Jean-Philippe a écrit:Tout cela est très intéressant mais on s'éloigne fortement du sujet.
C’est vrai que nous nous étions un peu éloignés du sujet, même si le coup d’état en Ukraine correspond à un modèle éprouvé et assez classique.
Revenons donc strictement à la politique en Ukraine, avec le CV de quelques membres du nouveau Gouvernement autoproclamé et reconnu avec une grande précipitation par les dirigeants occidentaux.
Après tout c’est toujours sympa de mieux connaître ses nouveaux copains…
Par ordre d’importance dans le « gouvernement » on trouve donc :
- Secrétaire du Conseil national de Sécurité et de Défense (organe qui chapeaute le ministère de la Défense et les Forces armées) : Andreï Parubiy
Co-fondateur en 1991 du Parti national-socialiste d’Ukraine avec Oleg Tyahnybok (aujourd’hui chef du parti Svoboda dont vous trouverez sur Internet nombre de photos faisant le salut nazi à la tribune des meetings ; et là on n’est pas dans la « quenelle » sans sauce Nantua de Dieudonné et de sa bande charlots, c’est d’appellation contrôlée). Parubiy s’était fait connaître du parlement Européen en lui reprochant de faire la fine bouche lorsque le Président Iouchtchenko ( issu de la « révolution orange ») avait élevé le sinistre chef des milices pro-hitlériennes Stepan Bandera au rang de héros national (chez nous ce serait l’équivalent de Darnand, ou de Bonny et Laffond)
- Secrétaire adjoint du même Conseil national de Sécurité et de Défense : Dmytro Yarosh
Leader de l'organisation Trident, dédiée au même Stepan Bandera et qui organise, entre autres, des séances « d'entraînement révolutionnaire », et du Praviy Sektor (Secteur de Droite), principale milice para-militaire d'inspiration néo-nazie ayant mené les manifestations violentes à Kiev.
Yarosh se serait battu en Tchétchénie aux côtés des islamistes (c’est lui qui le dit et ça figure sur sa biographie). En mars 2014, il avait appelé à l’aide l’émir du Caucase du Nord, Dokka Umarov, considéré par les Nations Unies comme un membre d’Al-Qaïda, lui demandant de soutenir les nationalistes ukrainiens comme lui avait soutenu les fous d'Allah. Comme quoi la haine commune du Russe et du Juif, ça rapproche
- Premier ministre adjoint : Oleksandr Sych
Membre du Parti Svoboda, dont il représente la ligne rattachée à l’intégrisme religieux (connu comme militant anti-avortement même en cas de viol)
- Ministre de la Défense : Igor Tenyukh
Membre associé de Svoboda, formé aux États-Unis, qui dirigea les manœuvres conjointes de l’Ukraine et de l’Otan (tiens donc…). Durant la guerre de Géorgie (2008), il a organisé le blocus de Sébastopol ce qui lui a valu d’être nommé amiral en second de la flotte. Sa nomination comme ministre de la Défense a sans doute pesé dans la décision du Général dirigeant la Marine ukrainienne de ne pas reconnaître le nouveau gouvernement et de faire allégeance au gouvernement de Crimée.
- Ministre de l’Éducation : SergeÏ Kvit
Membre du Parti d’extrême droite Svoboda
- Ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles : Andreï Mokhnyk
Membre du Parti d’extrême droite Svoboda
- Ministre de la Politique agricole et de l’Alimentation : Igor Shvaïka
Membre du Parti d’extrême droite Svoboda
- Ministre de la Jeunesse et des Sports : Dmytro Boulatov
Membre d’Autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO), autre mouvement d’extrême droite
- Procureur général d’Ukraine : Oleg Makhnitsky
Membre du Parti d’extrême droite Svoboda
- Présidente de la Commission nationale anti-corruption : Tetiana Tchornovol
Membre d’Autodéfense ukrainienne (UNA-UNSO).
Tout le monde n’a pas eu sa place au gouvernement, certains ayant parfois un passé un peu chargé, comme Alexandre Muzychko, un des principaux dirigeants de brigades de Praviy Sektor, connu pour ses activités de terroriste et tortionnaire en Tchétchénie, puis comme chef d’un gang de criminels de droit commun, condamné à huit années de prison pour l’enlèvement et le meurtre d’un homme d’affaires ukrainien. Il est entré en « politique », si l’on peut dire, à sa sortie de prison.
Pour ceux qui veulent des précisions, vous trouverez la biographie plus ou moins étoffée de ces personnages sur Internet (surtout si vous parlez anglais. Ou russe…)
Inutile de dire que tous ces gens seraient refusés et jugés infréquentables par le FN et la quasi-totalité des partis d’extrême droite européens, à part peut-être Aube Dorée en Grèce.
Tout ça explique peut-être les craintes d’une bonne partie de la population ukrainienne (et pas seulement en Crimée) et les réticences de la Russie à reconnaître la légitimité des nouveaux hommes forts de Kiev. Dommage que d’autres n’aient pas eu la même prudence…