays de Galles (mais surtout en Angleterre).
J'essaierai d'étayer un peu cet argument plus tard, avec un aperçu des circonscriptions écossaises.
En 2017, Theresa May avait réussi à arracher une victoire de justesse, alors qu'on la disait au départ largement favorite (il suffit de voir la différence de ton entre l'article du monde lors de la convocation des élections et l'ensemble d'articles de presse sur la perte de la majorité absolue par les conservateurs et la nécessaire alliance historique avec le parti unioniste nord-irlandais, le DUP.
Les résultats de 2017 pour rappel, au Royaume-Uni, la comparaison se faisant par rapport à 2015, lorsque les leaders étaient David Cameron pour les conservateurs, Ed Miliband pour les travaillistes et Nick Clegg pour les libéraux-démocrates, après 5 ans d'alliance entre conservateurs et libéraux-démocrates:
Conservateurs: 42.4% (+5,5), 317 (-13)
Travaillistes: 40% (+9,6), 262 (+30)
Libéraux-démocrates: 7,4% (-0,5), 12 (+4)
Scottish National Party: 3% (-1,7), 35 (-21)
Green Party on England and Wales: 1,6% (-2), 1 (=)
Democratic Unionist Party: 0,9% (+0,3), 10 (+2)
Sinn Féin: 0,7% (+0,1), 7 (+3)
Plaid Cymru (parti indépendantiste gallois): 0,5% (-0,1), 4 (+1)
UKIP: 1,8% (-10,8), 0 (-1)
Depuis 2017, il y a eu beaucoup d'aléas. Ils ont été retracés sur ce forum dans les sujets sur la vie politique au Royaume-Uni et sur le Brexit il me semble. Au niveau parlementaire, on peut noter:
- un nouveau groupe est apparu au parlement, centriste, nommé "Change UK", et comprenant des centristes du Labour anti Corbyn et des centristes parmi les conservateurs ne souhaitant pas de Brexit. Ils étaient 11 en février 2019 (3 conservateurs et 8 travaillistes), ils ne sont désormais que 5, 6 d'entre eux étant partis après les élections européennes où le parti n'a pas réussi à obtenir d'élus. Parmi ces 6, 5 ont rejoint les libéraux démocrates, et une est restée membre d'un autre groupe d'indépendants (qui avait été rejoint par trois des anciens Change UK qui sont partis ensuite chez les libéraux démocrates).
- il y a eu 5 élections partielles entre 2017 et 2019. 3 circonscriptions travaillistes qui le sont restées, 1 circonscription Sinn Féin qui l'est restée et 1 circonscription conservatrice qui est passée chez les libéraux démocrates.
- 22 élus conservateurs avaient été suspendus du parti en septembre suite à leur vote contre le gouvernement sur un amendement qui permettait au parlement d'empêcher un Brexit sans accord. 10 ont été réintégrés le 29 octobre à la condition soit qu'ils ne se représentent pas soit qu'ils votent avec le gouvernement s'ils étaient réélus.
En tout et pour tout, le parlement sortant ressemble donc plutôt à :
Conservateurs: 298
Travaillistes: 243
SNP: 35
Lib-Dem: 21
DUP: 10
SF: 7
The Independent Group for Change (ex Change UK après une plainte du site change . org): 5
Plaid Cymru: 4
Green Party: 1
Indépendants: 23
Le président de la chambre n'est pas sujet aux élections, toutefois, il ne se représente pas.Il y avait aussi encore un siège vacant.
Maintenant les résultats par "nation" de 2017:
Angleterre:
Conservateurs: 45,6% (+4,6), 297 (-22)
Travaillistes: 41,9% (+10,3), 227 (+21)
Lib-dem: 7,8% (-0,4), 8 (+2)
Green: 1,9% (-2,3), 1 (=)
UKIP: 2,1% (-12,1), 0 (-1)
Ecosse:
SNP: 36,9% (-13,1), 35 (-21)
Conservateurs: 28,6% (+13,7), 13 (+12)
Travaillistes: 27,1% (+2,8), 7 (+6)
Lib-dem: 6,8% (-0,8), 4 (+3)
Scottish Green: 0,2 (-1,1), 0
UKIP: 0,2 (-1,4), 0
Pays-de-Galles:
Labour: 48,9% (+12,1), 28 (+3)
Conservateurs: 33,6% (+6,3), 8 (-3)
Plaid Cymru: 10,4% (-1,7), +1
Lib-dem: 4,5% (-2), 0 (-1)
UKIP: 2% (-11,6)
Green: 0,3% (-2,2)
Irlande-du-Nord:
DUP: 36% (+10,3), 10 (+2)
SF: 29,4 (+4,9), 7 (+3)
SDLP: 11,7% (-2,2), 0 (-3)
UUP: 10,3% (-5,8), 0 (-2)
AP: 7,9% (-0,6), 0 (=)
Green: 0,9% (=)
TUV: 0,4 (-1,9)
Les sondages actuels donnent une très bonne avance pour les conservateurs face à une opposition très divisée entre Labour, Lib-Dem et Green.
Toutefois, il me semble que les conservateurs peuvent perdre beaucoup en Ecosse, où leur ancienne leader, partie récemment, avait beaucoup fait pour cette deuxième place. Il faudra compenser donc en Angleterre surtout par des gains.
En Irlande du Nord, il pourrait y avoir un retour d'un peu de diversité dans les partis représentés. Le SDLP et le SF se battront pour reconquérir ou garder Foyle (le leader du SDLP y sera candidat), match sans doute arbitré par les anti-avortement d'Aontu, créés depuis peu et qui peuvent prendre des voix aux deux partis. Le DUP peut perdre ses trois sièges de Belfast, l'un (Nord) au Sinn Féin qui a encore une fois investi celui qui est devenu Lord Mayor de Belfast entre temps, John Finucane, qui était passé pas si loin de la conquête du siège en 2017 (moins de 2000 voix d'écart, soit 5 points de pourcentage). Il est le fils de l'ancien avocat Pat Finucane, assassiné par des paramilitaires unionistes en 1989 avec l'aide des services secrets britanniques. Cette conquête pourrait être facilitée si l'UUP re-sélectionne enfin un candidat contre le DUP (ce n'était pas le cas en 2017 et 2015 pour éviter cette bascule). Le député DUP est Nigel Dodds, qui est le leader du DUP à la chambre des communes (la vraie leader du parti, Arlene Foster, étant élus au parlement régional). C'est donc une cible assez connue pour le Sinn Féin qui le qualifie d'un des artisans du Brexit (il a fait la campagne avec le camp du Brexit). Ils en ont fait leur objectif au niveau de l'Irlande du Nord: réélire leurs 7 élus et obtenir un huitième à Belfast North. A l'est, l'Alliance, un parti anti-brexit qui se dit "non-sectarian" (qui ne veut pas se catégoriser selon la religion - catholiques nationaliste contre protestants unionistes), qui a eu une très bonne dynamiques aux élections locales (53 sièges, soit +23) et européennes (1 siège, ce qui n'est jamais arrivé), a déjà tenu le siège avec sa leader Naomi Long, désormais élue au parlement européen. Si elle se présentait, elle aurait une bonne chance. Aux dernières élections locales dans la circonscriptions, son parti a enregistré une hausse de 12 points, venant prendre la tête sur le DUP. Au Sud, enfin, aussi bien l'Alliance Party que le SDLP vont lutter pour prendre ce siège au DUP. Le SDLP souhaite reconquérir ce siège, ce qui sera facilité par un accord informel avec le SF où chaque parti se concentrera l'un sur le nord et l'autre sur le sud (même s'ils sélectionnent des candidats, il y a de grandes chances pour qu'ils ne fassent pas campagne dans la circonscription non ciblée).
Globalement, donc, le DUP pourrait perdre quelques plumes, mais il faut dire que Johnson ne semble de toute façon pas souhaiter s'encombrer de cet allié parfois difficile.
Si on prend donc le groupe actuel (298) des conservateurs, auquel on peut, à mon avis, retirer une dizaine de députés écossais, cela veut dire qu'il faut, grosso modo pour avoir un gouvernement relativement stable, que Boris Johnson conquière une trentaine de sièges en Angleterre et au Pays de Galles (mais surtout en Angleterre).
J'essaierai d'étayer un peu cet argument plus tard, avec un aperçu des circonscriptions écossaises.